1 Jean

Chapitres 2:29 et 3

V. 29 à 3:3

Le v. 28 forme un court paragraphe autonome, et il aurait mieux valu que le chapitre 2 se termine par lui. Le v. 29 commence un autre paragraphe qui s’étend jusqu’au v. 3 du ch. 3.

Ch. 2:29 et 3:1

On pourrait bien vouloir demander maintenant: mais qui sont les enfants de Dieu? et comment les distinguer avec exactitude d’avec ceux qui n’en sont pas?

La réponse donnée ici c’est que ceux qui sont nés de Dieu sont les enfants de Dieu, et qu’on peut les distinguer par ce qu’ils pratiquent la justice. Pratiquer, c’est quelque chose d’habituel et de caractéristique. Ce n’est pas qu’ils agissent selon la justice par intermittence, de temps à autre; mais ils la pratiquent comme une habitude dans leur vie. Ils sont loin de le faire parfaitement — Un seul l’a fait. Et encore, comme nés de Dieu ils ont nécessairement Sa nature. Il est juste: nous le savons très bien. Alors ceux qui sont nés de Lui sont nécessairement caractérisés par la justice: il ne pourrait pas en être autrement. Ainsi donc quand nous voyons quelqu’un pratiquer réellement la justice, nous pouvons à bon droit admettre qu’il s’agit d’un vrai enfant de Dieu.

La pratique de la justice est une question très importante, qui dépasse de beaucoup le fait de payer cent centimes en échange d’un euro. Il faut commencer avec Dieu et Lui rendre ce qui Lui est dû, et ensuite considérer comment rendre à tous les autres ce qui leur est dû. On ne peut pas dire d’un inconverti qu’il pratique la justice, car il n’a jamais commencé par le premier pas de la justice. Il ne pratique pas ce qui est juste au regard de Dieu.

Nous connaissons Dieu. Il est juste. Voici quelqu’un qui pratique la justice. Nous pouvons sans risque considérer qu’il est né de Dieu. Il appartient à la famille divine. Mais alors quel merveilleux amour il y a là! Et il nous est accordé par le Père Lui-même!

Le mot que Jean utilise ici est «enfants» plutôt que «fils». C’est un terme plus intime. Il est parlé des anges dans l’Écriture comme étant des «fils de Dieu». Toutes choses sont à Lui comme ayant été créées par Lui, mais pour être Ses enfants il nous faut être «nés de Lui». C’est quelque chose de plus profond et en même temps de plus intime, et nous pouvons bien nous émerveiller de la manière dont l’amour de Dieu agit, nous accordant une pareille grâce. Nous avons été introduits dans cette nouvelle relation par l’opération de Dieu Lui-même, accomplie en nous par la puissance du Saint Esprit. Il aurait pu Lui plaire, tout en nous sauvant, de nous introduire dans une relation avec Lui bien inférieure à celle-ci. Mais non, telle a été la manière d’agir de Son amour.

Mais il y a plus; tout comme cet acte de nous engendrer nous a liés à Lui dans cette nouvelle relation, ainsi aussi cet acte nous a détachés du monde, et cela d’une manière tout à fait fondamentale. Quand Christ était ici-bas, le monde n’a connu et compris ni Lui ni Son Père: c’était parce qu’Il lui était totalement opposé, tant quant à l’origine que quant au caractère. Il leur dit: «Vous êtes d’en bas; moi, je suis d’en haut: vous êtes de ce monde; moi, je ne suis pas de ce monde». Et encore, quand ils prétendaient avoir Dieu pour Père, Il dit: «Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez» (Jean 8:23, 42). Le problème était qu’ils n’avaient pas la nature qui les aurait rendus capables de connaître ou de comprendre Christ. Or nous, grâces à Dieu, nous avons la nature qui Le connaît et qui L’aime; mais c’est justement la raison pour laquelle, nous non plus, le monde ne nous connaît pas, ni ne nous comprend. C’est inhérent à la nature des choses.

V. 2

La place d’enfants nous appartient MAINTENANT. L’amour du Père, qui est le propre de la relation, est à nous MAINTENANT. Mais il y a ce que nous attendons. Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais ce sera manifesté quand Il apparaîtra. Quand Il sera manifesté en gloire, nous serons non seulement avec Lui, mais aussi comme Lui, car nous Le verrons comme Il est. En ce jour-là, le monde Le verra, revêtu de Sa majesté et de Sa puissance. Ils Le verront dans Ses gloires officielles. Nous, nous Le verrons dans Ses gloires personnelles plus intimes. On voit les rois de ce monde dans leurs vêtements d’apparat pour les cérémonies officielles, mais les membres des familles royales les voient dans le privé tels qu’ils sont.

Or nous devons être comme Lui pour Le voir comme Il est. Ce n’est que comme porteurs de l’image du Céleste que nous pourrons marcher dans les parvis célestes et Le contempler de manière intime. Nous allons être effectivement COMME LUI. Il n’y a rien à regarder de spécial chez les enfants de Dieu aujourd’hui. Ce sont souvent des gens pauvres et méprisés. À l’automne on peut voir nombre de chenilles ternes et inintéressantes ramper sur les orties. Ce qu’elles vont devenir n’apparaît pas encore. Attendez l’été prochain quand elles écloront sous forme de splendides papillons! C’est de cette même manière que nous surgirons à Sa ressemblance au jour de Sa manifestation. Nous serons vus alors dans l’état qui convient aux enfants de Dieu.

V. 3

Telle est notre espérance en Christ. Quand nous la considérons, nous devons sûrement être conscients de sa puissance pour élever et purifier. Si c’est notre haute et sainte destinée, nous ne pouvons nous contenter d’accepter les souillures de ce monde, qu’elles soient au dedans ou au dehors de nous. Nous devons nous purifier avec une telle espérance en vue. Nous pourrions nous satisfaire de la souillure si ces choses n’étaient pour nous que de simples notions et théories, mais c’est impossible si c’est une espérance réelle. Avec une espérance brûlante dans nos cœurs, nous devons nous purifier et ce processus continuera aussi longtemps que nous serons ici-bas, car la mesure de la pureté c’est: «comme Lui est pur». Nous pouvons faire une application de Marc 9:3 qui parle de Ses vêtements qui «devinrent d’une extrême blancheur, comme de la neige, tels qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui puisse ainsi blanchir». Aucun foulon sur terre ne peut nous blanchir jusqu’à ce niveau, nous ne l’atteindrons que quand nous serons semblables à Lui en gloire.

 

V. 4-9

V. 4

En passant du v. 3 de notre chapitre au v. 4, nous sommes conscients d’un changement très abrupt. Il vient de nous être dit comment nous pouvons discerner les vrais enfants de Dieu par leur pratique de la justice. Nous allons voir maintenant le contraste complet qui existe entre les enfants de Dieu et les enfants du diable. Ce sont deux semences distinctes sur la terre du point de vue moral et spirituel, et diamétralement opposées l’une à l’autre. On ne peut ni les confondre ni les mélanger, bien qu’un individu puisse passer de l’une à l’autre par une opération de Dieu, en étant engendré de Lui.

Mais tout d’abord, la vraie nature du péché doit être exposée. Certaines versions traduisent le mot «iniquité» par «transgression de la loi». Ce n’est pas le sens du mot ni du texte, mais «quiconque pratique le péché pratique aussi l’iniquité, et le péché est l’iniquité» [iniquité signifiant, ici et dans la suite, «une marche sans loi, sans frein»]. Si le péché avait été la transgression de la loi, alors il n’y aurait pas eu de péché commis d’Adam à Moïse, comme Romains 5:13, 14 le dit. Mais le péché est quelque chose de plus profond que cela, car l’iniquité est la négation et le refus de toute loi, et non pas seulement la violation d’une loi une fois promulguée. Si les planètes qui tournent autour du soleil se mettaient soudain à rejeter toute loi, le système solaire serait détruit. L’iniquité [ou: «marche sans loi, sans frein»] chez les créatures intelligentes de Dieu est pareillement mortelle, et destructrice de Son ordre moral et de Son gouvernement.

V. 5

Ainsi donc le péché est une abomination pour Dieu, qui ne peut pas le laisser toujours perdurer. C’est pourquoi Christ (Celui chez qui le péché était entièrement absent) a été manifesté pour l’ôter. Le v. 5 va seulement jusqu’au point que Lui, a été manifesté pour ôter nos péchés, les péchés des enfants de Dieu. Nos péchés ne sont qu’une partie de tous les péchés, mais ils sont la partie dont il est question ici; car l’accent est mis ici sur le fait que les enfants de Dieu ont été retirés de l’iniquité qui les caractérisait autrefois, et ont été introduits dans l’obéissance.

V. 6

Celui en qui il n’y a pas de péché a été manifesté, et le résultat en est qu’Il a ôté nos péchés pour que nous demeurions en Lui et que nous ne péchions plus. Le verset 6 présente le contraste d’un point de vue abstrait et doit être lu en relation avec le v. 4, en sorte que la force du mot «pécher» est «pratiquer l’iniquité». Les enfants de Dieu sont caractérisés par ce qu’ils demeurent en Celui qui a été manifesté pour ôter nos iniquités; dès lors sous Sa direction, ils ne pratiquent pas l’iniquité. À l’opposé, celui qui pratique l’iniquité n’a ni vu ni connu cette Personne bénie.

V. 7

La justice du v. 7 fait contraste avec l’iniquité du v. 6. Ne nous trompons pas sur ce point car l’arbre se reconnaît à son fruit. Nous pouvons raisonner bien sûr en partant de l’arbre vers son fruit, et dire que celui qui est juste pratique la justice. Cependant ici, nous raisonnons du fruit en remontant à l’arbre, car Jean déclare que celui qui pratique la justice est juste, selon la justice de Celui qui l’a engendré. C’est ce qui apparaît si nous relions les versets 3:7 et 2:29.

V. 8

D’un autre côté, celui qui pratique l’iniquité n’est pas de Dieu du tout. Il est du diable puisqu’il montre exactement le même caractère que Celui dont il est issu. Depuis le commencement le diable pèche. Il a été adonné à l’iniquité dès le commencement, et le Fils de Dieu a été manifesté pour détruire ses œuvres. Ce que le diable a fait, en conduisant les hommes à l’iniquité, le Fils de Dieu est venu le défaire.

V. 9

Le verset 9 met l’accent sur ce qui vient d’être dit aux v. 6 et 7, en le formulant de manière plus solennelle. Personne qui est né de Dieu ne pratique l’iniquité, et cela pour une raison très fondamentale. La semence divine demeure en lui, et du fait qu’il est né de Dieu, il ne peut pas pécher. Ce sont des énoncés dogmatiques d’une grande force. Il n’est pas permis d’apporter aucune restriction susceptible d’en modifier la force positive. C’est pourquoi ils ont présenté une grande difficulté pour beaucoup de personnes.

Deux choses aident à éclaircir ces difficultés. La première est de comprendre simplement la force des déclarations abstraites. En disant «abstraites», nous éliminons à dessein dans nos esprits et nos paroles toute idée de restriction — ceci afin de pouvoir faire ressortir plus clairement la nature essentielle de ce dont nous parlons. Prenons une illustration très simple: nous disons le liège flotte, l’alcool intoxique, le feu brûle. Nous énonçons par là le caractère essentiel ou la nature de ces choses, sans nous prononcer sur ce qui peut sembler le contredire en pratique. La vieille dame dans une chaumière éloignée, par exemple, pourrait dire que par tel jour froid et venteux, elle aurait bien voulu que son feu brûle effectivement. Nous savons tous que cette anomalie malheureuse qui arrive de temps à autres, n’altère pas la vérité de l’affirmation abstraite: le feu brûle.

La seconde chose est que nous lisons ce passage à la lumière du v. 4 qui en est comme une préface. Il n’est pas fait mention de péché depuis 2:12 jusqu’à 3:4. Mais du v. 4 au v. 9 le mot péché apparaît environ dix fois sous des formes diverses; et d’entrée il nous est donné le sens exact attaché à ce mot. Le mot est défini pour nous, c’est pourquoi une erreur dans sa traduction [ce serait une «transgression de la loi» selon la version autorisée (anglaise) du roi Jacques] est particulièrement malheureuse. Tout le long il est question de la pratique de la justice qui s’exprime dans l’obéissance, en contraste avec la pratique de l’iniquité qui s’exprime dans la désobéissance.

Au v. 9 celui qui est né de Dieu est vu dans son caractère abstrait. Si on le considère en dehors de son caractère abstrait, on trouve en lui du péché, et des péchés qui, quand il y en a, doivent être confessés et pardonnés, selon ce qui a été dit auparavant dans l’épître (1:8 à 2:1). Vu abstraitement, il ne pratique pas l’iniquité, et en effet il ne peut pas être inique simplement parce qu’il est né de Dieu.

Quel énoncé merveilleux, parfaitement merveilleux! Telle est notre nature comme nés de Dieu. Actuellement le fait est souvent obscurci à cause de la chair qui est encore en nous, et parce que nous lui laissons de la place. Mais quand nous serons avec Lui et comme Lui, et que nous le verrons comme Il est, la chair aura été éliminée pour toujours. Il n’y aura plus de restrictions alors. Le fait sera absolu, et non pas seulement abstrait. Quand nous serons glorifiés avec Christ, ce ne sera plus seulement que nous ne pécherons plus, mais nous ne pourrons absolument plus pécher. Nous ne pourrons pas plus pécher que Lui.

Si quelqu’un désire davantage d’aide pour saisir ce sujet, il peut l’avoir en regardant le contraste entre notre passage et Romains 8:7-8. La chair est vue là dans sa nature abstraite, et c’est exactement le contraire de ce que nous avons ici. La chair est essentiellement inique [sans loi, sans frein] et complètement opposée à Dieu et à Sa nature.

 

V. 10-17

V. 10

Le verset 10 présente un autre fait caractéristique des vrais enfants de Dieu. Non seulement ils pratiquent la justice, mais ils sont aussi marqués par l’amour. D’autres passages de l’Écriture nous montrent que l’amour doit caractériser nos contacts avec le monde. Ici il nous est dit de faire preuve d’amour envers nos frères, c’est-à-dire tous ceux qui, comme nous, sont nés de Dieu. Ceux qui ont leur origine en Dieu et ceux qui ont leur origine dans le diable sont donc nettement différenciés par ces deux choses: L’un a la justice et l’amour, l’autre n’a ni l’un ni l’autre.

L’amour et la justice sont étroitement liés, mais distincts. L’amour est entièrement une question de nature. «Dieu est amour», lisons-nous, tandis que nous ne lisons pas que Dieu soit justice. L’amour est ce qu’Il est en Lui-même. La justice exprime Sa relation avec tous ceux qui sont extérieurs à Lui. Nous sommes nés de Dieu: par conséquent, d’un côté nous manifestons Sa nature, et d’un autre côté nous agissons comme Lui agit.

V. 11

Chez l’enfant de Dieu, l’amour doit nécessairement se déverser vers tous ceux qui sont Ses enfants. C’est l’amour de la famille divine. L’instruction de s’aimer l’un l’autre n’était pas nouvelle, car elle avait été donnée dès le commencement. Dès le commencement nous avons été exhortés à l’amour. Voyez à quel point le Seigneur insiste sur ce sujet en Jean 13:34-35.

V. 12

Tout à fait pareillement, la haine qui caractérise le monde, et ceux qui trouvent leur origine dans le diable et son mensonge, date de temps très anciens. Elle remonte aussi au commencement, le début des activités du diable parmi les hommes. À peine y eut-il un homme engendré dans le péché, et qu’il y eut moralement de cette manière la semence du diable, immédiatement cette caractéristique fut trouvée en cet homme. Caïn fut cet homme, et la haine inhérente à la semence du diable a été mise au jour dans toute sa force. Il tua son frère. Il n’y avait pas d’amour, mais de la haine. Et pourquoi? Parce qu’il n’y avait pas de justice mais de l’iniquité.

Le tableau fait ainsi une illustration complète. Caïn, la semence du diable, était un homme inique qui, à cause de cela, haïssait et tua son frère. Comme nés de Dieu, nous avons l’amour comme notre nature propre, et nous sommes laissés ici-bas pour pratiquer aussi la justice. En aimant notre frère et en pratiquant la justice, nous manifestons clairement que nous sommes des enfants de Dieu.

Puisse ce fait être manifesté toujours plus clairement en chacun de nous.

Toute chose créée se reproduit «selon son espèce». Ce fait est déclaré dix fois en Genèse 1. Dans notre chapitre nous voyons la même loi valable aussi dans le domaine spirituel. Ceux qui sont «nés de Dieu» sont caractérisés par l’amour et la justice, ceux qui sont «enfants du diable» sont caractérisés par la haine et l’iniquité, parce que c’est «selon leur espèce». Les deux semences sont clairement manifestes en cela, et elles sont totalement opposées l’une à l’autre.

V. 13

Il n’y a donc rien d’étonnant si le croyant est confronté à la haine de ce monde. Le «monde» ici n’est pas le monde comme système — celui-ci ne peut pas haïr — mais c’est les gens dominés par le monde comme système. L’enfant de Dieu ne les hait pas. Comment le pourrait-il, quand aimer est sa vraie nature? Le monde le hait, pour la même raison que celui qui fait le mal hait la lumière, pour la même raison que Caïn haïssait Abel. Il faut confesser comme un fait bien triste que très souvent nous nous étonnons d’être haïs, alors que c’est ridicule de notre part. C’est plutôt à cette haine que nous devons nous attendre selon la nature des choses.

V. 14

Le chrétien ne hait pas, il aime. Mais au v. 14 il n’est pas dit, sous forme de contraste, que nous aimons le monde. Si c’était dit, nous serions en danger d’entrer en conflit avec le verset 2:15. Il est vrai que nous devons être caractérisés par l’amour pour les hommes en général, comme le montre Romains 13:8-10, mais ce qui est dit ici c’est que nous aimons les frères, c’est-à-dire tous ceux qui sont nés de Dieu. L’amour est la vie même de la famille de Dieu.

Comment passons-nous de la mort à la vie? Une réponse à cette question nous est donnée en Jean 5:24. C’est en entendant la parole de Christ et en croyant Celui qui L’a envoyé. Dans le passage qui est devant nous, la réponse est évidemment: en étant nés de Dieu — le contexte le fait voir. En associant les deux passages, nous obtenons d’une part ce que nous pourrions appeler notre côté du sujet, et d’autre part le côté de Dieu. Décider précisément comment les deux côtés, le divin et l’humain, se combinent, cela nous dépasse. Le mode exact par lequel le divin et l’humain sont réunis nous dépasse forcément toujours, que ce soit en Christ lui-même, ou dans l’Écriture sainte ou n’importe où ailleurs.

Mais le fait demeure que nous sommes passés de la mort à la vie, et la preuve en est que nous aimons les frères, car l’amour est pratiquement la vie même de la famille, comme il est celle du Père Lui-même. Ce que l’apôtre Jean dit ici corrobore les déclarations infinies sur l’amour, de l’apôtre Paul au début de 1 Corinthiens 13. Il nous dit que si quelqu’un d’entre nous n’aime pas son frère, il demeure dans la mort, en dépit de nos apparences. Paul nous dit que, en dépit de tout ce que nous paraissons avoir, si nous n’avons pas l’amour nous ne sommes rien — nous ne comptons simplement pour rien du tout dans les comptes de Dieu.

V. 15

Le v. 15 établit le cas encore plus fortement. Nous ne pouvons pas être neutres dans ce domaine. Si nous n’aimons pas notre frère, nous le haïssons; et celui qui hait, est potentiellement un meurtrier. Caïn en a été effectivement un, mais en Matthieu 5:21, 22, le Seigneur Jésus met l’accent non pas sur l’acte, mais sur la colère et la haine qui poussent à l’acte; c’est aussi ce que fait notre passage. Celui qui est possédé par un esprit de haine, est possédé par l’esprit de meurtre, et une telle personne ne peut pas posséder la vie éternelle. Comme nous l’avons vu, la vie éternelle est à nous en tant que demeurant «dans le Fils et dans le Père» (2:24, 25). Demeurant en Lui, la vie éternelle demeure en nous, et la nature essentielle de cette vie est l’amour.

V. 16a

Mais bien que l’amour soit la simple respiration de la vie que nous possédons, aucun de nous ne l’a comme si nous étions chacun une petite fontaine autonome. La manifestation subjective de l’amour en nous ne peut jamais être détachée de sa manifestation objective en Dieu. C’est pourquoi nous avons toujours besoin de regarder en dehors de nous, si nous voulons réellement percevoir l’amour comme il est réellement en lui-même. «Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que Lui a laissé Sa vie pour nous» (3:16). C’était la manifestation suprême de l’amour réel.

Si nous désirons percevoir l’amour d’une manière quelque peu adéquate, nous devons méditer très profondément sur toute la vertu et l’excellence et la gloire renfermées dans ce mot: «LUI», et ensuite contempler le péché, le malheur et la misère qui caractérisaient le «nous». Il est très important de le faire, car c’est le seul moyen de pouvoir faire face à l’obligation qui par conséquent repose sur nous. Il a manifesté l’amour en laissant Sa vie pour nous. En tant que fruits de cette œuvre, nous vivons dans Sa vie qui est une vie d’amour. Cela achève un cercle de toute beauté: Il nous a aimés; Il a laissé Sa vie pour nous; nous vivons de Sa vie; nous aimons.

V. 16b

Passons maintenant à l’obligation: «nous devons laisser nos vies pour les frères» (3:16). L’amour en nous devrait aller jusque là. Priscilla et Aquilas étaient allés jusque là pour Paul, car ils avaient, «pour sa vie, exposé leur propre cou» (Rom. 16:4). L’auraient-ils fait pour un croyant très humble et tout à fait quelconque, nous demandons-nous? Très certainement, car ils sont placés en tête de la longue liste des chrétiens dignes d’être salués en Romains 16. En tout cas, c’est jusque là que va l’amour de nature divine.

Si l’amour va jusque là, il ira jusqu’à n’importe quel point en deçà. Il y a de nombreuses manières par lesquelles un enfant de Dieu peut mettre sa vie pour les frères sans que cela implique la mort, ou même sans l’envisager effectivement. La maison de Stéphanas, par exemple (dont il est question en 1 Corinthiens 16:15), s’était vouée au service des saints. S’ils ne mettaient pas leur vie pour les frères, au moins ils la consacraient à leur service. Ils servaient Christ dans Ses membres, et déployaient l’amour de manière très pratique.

V. 17

L’amour de Dieu demeurait en eux, et il doit demeurer en nous comme le v. 17 le montre. Si c’est le cas, il doit nécessairement trouver à se déverser vers les autres enfants de Dieu. Dieu n’a pas de besoins auxquels nous pourrions pourvoir. Le bétail sur mille montagnes est à Lui (Ps. 50:10), s’Il en avait besoin. Ce sont les enfants de Dieu ont des afflictions et des besoins dans ce monde. La manière pratique de montrer notre amour envers Dieu, c’est de prendre soin de Ses enfants si nous les voyons dans le besoin. Si nous avons ces moyens du monde, et que nous refusions la compassion envers notre frère dans le besoin afin de profiter de nos biens tout seuls, il est très certain que l’amour de Dieu ne demeure pas en nous.

Arrivés à ce point, on souligne ce mot très caractéristique de cette épître: demeurer. Il est important de le noter pour mieux suivre la continuité de la pensée de l’apôtre. Du fait qu’il traite de ce qui est fondamental et essentiel dans la vie et la nature divines, il est inévitable qu’il parle des choses qui demeurent.

 

V. 18-24

V. 18-19

Le verset 18 n’est pas adressé aux petits enfants, mais à tous les enfants de Dieu indépendamment de leur niveau spirituel. Rappelons-nous toujours que l’amour n’est pas un simple sentiment, ni une question de paroles tendres prononcées des lèvres. C’est une question d’action et de réalité. L’amour que nous avons vu au v. 16 n’existe pas simplement dans des mots, mais il éclate dans un acte de vertu suprême. L’amour de Dieu demeurait en Lui, et Il a laissé Sa vie pour nous. Si l’amour de Dieu demeure en nous, nous exprimerons notre amour envers notre frère en action et en œuvre, plutôt qu’en paroles seulement.

Si nous aimons ainsi EN vérité il sera manifeste que nous sommes DE la vérité. Nous sommes, pour ainsi dire, nés de la vérité, et c’est pourquoi la vérité s’exprime dans nos actions; et non seulement les autres seront assurés que nous sommes de la vérité, mais nous gagnerons de l’assurance pour nos propres cœurs et devant Dieu. Un homme peut acheter ce qu’on lui dit être un pommier de telle variété, et pour le lui assurer on lui tend un certificat signé par l’horticulteur qui a cultivé l’arbre. C’est bien, mais une erreur est quand même possible. Quand, en sa saison, l’homme ramasse sur cet arbre des pommes de la variété en question, il a alors l’assurance la plus parfaite possible. Quand l’amour et la vérité de Dieu portent leur fruit dans la vie et dans les actes, nos cœurs peuvent bien être assurés.

V. 20

«Hélas! je ne suis guère positif; ce fruit désirable a souvent manqué en moi» — c’est ainsi que beaucoup de nous s’exprimeraient. Et l’apôtre l’anticipe justement au verset suivant. Considérant ces choses, nos cœurs nous condamnent. Combien est solennel alors le fait que «Dieu est plus grand que notre cœur et il sait toutes choses» (3:20). C’est solennel et pourtant très béni; car voyez comment ce grand fait a opéré dans le cœur de Simon Pierre, selon le récit de Jean 21:17.

Pierre qui s’était vanté avec tant d’assurance de son amour pour le Seigneur, avait remarquablement manqué à le montrer en actes. Au lieu de cela, il L’avait renié trois fois avec serment et imprécations. Le Seigneur le questionne maintenant à trois reprises sur ce point, sondant ainsi sa conscience. Au lieu d’avoir de l’assurance, le cœur de Pierre le condamnait, bien qu’il sût au fond de son cœur qu’il aimait vraiment le Seigneur. Si Pierre avait quelque conscience de sa faute, le Seigneur qui savait toutes choses en voyait la profondeur bien mieux que Pierre. Mais pourtant, justement parce qu’Il voyait tout, Il savait que, malgré son reniement, il y avait chez lui un amour authentique. Pierre dit donc: «Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime» (Jean 21:17). Il était heureux de se rejeter sur le fait que «Dieu est plus grand que notre cœur et il sait toutes choses». Que cela puisse être notre part, en pareille situation.

V. 21

D’un autre côté il arrive des occasions où, grâces à Dieu, notre cœur ne nous condamne pas; des occasions où la vie et l’amour et la vérité de Dieu dans nos âmes ont eu de la vigueur, et se sont exprimés dans la pratique. Alors nous avons confiance et assurance devant Dieu. Nous avons de la liberté en Sa présence. Nous pouvons Lui faire des requêtes avec l’assurance qu’Il y réponde, et que nous recevrons en son temps ce que nous avons demandé.

V. 22

L’expression «quoi que nous demandions» du verset 22 nous présente un chèque en blanc, avec liberté à nous de le remplir. Mais le «nous» à qui ce chèque est présenté, est limité par ce qui suit aussi bien que par ce qui précède. Ce sont ceux dont le cœur ne les condamne pas, ceux qui gardent Son commandement, et qui font les choses qui Lui plaisent. À de telles personnes on peut confier des chèques en blanc. Ce sont les chrétiens qui aiment en action, et non pas seulement en paroles; ils sont marqués par cette obéissance qui plaît tant à Dieu. Celui qui est caractérisé par l’amour et l’obéissance aura ses pensées et ses désirs en harmonie avec ceux de Dieu de sorte qu’il demandera selon Sa volonté, et il recevra par conséquent les choses qu’il désire.

Nous gardons Ses commandements, mais il y a un commandement qui se détache tout spécialement, et qui se divise en deux chefs — la foi et l’amour. Nous devons croire au nom de Jésus Christ, le Fils de Dieu, et puis nous aimer l’un l’autre comme Il l’a commandé à Ses disciples, notamment en Jean 13:34-35. Nous reconnaissons ici les deux choses si souvent mentionnées ensemble dans les épîtres. Paul n’avait pas été à Colosses, mais il rendait grâces à Dieu à leur sujet «ayant ouï parler de votre foi dans le Christ Jésus et de l’amour que vous avez pour tous les saints» (Col. 1:4). Ces deux choses familières sont la preuve d’une vraie conversion, évidence d’un travail authentique de Dieu.

Ce qui ne nous est peut-être pas si familier, c’est que la foi et l’amour soient tous les deux traités comme un commandement. Il vaut la peine de bien remarquer que, parmi tous les apôtres, Jean est celui qui a le plus écrit aux chrétiens sur les commandements qui nous ont été donnés. Il écrivait quand les autres apôtres étaient déjà délogés, et quand la tendance à transformer la grâce en dissolution commençait à s’accentuer; c’est la raison de cette insistance particulière, croyons-nous. Ce ne sont pas des commandements légaux, à accomplir pour établir notre justice en la présence de Dieu; mais ce sont néanmoins des commandements. Ce que Jean nous déclare dans cette épître, c’est pour que nous puissions être introduits dans la communion avec Dieu. Si nous entrons dans cette communion, nous découvrons vite les commandements, et il n’y a rien d’incompatible entre eux. Ils sont en complet accord, car la communion n’est goûtée et maintenue que dans l’obéissance aux commandements.

V. 24

C’est ce sur quoi le v. 24 insiste; dans ce verset, celui qui demeure en Lui, c’est le saint qui marche dans l’obéissance. À la fin du ch. 2, les enfants — c’est-à-dire toute la famille de Dieu — étaient exhortés à demeurer en Lui, car c’est le chemin d’une vie chrétienne vraie et fructueuse. Ici nous trouvons que demeurer en Lui dépend de notre obéissance. Les deux choses vont ensemble, agissant et réagissant l’une sur l’autre. Celui qui demeure en Lui obéit, mais il est également vrai que celui qui obéit demeure en Lui.

Mais l’obéissance conduit à ce qu’Il demeure en nous, autant qu’à ce que nous demeurions en Lui. Si nous demeurons en Lui, nous tirons nécessairement de Lui toutes les sources fraîches de notre vie spirituelle, et comme notre vie pratique est ainsi tirée de la Sienne, c’est Sa vie qui vient à être manifestée en nous, et On voit qu’Il demeure en nous. Nous croyons que Jean fait ressortir ici en principe ce que Paul énonce comme sa propre expérience en Galates 2:20. C’était parce qu’il «vivait dans la foi au Fils de Dieu» qu’il pouvait dire: «Christ vit en moi».

Par l’Esprit qui nous a été donné, nous savons que Christ demeure en nous. L’Esprit est l’énergie de la vie nouvelle que nous avons en Christ, et d’autres passages nous montrent qu’Il est «l’Esprit de Christ». D’autres gens peuvent savoir que Christ demeure en nous en observant au moins quelque chose de Son caractère manifesté en nous. Nous le savons par Son Esprit qui nous a été donné.

Il a été fait allusion au Saint Esprit au chapitre 2 comme étant l’Onction, donnant ainsi même aux petits enfants la capacité de connaître la vérité; mais maintenant nous pensons à Lui comme à l’Esprit par lequel Christ demeure en nous pour que nous puissions Le manifester ici-bas. Il a aussi demeuré ici-bas afin qu’Il puisse faire que la Parole de Dieu soit exprimée. Il l’a fait au commencement par le moyen des apôtres et des prophètes qu’Il a inspirés. Il est la puissance par laquelle la Parole de Dieu est donnée, aussi bien que la puissance par laquelle elle est reçue.

Ce fait fournit aux antichrists un point d’attaque. Ces antichrists du début sont connus comme les «Gnostiques», un mot qui signifie: «ceux qui savent». Eux aussi parlaient par une puissance qui émanait à l’évidence d’un esprit. Ils prétendaient savoir, et établir leurs idées en opposition à ce qui avait été révélé par les apôtres. C’est à cause de cela que l’apôtre s’éloigne un petit peu de son thème principal dans les premiers versets du chapitre 4.

La digression était importante à cette époque, et elle l’est non moins de nos jours, comme nous allons le voir.