1 Chroniques

Chapitre 28

Chapitres 28 et 29 — Dernières instructions de David

Salomon, roi des conseils de Dieu, et sa responsabilité comme tel.

Au chap. 23:2, David avait assemblé «tous les chefs d’Israël, les sacrificateurs et les lévites» afin de les ordonner pour le service du temple et l’ordre de son royaume. Dans ce chapitre-ci il «réunit à Jérusalem tous les chefs d’Israël, les chefs des tribus, et les chefs des divisions qui servaient le roi, et les chefs de milliers, et les chefs de centaines, et les chefs de tous les biens et de toutes les possessions du roi et de ses fils, avec les eunuques, et les hommes forts, et tout homme fort et vaillant». C’est, de fait, à tout le peuple qu’il s’adresse (v. 2), car il veut faire connaître à tous ce que Dieu lui a révélé au sujet du temple lui-même, centre religieux du royaume.

«J’avais», dit-il, «dans le cœur de bâtir une maison de repos pour l’arche de l’alliance de l’Éternel, et pour le marchepied des pieds de notre Dieu; et j’ai fait des préparatifs pour bâtir» (v. 2). C’est ce qu’exprime d’une manière si remarquable le Ps. 132. David, dans toutes ses tribulations ne s’était pas donné de repos à lui-même, avant d’avoir trouvé un lieu de repos pour l’arche de l’alliance de l’Éternel, un lieu où cette alliance, déposée dans l’arche, pût être établie définitivement pour le peuple de Dieu, sans être exposée à un nouveau voyage à travers le désert ou à de nouvelles vicissitudes entre les mains des Philistins. Ce repos de Dieu était en même temps celui du «marchepied de ses pieds», car l’arche était le trône de Dieu qui siège entre les Chérubins, trône qu’il établissait au milieu de son peuple.

Tels étaient les conseils de grâce de Dieu. Nous les voyons accomplis, dans les Chroniques, en David et en Salomon, comme types de Christ, mais ils ne le furent qu’en type, car bientôt cette arche qui, par les soins de David avait trouvé son repos sur la montagne de Sion et au milieu d’un temple glorieux, édifié par Salomon, disparut, et son lieu de repos fut entièrement détruit.

David avait fait d’immenses préparatifs en vue de cette maison, mais il rappelle ce que l’Éternel lui avait dit (22:8): «Tu ne bâtiras pas une maison à mon nom, car tu es un homme de guerre et tu as versé le sang» (v. 3). David pouvait préparer, par ses souffrances, le «repos qui reste pour le peuple de Dieu», mais ne pouvait introduire ce repos-là, aussi longtemps que le royaume gardait l’empreinte du caractère guerrier de son Chef. Il en sera de même de Christ. Il a posé à la croix le fondement du repos éternel, mais n’établira ce repos définitif qu’après que tous ses ennemis auront été mis sous ses pieds.

Aux v. 4-6 David insiste, en présence de tous les représentants du peuple, sur le fait capital que les Chroniques mettent toujours en évidence: l’accomplissement des conseils de Dieu, selon l’élection de grâce. L’Éternel l’avait choisi, lui David, pour être roi sur Israël à toujours; il avait choisi Juda pour prince; en Juda il avait choisi la maison d’Isaï. Parmi les fils d’Isaï il avait pris plaisir en David, pour le faire roi. Le libre choix de l’Éternel, comme le bon plaisir de Dieu avait été sur le plus petit et le plus humble d’entre tous, fort et puissant sans doute aux yeux de Dieu dans sa lutte avec le lion et l’ours au désert, mais n’ayant, aux yeux des hommes, rien qui pût le faire désirer. N’était-il pas le type du parfait serviteur, revendiqué par l’Éternel comme l’objet de son bon plaisir, au moment où il prenait en public, au baptême de la repentance, la place d’humiliation la plus profonde? Mais le moment arriva plus tard où Dieu le déclara vrai Salomon, objet du même bon plaisir, qu’au baptême de Jean, quand il parut sur la sainte montagne, anticipant la gloire du royaume éternel.

Parmi tous les nombreux fils de David, Dieu avait encore «choisi Salomon, pour s’asseoir sur le trône du royaume de l’Éternel sur Israël» (v. 5). Remarquez cette expression que nous retrouverons au chap. 29:23: Le royaume de Salomon est «le royaume de l’Éternel», son trône, «le trône de l’Éternel». Ces mots ne nous parlent-ils pas des conseils de Dieu à l’égard du royaume futur de Christ? Cela est d’autant plus frappant ici, que Dieu dit de Salomon: «Je me le suis choisi pour fils, et moi je lui serai pour père, (v. 6; cf. 22:10; Héb. 1:5). Salomon est le fils de Dieu, et lui bâtira une maison (Héb. 3:3, 4); il est l’Élu de l’Éternel qui «affermira son royaume à toujours» (v. 7). Enfin «l’Éternel l’a choisi pour bâtir une maison qui fût son sanctuaire» (v. 10).

Mais dans ce passage nous rencontrons un petit mot caractéristique: «Si». C’est la première fois1 qu’il est prononcé dans les Chroniques au sujet de la royauté ou du peuple: «S’il est ferme pour pratiquer mes commandements et mes ordonnances, comme aujourd’hui». «Si tu le cherches, il se fera trouver de toi; mais si tu l’abandonnes, il te rejettera pour toujours» (v. 7, 9).

1 Nous en verrons un second exemple en 2 Chron. 7:17.

Salomon, bien que considéré ici dans sa perfection, comme le roi des conseils de Dieu, est cependant responsable et son royaume ne peut être affermi que s’il répond à cette responsabilité. Les Chroniques, d’accord avec leur plan, ne nous présentent pas Salomon comme y ayant manqué. Bien moins encore que dans le récit de l’histoire de David, elles ne nous parlent de sa faillibilité ou de ses fautes. Et cependant Salomon reste responsable. Tel est exactement le caractère de Christ comme roi de justice et de paix. Il sera responsable vis-à-vis de Celui qui lui a confié le royaume et s’acquittera parfaitement de son office jusqu’à ce qu’il remette la domination entre les mains du Père (1 Cor. 15:24). Sans doute, personnellement, Salomon a complètement manqué en cela, mais les Chroniques ne nous en parlent pas, puisqu’il s’agit des conseils de Dieu, réalisés en Christ.

Cependant nous trouvons ici une autre raison pour présenter la bénédiction comme conditionnelle. Les successeurs des deux premiers rois ne sont ni des David, ni des Salomon. La royauté selon les conseils de Dieu ne va pas plus loin que ceux-ci, puisqu’elle arrive, en type, jusqu’au règne millénaire de Christ. Cependant la royauté se continue dans la descendance de Salomon jusqu’à l’apparition du vrai Roi, la maison de David devant former la chaîne ininterrompue qui aboutit à Christ. Or cette descendance n’offre que rarement quelques traits du vrai Roi. La maison de David tombe en ruine, le peuple de Salomon se livre à l’idolâtrie. Tout cela ne pouvait être passé sous silence dans le second livre des Chroniques quand il parle de la maison royale et du peuple élu. Cependant, comme nous le verrons en étudiant ce deuxième livre, le caractère général de cet écrit inspiré est maintenu, au milieu de la ruine, et Dieu agit en grâce, couvrant une multitude de péchés à la moindre trace de repentance, tandis que les livres des Rois mettent sans atténuation les fautes de tous les rois à nu, même celles d’un David ou d’un Salomon.

Le «si» sert donc en partie d’introduction à l’histoire qui fait suite au règne de Salomon, dans le livre suivant.

Au v. 8 David parle «devant les yeux de tout Israël, qui est la congrégation de l’Éternel, et aux oreilles de notre Dieu». Il établit que le peuple aussi est responsable, quoique, en cela, le roi occupe le premier rang: «gardez et recherchez tous les commandements de l’Éternel, votre Dieu, afin que vous possédiez ce bon pays, et que vous le fassiez hériter à vos fils après vous, à toujours» (v. 8).

Dans les chapitres qui précèdent nous avons vu le système religieux et civil établi par l’Éternel au moyen de l’autorité conférée par Lui à David. Ce système ne ressemble point à l’ordre de choses établi par Moïse, tout en ne le contredisant en aucune manière. Ni les sacrificateurs, ni les lévites, ni les chantres, ni les portiers, ni l’armée ne sont organisés comme par le passé. Tout est nouveau; toutes choses dépendent du roi qui les établit par le sort, c’est-à-dire sous la direction immédiate de l’Éternel. Aux v. 11 à 19 nous rencontrons le même principe quand il s’agit du temple comparé au tabernacle. Seulement c’est par inspiration (v. 12) que David en a reçu tous les détails, non pas comme un modèle placé devant les yeux de Moïse sur la montagne et que celui-ci devait exécuter. Ces détails, David les avait (ils étaient en lui, dans sa pensée) par l’Esprit. Rien ne dépendait ni de son don d’organisation, ni de son intelligence naturelle. Tout venait directement de Dieu. «Tout cela, dit David, toute l’œuvre du modèle, il m’en a, par écrit, donné l’intelligence, par la main de l’Éternel sur moi» (v. 19). C’était aussi par inspiration qu’il avait reçu les directions touchant «les classes des sacrificateurs et des lévites et pour toute l’œuvre du service de la maison de l’Éternel» (v. 13). Les ustensiles eux-mêmes étaient autres que ceux du tabernacle, sans en différer réellement quant à leur signification typique. Leur nombre, leur poids s’en écartaient; des ustensiles nouveaux étaient ajoutés. Il en était de même des instruments de musique. Jusqu’au poids de chaque objet d’or et d’argent était fixé par inspiration, depuis les chandeliers jusqu’aux gobelets et aux fourchettes (v. 16-17). L’arche de l’alliance qui renfermait la loi restait la même, avec son propitiatoire et les Chérubins qui lui faisaient ombre, car ni l’alliance ni le propitiatoire ne pouvaient subir de changement en aucune manière. En revanche, les chérubins qui, en étendant leurs ailes, touchaient les deux parois du sanctuaire, étaient une chose entièrement nouvelle (2 Chron. 3:10-14; 5:7-9).

Dans les v. 20 et 21, David exhorte de nouveau Salomon à se fortifier, à agir, à ne rien craindre, car l’Éternel ne l’abandonnera pas jusqu’à ce qu’il ait «achevé tout l’ouvrage du service de la maison de l’Éternel». C’est ici de nouveau une bénédiction inconditionnelle et Salomon trouve l’aide, non seulement des ouvriers (22:15), mais des classes des sacrificateurs et des lévites, des chefs et de tout le peuple.