1 Chroniques

Chapitre 23

Salomon établi roi. Les lévites.

Au commencement de ce chapitre, David établit Salomon roi sur Israël (v. 1); au chap. 29:22, il est établi roi pour la seconde fois. Ce fait, n’étant mentionné que dans les Chroniques, acquiert par là une importance particulière. Au premier chapitre du premier livre des Rois, Salomon est oint, pour ainsi dire, au dernier moment du règne de David, quand la vie de ce dernier, comme un lumignon près de s’éteindre, jetait encore une faible lueur et que la force manquait au vieux roi pour prendre une décision prompte et virile selon Dieu. L’accession de Salomon au trône mit fin à l’usurpation d’Adonija, et fut le signal du jugement de tous ceux qui, comme Abiathar, Joab et Shimhi, s’étaient opposés à Dieu durant le règne de David. Les Chroniques suppriment tout ce récit et ne font même aucune mention d’Abishag, la Sunamite, qui fut l’occasion du jugement d’Adonija. Les faits que nous venons de citer nous éclairent, avec beaucoup d’autres, sur la portée comparative des Rois et des Chroniques. Dans le livre des Rois, David est responsable d’instituer Salomon selon l’ordre de Dieu et aurait, on le voit clairement, manqué à cette responsabilité, si Dieu n’était intervenu (voyez 1 Rois 1). Salomon, de même était responsable d’établir son royaume sur la justice, à l’égard de ceux qui avaient profité du règne de grâce pour faire le mal. Il s’en acquitta selon les pensées de Dieu, quoique, plus tard, il soit tombé dans le péché.

Les Chroniques nous présentent un tout autre ordre de pensées. Lorsque la grâce de Dieu, qui se glorifie vis-à-vis du jugement, a été proclamée à l’autel d’Ornan, sur Morija, le règne de paix peut être institué, car la paix dépend de la grâce. La mort de la victime étant intervenue, le sacrifice est devenu la base de toute bénédiction, la justice est satisfaite, la grâce a arrêté le jugement, la paix est faite. Salomon, le pacifique, peut dès lors être établi par David, roi sur Israël, pendant que David règne. Le fils est assis avec son père sur son trône. Cela ne nous parle-t-il pas d’une manière frappante du règne de Christ? L’expiation ayant été accomplie sur la croix, Christ s’est assis à la droite du Père sur son trône (Ps. 110:1; Apoc. 3:21); couronné de gloire et d’honneur dans le département céleste de son royaume. Cette première phase de son règne a eu lieu et existe actuellement, comme lors de l’établissement de Salomon par David. La seconde phase du règne de Christ aura lieu, lorsque, semblable à Salomon, il sera établi et oint une seconde fois en vue de son royaume terrestre (29:22).

Dans le premier livre des Rois la participation de Salomon au trône, du vivant de son père, est présentée d’une manière beaucoup moins frappante, mais en accord avec le but de ce livre. Les deux personnages, David et Salomon, y sont plutôt réunis en un seul, en sorte que le règne du second est la continuation ininterrompue de celui du premier1.

1 Voyez Méditations sur 1 Rois par H. R. Introduction.

Au chap. 29 des Chroniques, avons-nous dit, Salomon est établi une seconde fois pour dominer sur Israël et prendre en mains, selon les conseils de Dieu, les rênes du royaume terrestre. C’est ainsi que le livre se clôt dignement sur l’accomplissement des promesses en Lui, quant au gouvernement de ce monde.

Depuis le v. 3 nous voyons David dénombrer les lévites, car la préparation non seulement des matériaux du temple, mais de tout son service, jusque dans le moindre détail, dépend entièrement de lui. Les lévites sont dénombrés d’abord depuis l’âge de 30 ans et au-dessus, mais ils font l’œuvre du service depuis l’âge de 20 ans et au-dessus (v. 3, 27). C’était l’ordre établi par David et non pas ce qui avait été établi par Moïse à l’égard des fils de Kehath (Nomb. 4:3). Du moment que le règne de paix était définitivement établi, les lévites pouvaient entrer plus jeunes dans l’activité du service. Les obstacles qui existaient à cela avant l’établissement de Salomon étaient ôtés; les lévites «n’avaient plus à porter le tabernacle, ni tous les ustensiles pour son service» (v. 26). Les difficultés créées par le fait que l’Éternel voyageait sous une tente avec le camp d’Israël étaient levées. La force des hommes faits n’était plus nécessaire, du moment qu’il n’y avait plus à porter arche, autels et ustensiles, d’étape en étape, ou à charger le reste sur des chariots. Désormais le service incombait à de plus jeunes qui pouvaient, sans être trahis par leurs forces, vaquer aux soins divers de la maison de Dieu.

Toutes ces dispositions avaient lieu «selon les dernières paroles de David» (v. 27). Remarquons combien celles-ci diffèrent de celles qui furent prononcées en 2 Sam. 23:1. Là nous voyons David confesser avoir complètement manqué à sa responsabilité, quoique l’alliance éternelle, basée sur la grâce de Dieu, ne pût être annulée. En même temps les yeux du roi prophète sont dirigés sur Christ, le juste dominateur, qui portera sans fléchir tout le poids de la responsabilité de son règne. Ici, pas un mot de responsabilité. Le roi ordonne d’avance l’ordre d’un service parfait, répondant aux pensées de Dieu à l’égard du règne définitif de son Bien-aimé.

Les lévites étaient au nombre de 38000. Vingt-quatre mille d’entre eux, donc le plus grand nombre, dirigeaient l’œuvre de la maison de l’Éternel.

Ils avaient, parmi le peuple de Dieu, l’office de conducteurs et de surveillants. Six mille étaient intendants et juges. Il est important de comprendre que l’administration et le jugement ne sont pas confiés au plus grand nombre parmi les serviteurs de Dieu. Un plus petit nombre encore, quatre mille, gardaient les portes. Leur fonction était de veiller à ce que rien de profane ou d’étranger ne s’introduisît dans le temple. Des désastres peuvent se produire parmi les enfants de Dieu quand tous se croient qualifiés pour le discernement et n’acceptent pas que ce service soit confié aux uns à l’exclusion des autres. Enfin quatre mille lévites louaient l’Éternel avec des instruments. Ici encore nous trouvons un ordre qui nous touche dans la direction de la louange. Si l’Église chrétienne est composée sans exception de rois et de sacrificateurs, ce que l’assemblée juive n’était pas, l’Église n’est pas composée de lévites.

Aux musiciens incombait un certain ordre, une certaine initiative dans la direction de la louange. Il en est de même dans l’assemblée, un petit nombre étant qualifiés pour cet office qui a son importance comme tout ce qui se rapporte au culte. La louange était rendue «avec les instruments faits par David» (v. 5). David seul était l’auteur de tout ce qui concernait le temple futur, même de la partie musicale du culte. Rien de pareil n’avait été institué sous le régime du tabernacle au désert. Les instruments même étaient inventés par David et en rapport avec l’avènement glorieux de Salomon, type du règne millénaire de Christ sur la terre. Aujourd’hui la louange est en rapport avec sa gloire céleste et a, par conséquent, un caractère entièrement spirituel.

Après le dénombrement des lévites, vient leur division en classes (v. 6-23), d’après leurs trois familles, Guershom, Kehath et Merari. — Aaron et Moïse faisaient partie des fils de Kehath, mais Aaron et ses fils sont séparés «à toujours» de cette famille des lévites, pour exercer l’office de la sacrificature «à toujours» (v. 13). Quant à Moïse, autrefois «roi en Jeshurun», législateur, médiateur et conducteur du peuple, il rentre avec ses fils dans la tribu de Lévi (v. 14-26), et n’occupe pas, avec sa famille, une place supérieure à ses frères, du moment que le règne de Salomon commence. C’est ainsi que nous le voyons, sur la sainte montagne, disparaître aussi bien qu’Élie, pour faire place à Jésus seul, entrant dans son royaume.

Une différence est notée ici entre les sacrificateurs et les lévites. Les premiers faisaient le service de l’Éternel lui-même (v. 13), les seconds «l’œuvre du service de sa maison» (v. 24, 28).

Nous trouvons aux v. 28 à 32 le détail du service des lévites. Ils veillaient 1° sur les parvis et les chambres; 2° sur la purification de toutes les choses saintes; 3° sur l’œuvre du service de la maison. Celle-ci consistait elle-même en trois choses: a) ranger les pains de proposition; b) pourvoir à la fleur de farine pour le gâteau et les pains sans levain; c) veiller à toutes les mesures de capacité et de longueur. 4° Ils entonnaient la louange. 5° Enfin le service à l’égard des holocaustes aux sabbats, aux nouvelles lunes et aux jours solennels leur incombait. Tout cela devait avoir lieu «continuellement devant l’Éternel (v. 31). Leur service est condensé au v. 32 en trois points. Ils vaquaient à leur charge: 1° à l’égard de la tente d’assignation; 2° du lieu saint; 3° ils étaient les serviteurs des fils d’Aaron, leurs frères.

Tout cela est plein d’instruction pour quiconque veut se vouer au service du Seigneur, et il doit méditer les détails de ce passage. Deux caractères dominent ici tous les autres. D’une part, un ministère, digne de ce nom, doit être rendu au Seigneur; d’autre part, il doit prendre une position d’humilité, de petitesse et d’infériorité à l’égard de la famille sacerdotale qui, nous le savons, comprend aujourd’hui tous les croyants, et ne doit pas être composée d’hommes qui domineraient sur des héritages considérés par eux comme leur appartenant (1 Pierre 5:3).