1 Chroniques

Chapitre 29

Prière de David. Salomon établi roi pour la seconde fois.

«Et le roi David dit à toute la congrégation: Salomon, mon fils, le seul que Dieu ait choisi, est jeune et délicat, et l’ouvrage est grand, car ce palais n’est point pour un homme, mais pour l’Éternel Dieu» (v. 1). La personne de Salomon est de plus en plus mise en lumière ici, comme type de Christ dans son règne. David dit de lui: «le seul que Dieu ait choisi». Il est le seul, l’objet de son choix, le seul qui réponde à ses pensées et à ses conseils d’éternité au sujet du royaume.

Mais, comme David l’avait déjà dit (22:5), Salomon était encore «jeune et délicat» et n’avait pas encore atteint sa pleine croissance pour prendre en mains les rênes du gouvernement. En attendant ce moment, son père l’avait proclamé roi et, comme tel, l’avait assis avec lui sur son trône (23:1). Ce qui est dit ici nous parle de Christ; non pas, cela va sans dire, qu’il y ait en Lui-même une cause quelconque de faiblesse pour retarder son règne, car Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom; — mais Il est actuellement assis sur le trône de son Père dans le ciel, et, comme homme, il attend le moment décrété de Dieu pour dominer sur Israël et les nations. Dans ce sens, le temps de son plein développement n’est pas encore arrivé pour Lui et l’heure du royaume terrestre n’a pas encore sonné.

Maintenant, David avait fait tout ce qui était nécessaire pour que Dieu pût établir définitivement son trône à Jérusalem. «De toute ma force», dit-il, «j’ai préparé» (v. 2); mais il y ajoute encore: «Dans mon affection pour la maison de mon Dieu, je donne pour la maison de mon Dieu, de ce que j’ai d’or et d’argent m’appartenant en propre» (vers. 3). Christ a aimé l’Église et a donné tout ce qu’Il avait, même sa propre vie pour la bâtir, comme un temple saint où Dieu pût habiter. Tout est prêt pour Sa manifestation glorieuse, mais, en attendant, Christ ajoute des matériaux pour l’édifice et même nous permet de coopérer à son œuvre. «Qui sera», dit-il, «de franche volonté pour offrir aujourd’hui à l’Éternel?» (v. 5). Alors tous les représentants du peuple offrent volontairement «des objets de prix, de l’or, de l’argent, des pierres précieuses» (voyez 1 Cor. 3:12), et cette offrande est agréée. Les collaborateurs ne sont pour rien dans la sagesse qui a tout préparé, tout en ayant part à l’œuvre: il en est de même pour nous maintenant.

Mais ce n’est pas de l’Église, ne l’oublions pas, que ce passage nous entretient. Il nous parle d’un peuple terrestre au milieu duquel le Seigneur aura sa demeure et qui sera un peuple de franche volonté pour contribuer, par tout ce qu’il possède, à l’établissement glorieux de la maison de Dieu à Jérusalem.

Le résultat de cette libéralité est une joie générale, à la fois dans tout le peuple et dans le cœur de David: «Et le peuple se réjouit de ce qu’ils avaient offert volontairement, d’un cœur parfait, à l’Éternel; et aussi le roi David en eut une grande joie» (v. 9). Le prophète Sophonie décrit une communion semblable dans la joie: «Réjouis-toi et égaye-toi de tout ton cœur, fille de Jérusalem!... L’Éternel ton Dieu... se réjouira avec joie à ton sujet: il se reposera dans son amour, il s’égayera en toi avec chant de triomphe» (Soph. 3:14, 17).

Ensuite (v. 10-19), David bénit l’Éternel. Il le bénit comme le Dieu qui, à Béthel, avait fait des promesses à Jacob en L’appelant Israël (v. 10), et lui avait dit: «Je suis le Dieu Tout-puissant; fructifie et multiplie; une nation, et une multitude de nations, et des rois sortiront de tes reins» (Gen. 35:11). Il célèbre ensuite Sa grandeur, sa force, sa gloire, sa splendeur, sa majesté, car toutes choses sont à Lui, dans le ciel et sur la terre. Le royaume et l’élévation lui appartiennent, car il est chef sur toutes choses. De lui proviennent les richesses et la gloire, car il domine sur toutes choses. Puissance et force sont dans sa main et il peut agrandir et affermir toutes choses.

Aussi David célèbre, avec tout le peuple, le nom glorieux du Dieu d’Israël.

Tout ce que le roi et son peuple — eux qui en la présence de Dieu ne sont rien — peuvent Lui offrir volontairement, vient de Lui et ils ne lui donnent que ce qu’ils ont reçu de sa main. Quant à eux, ils ne sont, devant Lui, que des étrangers et des hôtes de passage, comme tous leurs pères; ils passent comme l’ombre et meurent. Et maintenant, toute cette abondance qu’ils Lui offrent; vient de Lui et tout est à Lui, mais il prend plaisir à la droiture du cœur du roi qui offre toutes choses de franche volonté, et du peuple qui fait de même.

David demande enfin à ce même Dieu qui a fait des promesses à Abraham, à Isaac et à Israël (Jacob), qu’il veuille garder et diriger vers Lui le cœur de son peuple, et donner à Salomon un cœur parfait pour obéir, pour tout faire et bâtir le temple préparé par David.

Telle est cette magnifique prière. Elle donne toute gloire à Dieu seul, au Dieu qui, en vertu de ses conseils, a fait des promesses à ses élus. Elle met l’homme à sa vraie place devant Dieu. Elle exprime une absolue dépendance de Celui qui seul peut amener les cœurs des siens à Lui plaire.

Après avoir loué Dieu, David dirige les louanges de toute la congrégation (cf. Ps. 22:23, 26), frappante image de Celui qui, après avoir souffert et avoir été «délivré d’entre les cornes des buffles» annonce le nom de Dieu à ses frères et leur donne, pour l’imiter, l’exemple d’une louange parfaite.

Alors le peuple «s’incline et se prosterne devant Dieu et devant le Roi» (v. 20); ainsi le Roi est associé à l’Éternel par un commun hommage.

Cette parole porte de nouveau nos pensées vers Christ. L’homme que nous voyons ici, bénissant Dieu, a droit à l’adoration ainsi que Dieu lui-même.

Le peuple offre des sacrifices en abondance et, fait caractéristique des Chroniques, Salomon est établi Roi pour la seconde fois (v. 22; cf. 23:1). La première fois nous l’avons vu assis sur le trône de son Père; il s’assied maintenant sur son propre trône. Dans l’Apocalypse il fait aussi cette promesse à celui qui vaincra: «Je lui donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi aussi j’ai vaincu et je me suis assis avec mon Père sur son trône» (Apoc. 3:21). C’est en effet comme Roi sur son trône que «Salomon, fils de David est oint pour l’Éternel, comme prince, et Il revêtira ce caractère dans son règne millénaire». Tsadok est aussi «oint comme sacrificateur» et nous voyons enfin réalisée définitivement en lui la prophétie qui avait dit: «Je me susciterai un sacrificateur fidèle et il marchera toujours devant mon Oint» (1 Sam. 2:35).

«Et Salomon s’assit sur le trône de l’Éternel, comme roi, à la place de David, son père, et il prospéra» (v. 23). Désormais le trône du Roi est identifié avec le trône de l’Éternel! Ainsi donc l’Éternel est Dieu, mais Il est Christ. Il est le Créateur et le Conservateur de toutes choses (Col. 1:16, 17); Celui qu’on adore sur le trône (Apoc. 4:11); Celui que Dieu a haut élevé et auquel il a donné un nom au-dessus de tout nom (Phil. 2:9). Sa gloire n’est pas mentionnée dans ces passages comme résultat de l’œuvre qu’Il a accomplie pour nous, mais de celle qu’Il a entreprise pour glorifier son Père. Quand nous pensons à son œuvre pour nous, nos cœurs sont remplis de reconnaissance et d’adoration, mais sa gloire comme homme élevé à la droite de Dieu, déclaré par l’Éternel, «Celui qui est le Même et dont les années ne finiront pas» (Ps. 102:28), en sorte que les deux personnes n’en font qu’une, sans se confondre, cette gloire aussi devrait beaucoup occuper nos pensées. Si le nom de Salomon ne nous fait pas penser, comme celui de David, à Christ Sauveur de son peuple, nous trouvons néanmoins en Lui «le Merveilleux, le Conseiller, le Dieu fort, le Père du siècle, le Prince de paix» (És. 9:6), le vrai Salomon, assis sur le trône de l’Éternel.

Cette scène glorieuse, sans précédent dans l’histoire d’Israël, nous est donnée comme l’inauguration du règne de paix de Celui que Dieu a choisi et dont il a dit: «Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu, en qui mon âme trouve son plaisir» (És. 42:1). Aucun événement de la Parole ne peut donner une image plus surprenante de l’aurore du règne futur de Christ, quand il prendra en mains le gouvernement de tout, car il est au-dessus de tous. Alors tout Israël, tous les chefs et les hommes forts, et aussi tous les fils de David lui seront soumis (v. 24, 25). Ce sera la plénitude de la puissance!

Cette scène termine la première partie des Chroniques. Sans doute nous trouvons dans ce livre moins d’instructions morales pour nous-mêmes et notre conduite, que dans les livres de Samuel et les onze premiers chapitres du premier livre des Rois, mais il nous occupe avant tout de Christ, des conseils éternels de Dieu à son égard, des gloires qui le caractérisent et de l’ordre de son royaume, de l’habitation de Dieu définitivement établie au milieu de son peuple, de l’association intime entre ses deux caractères, comme vrai David et vrai Salomon, enfin de son identification avec l’Éternel dans son royaume.

Nos âmes n’auraient-elles par fait une perte immense, si Dieu ne nous avait pas donné cette partie des Écritures? Que les rationalistes et les incrédules, du haut de leur science frelatée, la méprisent, les croyants la retiennent avec adoration et en conservent chaque parole, comme une révélation nouvelle des richesses insondables de Christ!

Les derniers versets de notre chapitre (v. 26-30) répètent les v. 10-12 de 1 Rois 2, en vue de clore définitivement l’histoire de David. Le Saint Esprit mentionne sa vieillesse «rassasiée de jours, de richesses et de gloire» en accord avec le but de ce livre, et en contraste avec sa fin, telle qu’elle nous est rapportée en 2 Samuel 23:1-6 et dans le premier livre des Rois au chap. 1.

Nous avons fait remarquer autre part que les Chroniques nous renseignent sur l’origine prophétique des livres de Samuel et des Rois.