1 Jean

Chapitre 2:1-28

V. 1-11

V. 1

Les derniers versets du chapitre 1 nous ont montré que nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas de péché, ni que nous n’avons pas péché. Les premiers versets du ch. 2 en sont la contrepartie, de peur que nous ne nous hâtions de conclure que nous sommes excusables de pécher au motif que l’on ne peut guère s’en empêcher, que c’est pratiquement inévitable. Or il n’y a rien de la sorte. Jean écrivait ces choses afin que nous ne péchions pas. D’autres passages des Écritures parlent des ressources spéciales pour nous empêcher de tomber: le point mis ici en relief est que, si nous entrons dans la sainte communion dont parle le ch. 1:3, nous serons préservés. La jouissance de cette communion exclut le péché, tout comme le péché exclut de la jouissance de cette communion, jusqu’à ce qu’il soit confessé.

Nous avons de grandes ressources pour ne pas pécher, même si le péché est encore en nous. Nous ne devrions pas pécher. Nous n’avons pas d’excuses si nous péchons; mais si cela arrive, il y a pour nous, grâces à Dieu, «un avocat auprès du Père». Le mot traduit ici par «avocat» est le même que celui traduit par «consolateur» en Jean 14 — un mot qui signifie littéralement «quelqu’un qui est appelé pour aider côte à côte». Le Ressuscité, «Jésus Christ, le juste», a été appelé côte à côte avec le Père dans la gloire pour aider Ses saints, si et quand ils pèchent. Le Saint Esprit a été appelé à nos côtés ici sur la terre pour nous aider.

Il est bien dit: «le Père», notons-le, parce que l’Avocat paraît pour ceux qui sont déjà enfants de Dieu. Les premiers mots du chapitre sont: «Mes enfants» — le mot utilisé n’est pas celui qui signifie «petits enfants», mais celui utilisé pour les «enfants» en général. Par ce terme affectueux, l’apôtre embrassait comme siens tous ceux qui sont de vrais enfants de Dieu. Nous avons été introduits dans cette relation bénie par le Sauveur, comme Jean 1:12 nous le dit. Étant dans cette relation, nous avons besoin des services de l’Avocat quand nous péchons.

La justice de notre Avocat est soulignée. On aurait pu s’attendre à ce que l’attention soit attirée sur Sa bonté et Sa miséricorde; ailleurs aussi on trouve l’accent mis sur la justice quand il est question du péché, comme c’est le cas ici. Celui qui se charge de notre cas en la présence du Père quand nous péchons, fera en sorte que la justice prévale. D’un côté, la gloire du Père ne sera pas ternie par notre péché; et de l’autre, Il s’occupera de nous d’une manière juste, pour que nous en arrivions à un jugement correct et juste de notre péché, et que nous le confessions et qu’il soit pardonné et que la purification en soit faite.

V. 2

Celui qui est notre Avocat dans le ciel est aussi «la propitiation pour nos péchés». Ceci nous ramène au fondement de roc sur lequel tout repose. Par Son sacrifice expiatoire, toutes les exigences de Dieu contre nous ont été satisfaites; et Il exerce Son service d’Avocat auprès du Père sur cette base de justice. Sa propitiation a réglé pour nous en tant que pécheurs les questions d’ordre éternel soulevées par nos péchés. Sa fonction d’avocat règle les questions en rapport avec le Père qui se soulèvent lorsque nous péchons en tant qu’enfants de Dieu.

La propitiation est ce que nous pouvons appeler le côté de Dieu de la mort de Christ. Elle concerne le sujet le plus fondamental de tous: satisfaire aux exigences divines contre le péché. Répondre aux besoins du pécheur doit être une question secondaire vis-à-vis de ce premier sujet. C’est pourquoi, quand Paul développe l’évangile dans l’épître aux Romains, nous trouvons que la première mention de la mort de Christ est la propitiation par la foi en son sang (3:25). La substitution n’est pas clairement affirmée avant Romains 4:25 où nous lisons qu’Il «a été livré pour nos fautes».

Comme il s’agit du côté de Sa mort envers Dieu, le cercle le plus large est envisagé: «le monde entier». Quand il est question de substitution, seuls les croyants sont envisagés: ce sont «nos fautes» ou «les péchés de plusieurs». Mais bien que les croyants soient seuls à profiter des bénéfices acquis par la mort de Christ, Dieu a besoin d’une propitiation pour chaque péché jamais commis par les hommes, à cause de tout le grand outrage causé par le péché. Propitiation a donc été faite vis-à-vis de Dieu par la mort de Christ, et à cause de cela Il peut offrir gratuitement le pardon aux hommes sans faire le moindre compromis quant à Sa nature et Son caractère.

Propitiation est un mot qui suscite beaucoup de colère et de mépris chez les opposants à l’évangile. Ils supposent que la propitiation a le même sens que chez les païens, c’est-à-dire qu’il s’agit de pacifier, en versant beaucoup de sang, une puissance en colère, ennemie et assoiffée de sang. Mais dans les Écritures, le mot a un sens d’un niveau bien plus élevé. Il contient encore le sens général d’apaiser ou de rendre favorable par un sacrifice, mais il n’y a aucune raison de considérer Dieu comme ennemi ou comme sanguinaire. Il est infiniment saint. Il est juste dans toutes Ses voies. Il est d’une majesté éternelle. Sa nature et tous Ses attributs doivent recevoir leur dû et être magnifiés dans l’exécution du châtiment approprié: pourtant Il n’est pas contre l’homme, mais pour lui, car ce que la justice demandait, l’amour y a pourvu. Comme nous le lisons maintenant dans notre épître, «Dieu nous aima et il envoya Son Fils [pour être la] propitiation pour nos péchés» (4:10). Dieu lui-même a fourni la propitiation. Son propre Fils, qui était Dieu, est devenu propitiation. Cette propitiation, bien comprise, n’est pas une idée dégradante, mais une idée qui élève et ennoblit. La seule chose dégradante, c’est l’idée du sujet faussement entretenue par ceux qui s’y opposent. Ils essaient de glisser leur idée dégradée dans l’évangile, mais la Parole de Dieu la réfute.

V. 3-4

Nous considérons maintenant une autre affirmation, faite à tort maintes fois: «je Le connais». Il est en effet possible que le croyant dise avec un grand bonheur qu’il connaît Dieu, puisque la «communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ» nous est accordée, et il ne peut pas y avoir de communion sans connaissance. Mais là encore, un test est nécessaire pour déterminer si une telle affirmation n’est qu’une simple prétention. Ce test, c’est l’obéissance aux commandements qu’Il nous a donnés. Connaître Dieu est inséparable de Lui obéir.

En gardant Ses commandements, nous savons que nous sommes arrivés à Le connaître. En dehors de cette obéissance, il ne peut pas y avoir cette connaissance, et si on prétend quand même Le connaître, cela ne fait que manifester que la vérité n’est pas chez celui qui a cette prétention. Comparez les versets 2:4 et 1:8. La vérité n’est pas dans celui qui affirme ne pas avoir de péché, pas plus qu’elle n’est dans celui qui affirme avoir la connaissance de Dieu, et qui malgré cela n’est pas obéissant à Ses commandements.

Il nous faut bien comprendre qu’il y a des commandements dans le christianisme, bien qu’ils ne soient pas d’ordre légal; par cela nous voulons dire qu’ils ne nous sont pas donnés pour pouvoir établir ou maintenir notre position devant Dieu par leur moyen. Toute expression précise de la volonté de Dieu a force de commandement, et nous verrons que cette épître a beaucoup à nous dire sur Ses commandements, et qu’ils ne sont pas «pénibles» (5:3). La loi de Christ est une loi de liberté, du fait que nous participons à Sa vie et à Sa nature.

V. 5

De «garder Ses commandements», nous passons à «garder Sa parole», au v. 5. C’est un pas de plus. Sa parole comprend tout ce qu’Il nous a révélé de Ses pensées et de Sa volonté, y compris Ses commandements bien sûr, mais allant au-delà. Un homme pourrait donner à ses fils beaucoup d’instructions précises — ses commandements. Mais outre cela, ses fils ont comme glané une connaissance intime de ses pensées au cours de leurs entretiens journaliers et de leurs rapports mutuels pendant des années et, même en l’absence d’instructions précises, ils observent soigneusement ses paroles avec un dévouement filial. C’est ainsi qu’il devrait en être des enfants de Dieu. Quand c’est le cas, l’amour de Dieu est «véritablement consommé» [ou: «rendu parfait»], car il a produit en eux ses propres effets et ses propres réponses.

En outre, par une telle obéissance «nous savons que nous sommes en lui». Être «en Lui» implique notre participation à Sa vie et à Sa nature. Il y a bien sûr un lien très étroit entre savoir «que nous Le connaissons» (2:3), et savoir «que nous sommes en Lui» (2:5). Le second nous introduit dans quelque chose de plus profond. Les anges Le connaissent et obéissent à Ses commandements. Il faut que nous Le connaissions comme ceux qui sont en Lui, et dès lors nous comprendrons la moindre indication de Ses pensées ou de Ses désirs, et cela nous incitera à une obéissance heureuse.

V. 6

Étant en Lui, nous avons à «demeurer en Lui», ce qui signifie, comme nous le comprenons, demeurer dans la conscience et la puissance d’être en Lui. Il est facile pour n’importe qui de nous de dire: «je demeure en Lui»; mais s’il en est ainsi, nous devons produire ce qui prouve la réalité de cette affirmation. Une telle personne «doit aussi marcher comme Lui a marché». Si nous sommes dans Sa vie, et aussi dans la puissance et la jouissance de cette vie, cette vie doit nécessairement s’exprimer dans nos voies et nos activités, comme cela a eu lieu en Lui. La grâce et la puissance de notre marche comparée à la Sienne, seront pauvres et faibles, mais ce sera pourtant une marche du même ordre. Il n’y aura pas de différence de nature mais seulement de degré.

V. 7-8a

Quelle élévation extraordinaire devrait donc caractériser notre marche! Combien nous sommes au-delà du niveau accepté au temps de l’Ancien Testament! Quand Jean écrivait ces paroles, un bon nombre a dû se sentir porté à protester que le niveau attendu était trop haut et qu’il introduisait quelque chose de tout nouveau. C’est pourquoi au v. 7 il les assure de ce qu’il ne disait pas quelque chose de nouveau — comme les enseignements des antichrists, qui eux étaient nouveaux — mais que c’était plutôt un commandement ancien. En même temps, dans un autre sens, c’était un commandement nouveau. Cela ne se contredit pas, bien que ce soit un paradoxe. C’était un commandement ancien car il avait déjà été mis en évidence dès le commencement en Christ, comme étant la sainte volonté de Dieu et Son plaisir pour l’homme: il n’y avait donc rien en lui qui ressemblât aux notions nouvelles des Gnostiques. Cependant c’était un nouveau commandement, car il devait être maintenant mis en évidence en ceux qui étaient de Christ, et en cela, c’était comme du nouveau pour eux. La chose, dit Jean, «est vraie en Lui et en vous». La vie qui a été manifestée en Christ, et qui en premier lieu était exclusivement en Lui, doit se trouver maintenant dans les croyants qui sont en Lui. Tant qu’ils demeurent en Lui, la vie s’exprimera en eux de la même manière, et produira des fruits semblables.

V. 8b

Et nous lisons donc: «La vraie lumière luit déjà». Entre la vie et la lumière il y a le lien le plus étroit possible. Si la vraie vie a été manifestée en Christ, la vraie lumière a également brillée en Lui. Si nous participons à cette vraie vie, la vraie lumière brillera aussi en nous. «Les ténèbres s’en vont», écrit l’apôtre, et non pas: «sont passées». Il faudra attendre jusqu’au monde à venir pour dire qu’elles sont passées, cependant il est clair qu’elles s’en vont [qu’elles sont en train de s’en aller], car la vraie lumière a commencé à briller en Christ et dans les Siens. Quand Dieu agira en jugement et que la fausse vie et la fausse lumière de ce monde seront chassées, alors les ténèbres seront effectivement passées. Actuellement nous pouvons nous réjouir dans l’assurance qu’elles s’en vont, et que la vraie lumière brille. Plus nous marcherons comme Lui a marché, plus la lumière brillera effectivement par nous.

V. 9

Mais en outre, si la lumière va désormais briller en nous et par nous, il faut que nous soyons nous-mêmes dans la lumière. Prétendons-nous être dans la lumière? Eh bien, il y a un test simple par lequel on peut savoir si cette déclaration est authentique. Si quelqu’un dit être dans la lumière et qu’il haïsse son frère, sa déclaration est fausse et il est dans les ténèbres, c’est-à-dire qu’il ne connaît pas réellement Dieu — il n’est pas dans la lumière de Dieu révélée en Christ. Personne ne peut être dans la lumière de Dieu s’il n’a pas la vie de Dieu, qui est amour. C’est pourquoi un peu plus loin dans l’épître nous lisons que «celui qui n’aime pas son frère demeure dans la mort» (3:14). Nous découvrons donc maintenant que la vie, la lumière et l’amour vont tous de pair; et dans la nature même des choses, ils fonctionnent comme des tests l’un vis-à-vis de l’autre. Celui qui aime son frère manifeste la vie, selon le ch. 3. Ici, l’accent est mis sur le fait qu’il demeure dans la lumière.

V. 10-11

Jean ajoute la remarque: «il n’y a point en lui d’occasions de chute» (2:10). C’est en contraste avec ce qui suit au verset 11 où celui qui hait son frère est décrit comme étant dans les ténèbres, marchant dans les ténèbres, et ne sachant pas où il va. Nous n’avons pas de lumière en nous, tout comme la lune n’a de lumière que quand elle est dans la lumière du soleil. Ainsi celui qui hait son frère, étant dans les ténèbres, est entièrement ténèbres lui-même, et il devient par conséquent une occasion de chute pour les autres. Il trébuche lui-même et agit comme une pierre d’achoppement. Tels étaient les antichrists et leurs adeptes. Celui qui aime, comme fruit de ce qu’il possède la vie divine, marche dans la lumière et ne trébuche pas ni n’est une pierre d’achoppement.

Aimer son frère, c’est bien sûr aimer tous ceux qui pareillement à nous, sont nés de Dieu; c’est aimer chacun d’eux. C’est l’amour, divin par nature, étendu à tous ceux qui sont entrés dans la famille divine, — l’amour qui aime les enfants de Dieu en tant qu’enfants de Dieu, indépendamment des préférences ou aversions humaines.

 

V. 12-17

V. 12

Un nouveau paragraphe commence au v. 12. Au verset 1:4, Jean indiquait les thèmes sur lesquels il écrivait. Maintenant nous avons la base sur laquelle il écrivait. Tous ceux auxquels il s’adressait étaient dans la merveilleuse grâce d’avoir les péchés pardonnés, et tous étaient dans la position d’enfants. Le mot traduit par «enfants» n’est pas celui utilisé pour les «petits enfants». Il inclut tous les enfants de Dieu sans distinction. Le pardon qui est le nôtre est notre part uniquement à cause de Son Nom. La vertu et le mérite n’en reviennent qu’à Lui. C’est en tant que pardonnés et introduits dans une relation formée divinement, que ces paroles nous sont adressées.

V. 13

D’un autre côté, il y a des distinctions dans la famille de Dieu, et le v. 13 les fait apparaître. Il y a des «pères», des «jeunes gens», des «petits enfants». C’est la manière dont Jean indique les différentes étapes de la croissance spirituelle. Nous devons tous nécessairement commencer comme des petits enfants dans la vie divine. Normalement nous devrions nous développer en jeunes gens et finalement devenir des pères. Chacune des trois classes a des caractères précis.

Le v. 13 énonce les traits caractéristiques de ceux à qui il écrit, non pas les thèmes qu’il traite, ni la base sur laquelle il écrit. Les pères sont caractérisés par la connaissance de Celui qui est dès le commencement; c’est-à-dire qu’ils ont mûri dans la connaissance de Christ, cette «Parole de Vie», en qui la vie éternelle a été manifestée. Ils connaissaient réellement Celui en qui a été révélé tout ce qui doit être connu de Dieu. Tout autre connaissance est insignifiante si on la compare à cette connaissance-là: les pères, eux, la possèdent.

Les jeunes gens sont caractérisés par ce qu’ils ont vaincu le méchant. Les versets qui suivent dans le chapitre montrent plus exactement la force de cette expression. Ils ont surmonté les pièges subtils du diable opérant par les enseignements des antichrists, et ils l’ont fait parce qu’ils étaient édifiés sur et dans la Parole de Dieu. Au début de notre course chrétienne, avant d’avoir eu le temps d’être bien fondés dans les enseignements de la Parole, nous sommes bien plus susceptibles de nous laisser égarer par des enseignements subtils contraires à la Parole, et d’être ainsi vaincus par le méchant.

C’est le danger auquel les petits enfants sont exposés, comme nous le verrons. Pourtant, un beau trait les caractérise: ils connaissent le Père. Le bébé humain manifeste vite l’instinct qui lui permet de reconnaître ses parents, et il en est de même pour les enfants de Dieu. Ils ont Sa nature, donc ils Le connaissent. Ils ont encore beaucoup de choses à apprendre sur le Père, mais ils Le connaissent. En tant qu’enfants de Dieu, soyons exercés à ne pas rester des petits enfants. Nous devons commencer par là, mais aspirons à cette connaissance de la Parole de Dieu qui développera notre croissance spirituelle, et nous permettra de devenir des jeunes gens, et même des pères en temps voulu.

V. 14a

Après avoir donné, au verset 13, les traits caractéristiques respectivement des pères, des jeunes gens et des petits enfants, l’apôtre commence au verset 14 le message spécial adressé à chacun d’eux.

Il commence par les pères et son message à leur égard est des plus brefs; de plus l’apôtre reprend exactement les mêmes mots qu’au verset précédent quand il décrivait leur trait caractéristique. C’est vraiment remarquable et nous pouvons bien nous demander pourquoi. Nous croyons que la raison en est que, une fois arrivés à la connaissance de «Celui qui est dès le commencement», nous atteignons la connaissance de Dieu dans une plénitude infinie et éternelle, au-delà de laquelle il n’y a plus rien. Celui qui est «Fils» et «la Parole», «la Parole de vie», manifesté parmi nous, est Celui qui est dès le commencement. En Lui nous connaissons Dieu, et il n’y a rien qui dépasse une connaissance d’une telle profondeur infinie.

Les pères Le connaissent donc de cette manière profonde et merveilleuse. Le Dieu qui est amour est devenu la demeure de leurs âmes, et demeurant dans cet amour ils demeurent en Dieu et Dieu en eux. Ils n’avaient qu’à continuer à approfondir cette connaissance bénie. Il n’y avait pas besoin de leur dire rien de plus.

V. 14b

Les jeunes gens n’avaient pas encore atteint cette stature, mais ils en étaient sur la voie. Leur caractéristique était d’avoir vaincu le méchant, selon v. 13. Nous apprenons maintenant comment cette victoire avait pu avoir lieu. Ils avaient été rendus forts par la Parole de Dieu demeurant en eux.

Nous commençons tous notre vie chrétienne comme des petits enfants, et si nous avons une croissance saine, nous avancerons vers l’état de jeunes gens. Or la connaissance de la Parole de Dieu doit venir en premier. Nous ne pouvons pas demeurer dans ce dont nous sommes ignorants. Ceci nous fait voir en face la raison pour laquelle tant de vrais chrétiens sont restés depuis de nombreuses années des petits enfants — juste des bébés chétifs. Ils n’ont jamais vraiment fait connaissance avec la Parole de Dieu. Le grand adversaire du travail de Dieu connaît très bien cette nécessité, ce qui éclaire vivement l’habileté de ses desseins en profondeur.

Le catholicisme romain a ôté les Écritures des mains de ses adeptes au motif que, s’agissant de la Parole de Dieu, elle est bien trop au dessus des laïques, et seulement propre à être mise entre les mains des docteurs de l’église, seuls capables de l’interpréter. Le modernisme prévaut dans le monde protestant. Dans sa forme la plus évoluée, il renie entièrement la Parole de Dieu: la Bible n’est pour eux qu’une collection de légendes douteuses parsemée de réflexions religieuses obsolètes. Dans sa forme diluée — qui séduit souvent de vrais chrétiens et est donc encore plus nuisible en ce qui nous concerne — il affaiblit l’autorité de la Parole, et condamne ainsi ses adeptes à un infantilisme spirituel perpétuel. Et là où ces maux sont absents, les gens se contentent trop souvent de tirer ce qu’ils connaissent de la Parole, des textes sur lesquels il arrive à leur ministre de prêcher. Ils ne lisent pas, ni n’observent ni n’étudient ni ne digèrent intérieurement la Parole pour eux-mêmes. C’est pourquoi leur croissance ne se poursuit pas.

Mais la Parole ne doit pas simplement être connue, elle doit demeurer en nous. Elle doit demeurer dans nos pensées et dans nos affections; de cette façon elle nous contrôlera, gouvernant nos vies entières. Si ce point est atteint par l’un quelconque d’entre nous, alors on peut dire qu’il est fort, car sa vie est fondée sur le roc invincible de l’Écriture Sainte. Cependant même ainsi, la force n’est pas tout, car il faut encore être conduit à cette connaissance de Celui qui est dès le commencement qui caractérise les pères.

V. 15-16

Les jeunes gens ont affaire à un danger qui, s’il prévaut, les empêchera de poursuivre leur progression vers cette connaissance bénie. Ce danger, c’est le monde et l’amour du monde: non pas le monde simplement comme un concept abstrait, mais les choses concrètes et matérielles qui sont dans le monde. Nous utilisons un grand nombre de ces choses, et occasionnellement au moins, nous y prenons plaisir, mais nous ne devons pas les aimer. Ce que nous aimons nous domine, et nous ne devons pas être dominés par le monde, mais par le Père. L’amour du monde et l’amour du Père sont mutuellement exclusifs. Nous ne pouvons pas être possédé par les deux. Il faut que ce soit ou l’un ou l’autre. Lequel nous possède?

Si l’amour du Père nous possède, nous verrons le monde sous son vrai jour. Nous possèderons la faculté spirituelle qui agit à la manière des rayons-X. Nous descendrons sous la surface des choses jusqu’à l’ossature du squelette sur lequel tout est construit. Ce squelette nous est révélé au verset 16 comme «la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie»; tout cela ne vient pas du Père mais est entièrement du monde.

La convoitise de la chair, c’est le désir d’avoir — le désir de posséder pour soi ces choses qui nourrissent et entretiennent la chair. La convoitise des yeux, c’est le désir de voir, que ce soit avec les yeux de la tête ou les yeux de l’esprit, toutes les choses qui nourrissent et entretiennent ce qui nous plait. Cela couvre la soif intellectuelle insatiable de l’homme, ainsi que sa recherche continuelle de plaisirs spectaculaires. L’orgueil de la vie, c’est le désir d’être — le désir ardent d’être quelqu’un, ou quelque chose qui nourrisse et entretienne l’orgueil du cœur. C’est le mal ancré le plus profondément des trois, et souvent celui qu’on soupçonne le moins.

Nous venons donc de voir le cadre sur lequel est bâti le système du monde; tous les éléments sont en opposition totale au Père, et au monde à venir quand l’ordre mondial actuel aura été mis de côté. Il nous est dit: «le monde s’en va, et sa convoitise». Il n’est pas surprenant de l’entendre dire. Quelle grâce qu’il s’en aille, car la pire calamité ne serait-elle pas que le monde et ses convoitises se perpétuent à jamais? Le monde disparaîtra; le Père et Son monde demeureront. Nous serions bien fous d’être remplis d’amour pour ce qui disparaît plutôt que de l’amour pour Celui qui demeure.

V. 17

Quel contraste frappant au v. 17! On se serait attendu à ce que la fin du verset soit: «mais le Père demeure»; mais cela est si évident qu’il n’est guère besoin de le dire. «Celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement»: c’est un fait merveilleux. Ce qui disparaîtra, c’est le monde. Quand des croyants meurent, on remarque qu’un tel «a disparu». Le monde continue très bien sans eux et semble parfaitement stable. L’apôtre Jean voit les choses du côté divin et nous aide à faire de même. Alors nous voyons le monde en train de disparaître, tandis que celui qui fait la volonté de Dieu, même s’il est retiré de la scène terrestre, c’est lui qui demeure éternellement. Il sert la volonté de Dieu, et cette volonté est fixe et elle demeure. Le serviteur de cette volonté demeure lui aussi.

 

V. 18-27

Du v. 18 au v. 27, l’apôtre s’adresse aux «petits enfants». Sans aucune préface, l’apôtre se lance dans un avertissement contre les docteurs anti-chrétiens qui commençaient à abonder. L’«Antichrist» est un sinistre personnage dont l’apparition aux derniers jours est prédite. Il n’est pas encore venu, mais de nombreux hommes de moindre importance, ayant le même caractère mauvais à des degrés divers, existent depuis longtemps sur la terre. Cela nous montre que nous sommes dans les derniers temps, c’est-à-dire, l’époque précédant immédiatement le temps où le mal culminera et subira le jugement final.

V. 18-19

Or les antichrists apparus du temps où Jean écrivait, avaient eu un temps leur place parmi les croyants, comme le montre le v. 19. Mais depuis, ils avaient rompu leur relation et étaient sortis du milieu d’eux. Ce faisant, ils avaient rendu manifeste qu’ils n’avaient jamais réellement fait partie de la famille de Dieu — ils ne faisaient pas partie «de nous». Le caractère du vrai croyant est de tenir ferme la foi. Ils l’avaient abandonnée et étaient sortis de la compagnie des chrétiens, révélant par là qu’ils n’avaient pas de lien vital avec les enfants de Dieu. Le vrai enfant de Dieu a l’onction de la part du Saint, et c’est précisément ce que les antichrists n’ont jamais possédé.

V. 20-21

L’«Onction» du v. 20 est la même que celle du v. 27, et les deux fois il est fait référence au Saint Esprit. Demeurant dans les enfants de Dieu, Il devient la Source d’où provient leur intelligence spirituelle. Or le plus jeune enfant de la famille divine a reçu cette onction, et on peut donc dire qu’il «connaît toutes choses». Le terme «connaître» ici signifie une connaissance intérieure et consciente. S’il s’agissait d’une question de connaissance acquise, il y a dix mille détails ignorés actuellement du jeune enfant, mais l’Onction lui donne cette capacité intérieure qui met toutes choses à sa portée. Il connaît toutes choses potentiellement, mais non pas encore de manière détaillée.

On peut donc même dire que le jeune enfant «connaît la vérité», et qu’il possède la capacité de faire la différence entre la vérité et ce qui est mensonge. Pour le moment, il se peut qu’il ne connaisse que l’évangile le plus élémentaire; cependant dans l’évangile il a la vérité non diluée — la vérité fondamentale d’où jaillissent toutes les vérités subséquentes — et tous les mensonges du diable peuvent être détectés s’ils sont placés en contraste avec le fond brillant de l’évangile.

V. 22-23

Tout mensonge du diable vise en quelque manière la vérité concernant le Christ de Dieu. Ce n’est pas un tireur de niveau juste moyen, et même quand il paraît tirer au bord extérieur de la cible, il calcule une action de rebond qui lui fera atteindre finalement juste le centre de la cible. Aux jours de l’apôtre, il visait ouvertement le centre de la cible. Les antichrists niaient ouvertement que Jésus était le Christ: ils niaient le Père et le Fils. À notre époque, certains en sont encore à ce stade, mais d’autres, bien plus nombreux, font autre chose; ils introduisent des enseignements d’un genre très subtil, pas trop dommageables en apparence, mais conduisant finalement exactement aux mêmes reniements, ce qui fait que le centre de la cible est atteint.

Quand l’Antichrist paraîtra, il sera la négation totale et parfaite du Père et du Fils. Il «s’exaltera, et s’élèvera contre tout dieu, et proférera des choses impies contre le Dieu des dieux» (Daniel 11:36), et cette prédiction est développée en 2 Thess. 2:4. Les «plusieurs [nombreux] antichrists» qui l’auront précédé suivent tous des voies semblables. Leurs reniements portent plus particulièrement sur le Fils qui a été manifesté sur la terre, et ils vont même jusqu’à déclarer qu’ils n’ont rien à dire pour ou contre le Père. Une telle déclaration est vaine. Nier le Fils, c’est nier le Père. Confesser le Fils, c’est avoir aussi le Père. Bien qu’étant des personnes distinctes, Ils sont un dans la Déité, et celui qui a l’Onction (le saint Esprit), qui est aussi un avec Eux dans la Déité, sait très bien cela, et ne risque pas d’être trompé sur ce point.

Tout le courant de l’Ancien Testament montre que Jésus est le Christ, comme nous le voyons en Actes 17:2-3. La vérité quant au Père et au Fils est révélée dans le Nouveau Testament. Ce n’est pas que la relation du Père et du Fils n’a commencé qu’alors, mais cette relation qui existait éternellement dans la Déité fut alors pour la première fois révélée pleinement. La communion dans laquelle nous sommes introduits est avec le Père et le Fils, comme le dit le début de l’épître; c’est pourquoi le reniement de cette vérité est destructeur de notre communion.

Il faut remarquer que l’erreur prend le plus souvent la forme de la négation d’une vérité. Les négations sont dangereuses: elles devraient n’être énoncées qu’avec le plus grand soin, et se baser sur une connaissance étendue. Habituellement, il faut une plus grande connaissance pour nier quelque chose que pour l’affirmer. Par exemple, je peux affirmer qu’une certaine chose est dans la Bible; pour le prouver, il suffit de connaître un seul verset de la Bible, celui où cela est indiqué. Mais si je nie que c’est dans la Bible, j’ai besoin de connaître la Bible du début à la fin, avant d’être sûr que je ne serai pas valablement contredit.

V. 24

Dès le commencement, Jésus a été manifesté comme le Christ, et comme Fils Il a révélé le Père. Même les petits enfants étaient arrivés à cette connaissance, laquelle devait demeurer en eux comme aussi en nous maintenant. Jésus est le Christ, c’est-à-dire l’Oint: nous avons reçu l’Onction pour que la vérité puisse demeurer en nous, et alors par conséquent, nous demeurerons dans le Fils et dans le Père.

L’apôtre Paul nous instruit que nous sommes «en Christ» comme le fruit de l’œuvre de grâce de Dieu. L’apôtre Jean nous instruit au sujet de la révélation du Père et du Fils, et de la communion établie en rapport avec cette relation dans laquelle tout enfant de Dieu, même le plus jeune, est introduit, de sorte que nous pouvons demeurer «dans le Fils et dans le Père». Le Fils vient en premier car nous ne pouvons demeurer dans le Père que si nous demeurons dans le Fils. Demeurer, c’est rester dans la connaissance et la jouissance conscientes du Fils et du Père, rendues possibles pour nous du fait que nous sommes nés de Dieu et que nous avons reçu l’Onction.

V. 25

Demeurer dans le Fils et dans le Père, c’est la vie éternelle. La promesse de la vie éternelle existait même «avant les temps des siècles» selon Tite 1:2. Le Seigneur Jésus disait de la vie éternelle: «c’est… qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ» (Jean 17:3). Le v. 25 de notre chapitre va un stade plus loin. Celui qui demeure dans le Fils et dans le Père demeure dans la vie qui est éternelle. La Vie Éternelle avait été manifestée et vue, mais seuls les apôtres avaient eu ce privilège. Maintenant nous pouvons posséder cette vie et demeurer en elle, et c’est pour nous tous, car ces choses ont été écrites aux petits enfants de la famille de Dieu.

V. 26-27

L’apôtre a dit tout cela pour fortifier les petits enfants contre ceux qui enseignaient des séductions. Au v. 27 il revient encore à l’Onction, car c’est par l’Esprit qui leur a été donné que toutes ces choses sont à leur disposition. Quel encouragement de savoir que l’Onction demeure en nous! Il n’y a ni variation ni échec ici. Et l’Onction non seulement demeure en nous, mais elle nous enseigne toutes choses. L’instruction peut provenir de l’extérieur, mais c’est par le Saint Esprit que nous avons la capacité de la saisir. Nous n’avons pas besoin qu’un homme nous enseigne. Cette remarque n’a pas pour but de discréditer les docteurs [enseignants] que le Seigneur peut avoir suscité et doué pour faire Son œuvre, sinon elle pourrait servir à discréditer justement cette épître que nous sommes en train de lire. Elle a pour but de nous faire réaliser que même les docteurs doués ne sont pas absolument indispensables, tandis que l’Onction, elle, est indispensable.

L’Onction — Celui-là même qui oint — est la vérité. C’est répété en des termes légèrement différents au ch. 5 v.6. Christ est la vérité comme un Objet devant nous. L’Esprit est vérité, l’apportant dans nos cœurs par l’enseignement divin. À ces petits enfants, Jean pouvait dire «selon qu’elle vous a enseignés» car ils avaient déjà l’Onction.

Grâce à Dieu, nous avons aussi l’Onction. C’est pourquoi cette parole «vous demeurerez en Lui» est aussi pour nous. Nous pouvons n’être que de petits enfants, avec peu de connaissance, mais que rien ne nous détourne de cette vie et de la communion dans laquelle nous sommes! Tout est centré sur Lui. Demeurons en Lui.

 

V. 28

Le paragraphe adressé spécialement aux «petits enfants» commençait au v. 18 pour se terminer au v. 27. Au verset 28, il y a l’expression «enfants», dans un sens général: c’est le même mot qu’aux versets 1 et 12 (ch. 2), et on le retrouvera au ch. 3 v. 7, 10, 18.

Au v. 28, l’apôtre recommence à s’adresser à toute la famille de Dieu, à tous ceux qui sont Ses enfants, indépendamment de leur croissance ou de leur état spirituels. Il venait d’assurer aux petits enfants qu’ils avaient l’Onction et que, par conséquent, ils pouvaient «demeurer en Lui». Il se tourne maintenant vers toute la famille de Dieu et les exhorte à «demeurer en Lui». Ce qui est bon pour les petits enfants est bon pour tous, et le seul moyen de croître spirituellement et de porter du fruit, c’est ce fait de demeurer en Lui. Quand nous nous détournons de Lui et que les affections et les intérêts de nos cœurs sont centrés sur les choses du monde, alors nous sommes faibles et stériles. L’apôtre considérait la manifestation de Christ quand nous serons tous manifestés dans notre vrai caractère, et il désirait que nous ayons tous de l’assurance en ce jour-là, et que nous n’ayons pas honte.

Il sera manifesté, et nous aussi nous serons manifestés à Sa venue; il est évidemment possible qu’un croyant soit couvert de honte à cette heure solennelle. Il est très probable que, par ces mots, l’apôtre indiquait son propre sens de responsabilité à leur égard, et il souhaitait qu’ils lui fassent honneur — si on peut s’exprimer ainsi — en ce jour-là. Mais ces paroles indiquent sûrement aussi que chacun de nous peut être couvert de honte pour notre compte. Que chacun d’entre nous demeure réellement en Lui, afin que maintenant nous portions du fruit, et qu’alors nous ayons de l’assurance; et qu’ainsi il n’y ait de la honte ni pour nous ni pour ceux qui ont travaillé en notre faveur, que ce soit des évangélistes ou des pasteurs.