1 Jean

Chapitre 5

V. 1-5

V. 1

Quand nous considérons les responsabilités qui sont les nôtres à l’égard de nos frères, nous sommes toujours susceptibles, si la chair prévaut en nous, de retomber sur la question de Caïn: «Suis-je le gardien de mon frère?». Nous ne sommes peut-être pas exactement son gardien, mais nous avons certainement à être son aide dans un esprit d’amour. Nous risquons aussi de retomber dans une question similaire à celle posée par le docteur de la loi en Luc 10. Dans le désir de se justifier lui-même, il demanda: «et qui est mon prochain?» (Luc 10:29). Nous pouvons bien demander: «Et qui est mon frère?». La réponse à cette question nous est donnée de manière très directe au début du ch. 5: «Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu». Ainsi donc nous avons à reconnaître comme notre frère, quiconque croit en Jésus comme le Christ, quel qu’il soit. Il n’est pas question de choisir ceux qui nous plaisent.

Beaucoup de ces croyants qui sont nés de Dieu, peuvent ne pas nous plaire du tout sur le plan naturel. Par éducation et par habitude, nous pouvons ne pas avoir grand’chose en commun; en outre il se peut que nous ne voyions pas du même œil de nombreux sujets en rapport avec les choses de Dieu. Or ce sont justement ceux-là qui nous soumettent au test. Sommes-nous libres de nous désintéressés totalement d’eux, et de passer outre de l’autre côté du chemin? Non. Si j’aime le frère qui est gentil et agréable pour moi, je ne fais que ce que n’importe qui ferait. «Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense avez-vous? Les publicains même n’en font-ils pas autant?» (Matt. 5:46). Si j’aime mon frère parce qu’il est né de Dieu, même s’il n’est pas gentil et ne m’est pas agréable, je manifeste l’amour qui est la nature de Dieu lui-même. Et rien n’est plus grand que cela.

V. 2-3

Le verset 2 semble résumer le sujet en nous disant que nous aimons les enfants de Dieu quand nous aimons Dieu et que nous marchons dans l’obéissance. L’amour de Dieu nous pousse à aimer Ses enfants, et le commandement de Dieu nous l’enjoint. Alors certainement, quand nous aimons vraiment Dieu et que nous gardons Ses commandements, nous aimons vraiment Ses enfants. En outre l’amour et l’obéissance vont ensemble, comme nous l’avons vu précédemment dans cette épître, de telle sorte qu’il est impossible de L’aimer sans Lui être obéissant.

Peut-être avons-nous vu un enfant apparemment plein d’amour pour sa mère: «oh! maman, je t’aime très fort!» suivi d’une foule de câlins et de baisers. Et pourtant quelques minutes après, la mère a donné des directives qui vont quelque peu à l’encontre des désirs de l’enfant, et voilà une explosion de colère et de désobéissance! Les spectateurs savent la valeur qu’il faut attribuer à l’amour affirmé si haut et si fort quelques instants auparavant: il ne vaut rien. Eh bien, rappelons-nous que «c’est ici l’amour de Dieu, que nous gardions Ses commandements» (5:3).

L’enfant peut avoir trouvé les demandes de sa mère quelque peu pénibles, car elles l’empêchaient de jouer. Si nous nous écartons pour aller dans des chemins de désobéissance, nous n’avons même pas cette excuse, car «Ses commandements ne sont pas pénibles». Ce qu’Il nous enjoint est en plein accord avec l’amour, qui est la nature divine. Or nous possédons cette nature si nous sommes effectivement nés de Dieu.

Ce serait vraiment pénible si on nous commandait quelque chose de totalement opposé à notre nature — tout comme ce le serait pour un chien de manger du foin ou pour un cheval de manger de la viande. La loi de Moïse faisait peser des fardeaux lourds et pénibles à porter, mais c’était parce qu’elle avait été donnée à des hommes dans la chair. Nous avons reçu des commandements, mais nous avons aussi reçu une nature nouvelle qui trouve son plaisir dans les choses commandées; et c’est ce qui fait toute la différence. Les paroles de Jean sont ici corroborées par Paul quand il dit: «c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir» (Phil. 2:13), et Jacques le confirme aussi quand il parle de «la loi parfaite, celle de la liberté» (Jacq. 1:25).

V. 4-5

Nous reconnaissons heureusement chaque vrai croyant comme notre frère, puisque il est né de Dieu. Maintenant, au verset 4, nous découvrons qu’un autre fait le marque: il est victorieux du monde. En outre cette victoire sur le monde est liée à notre foi. Nous croyons que la «foi» ici n’est pas simplement cette faculté spirituelle en nous de voir et recevoir la vérité, mais aussi la vérité que nous recevons, la foi chrétienne. La véritable essence de cette foi est que Jésus est le Fils de Dieu, comme le verset 5 nous le montre.

Sommaire intermédiaire

Voyons maintenant à quoi nous en sommes arrivés. Nous avons eu devant nous le cercle chrétien, la famille de Dieu, composée de ceux qui sont nés de Dieu. Dieu est amour, et donc ceux qui sont nés de Lui partagent Sa nature, et demeurent dans Son amour. Demeurant en Lui, Il demeure en eux, et ils s’aiment l’un l’autre, et ainsi ils gardent Ses commandements. Mais ils sont aussi victorieux du monde au lieu d’être vaincus par le monde. De passage au travers de ce monde, la famille de Dieu est séparée du monde, et lui est supérieure.

Le secret de la victoire est double. D’abord, le travail divin opéré dans les saints, puis la foi en Jésus comme Fils de Dieu, qui nous est présenté comme but et que nous recevons par la foi.

Au verset 2:14, nous avons vu qu’il était possible de vaincre le méchant pour ceux qui sont nés de Dieu. Au verset 3:9, nous avons vu que celui qui est né de Dieu «ne pratique pas le péché». Ici nous avons que celui qui est né de Dieu est victorieux du monde. Nous trouvons donc en fait, qu’être né de Dieu assure la victoire sur le diable, la chair et le monde.

Mais un autre élément entre en ligne de compte: non pas ce qui est accompli en nous, mais ce qui est placé devant nous dans l’évangile. Jésus est le Fils de Dieu. Il n’était pas simplement le plus grand des prophètes venu pour introduire un nouvel ordre de choses sur cette terre selon l’attente des prophètes. Il était le Fils dans le sein du Père, et Il a fait connaître les choses célestes situées loin au-dessus et en dehors de ce monde. Que la foi s’empare de cela, et voilà le monde qui perd son attrait, et peut être mis de côté comme une chose de rien. Celui qui est né de Dieu, et qui vit dans la foi de Jésus comme le Fils de Dieu, ne peut pas être captivé par le monde. Il en est vainqueur.

Bien sûr dans tout ceci, nous regardons les questions de manière encore abstraite. Nous regardons les choses selon leur nature fondamentale, en éliminant pour le moment de nos esprits toute autre considération en rapport avec notre état présent ici-bas, ce qui obligerait à faire des restrictions. Il vaut grandement la peine de voir les choses ainsi abstraitement, car c’est comme cela que nous sommes instruits de la vraie nature des choses, et que nous les voyons comme Dieu les voit. En outre nous voyons les choses comme elles vont être manifestées dans le jour à venir quand Dieu aura achevé Son travail avec nous, car Il «l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ» (Phil. 1:6).

S’agissant de notre état réel aujourd’hui, combien nous sommes loin de ce que nous avons considéré! Combien peu nous demeurons dans l’amour, et par conséquent en Dieu, et Dieu en nous! Soyons honnêtes et reconnaissons-le; mais en même temps, maintenons la norme divine, et jugeons-nous d’après elle. Cela contribuera à notre santé spirituelle et à porter du fruit.

La foi que Jésus est le Fils de Dieu est au cœur de tout ce que Jésus Christ — le personnage historique — a été dans ce monde. Personne ne peut valablement nier ce fait. Mais qui est-Il? C’est là la question. Pour notre foi, la foi chrétienne, Il est le Fils de Dieu.

 

V. 6-13

V. 6

Ceci étant réglé, une autre question surgit. Comment et de quelle manière est-Il venu? La réponse se trouve au verset 6: Il «est venu par l’eau et par le sang».

C’est un autre de ces énoncés brefs, si fréquents dans les écrits de Jean, très simples dans la forme, mais plutôt obscurs quant au sens, et livrant pourtant à la méditation pieuse une riche moisson de bénédiction. Il est clairement fait référence ici à ce qui est arrivé quand un des soldats romains a percé de sa lance le côté de Christ mort, selon le récit de Jean 19:34. Aucun autre évangéliste ne rapporte ce fait, et Jean met tout spécialement l’accent dessus quand il dit, dans son récit: «Et celui qui l’a vu rend témoignage; et son témoignage est véritable; et lui sait qu’il dit vrai, afin que vous aussi vous croyiez» (Jean 19:35). Jean écrivait son évangile afin que nous croyions «que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu» (Jean 20:31). Il est tellement évident que cet épisode du sang et de l’eau rend témoignage au fait qu’Il est à la fois le Christ et le Fils, et ce sont ces deux points qui sont devant nous dans ce passage.

En premier lieu, l’eau et le sang témoignent de Sa vraie humanité. Le Fils de Dieu est venu parmi nous, fait de chair et de sang, un Homme vrai et réel, et non pas un fantôme ni une apparition. Ce fait n’a jamais été aussi clairement établi que quand il sortit du sang et de l’eau de Son côté percé.

L’eau et le sang ont chacun leur propre signification. L’eau parle de la purification, et le sang de l’expiation. Nous pouvons donc ajouter que la venue de Jésus Christ a été caractérisée par la purification et l’expiation. Ces deux choses étaient absolument nécessaires pour que les hommes puissent être bénis: ils devaient être purifiés de la souillure dans laquelle ils se trouvaient, et leurs péchés devaient être expiés — telles étaient les conditions pour qu’ils puissent être amenés à Dieu. L’une règle la question morale, l’autre la question judiciaire, et les deux sont également nécessaires. Ni une rénovation morale sans levée judiciaire, ni une levée judiciaire sans rénovation morale ne suffisaient à régler notre cas.

Il y a ici un autre témoignage rendu au fait que Jésus est le Fils de Dieu. Il était en effet un homme véritable, mais aucun homme ordinaire ne pouvait venir dans la puissance de la purification et de l’expiation. Pour cela il devait être vraiment le Fils, qui était la Parole de Vie.

Dans l’évangile c’est «le sang et l’eau», dans l’épître c’est «l’eau et le sang». L’évangile nous donne ce qu’on peut appeler l’ordre historique: d’abord notre besoin de pardon, ensuite notre besoin de purification. Mais dans l’épître l’accent est mis sur ce qui est opéré en nous, en tant que nous sommes nés de Dieu, et sur les caractéristiques saintes et bénies de notre vie nouvelle, une vie si sainte essentiellement («il ne peut pas pécher, parce qu’il est né de Dieu»; 3:9), que c’est bien une merveilleuse purification qui nous a ainsi atteints. Il était donc tout à fait approprié que l’eau vienne en premier, et elle est liée dans nos pensées avec la mort de Christ, car nous ne devons jamais séparer dans nos esprits l’œuvre accomplie en nous de l’œuvre accomplie pour nous.

Mais bien que l’eau soit mentionnée en premier, l’insistance est mise au v. 6 sur le fait qu’Il n’est pas seulement venu dans la puissance de l’eau, mais «dans la puissance de l’eau et du sang». Sa venue dans le monde n’était pas seulement pour opérer une purification morale, mais aussi pour l’expiation. C’est un mot particulièrement important pour nous aujourd’hui, car l’une des idées favorites de l’incrédulité religieuse moderne est que nous pouvons abandonner toute idée d’expiation, tout en retenant que Christ est venu comme un réformateur pour nous donner à tous un merveilleux exemple, et pour purifier la moralité des hommes par la force de cet exemple. Ils soutiennent qu’Il est venu seulement par l’eau; et que Sa mort, exemple suprême de sacrifice héroïque de soi, doit exorciser l’esprit d’égoïsme de tous nos cœurs. Sa mort, comme expiation de la culpabilité humaine par le sang, ils n’en veulent à aucun prix.

Ceux qui nient le sang tout en admettant l’eau devront à la fin rendre des comptes avec l’Esprit de Dieu dont ils nient le témoignage. L’Esprit qui rend témoignage est la vérité; Son témoignage est donc la vérité; et ils seront manifestés comme menteurs dans le jour à venir, si ce n’est pas avant. Dans l’évangile où le fait historique est relaté, l’évangéliste est content de rendre témoignage lui-même, comme nous l’avons vu. Mais lorsqu’il écrivait l’épître, des hommes s’étaient levés et défiaient tout ce qui était vrai, aussi Jean se retire, si on peut dire, en tant que canal humain du témoignage, au profit de l’Esprit qui est le témoin divin d’importance majeure, et il fait ressortir que Celui qui est la vérité a parlé. Son témoignage établit Qui est venu et ce que Sa venue signifiait réellement.

V. 7-8

Le v. 7 doit être lu simplement de la manière suivante: «car il y en a trois qui rendent témoignage, l’Esprit, et l’eau, et le sang, et les trois sont d’accord pour un même témoignage» (le «Texte Reçu» et la version autorisée (anglaise) du roi Jacques comprennent un complément important couvrant la plus grande partie du verset 7 et le début du verset 8; il doit être omis car il n’est pas basé sur l’autorité réelle des manuscrits anciens). L’Esprit de Dieu est le Témoin actif vivant; l’eau et le sang sont des témoins silencieux, mais tous les trois convergent sur un seul point: ce qu’on trouve aux versets 11 et 12. Les versets 9 et 10 forment une parenthèse.

V. 9-10 — une parenthèse

Nous devons comprendre que le témoignage, qu’il soit rendu par l’Esprit ou par l’eau et le sang, est le témoignage de DIEU, et il doit être traité comme tel. Nous recevons bien sûr le témoignage des hommes; nous sommes tenus de le faire pratiquement tous les jours de notre vie. Nous le faisons malgré qu’il soit fréquemment entaché d’inexactitude même là où il n’y a pas désir de tromper. Le témoignage de Dieu est bien plus grand dans son sujet et dans son caractère. Le sujet de ce témoignage est le Fils, et il a pour caractère d’être absolument la vérité. Quand le Fils était sur la terre, Il rendait témoignage à Dieu. Maintenant l’Esprit est là, et le témoignage de Dieu est rendu au Fils. N’est-ce pas vraiment remarquable?

En outre, celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au dedans de lui-même, puisque l’Esprit qui est le Témoin nous a été donné pour qu’Il habite en nous. Nous commençons bien sûr par croire le témoignage au Fils de Dieu qui est rendu à nous, puis, par l’Esprit qu’Il nous a donné, nous avons le témoignage en nous. Aucun incrédule ne peut avoir ce témoignage au dedans de lui, car ne croyant pas le témoignage que Dieu a donné au sujet de Son Fils, il a «fait Dieu menteur». Qu’il est terrible de faire une chose pareille!

Le témoignage de Dieu est au sujet de Son Fils: mais c’est plus particulièrement que Dieu nous a donné, à nous les croyants, la vie éternelle, et que cette vie est dans Son Fils. L’Esprit de Dieu en est le témoin vivant qui demeure. L’apôtre Paul parle ailleurs de l’Esprit comme étant «l’Esprit de vie dans le Christ Jésus». À cela aussi l’eau et le sang rendent témoignage, seulement d’une façon plus négative. Quand on voit la vie du Fils de Dieu versée dans la mort en faveur de ceux dont les vies étaient perdues, nous savons que cela signifie qu’il n’y avait pas de vie en eux. L’apôtre Paul à nouveau confirme ceci en disant: «si un est mort pour tous, tous donc sont morts» (2 Cor. 5:14); autrement dit: Tous étaient morts, et le Fils de Dieu a donc livré Sa vie dans la mort. L’eau et le sang attestent qu’il n’y a pas de vie dans les hommes (le premier Adam et sa race) mais seulement en Celui qui donne Sa vie et la reprend en résurrection.

V. 12

Le témoignage est donc que cette vie éternelle est à nous. Elle nous a été donnée par Dieu; et elle est «dans Son Fils». Celui qui a le Fils a la vie, et celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie. La question est parfaitement claire. Personne ne peut «avoir» le Fils s’il nie le Fils, comme c’était le cas de ces enseignants antichrétiens. Au chapitre 2:22-23, nous avons vu que personne ne peut «avoir» le Père s’il nie le Fils. Ici nous voyons que de telles personnes ne peuvent «avoir» le Fils, et par conséquent ne peuvent avoir la vie.

V. 13

Le verset 13 indique la signification du mot «avoir» utilisé de cette manière. Le sens du verset est bien: «Je vous ai écrit ces choses afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu». On se serait attendu à ce que Jean dise: «Je vous ai écrit ces choses à vous qui avez le Fils»; au lieu de quoi, il insère ce qu’implique le fait d’avoir le Fils: on croit «au nom du Fils de Dieu». C’est celui qui croit au Fils de Dieu qui a le Fils, et qui a la vie éternelle; et Jean a été conduit à écrire ces choses afin que nous qui croyons, nous le sachions.

Sans aucun doute, quand Jean écrivait ces choses, il avait en vue d’aider et de donner de l’assurance aux croyants simples susceptibles d’être intimidés et ébranlés par les prétentions orgueilleuses des antichrists. Ils venaient avec leurs philosophies d’avant-garde et leurs nouvelles lumières; et le croyant simple qui accrochait sa foi à «ce qui était dès le commencement» allait être traité par ceux-là comme totalement en dehors de la haute «vie» intellectuelle dont ils jouissaient. Après tout cependant, c’était justement celui qui croyait au nom du Fils de Dieu, qui avait le Fils et la vie; et la vie qu’il avait était la vie éternelle, la seule qui compte.

Ce verset se dresse là avec toutes ses heureuses applications en faveur des croyants qui tremblent encore aujourd’hui. Dans ce qu’il a écrit, l’apôtre Jean nous a donné les marques caractéristiques de la vie; et nous pouvons savoir que la vie est à nous, non seulement à cause de ce que Dieu a dit, mais aussi parce que ces marques de la vie se voient. D’heureux sentiments, auxquels certains pensent tellement, ne sont pas la grande caractéristique de la vie; mais l’amour et la justice le sont.

 

V. 14-15

Le verset 14 semble présenter un changement de pensée abrupt et complet. L’apôtre reprend un fil qu’il avait suivi pendant quelques versets au chapitre 3, puis laissé de côté au verset 3:22. Si nous comparons les deux passages, nous trouverons que le changement n’est pas si radical qu’il paraît. La question à ce ch. 3 était que si nous aimons en action et en vérité, nos cœurs auront de l’assurance devant Dieu, et ils auront par conséquent de la hardiesse dans les prières. Ici la succession des pensées semble similaire. Comme fruit de ce que Jean nous a écrit, nous avons l’heureuse connaissance — une connaissance consciente — d’avoir la vie éternelle. Donc nous avons de la confiance (ou de la hardiesse) en Lui, avec l’effet que «si nous demandons quelque chose selon Sa volonté, Il nous écoute». Et s’Il nous écoute, nos demandes sont sûrement accordées.

Ayant la vie, Sa volonté devient la nôtre. Combien nous pouvons alors demander simplement et heureusement selon Sa volonté! C’est la normale pour le croyant, avec comme résultat la prière accordée. Il est dommage que notre expérience effective soit si souvent ce qui est anormal — parce que nous marchons selon la chair — au lieu d’être ce qui est normal.

 

V. 16-18

Le verset 16 implique que nous ne sommes pas égoïstes dans nos prières, mais que nous avons le souci des autres. Nous prions pour nos frères sous forme d’intercession. La pleine liberté que nous avons devant Dieu s’étend à cela, et n’est pas restreinte à des sujets purement personnels. Mais cela montre aussi clairement que, bien que nous ayons cette liberté, il y a certaines choses qu’il ne nous est pas permis de demander ou que nous ne pouvons pas demander. Le gouvernement de Dieu à l’égard de Ses enfants est une chose très réelle et Il ne peut pas y renoncer à notre demande. La mort dont il est parlé ici est la mort du corps, telle que nous la voyons par exemple dans le cas d’Ananias et de Sapphira.

Nous pouvons demander la vie, et certainement tout ce qui est en deçà, pour quiconque n’a pas péché d’un péché qui soit à la mort. Or toute iniquité [injustice] est péché, de sorte qu’on peut couvrir un très vaste champ. Mais si le péché est à la mort, nos lèvres sont clouées. Il est possible qu’en écrivant cela l’apôtre ait eu à l’esprit quelque péché particulier lié aux tromperies antichrétiennes environnantes, mais il ne le précise pas. Il nous reste donc à tenir compte du principe au sens large. Nous savons que l’hypocrisie et les fausses prétentions étaient le péché à la mort dans le cas d’Ananias, et que des désordres et de l’irrespect grossiers lors de la Cène étaient les péchés à la mort parmi les Corinthiens.

Les versets 16 et 17 nous occupent de ce qu’on voit dans la pratique parmi les saints, car celui qui peut avoir commis un péché à la mort est un «frère». Au verset 18 nous revenons à une vue abstraite des choses. Celui qui est né de Dieu ne pèche pas, si nous le considérons selon sa nature essentielle. Nous avons déjà vu cela auparavant dans l’épître. En outre, puisqu’il en est ainsi, ceux qui sont nés de Dieu sont rendus capables de se garder eux-mêmes afin que le méchant ne les touche pas. Cette dernière remarque soutient passablement la pensée que le péché à la mort que Jean a en vue, est quelque chose de lié aux ruses du diable au travers des enseignements antichrétiens. Du point de vue abstrait, celui qui est né de Dieu est à l’abri du méchant. Du point de vue pratique, puisque la chair est encore dans le croyant bien qu’il soit né de Dieu, le frère peut être séduit par le méchant et être amené sous la discipline de Dieu, celle-ci pouvant aller jusqu’à la mort.

 

V. 19-21

V. 19

Nous arrivons maintenant aux dernières paroles de l’épître, et les choses nous sont résumées d’une manière très remarquable. Demeurant dans ce qui était dès le commencement, il y a certaines choses que nous connaissons. Nous connaissons la vraie nature de ceux qui sont nés de Dieu, selon le verset 18. Puis nous savons que nous — qui sommes la vraie famille de Dieu — nous sommes de Dieu; et par là nous sommes totalement différents du monde qui gît dans «la méchanceté» ou dans «le méchant». La différence n’était pas aussi claire avant le temps de Christ. La ligne de démarcation était alors plutôt tirée entre Israël comme nation appartenant à Dieu, et les nations (les Gentils) qui n’appartenaient pas à Dieu, bien que la foi pût sans doute toujours discerner qu’Israël n’était pas dans son entier le vrai Israël de Dieu.

Maintenant la ligne de démarcation est indépendante de toute considération nationale. Il est simplement question de ceux qui sont nés de Dieu et de ceux qui ne le sont pas, indépendamment de la nation à laquelle ils appartiennent. La famille de Dieu est complètement et fondamentalement séparée du monde.

V. 20

En outre nous savons ce qui a fait arriver tout ceci. Le Fils de Dieu est venu. Cette Personne est arrivée sur la scène, et la vie a été manifestée en Lui. Nous sommes ramenés ici au point de départ de l’épître, mais avec un fait supplémentaire mis en lumière. Au début, nos pensées avaient à se focaliser sur ce qui était mis en lumière par Sa venue. Mais ce qui a été révélé plus loin dans l’épître nous a amenés à ceci que, comme fruit de Sa venue, il nous a été donné une intelligence pour pouvoir connaître et apprécier et répondre à Celui qui a été révélé. On voit bien que si l’intelligence manque, la plus parfaite des révélations nous serait donnée en vain.

Grâce à Dieu, nous avons cette intelligence. Nous sommes nés de Dieu, et Il nous a donné de Son Esprit, comme l’épître nous l’a montré, et nous n’aurions jamais pu posséder cette Onction si le Fils de Dieu n’était pas venu. Maintenant nous connaissons «le Véritable», car le Père a été donné à connaître dans le Fils. Or les paroles qui suivent nous disent que «nous sommes dans le Véritable, [savoir] dans son Fils Jésus Christ». Donc, «le Véritable» est une expression qui recouvre à la fois le Fils et le Père, et nous passons presque insensiblement de l’Un à l’Autre. C’est un nouveau témoignage du fait que le Fils et le Père sont un dans Leur essence, bien qu’Ils soient des personnes distinctes.

Alors, nous ayant ainsi amenés à «Son Fils Jésus Christ», Jean exprime d’une manière très nette que «Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle». Nous ne pouvons avoir d’affirmation plus forte de Sa Déité. Il est aussi la vie éternelle et, comme nous l’avons vu, la Source de cette vie pour nous.

Quel merveilleux sommaire de l’épître dans ce court verset! La vie a été manifestée, et le Véritable a été donné à connaître par la venue du Fils de Dieu. Comme fruit de Sa venue, nous avons reçu une intelligence afin de pouvoir apprécier et recevoir tout ce qui a été mis en lumière. Mais alors, non seulement le Véritable est révélé, et nous sommes rendus capables de Le connaître, mais nous sommes en Lui parce que nous sommes dans Celui qui nous L’a révélé. Sans cela, nous n’aurions pu être que des spectateurs émerveillés, sans lien vital avec Dieu. Mais grâce à Dieu, ce lien vital existe. Et Celui dans lequel nous sommes est le Dieu véritable et la vie éternelle.

V. 21

Quel contraste alors dans les derniers mots, «Enfants [ce mot signifie toute la famille de Dieu], gardez-vous des idoles». Une idole est tout ce qui usurpe dans nos cœurs la place suprême qui n’appartient qu’à Dieu. Si nous vivons dans la réalité et la puissance du verset 20, nous dirons certainement comme Éphraïm «qu’ai-je plus à faire avec les idoles?» (Osée 14:8).

Laissons seulement le Fils de Dieu, et tout ce qu’Il a fait et apporté remplir nos cœurs, et les idoles qui nous ont charmés un temps, ne nous charmeront plus du tout.