1 Jean

Chapitre 4

V. 1-6 — L’Esprit de vérité et l’esprit d’erreur. 3 Critères de distinction

V. 1-3

Parmi les ruses du diable, l’imitation prend une place de premier ordre. Dans l’Ancien Testament par exemple, quand Dieu opéra en puissance par Moïse en présence du Pharaon, les magiciens égyptiens imitèrent ce qui était fait autant qu’ils purent, afin de neutraliser l’impression faite sur l’esprit du Pharaon. Nous retrouvons cela au temps où un sanctuaire était établi à Jérusalem avec ses cérémonies pour le service divin: Jéroboam en détourna facilement les dix tribus en mettant en place une religion d’imitation à Béthel et à Dan. Les premiers versets du ch. 4 montrent que Satan a commencé ses imitations trompeuses très peu après que la foi eut été transmise aux saints par les apôtres choisis de Dieu.

L’apôtre Jean, le dernier des apôtres, vécut assez longtemps pour voir beaucoup de faux prophètes déjà sortis dans le monde (4:1). Les apôtres avaient manifestement été animés et soutenus par le Saint Esprit pour transmettre la parole inspirée de Dieu soit par écrit soit oralement. Il ne fallut pas attendre longtemps pour que d’autres hommes se lèvent. Eux aussi parlaient aussi comme portés par la puissance d’un esprit, et ce qu’ils prononçaient était donc aussi inspiré. Mais ce qu’ils disaient était très différent de ce que les apôtres avaient enseigné, bien qu’ils prétendissent que leurs enseignements n’en étaient qu’une amélioration et une extension. Tout cela avait l’air plutôt attrayant, et était donc séduisant. Mais était-ce la vérité? Comment pouvait-on le tester?

Nous avons déjà fait des remarques sur la manière dont, dans cette épître, toute prétention est testée, et il est évident que plus on se trouve en présence d’imitations, plus il est nécessaire de faire des tests. La question maintenant est de la plus haute importance. Comment peut-on distinguer «l’Esprit de Dieu» et «l’esprit de l’Antichrist», «l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur»? Les esprits doivent être éprouvés, mais par quel critère?

En premier lieu, le test porte sur Christ Lui-même et la vérité sur Sa Personne. L’esprit confesse-t-il Jésus Christ, venu en chair? Si oui, il est de Dieu, si non il n’est pas de Dieu. C’est un test très simple, et si nous méditons un petit peu là-dessus, nous verrons qu’il est très profond.

Il n’est pas correct de dire, en parlant de nous, que nous sommes venus en chair. L’Éternel avait dit il y a longtemps déjà: «Mon Esprit ne contestera pas à toujours avec l’homme, puisque lui n’est que chair» (Gen. 6:3). Nous sommes chair. Et même, en dehors de cette considération, nous ne devons pas parler de nous-mêmes comme étant venus en chair, car nous n’existions pas auparavant, et nous n’avions aucun choix entre différentes options quant à la manière de venir. Pour faire partie de la race humaine, il nous faut être ici-bas avec des corps de chair et de sang. Or il en a été autrement pour Jésus Christ. Il existait au préalable, et Il aurait pu venir selon d’autres manières. Et en effet au temps de l’Ancien Testament, Il est vraiment apparu en d’autres manières (nous le croyons), par exemple comme «l’Ange de l’Éternel».

La vérité c’est que Jésus Christ — cette Personne qui est le Fils éternel de Dieu — est venu en chair pour être un vrai homme parmi nous. Les docteurs antichrétiens ne confessaient pas cela. Ils n’étaient pas sains concernant Sa déité comme le verset 2:22 le montre. Ils n’étaient pas sains concernant Son humanité, comme ce verset 4:3 le montre. — L’histoire nous rapporte que l’une des premières hérésies ayant affligé l’église du commencement est celle dont Jean traite ici. On l’appelle le Docétisme: ils enseignaient que, la matière étant mauvaise, Christ ne pouvait pas avoir eu un corps de chair et de sang véritablement humain; il ne pouvait qu’en avoir eu l’apparence, mais c’était en réalité une illusion. — Une autre forme d’erreur au sujet de l’humanité de Christ a aussi troublé l’église du commencement quand des hommes se levèrent pour dire que le siège du péché se trouve dans la partie spirituelle de l’homme plutôt que dans son corps matériel. Ils niaient la partie spirituelle de Son humanité et mettaient l’accent sur la réalité de Sa chair; cela eut lieu un ou deux siècles plus tard, et il n’y a ici aucune référence à ces hommes.

Jésus Christ vint en chair, une chair d’une nature parfaitement sainte, et il y avait donc en Lui cette manifestation merveilleuse de la vie éternelle dont parle le premier verset de l’épître. Nier Sa venue en chair revient non seulement à nier la possibilité de cette manifestation claire parmi nous, mais aussi à nier qu’il y ait eu là, en Lui, la plénitude divine qui a à se manifester. Or ce sujet est traité ici encore plus vigoureusement. Nous n’avons pas besoin d’attendre un démenti ouvert, car l’absence même de confession de la vérité suffit à trahir l’esprit de l’antichrist.

V. 4

Au v. 4 nous avons le contraste entre les saints (le mot utilisé ici recouvre toute la famille de Dieu, et non pas simplement les petits enfants) et les faux prophètes. Les uns sont «de Dieu», les autres sont «du monde». Au ch. 2 nous avons vu combien le Père et le monde forment un contraste complet; ici nous trouvons deux familles issues respectivement de ces deux sources, — deux familles formant un contraste tout aussi grand que les sources dont elles sont issues. De plus chez chacune d’elles une puissance habite, bien que la manière d’habiter soit sans aucun doute différente. Il y a «Celui qui est en vous» et «celui qui est dans le monde». Les enfants de Dieu ont l’Onction de l’Esprit de Dieu. Quant au monde, il «gît dans le méchant» (1 Jean 5:19); par conséquent le méchant est en lui.

Quel immense encouragement de savoir que l’Esprit de Dieu est plus grand que toute la puissance de l’adversaire. C’est là le secret de la merveille de la survivance de la foi en Christ. Le Seigneur Lui-même a affirmé que «les fils de ce monde [de ce siècle] sont plus sages [prudents] que les fils de la lumière». Nous ne sommes pas des gens sages si l’on en juge selon des critères ordinaires, et hélas, l’histoire ne se termine pas là: il y a eu beaucoup d’infidélité. Les coups les plus grands et les plus durs contre la foi ont été portés pas ceux qui l’ont professée. Pourtant la foi a survécu à tous les coups portés par les croyants infidèles, autant qu’à tous les coups portés par les méchants contre les croyants fidèles, — la foi leur a survécu à cause du Saint Esprit qui habite dans les croyants. L’accent est mis ici sur le fait que c’est par Lui que nous surmontons les enseignements séducteurs des antichrists. Au ch. 2 nous avons vu que nous sommes vainqueurs par la Parole de Dieu qui habite en nous. Mais bien sûr elle ne demeure en nous que si nous sommes gouvernés par l’Esprit de Dieu. L’Esprit et la Parole vont ensemble.

V. 5

Les six premiers mots du v. 5 «Pour eux, ils sont du monde» sont en contraste complet non seulement avec ce qui précède: «Vous, vous êtes de Dieu», mais aussi avec ce qui suit: «Nous, nous sommes de Dieu». Le «nous» désigne évidemment ici les apôtres et prophètes du Nouveau Testament par le moyen desquels la Parole nous est parvenue, puisque le contraste réside dans ce qui a été proféré par les uns et par les autres. Ceux qui sont du monde parlent selon les principes du monde; c’est le monde qui caractérise à la fois leur origine et leurs propos. Ceux qui sont de Dieu parlent comme étant de Dieu.

Ce fait nous présente un autre critère par lequel nous pouvons tester les enseignements qui nous parviennent. Les faux enseignements sont «du monde», car ils procèdent de principes mondains et portent l’empreinte du monde. Il en résulte que les gens de ce monde y prennent plaisir, les comprennent et les reçoivent. Ils sont flattés et confirmés dans leur mondanité, au lieu d’être troublés et dérangés par eux.

L’enseignement des apôtres était d’un tout autre ordre. Ils parlaient de Dieu et de la part de Dieu, et la puissance et l’autorité de leurs déclarations étaient tout de suite reconnues par ceux qui étaient de Dieu et qui connaissaient Dieu, tandis que ceux qui n’étaient pas de Dieu ne les écoutaient pas.

V. 6

Ici nous avons un troisième critère. Ceux qui viennent à nous comme enseignant la vérité acceptent-ils l’autorité des apôtres, ou non? S’ils ne les «écoutent» pas, nous pouvons considérer sans risque qu’ils ne sont pas de Dieu.

Notez bien que ce test est le même que celui que le Seigneur affirmait s’appliquer à Lui-même, en Jean 10: «Mes brebis écoutent ma voix», tandis que ceux qui n’étaient pas Ses brebis ne croyaient pas. Quand le Seigneur était sur la terre, ceux qui étaient de Dieu se caractérisaient par ce qu’ils L’écoutaient avec l’oreille de la foi. Quand les apôtres étaient ici sur la terre, ceux qui étaient de Dieu se caractérisaient par ce qu’ils les écoutaient avec l’oreille de la foi. Et maintenant qu’ils ne sont plus, nous avons leurs écrits, ces écrits apostoliques, l’Écriture inspirée, et ceux qui sont de Dieu sont caractérisés par ce qu’ils les écoutent avec l’oreille de la foi. Le mode de communication peut être différent, mais ce qui est communiqué a dans tous les cas la même autorité. Un roi de la terre peut parler en personne, ou par la bouche d’un ministre dûment accrédité, ou il peut coucher son message par écrit: il y a des différences quant au mode de transmission, mais aucune quant à l’autorité du message.

Il est bon d’être tout à fait clair sur ce point, car de nos jours, il ne manque pas de gens pour discréditer les apôtres et leurs écrits inspirés sous le cri spécieux de «Revenons à Christ». Ils commencent par dire qu’on ne doit faire des citations que de Ses seuls propos directs, car c’est eux qui font totalement autorité; mais ils n’en restent pas longtemps à cela. Il n’y a pas d’assise solide dans une telle position, car toutes les paroles qui ont été rapportées du Seigneur l’ont été par les écrits des apôtres ou prophètes. C’est pourquoi ils en arrivent vite à la position de n’écouter que la ration qu’ils veulent des enseignements qui nous sont rapportés. Ils finissent donc par croire en leur propre pouvoir de discrimination et de sélection, c’est-à-dire en eux-mêmes. Combien toute cette incrédulité moderne qui fait tant de tapage, montre un esprit lourd et vulgaire quand on la soumet tant soit peu à quelque analyse.

Soyons vraiment reconnaissants que Dieu ait été plus fort que la montée de ces hérésies du début en nous donnant ces tests simples, encore aussi valides aujourd’hui qu’au premier jour où ils ont été proposés. C’est en effet le moyen permettant de reconnaître l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur. Si nous restons sages quand nous nous trouvons confrontés à des enseignements douteux, nous appliquerons de suite ces tests au lieu de nous appuyer sur notre propre intelligence.

 

V. 7

Avec le verset 7, nous revenons au fil principal de la pensée de l’apôtre. Il est nécessaire de faire des digressions à plusieurs reprises pour mettre en garde contre le mal, mais ce qui nous concerne avant tout, c’est ce qui est bon et qui est de Dieu. Or l’amour est de Dieu, et en tant qu’enfants de Dieu, nous avons avant tout à nous aimer l’un l’autre. C’est la manière de manifester la nature divine, et de mettre en évidence que nous sommes nés de Dieu, et que nous Le connaissons. Celui qui est né de Dieu aime à la manière divine. Celui qui aime à la manière divine est certainement né de Dieu. Ces deux affirmations sont vraies; la seule différence étant que dans la première on raisonne de la source vers l’épanchement extérieur, et dans la seconde, on remonte de cet épanchement extérieur vers la source.

 

V. 8

Au contraire, celui qui n’aime pas à la manière divine ne connaît pas Dieu pour la simple raison que Dieu est amour. Au début de l’épître nous avons entendu que Dieu est lumière. Ce fait se trouve à la base de tout ce qui a été manifesté en Christ. Dans notre chapitre nous en avons deux fois le pendant, à savoir que Dieu est amour. En apparence il semblerait qu’il y ait conflit entre les deux. Le péché a été introduit par le diable pour qu’il y ait conflit entre la lumière et l’amour en Dieu. Toute l’Écriture peut être considérée comme la concrétisation d’une réponse de Dieu à ce défi — l’histoire de la manière merveilleuse dont la lumière et l’amour se meuvent tous les deux harmonieusement pour établir Sa gloire et notre bénédiction.

 

V. 9-10

Dieu est amour. C’est effectivement l’énoncé d’un dogme; et si les hommes cherchent la confirmation de ce dogme dans le monde pécheur et en désordre qui les entoure, ils n’y arriveront pas. Il faut regarder dans la bonne direction. Il y a eu une manifestation parfaite de l’amour de Dieu, mais seulement dans une direction, comme les versets 9 et 10 le disent clairement. L’envoi du Fils, et tout ce que cela a impliqué, l’a manifesté complètement. Le Fils a été envoyé dans le monde où nous gisions, spirituellement morts, sous le poids de nos péchés. Il est venu avec l’objectif que nous vivions par Lui, et à cette fin Il a fait la propitiation pour nos péchés. La vie était l’objectif, mais pour que nous vivions, il était nécessaire qu’il y eût propitiation.

Vie et propitiation, deux choses immenses! Juste après la conversion, c’est la propitiation qui occupe principalement nos pensées. Nous avons été convaincus de nos péchés et nous savons combien nous avions besoin de pardon; et combien notre soulagement a été grand de découvrir la propitiation accomplie par le Fils envoyé dans le monde comme don de l’amour de Dieu! Puis maintenant, nous commençons à réaliser que la propitiation nous a ouvert la porte de la vie, et que le propos de Dieu était que nous vivions par Celui qu’Il nous a envoyé.

Ce grand fait est énoncé ici de manière très générale: nous vivons par Lui, car c’est Lui qui a fait que nous avons été amenés à la vie. Au chapitre suivant, nous verrons que la vie que nous avons est en Lui: c’est parce que nous sommes en Lui, que nous avons la vie. En Galates 2:20, nous trouvons que, sur un plan pratique, notre vie est par Lui, car Il en est l’objet. En 1 Thessaloniciens 5:10, nous apprenons que notre vie sera avec Lui pour toujours. Nous pouvons bien être remplis de louange et d’actions de grâces de ce qu’Il soit venu dans le monde pour que nous vivions par Lui, spécialement quand nous considérons tout ce que Sa venue a impliqué à la fois pour Lui et pour Dieu qui L’a envoyé. C’était vraiment de l’amour!

 

V. 11

Cet amour merveilleux nous impose une obligation: «nous devons». Ce n’est pas: «nous pouvons», ni même «nous aimons effectivement», mais «nous devons nous aimer l’un l’autre» comme ayant été nous-mêmes aimés d’un si grand amour. N’esquivons pas la pensée d’une obligation. Ce n’est pas une obligation légale, quelque chose de nécessaire pour établir notre position devant Dieu. C’est une obligation basée sur la grâce, et sur la nature qui est la nôtre comme nés de Dieu. En tant qu’enfants de Dieu, c’est notre nature d’aimer, mais cela n’altère pas le fait que nous en avons le devoir.

 

V. 12

Nous devons nous aimer parce que, selon le verset 12, c’est par là que l’amour de Dieu est consommé [rendu parfait] en nous. L’amour a été versé sur nous, et son but est atteint complètement, ou parfaitement, quand il se déverse au travers de chaque saint vers tous les autres. Alors vraiment Dieu demeure en nous — car Il est amour — et on peut Le voir dans Son reflet dans Ses enfants. Ce verset doit être comparé à Jean 1:18. Les deux versets commencent de la même manière. Dans l’évangile, Dieu est déclaré dans le Fils. Dans l’épître, Il doit être vu comme demeurant dans Ses enfants. C’est ce qu’implique clairement ce verset.

 

V. 13

Si Dieu demeure en nous, Il sera certainement vu en nous, mais notre connaissance de ce qu’Il demeure en nous est par l’Esprit qu’Il nous a donné. Comparez le verset 13 avec le verset 3:24. Il s’agissait là de ce qu’Il demeure en nous, tandis qu’ici il s’agit de ce que nous demeurons en Lui et Lui en nous. Mais dans les deux cas, notre connaissance de ces deux réalités est par l’Esprit qui nous a été donné. Étant nés de Lui, nous avons Sa nature qui est amour; mais en plus de ceci, Il nous a donné de Son Esprit; et par cette onction nous savons que nous demeurons en Lui et Lui en nous.

 

V. 14 — Sommaire intermédiaire

En outre l’Esprit est la puissance pour témoigner, et le verset 14 place donc devant nous ce qui est le témoignage caractéristique des enfants de Dieu. Le «nous» de ce verset peut de nouveau être, en premier lieu du moins, les apôtres. Ils L’avaient vu comme le Sauveur du monde d’une manière que nous ne pouvons pas L’avoir vu. Mais dans un sens secondaire, nous pouvons tous le dire. Nous savons que le Père a envoyé le Fils avec rien moins que cela en vue. On a souvent fait remarquer que l’évangile de Jean éloigne nos pensées de ce qui était limité aux Juifs pour les fixer sur les desseins plus vastes en rapport avec le monde.

En Jean 1 par exemple, Il est annoncé non comme le Libérateur d’Israël, mais comme Celui «qui ôte le péché du monde». En Jean 4 les Samaritains L’écoutent eux-mêmes et découvrent qu’Il est le Christ, le Sauveur du monde. Or, ce que eux ont découvert, nous, nous l’avons tous découvert, et ayant fait cette découverte, c’est devenu le thème de notre témoignage.

Combien l’enchaînement de tout ce que nous venons de considérer est merveilleux! Dieu est amour. Son amour a été manifesté dans l’envoi de Son Fils. Nous vivons par Lui. L’Esprit nous est donné. Nous demeurons en Dieu. Dieu demeure en nous. Nous nous aimons l’un l’autre. Dieu qui est invisible, nous le reflétons devant les hommes. Nous rendons témoignage aux hommes de ce que le Père a envoyé le Fils comme le Sauveur du monde. Tout dépend de l’amour — l’amour divin — qui nous a été révélé et qui opère maintenant en nous.

Et plus l’amour opère en nous, plus le témoignage que nous rendons au Sauveur du monde sera effectif.

 

V. 15-16

Quand Jean écrivait son épître, chacun savait qu’un homme — Jésus de Nazareth — était apparu dans le monde et était mort sur la croix. Il n’y avait pas besoin de témoigner particulièrement à ce sujet. Le témoignage qui devait être rendu concernait la vérité quant à qui Il était réellement, et ce qu’Il était venu faire. C’est pourquoi nous déclarons qu’Il était le Fils, envoyé du Père, ayant en vue le salut du monde. Tous ceux qui reçoivent le témoignage chrétien croient en Jésus comme le Fils de Dieu, et Le confessent comme tel. Or quiconque Le confesse ainsi, «Dieu demeure en lui, et lui en Dieu».

Nous avons remarqué auparavant que ce mot «demeurer» caractérise cette épître. Au chapitre 2, nous avons quatre références (2:6, 24, 27, 28) au fait que nous demeurons en Lui; une cinquième référence se trouve en 3:6 et une sixième en 3:24. Mais dans cette sixième référence est introduit le fait réciproque que Lui demeure en nous: «par ceci nous savons qu’Il demeure en nous, [savoir] par l’Esprit qu’il nous a donné».

Au ch. 4, c’est cette deuxième pensée, le fait qu’Il demeure en nous, qui est mise en avant (4:12, 13, 15, 16). Elle n’est pas déconnectée du fait que nous demeurons en Lui, mais de toute évidence, c’est la vérité sur laquelle l’accent est mis maintenant. L’ordre observé est clair et instructif: nous devons d’abord être établis dans le fait que nous demeurons en Lui, et alors, comme découlant de cela, Il demeure en nous. Dans ces quatre versets, le fait qu’Il demeure en nous est mis en relation avec: 1) le fait de s’aimer l’un l’autre; 2) le don qu’Il nous a fait de Son Esprit; 3) la confession de Jésus comme Fils de Dieu; 4) le fait de demeurer dans l’amour, Dieu Lui-même étant amour. Il demeure en nous pour que Son caractère, Son amour, Sa vérité, soient manifestés par nous.

Observons en passant combien tout cela est parallèle à l’enseignement de l’apôtre Paul. Dans les premiers chapitres de l’épître aux Éphésiens, nous trouvons que «en Christ» est ce qui caractérise tout. Nous sommes en Lui. Dans l’épître aux Colossiens, le thème est «Christ en vous». Nous sommes en Christ pour que Christ soit en nous. Il y a toutefois une différence: Chez Paul, il est davantage question de notre position et de notre état; chez Jean, il est plutôt question de vie et de nature.

Une autre chose digne d’être notée dans notre épître, c’est que, quand il est question de «demeurer en Lui», le «Lui» se réfère tantôt à Christ et tantôt à Dieu. Par exemple, en 2:6, 28 et 3:6, le «Lui» se rapporte assez clairement à Christ; en 3:24 et 4:13, 15, 16, il se rapporte à Dieu. En 2:24, il s’agit de demeurer «dans le Fils et dans le Père»; en 2:27, il est difficile de dire Lequel est en vue. L’ensemble de ce qui est dit sur ce sujet ici, a certainement en vue de nous enseigner combien le Fils est véritablement un avec le Père, en sorte que nous ne pouvons pas être dans le Fils sans être dans le Père, et que nous ne pouvons qu’être dans le Père en étant dans le Fils. C’est la raison pour laquelle le Fils vient en premier en 2:24.

Mais au v. 16, c’est Dieu dont il est question. Nous demeurons en Lui, et Lui demeurera en nous. Dans l’épître aux Colossiens nous sommes vus comme le corps de Christ, et Lui doit être manifesté en nous. Ici nous sommes les enfants de Dieu, formant Sa famille, tirant de Lui notre vie et notre nature, et ainsi Lui qui est le Père demeurera en nous, et sera manifesté. Dieu est amour, et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et le Dieu qui est amour sera vu demeurer en nous.

Quelle chose merveilleuse que de demeurer dans l’amour! Un récipient quelconque immergé dans l’océan et qui y reste, est plein de l’océan: de la même manière l’enfant de Dieu, immergé dans l’amour de Dieu, en est rempli. C’est de cela que dépend ce dont nous avons besoin pour que soit efficace notre témoignage rendu à ce que le Père a envoyé le Fils. Il est nécessaire et bon que nous témoignions par nos paroles, mais quand en outre, on voit Dieu dans la plénitude de Son amour demeurer dans Ses enfants, alors le témoignage est forcément efficace. Un chrétien plein de l’amour de Dieu exerce une puissance qui, bien qu’inconsciente, est des plus efficaces.

 

V. 17

Au verset 4:17, il est question de «l’amour avec nous». L’amour a été consommé [rendu parfait] avec nous, c’est-à-dire que l’amour de Dieu en ce qui nous concerne a été amené à son but final et à son apogée. Et il a été consommé [rendu parfait] «en ceci», ce qui fait référence sans aucun doute à ce précède immédiatement. Celui qui demeure en Dieu parce qu’il demeure dans l’amour, et en qui, par conséquent, Dieu demeure, celui-là doit nécessairement avoir toute assurance au jour du jugement. Il aura en effet de l’assurance quant au jour du jugement avant que le jugement n’arrive, c’est-à-dire déjà dans le moment présent.

Le seul fait que l’amour de Dieu brille sur nous est déjà une chose des plus merveilleuses. Mais que nous soyons amenés à demeurer en lui, en sorte que Dieu, qui est amour, demeure en nous, cela nous emmène vraiment à l’apogée de toute cette affaire. Cela signifie que «comme il est, Lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde». Cette courte phrase est très profonde dans sa signification. Elle est parfaitement vraie si nous la lisons en relation avec notre position et notre acceptation devant Dieu. Mais ceci n’en est qu’une application, et non pas son interprétation dans son contexte. Quand le Fils est devenu chair, il y a eu là l’homme parfait, qui demeurait en Dieu et en qui Dieu demeurait, autant durant Son séjournement ici-bas que dans Sa gloire présente au ciel. Et nous devons redire maintenant: «ce qui est vrai en Lui et en vous» (2:8). Voilà les enfants de Dieu, et ils habitent en Dieu et Dieu en eux. Ils sont comme Il est, et ils le sont dès maintenant.

Quelle merveille, cette apogée de l’amour! Si nous la comprenons, même que très faiblement, nous aurons certainement toute assurance au jour du jugement. Bien que ce jour soit un sujet de terreur du Seigneur pour ceux qui ne connaissent pas Dieu, il ne peut pas l’être pour le cœur de celui qui, dans le moment présent et dans ce monde, demeure en Dieu et Dieu en lui.

 

V. 18-19

C’est ce que nous dit le v. 18. En vérité, «il n’y a pas de crainte dans l’amour». Cet amour parfait du côté de Dieu — car tout procède de Lui — doit nécessairement chasser la crainte avec tous son tourment. Cependant il se peut que l’on en trouve chez certains, — de ceux qui entretiennent des craintes, soit quant au jour du jugement ou quant à autre chose. Ils ne sont pas consommés [rendus parfaits] dans l’amour. Du côté de Dieu, l’amour a été consommé [rendu parfait] à notre égard, mais de notre côté, il se peut que nous ne soyons pas consommés [rendus parfaits] dans l’amour. Nous pouvons croire vraiment que Dieu nous aime, et pourtant ne pas demeurer consciemment dans l’amour au point qu’il n’y a plus de place pour la crainte dans nos cœurs.

L’amour de Dieu, connu et dont on jouit, non seulement chasse toute crainte de nos cœurs, mais aussi produit l’amour en réponse à lui-même. Nous n’avons aucune capacité pour aimer de cet amour divin en dehors de cet afflux de l’amour de Dieu en nous. Dans ce domaine, nous ne sommes que comme de petites citernes. Lui est la Source qui ne tarit jamais. Une fois que nous sommes branchés sur cette Source, l’amour peut alors s’épancher en dehors de nous.

 

V. 20-21

Au verset 20, Jean nous avertit d’être pratiques dans ce domaine. Un homme peut dire «j’aime Dieu» sur un plan général. Il peut même le dire dans un style très élaboré, en s’adressant à Dieu comme dans un esprit de louange, exprimant de belles pensées et des mots touchants. Mais, cela doit quand même être contrôlé par un test; car Dieu est invisible, et chez certains esprits actifs, les belles pensées et les belles paroles à bon marché coulent facilement. Qu’est-ce qui vérifiera l’authenticité d’une telle profession?

Eh bien! Il y a le frère que l’on peut voir. Si je suis moi-même né de Dieu, tout autre qui est aussi né de Dieu est un frère pour moi. Le Dieu que je ne peux pas voir m’est présenté en celui qui est né de Dieu, ce frère que je peux voir. Ceci étant, le test proposé par la question de Jean est tout à fait imparable: «Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas?». Le même test figure au premier verset du chapitre suivant, sous une forme positive et dogmatique: «Quiconque aime celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de lui» (5:1).

C’est la troisième fois dans cette épître relativement courte, que le sujet de l’attitude du croyant envers son frère est évoqué (voir 2:9-11; 3:10-23). C’est donc de toute évidence un sujet de très grande importance. Nous tirons cette conclusion non seulement de la longueur des passages qui lui sont consacrés, mais aussi parce qu’en 4:21, il en est parlé comme d’un commandement. Le devoir de s’aimer l’un l’autre comme frères n’est pas seulement le message «que vous avez entendu dès le commencement» (3:11), mais c’est «Son commandement [celui de Dieu]… selon qu’Il [Son Fils Jésus Christ] nous en a donné le commandement» (3:23). C’est le commandement du Seigneur Jésus ratifié et avalisé par Dieu. Un commandement donc de la plus extrême solennité.

La triste histoire de l’église montre combien il y en avait besoin. Les dissensions et même la haine au sein de la sphère chrétienne ont causé bien plus de déshonneur sur le Nom de Dieu, et de désastres pour les saints, que toute l’opposition et même que toute la persécution du monde extérieur. Si l’amour avait été pleinement en exercice chez nous, nous n’aurions pas éludé les difficultés, mais nous les aurions affrontées dans un esprit tout différent, et au lieu d’être défaits par elles, nous aurions prévalu. Ne sommes nous pas prévenus ailleurs de ce que l’amour ne périt jamais? (1 Cor. 13:8).