1 Chroniques

Chapitre 16:7-43

Le cantique du début de la royauté.

Le Psaume de David, contenu dans ces versets, correspond à la pensée dirigeante des Chroniques, et diffère entièrement du cantique mentionné en 2 Sam. 22 et qui n’est autre que le Psaume 18. Ce dernier se place tout à la fin de l’histoire de David, quand «il est délivré de la main de tous ses ennemis et de la main de Saül»: il célèbre les délivrances de l’Éternel à l’égard de celui qui se confie en lui (v. 3), délivrances qui ont commencé avec la sortie d’Israël hors d’Égypte (v. 8-16). Puis il expose les principes du gouvernement de Dieu envers les siens: «Avec celui qui use de grâce, tu uses de grâce; avec l’homme parfait, tu te montres parfait; avec celui qui est pur, tu te montres pur; et avec le pervers, tu es roide» (v. 27-28); puis ces mêmes principes envers leurs ennemis (v. 29). Cela n’exclut nullement la grâce envers ses bien-aimés, car tout ce qu’il y a de bon dans leurs voies dépend de leur confiance en Lui (v. 32). Enfin, tous les ennemis ayant été vaincus, l’oint de l’Éternel est établi comme chef des nations et les peuples lui sont assujettis (v. 45, 49). Tel est en quelques mots ce magnifique Ps. 18 que nous trouvons en 2 Sam. 22 comme le dernier hymne prophétique de David. Il n’est suivi au chap. 23 que des dernières paroles du roi, quand il s’humilie de sa conduite, reconnaît le juste gouvernement de Dieu envers lui, mais célèbre sa grâce aussi immuable que ses promesses et proclame la venue du juste Dominateur que lui, David, s’était montré inhabile à représenter ici-bas.

Tout autre est le cantique de 1 Chron. 16. Il est l’hymne du commencement de la royauté, proclamée par l’établissement de l’arche en Sion, arche entrée enfin dans son repos, comme le trône de Dieu au milieu de son peuple. En effet, ce cantique se lie intimement au retour de l’arche. «Alors, en ce jour», est-il dit, «David remit ce Psaume entre les mains d’Asaph et de ses frères».

Ce Psaume est appelé «le premier», pour célébrer l’Éternel. Le sujet n’est pas, comme en Samuel, la victoire sur les méchants, la responsabilité des saints et le gouvernement de Dieu à leur égard, mais la fidélité de Dieu à ses promesses, accomplies enfin par le retour de l’arche en Sion, quand Israël avait perdu tout droit à la conserver au milieu de lui.

 

Mais, avant de continuer l’examen de notre chapitre, je voudrais faire une digression en rapport avec son contenu et celui du livre tout entier que nous étudions.

Il est de toute importance de remarquer que les voies de Dieu en gouvernement, et ses conseils de grâce sont deux choses entièrement distinctes.

Les conseils de Dieu et la manière dont ils devaient s’accomplir à notre égard existaient de toute éternité; ils ont trouvé leur réalisation en Christ, l’homme parfait que Dieu a élevé à sa droite, nous donnant les mêmes bénédictions et la même gloire qu’à Lui. En ce qui nous concerne, ces conseils de Dieu sont réalisés par pure grâce. Cette grâce est invariable, inaltérable, assurée pour toujours à ceux qu’elle a sauvés par la foi en Christ.

Le gouvernement de Dieu est en contraste avec ses conseils. Ce gouvernement se lie à la responsabilité de l’homme et a existé dès le commencement de son histoire. Il s’est manifesté d’abord en Éden où l’homme, innocent mais responsable, ayant désobéi, a été chassé du jardin et assujetti à la mort. Dès ce moment-là le gouvernement de Dieu continue à s’exercer envers l’homme, responsable de se conduire dans ce monde d’une manière conforme à la justice, à la sainteté et à la bonté de son Créateur qui récompense les bons et punit les méchants. Sans doute, il fait luire, d’autre part, son soleil sur les justes et sur les injustes, parce qu’il est un Dieu de bonté qui, au lieu de vouloir la mort du pécheur, le pousse à la repentance par son support et sa longue patience. Il n’en est pas moins vrai que les méchantes actions des hommes portent leurs conséquences, la plupart du temps pour eux-mêmes dès ici-bas, et souvent pour leurs enfants, jusqu’à la troisième et quatrième génération. Mais, au cas où ils ne seraient pas jugés dans ce monde, le dernier mot du gouvernement de Dieu à leur égard sera prononcé dans le jugement final.

Quant aux élus, il faut bien se souvenir qu’en vertu de la chute et du péché, dès lors inhérent à leur nature, aucun d’eux, pas même un seul, n’est juste. Mais Dieu, par la foi et par l’Esprit qui en est le sceau, leur communique une nouvelle nature, un cœur capable de l’aimer, de l’honorer, de le servir. Ils sont les objets de la grâce et deviennent, par la foi en Christ, les objets de la faveur de Dieu. Ce fait immense répond aux conseils de Dieu qui, de toute éternité, voulait trouver, par Christ, son bon plaisir dans les hommes. Pour obtenir ce résultat il fallait vaincre Satan qui a engendré et provoqué le péché, abolir le péché lui-même, annuler toutes ses conséquences. C’est le résultat de l’œuvre de Christ à la croix.

Mais la nouvelle nature qu’il possède ne détruit en aucune façon la responsabilité du nouvel homme. Il doit conserver la position de relation avec Dieu et avec Christ, dans laquelle la grâce l’a placé. Ayant encore la chair, le vieil homme en lui, il est responsable de se conduire devant Dieu, selon la nouvelle nature et non selon l’ancienne. La puissance de la nouvelle vie, le Saint Esprit, l’en rend capable. Telle est la raison du gouvernement de Dieu envers les élus, ses enfants. S’ils font le bien, ils sont les objets de la faveur de Dieu ici-bas, s’ils font le mal, de son jugement, et ce jugement est d’autant plus prompt et direct, qu’ils font partie du peuple racheté: «Le jugement commence par Sa maison». Quant aux élus individuellement, il est impossible que ce jugement, qui ne peut les atteindre que sur la terre, ait un autre but que leur restauration finale; quant à l’Église, corps de Christ, elle n’est jamais jugée; mais l’Église, maison de Dieu, peut être jugée définitivement, et le Seigneur viendra sur elle comme un voleur.

Il n’y a qu’un cas où le jugement soit définitif et sans miséricorde, celui où le monde, l’homme pécheur, religieux ou non, est réfractaire à tous les appels de la grâce.

Outre les voies de Dieu envers les rachetés, envers sa maison et envers les hommes, il y a un gouvernement plus général. Dieu est attentif à tout ce qui concorde avec les préceptes de sa justice et de sa sainteté. L’homme qui honore son père et sa mère, ou bien le jeune homme de l’Évangile, aimable sans être converti, prospèrent sur la terre. L’homme intègre de cœur et qui ne fait pas tort à son prochain, en retire des avantages terrestres, car le gouvernement de Dieu s’exerce sur la terre quoique son siège soit dans le ciel. Dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre il n’y aura plus de trône, ni par conséquent de gouvernement. C’est ce gouvernement, soit envers les saints, soit à l’égard des bons et des méchants, dont les livres de Samuel et des Rois nous entretiennent; tandis que les Chroniques nous parlent des conseils et de l’élection de grâce. Seulement elles établissent en premier lieu, soit dans le cas de la descendance naturelle, soit dans l’exemple de Saül, que la chair ne peut avoir part à ces conseils. De là vient, comme nous l’avons remarqué, que les fautes des élus y sont entièrement passées sous silence, sauf quand elles sont nécessaires pour montrer que Dieu peut même s’en servir pour accomplir ses conseils de grâce. Il en fut ainsi des événements qui marquèrent le retour de l’arche.

 

Revenons maintenant à l’examen de notre chapitre. Le Cantique qui y est rapporté (v. 8 à 36) est composé des fragments de trois Psaumes. Aux v. 8 à 22 correspond le Ps. 105:1-15; aux v. 23 à 33 le Ps. 96:1-12; enfin, aux v. 34 à 36, le Ps. 106:1, 47, 48.

1° Les 15 premiers versets du Ps. 105 sont un appel à célébrer l’Éternel à cause de son alliance «faite avec Abraham, jurée à Isaac, établie pour Jacob comme statut, pour Israël comme alliance perpétuelle, disant: Je te donnerai le pays de Canaan, le lot de votre héritage» (v. 16-18). C’est la pure alliance de grâce, la fidélité de Dieu à ses promesses, en contraste avec l’alliance de Sinaï, basée sur la responsabilité du peuple. Le passage cité se termine par ces mots: «Il ne permit à personne de les opprimer, et il reprit des rois à cause d’eux, disant: Ne touchez pas à mes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes» (v. 21, 22). Nous ne trouvons pas un mot de l’oppression d’Israël par les nations, à la suite de sa désobéissance. Tout est libre grâce dans ce passage. Cela est d’autant plus frappant que la deuxième partie du Psaume 105, omise ici, ne pourrait pas cadrer avec le but que nous venons de signaler. En effet, aux v. 16 à 22 de ce Psaume nous voyons Joseph rejeté par ses frères et vendu comme esclave, puis établi dominateur des nations, ce qui nous ramène à l’histoire de la responsabilité d’Israël. Aux v. 23 à 45 nous trouvons la délivrance d’Égypte, la marche à travers le désert sous la conduite de Moïse et d’Aaron, enfin l’entrée du peuple en Canaan, «afin qu’ils gardassent ses statuts et qu’ils observassent ses lois»; et nous savons à quoi aboutit ce régime de la loi.

Cette première partie laisse donc entièrement de côté l’histoire du peuple responsable, pour faire ressortir la grâce et les promesses bien avant la loi.

2° Les v. 1 à 12 du Ps. 96 contiennent l’appel fait à Israël, de célébrer l’Éternel parmi les nations, et les nations elles-mêmes sont appelées à lui rendre la gloire et la force, disant partout: l’Éternel règne.

Cette section est remarquable par les omissions de détails qui cadrent avec le règne de Christ, mais ne cadreraient pas avec le règne de David. Ainsi notre v. 23 omet le «Cantique nouveau» du Ps. 96:1 qui est toujours en rapport dans la Parole avec une scène nouvelle soit sur la terre, soit dans les cieux. Or cette condition ne sera remplie que sous le règne de Christ. Notre v. 27 dit: «La force et la joie sont dans le lieu où il habite» et le Psaume au v. 6: «La force et la beauté sont dans son sanctuaire». Ce n’était pas encore la beauté du règne de Christ, quoique ce fût la joie du règne de David à son début, et le sanctuaire n’avait pas encore été bâti pour l’arche. De même notre chapitre dit au v. 29: «Entrez devant Lui» au lieu de: «Entrez dans ses parvis» (v. 8 du Psaume), et cela toujours en rapport avec l’état transitoire du règne de David. Enfin les mots du v. 33 «Car il vient pour juger la terre» remplacent les paroles du Psaume (v. 13): «Car il vient, car il vient pour juger la terre: il jugera le monde avec justice et les peuples selon sa fidélité». Une telle plénitude de gouvernement ne pouvait correspondre au règne de David,

3° La troisième section de notre chapitre (v. 34-36) est une citation des v. 1, 47 et 48 du Ps. 106. Le premier verset: «Célébrez l’Éternel, car il est bon, car sa bonté demeure à toujours!» est bien approprié au caractère des Chroniques et au moment où David donnait son «premier» Psaume. Ce Cantique sera chanté dans le millénium, mais il pouvait l’être à l’aube du règne de David et du règne de Salomon (2 Chron. 5:13), au moment où Dieu réalisait en type ses conseils de grâce envers la royauté. Notre passage ne traite que de l’établissement de l’arche en Sion, et omet absolument tout le reste du Psaume, car ce dernier contient l’histoire de la responsabilité et de l’entière chute du peuple, dans toutes les circonstances qu’il a traversées, soit en Égypte, soit dans le désert, soit en Canaan. Cette énumération aurait été en désaccord avec le but de notre livre.

Enfin nos v. 35 et 36, correspondant aux deux derniers versets du Ps. 106 (v. 47, 48) regardent en avant vers l’accomplissement définitif de toutes les bénédictions énumérées dans notre chapitre et qui ne seront pleinement réalisées que par la délivrance d’Israël d’entre les nations, temps futur où retentira cette louange: Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, de l’éternité jusqu’en éternité!» Le peuple de David se joint par anticipation à cette louange. «Et tout le peuple dit: Amen! et loua l’Éternel» (v. 36).

Après ce Cantique nous trouvons aux v. 37 à 43 l’ordre provisoire du Culte avant l’établissement définitif de l’arche dans le temple de Salomon. Désormais l’arche de l’alliance était placée en Sion, et c’est, comme nous l’avons vu, le point capital du premier livre des Chroniques, en rapport avec la royauté. L’arche était placée «sous des tapis», dans une tente dressée pour elle par David. Le tabernacle du désert, avec l’autel d’airain et les autres ustensiles du sanctuaire, était à Gabaon. C’était là qu’on offrait l’holocauste du matin et du soir. David établit ici le personnel qui devait remplir ces deux offices: à Gabaon, l’offrande des sacrifices; à Jérusalem, la louange en présence de l’arche. C’est là aussi que devait retentir ce chant, dont la durée est celle de l’Éternel lui-même: «Célébrez l’Éternel, parce que sa bonté demeure à toujours» (v. 41). Parmi ceux qui font le service devant l’arche, Obed-Édom occupe le premier rang, au milieu de tant de lévites, choisis par David. Il est le témoin et l’objet des bénédictions que l’arche apportait avec elle, le témoin spécial des conseils de la grâce.

Tout ce passage qui a trait au service de l’arche est omis dans le second livre de Samuel.