1 Chroniques

Chapitre 22

Préparation des matériaux du temple. Caractère de Salomon.

«Et David dit: C’est ici la maison de l’Éternel Dieu, et c’est ici l’autel pour l’holocauste d’Israël» (v. 1). L’autel bâti et les sacrifices offerts suffisent à David pour proclamer l’établissement du temple. Sans doute la maison de l’Éternel n’était pas encore construite, mais elle se trouvait, de fait, là où était l’autel — le sacrifice — et le trône (ou l’arche), la présence réelle de Dieu au milieu de son peuple. Plus tard, dans le livre d’Esdras, l’arche ayant définitivement disparu, l’autel seul demeure, centre du rassemblement du peuple, puis le Résidu bâtit le temple autour de l’autel.

Ces exemples nous montrent à quoi nous pouvons reconnaître la maison de Dieu, soit que nous considérions le temps actuel comme assimilé aux jours de David qui précèdent la gloire de Salomon, soit que nous voyions les jours que nous traversons comme des jours de ruine semblables à ceux d’Esdras, ce qu’ils sont en réalité.

Ayant proclamé l’existence de la maison de Dieu, David s’occupe de sa manifestation future (v. 2). Les étrangers habitant le pays d’Israël sont rassemblés et destinés par le roi à concourir à l’érection du temple futur. Au nombre de 153600 comme nous l’apprenons en 2 Chron. 2:2, 17, 18, ils sont employés soit comme portefaix, soit comme tailleurs de pierre. Ces derniers seuls sont mentionnés ici. Leur ouvrage porte un cachet de servilité, différant cependant de celui des Gabaonites (Jos. 9:21), car nous savons combien précieuses étaient les pierres du temple (1 Rois 5:17). Nous voyons en outre, au v. 4, qu’en dehors du pays d’Israël, les nations furent appelées à concourir à ce grand œuvre et s’y employèrent avec zèle et une entière bonne volonté. Il en sera ainsi lors de l’érection du temple millénaire (És. 60:10, 13; Zach. 6:15).

«David prépara en abondance et le fer et l’airain et le bois de cèdre». Au chap. 18 de notre livre, comme en 2 Sam. 8:nous apprenons que l’airain, l’argent et l’or provenaient, soit du butin de guerre, dont David ne gardait rien pour lui, soit des dons volontaires offerts par les nations qui recherchaient la protection du roi d’Israël. Le bois de cèdre venait du Liban et était apporté par les gens de Tyr et de Sidon. Mais des objets moins précieux entraient dans la confection du temple, car il fallait du fer «pour les clous pour les battants des portes et pour les assemblages» (v. 3). Le fer n’était pas seulement utile, mais indispensable, malgré son peu de valeur relative. Il était un des produits du pays de Canaan, «un pays dont les pierres sont du fer» (Deut. 8:9); et pouvait seul servir à rejoindre les diverses pièces en bois de l’édifice. Sans lui, les portes du temple ne pouvaient être ouvertes ni fermées, ni les cloisons maintenues. C’est ainsi que les plus communs matériaux du pays céleste sont indispensables à Celui qui a déterminé l’ordre de sa maison et qui possède seul le secret de sa construction. De même nous, nous ne pouvons trouver méprisables les matériaux qui entrent dans la composition de l’édifice, s’ils ont de la valeur aux yeux du souverain architecte de la maison.

Au v. 5, David, pensant à la jeunesse de Salomon, lui prépara tout ce qu’il fallait, car il n’était pas encore assez fort pour bâtir «cette maison très grande en renom et en beauté dans tous les pays». De même, quand le vrai Salomon prendra en mains les rênes du gouvernement, il trouvera tout ce qui constituera la gloire de son royaume déjà préparé par le vrai David, par Celui qui souffrit et fut rejeté de son peuple. C’est David qui commande à Salomon (v. 6) de bâtir une maison à l’Éternel, mais il a reçu lui-même ce commandement de Dieu, car l’Éternel lui avait dit: «Lui, bâtira une maison à mon nom». Ainsi Dieu, dans ses conseils, a décrété de tout soumettre à Christ, pour «l’administration de la plénitude des temps», mais c’est en vertu de ses souffrances et de sa réjection que le Seigneur a droit au royaume. Salomon n’était pas appelé à l’établir, car le royaume n’était encore qu’en germe dans sa personne. Salomon était «encore jeune et délicat», mais David avait, par ses souffrances et ses victoires, préparé tout ce qu’il fallait pour le repos de Dieu et le règne de justice et de paix prêt à être inauguré.

Quand il s’agit, en type, du règne millénaire de Christ, il est impossible de séparer ses souffrances et sa réjection de ses gloires. C’est pourquoi il est dit en 1 Pierre 1:11 que les prophètes «rendaient par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient». Il en est de même ici, et nous insistons particulièrement sur ce petit mot au v. 14: «Voici, dans mon affliction, j’ai préparé... et tu y ajouteras».

Cela est d’autant plus frappant que les Chroniques ne nous entretiennent en aucune manière des afflictions de David. Sauf dans ce passage, elles ne les mentionnent pas une seule fois. Nous avons vu précédemment la cause de cette omission. Partout David nous est montré dans les Chroniques comme prenant possession du royaume selon les conseils de Dieu et établissant ce royaume par ses victoires sur les nations. Ce dernier trait, comme nous l’avons déjà vu, nous est présenté dans ce livre, d’une manière accessoire, l’Esprit y réunissant en un seul récit toutes les victoires du Roi remportées en divers temps pour inaugurer le règne futur de son fils Salomon, le roi de paix. La victoire guerrière et la paix, présentées en type dans ces deux hommes distincts, un seul homme, Christ, les accomplira dans sa personne. La distinction que nous venons d’établir nous la trouvons exprimée ici par la bouche de David: «La parole de l’Éternel vint à moi, disant: Tu as versé beaucoup de sang, et tu as fait de grandes guerres; tu ne bâtiras point une maison à mon nom, car tu as versé beaucoup de sang sur la terre devant moi. Voici, un fils te naîtra; lui, sera un homme de paix; et je lui donnerai du repos de tous ses ennemis tout à l’entour; car son nom sera Salomon (pacifique). Et en ses jours je donnerai paix et tranquillité à Israël. Lui, bâtira une maison à mon nom; et il me sera pour fils, et moi je lui serai pour père, et j’affermirai le trône de son royaume sur Israël pour toujours» (v. 8-10). Cependant, quoique les Chroniques passent sous silence l’affliction de David, il était impossible de ne pas la mentionner par ces mots: «Mon affliction». Sans elle il ne pourrait y avoir de repos pour le trône de Dieu dans son temple et au milieu de son peuple. C’est dans son affliction que David a préparé tous les matériaux de la maison de Dieu. Aussi, quand il s’agit au Ps. 132 de trouver «un lieu pour l’Éternel, des demeures pour le Puissant de Jacob», demeures dont le retour de l’arche à Sion n’était que le prélude, — le Psalmiste s’écrie: «Éternel, souviens-toi de David, et de toutes ses afflictions» (v. 1). Le temple, et le trône terrestre, devant le marchepied duquel les saints se prosterneront, ont pour fondement «les afflictions de David». Il en est de même en Apoc. 5 pour le trône céleste. Il a pour centre l’Agneau immolé qui est la racine de David. Ainsi la partie terrestre et la partie céleste du royaume sont édifiées sur les souffrances de Christ.

David avait tout préparé, dans son affliction, pour la maison de l’Éternel, et Salomon, le Roi de paix, devait y ajouter encore (v. 14). Il en sera de même pendant le règne de Christ; il ajoutera toutes ses gloires à son temple sur la terre, ainsi qu’à la nouvelle Jérusalem dans le ciel, acquise au prix de ses souffrances sur la croix.

Il fallait, pour organiser tout ce qui avait trait au règne de Salomon, que l’Éternel lui donnât «de la sagesse et de l’intelligence» (v. 12), et c’est en effet la seule chose que nous lui voyons demander lui-même à Dieu en 2 Chron. 1:10. Il devait prospérer en accomplissant, comme Roi de gloire, toute la parole de Dieu, selon ce qui est dit ici: «Que l’Éternel t’établisse sur Israël, et pour garder la loi de l’Éternel, ton Dieu. Alors tu prospéreras, si tu prends garde à pratiquer les statuts et les ordonnances que l’Éternel commanda à Moïse pour Israël» (v. 12, 13). Hélas! Salomon, comme le roi responsable dont le premier livre des Rois nous donne l’histoire, manqua entièrement en tout ce que Dieu lui avait confié, tandis que Christ, après avoir parfaitement répondu aux pensées de Dieu, pourra remettre intact, entre les mains de son Père, le royaume dont il lui aura confié l’administration (1 Cor. 15:24).

Il fallait encore une chose à Salomon: «Fortifie-toi, et sois ferme; ne crains point, et ne t’effraye point» (v. 13). «Lève-toi et agis, et l’Éternel sera avec toi» (v. 16). La force, la fermeté et l’activité qu’il ne pouvait trouver qu’en lui-même lui étaient nécessaires. C’est ce qui caractérisera le Seigneur dans son royaume. Non seulement il sera fermement établi, en vertu des conseils de Dieu, mais il trouvera, dans ses propres perfections, les ressources de son gouvernement. Rien ne manquera à son caractère pour la prospérité du royaume, placé par son Dieu entre ses mains.

Quelle bénédiction ce règne n’apportera-t-il pas à Israël! «David commanda à tous les chefs d’Israël d’aider à Salomon, son fils». Eux aussi devaient «appliquer leurs cœurs et leurs âmes à rechercher l’Éternel, leur Dieu». Eux aussi devaient «se lever et bâtir le sanctuaire de l’Éternel Dieu» (v. 17-19). De même le Seigneur nous associe à son royaume et à l’administration de sa maison. Il aura des disciples, acquis pendant sa réjection, assis sur 12 trônes et jugeant toutes les tribus d’Israël. La nouvelle Jérusalem aura douze fondements, sur lesquels seront écrits les noms des 12 apôtres de l’Agneau. Ils participeront au caractère de Celui qui s’est fortifié et s’est levé pour agir. Ils auront part à son œuvre (v. 19); non pas cependant à la sagesse qui a tout préparé d’avance pour obtenir ce résultat glorieux. Cette sagesse est uniquement le partage du vrai David qui a accumulé les matériaux, du vrai Salomon qui a tout ordonné et mis en œuvre pour l’établissement de ce royaume éternel!