1 Chroniques

Chapitre 12

La royauté reconnue.

Avant de reconnaître David à Hébron (v. 23-27), quelques-unes des tribus, et, chose triste à dire, c’était le petit nombre, s’étaient jointes partiellement à lui, alors qu’il était encore le roi rejeté. Les fautes qu’il a commises dans cette période de son histoire, le manque de foi qui l’avait poussé à s’enfuir vers Akish, les conséquences qui en étaient résultées pour lui, lors de la bataille des Philistins et de son séjour à Tsiklag (voyez 1 Sam. 29:30), ne sont point mentionnées dans les Chroniques. Selon le principe de ce livre, la grâce divine couvre une multitude de péchés; tandis qu’au deuxième livre de Samuel et dans les Psaumes nous voyons David revenir de sa mauvaise voie et confesser ses fautes.

Mais ce que nous trouvons dans ce chapitre, c’est (v. 1-22) la foi de plusieurs, fruit précieux de la grâce. Cette foi se soumet à l’oint de l’Éternel, au roi des conseils de Dieu et le reconnaît, alors que l’œil de la chair ne pouvait le distinguer dans sa basse condition. Il en est de même aujourd’hui pour les croyants. Notre David n’a pas encore reçu un royaume visible, mais ceux qui le reconnaissent quand il est encore le roi rejeté, occupent une place spéciale dans les registres divins et sont «plus honorés que leurs frères». C’est ainsi que des hommes de Benjamin et de Manassé se joignent à David à Tsiklag (v. 1, 19), des hommes de Gad, de Juda et de Benjamin, dans le lieu fort au désert (v. 8, 16), avant que toutes les tribus accourent vers lui à Hébron.

Dans tous ces cas, que ce soit à Tsiklag, dans le lieu fort, à Hébron, Benjamin tient la première place (v. 2, 16, 29) et ne manque pas une occasion de reconnaître son roi. C’était un acte de foi d’autant plus remarquable, que Benjamin et surtout «les frères de Saül» avaient, selon la nature, toute raison d’hésiter et de ne prendre une décision qu’après les autres. Mais leur foi sait vaincre les obstacles, car elle est associée à la «vertu» (2 Pierre 1:5) et ne peut s’en séparer dès qu’elle est appelée à l’action.

Cette petite tribu de Benjamin, jadis presque anéantie à la suite de son péché (Juges 20-21), occupe maintenant une place distinguée dans le témoignage. Dieu signale avec complaisance, à leur sujet (v. 1-7), le fait qu’ils étaient «d’entre les frères de Saül». Il y eut chez eux l’ardente foi de la première heure, précédant l’aurore du règne. Comment ne pas retracer cette foi, à laquelle la présence personnelle de David suffisait seule, au moment même où, selon le jugement de l’homme, tout semblait à jamais perdu pour l’oint de l’Éternel. Repoussé par Saül, rejeté par les Philistins, il ne possédait que Tsiklag et ce lieu lui-même tombait au pouvoir d’Amalek! (1 Sam. 30).

Quel appoint ces hommes auraient fourni aux Philistins, ennemis du peuple de Dieu! Mais, d’autre part, quel appoint ils auraient fourni à Saül, ces hommes «armés d’arcs, se servant de la main droite et de la main gauche pour lancer des pierres, et pour tirer des flèches avec l’arc!» (v. 2). Le manque d’archers que Saül aurait pu opposer aux Philistins fut la cause immédiate de sa ruine. Il est dit qu’il eut une très grande peur quand il s’aperçut qu’il ne pouvait pas se mesurer avec les archers des Philistins. Et cependant David n’employa point contre Saül ce secours inespéré. Il laissa Dieu lui-même diriger les circonstances et prononcer le jugement en sa faveur et ne voulut en aucune manière combattre contre son peuple. Combien souvent de pareilles occasions s’offrent aux chrétiens, quand Satan réussit à les faire entrer en conflit les uns avec les autres. S’ils n’apprennent pas alors que «dans la tranquillité et le repos réside leur force», ils s’engagent nécessairement dans des difficultés nouvelles.

Les Gadites qui rejoignirent David dans le «lieu fort» étaient «des hommes forts et vaillants, hommes exercés pour la guerre, armés de boucliers et de piques; et leurs faces étaient comme des faces de lions, et ils étaient prompts comme les gazelles sur les montagnes» (v. 8). Ils pouvaient combattre l’ennemi corps à corps, vigoureux et rapide, comme il convient en pareil cas. Ces hommes de Gad, que nous avons vu plus haut si soucieux de leur généalogie, en tant qu’elle les rattachait au peuple de Dieu, sont tout portés à reconnaître le conducteur de ce peuple. Les obstacles pour le rejoindre, quoique d’une autre nature que ceux de Benjamin, ne les arrêtent point. Le Jourdain, au-delà duquel ils habitaient, leur offrait une barrière aussi infranchissable que lorsque le peuple arriva jadis en face de Jéricho. «Ils traversèrent le Jourdain au premier mois, quand il regorge par-dessus tous ses bords» (v. 15). Il n’était plus besoin d’un miracle pour les faire passer; ils savaient que le Jourdain avait dû céder devant le peuple de Dieu, et forts d’une conviction acquise par la foi, ils surmontent l’obstacle pour se joindre à celui qui les attire comme un aimant souverain.

Aux v. 16 à 18, Benjamin reparaît pour la seconde fois, mais associé à Juda, pour se rendre vers David dans le «lieu fort». Il agit ici, non plus seulement par la simple foi, mais dans la puissance de l’Esprit de Dieu. «L’Esprit revêtit Amasçaï, chef des principaux capitaines: Nous sommes à toi, David, et avec toi, fils d’Isaï! Paix, paix à toi, et paix à ceux qui t’aident, car ton Dieu t’aide!» (v. 18). L’amour et l’admiration pour la personne de David, animent ces hommes. Son mérite personnel et la certitude que Dieu est avec lui, leur suffisent. En vertu de ce dévouement ils reçoivent du roi une place privilégiée: «David les reçut, et les établit chefs de bandes».

Manassé (v. 19-22) ne montre ni la foi de Benjamin, ni l’énergie de Gad, ni la puissance de l’Esprit comme Juda et Benjamin. Ces hommes arrivent à Tsiklag à la dernière heure, avant la bataille; tous sont forts et vaillants; ils partagent avec David l’honneur, qui n’est pas petit, d’être rejetés par les Philistins.

Hâtons-nous donc, comme eux, de nous rallier à Christ, tandis que le jour de sa réjection dure encore; hâtons-nous de le reconnaître avant que tous soient obligés de se soumettre à Lui, lors de sa manifestation dans son royaume. Son cœur trouve une satisfaction particulière à notre soumission volontaire, dans les jours où il est méconnu du monde et il aime à déclarer que ceux qui s’attachent à Lui seront son trésor particulier au jour de son règne!

Nous avons vu que chaque fraction du peuple mettait au service de David les dons divers que Dieu lui avait départis. C’est ainsi que doit se composer encore aujourd’hui la troupe de ceux qui combattent pour le Seigneur. Il n’y a pas, comme on cherche à le faire croire, une «armée du salut», destinée à répandre l’Évangile dans le monde, quoique le don de l’évangéliste soit, en lui-même, un don de toute première importance. L’armée chrétienne est destinée à combattre les puissances spirituelles pour revendiquer les droits du Seigneur et non, comme l’évangéliste, pour faire triompher sa grâce, en la faisant pénétrer dans les consciences. La petite armée qui se groupe autour de David, le fait pour «lui donner du secours dans la guerre» (v. 1), pour introduire, par le combat, l’établissement de son royaume. Or le royaume de Christ n’est pas l’Évangile. Sous ce rapport les gens de Benjamin avaient une grande foi, ils attendaient de David des actions d’éclat et un règne glorieux dans un temps où l’oint de l’Éternel ne comptait, en apparence, pour rien aux yeux des hommes.

Suivons maintenant (v. 23-40) David à Hébron, où il est reconnu, non plus de quelques-uns, mais de toutes les tribus.

Le nombre des hommes de chaque tribu est noté. Chacune vient, avec des qualités spéciales, prendre place dans l’armée du roi.

Ceci rappelle ce qui est dit du corps de Christ en Rom. 12. Tous «n’ont pas la même fonction»; tous ont «des dons de grâce différents»; ils doivent les employer selon la grâce diversifiée de Dieu et «selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun». C’est ainsi que l’armée de l’Éternel peut concourir à un but commun, chacun exerçant la fonction qui lui est confiée. Juda a le bouclier et la pique, Siméon est fort et vaillant pour l’armée, Lévi, comme nous l’avons vu (9:13), pour le service, car, tout en prenant place dans l’armée (v. 27, 28) il n’est pas appelé au combat. Benjamin, libéré du service de Saül, de la maison duquel il avait la garde (v. 29), a quitté en masse ce poste honorifique, l’estimant comme nul, pour occuper auprès de David le vrai poste d’honneur.

La foi seule avait dirigé les premiers Benjaminites. L’exemple qu’ils avaient donné est suivi par le reste de la tribu. Cette remarque n’est pas sans importance, car il n’est pas du fait de tous de déployer, par l’Esprit, la même énergie de foi. C’est pourquoi Paul pouvait dire: «Marchez selon le modèle que vous avez en nous» et aux Hébreux: «Imitez leur foi».

Ceux de Manassé avaient été «nommés par nom» par leurs frères «pour aller établir David roi». Il y avait une entière communion entre eux tous. Participant par leur sympathie à l’envoi de leurs frères, ils reconnaissaient ceux d’entre eux qui étaient les plus capables d’exercer leur mandat.

Les fils d’Issacar «savaient discerner les temps pour savoir ce que devait faire Israël» (v. 32), et cette faculté était d’un précieux secours pour le peuple de Dieu. Combien de fois n’avons-nous pas fait l’épreuve que cette sagesse nous manquait pour traverser les difficultés, vu les temps fâcheux? On peut trouver chez les chrétiens de l’amour fraternel, comme dans la demi-tribu de Manassé, de la puissance comme chez les hommes forts et vaillants des autres tribus, mais l’esprit de «conseil» (2 Tim. 1:7) manque souvent et l’on aborde à l’improviste les situations difficiles sans le discernement nécessaire. En outre, les temps diffèrent et l’on ne peut agir, dans une occasion, de la même manière que dans une autre. Ici, le temps était venu de s’unir pour une action commune. Toute autre action, quelque plausible qu’elle pût être, aurait entraîné de fatales conséquences. Il fallait tout mettre de côté, même des considérations légitimes, pour se réunir autour de David. Il ne s’agissait pas, comme l’avait fait Joab, de guerroyer interminablement contre les restes de la maison de Saül; le moment était venu de n’avoir que David pour chef et pour centre. On pouvait invoquer la légitimité respectable du fils de Kis et de ses successeurs, peut-être la nécessité de se tenir coi et d’attendre les événements; aucune considération pareille ne pouvait avoir de valeur. Il s’agissait de David: le moment était venu; un seul étendard avait droit de flotter à tous les yeux. Les fils d’Issacar savaient discerner les temps: en donnant leur avis, eux seuls agissaient selon la vraie intention de Dieu, la formation en un des tribus dispersées, dont le fils d’Isaï devenait le centre.

N’étaient-ils pas de vrais fils d’Issacar, ces chrétiens de Rome, auxquels s’adressait l’apôtre Paul? «Et encore ceci» leur disait-il, «connaissant le temps, que c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru; la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché» (Rom. 13:11, 12). Le jour du triomphe de notre David est proche; la nuit est déjà près de céder la place à la lumière; réveillons-nous! C’est le moment où l’étoile du matin va se lever, cet astre qui déjà luit dans nos cœurs. Écoutons les fils d’Issacar. Si nous n’avons pas leur discernement, songeons que Dieu a préparé pour nous la sagesse et les conseils de nos frères, la connaissance de ce que doit faire Israël, de ce qui convient aujourd’hui au peuple de Dieu! «Leurs frères étaient à leur commandement». Puissions-nous être comme eux et écouter ceux que le Seigneur a qualifiés pour le conseil.

Les fils de Zabulon étaient «préparés» pour les éventualités de la lutte. Quand le combat se présentait il ne les surprenait pas à l’improviste. Ils avaient «toutes leurs armes de guerre». Bien plus, ils se soutenaient l’un l’autre, gardant leur rang; aucun d’eux n’agissant d’une manière indépendante, ils réalisaient que l’union faisait leur force. Et de plus, «ils n’avaient pas un cœur double», des affections partagées. N’est-ce pas une cause fréquente de défaite qu’un cœur ballotté entre le monde et Christ, entre nos intérêts, nos avantages temporels et le seul service du fils de David?

Nephthali est un peu semblable à Juda; il a la lance, ou plutôt l’épée avec le bouclier, pareil en cela aux hommes qui bâtissaient la muraille sous Néhémie.

Dan était plutôt «préparé pour la guerre» que pour le combat, comme Zabulon. Cela suppose que ces hommes étaient prêts à accourir au premier appel, la guerre une fois déclarée.

Aser connaissait la stratégie. Il savait «se mettre en ordre de bataille pour le combat».

Les tribus d’au-delà du Jourdain vinrent, comme nous l’avons dit, en dernier lieu, mais leur éloignement même leur était un avantage. Elles avaient «toutes les armes de guerre pour combattre». Si la distance leur créait des difficultés quand il s’agissait de remplacer leurs armes, elle les rendait prévoyants.

Ce qui caractérise les tribus, dans cette période bénie de leur histoire, c’est que toutes (v. 38) vinrent à Hébron «d’un cœur droit», sans fraude, avec un seul but, et que tous ceux d’Israël que les circonstances contraignaient à rester en arrière n’avaient «qu’un seul cœur pour établir David roi».

Bel élan! Heureux réveil! Le fait de n’avoir qu’une seule personne, l’oint de l’Éternel, devant les yeux, suffit pour produire ce miracle. C’est ainsi que toutes les divisions peuvent être évitées parmi le peuple de Dieu. La sauvegarde souveraine contre la désunion est d’avoir Christ devant les yeux de la foi.

L’Esprit de Dieu se complaît ici à nous montrer les effets de la grâce dans les cœurs. Tandis que 2 Sam. 5:1-3 traite ce sujet en trois courts versets, Dieu prend plaisir à le développer devant nos yeux dans toute son ampleur.

Il y a plus encore: l’amour fraternel trouve une riche occasion à s’exercer. «Ils furent là avec David trois jours, mangeant et buvant; car leurs frères leur avaient tout préparé. Et même ceux qui étaient le plus rapprochés d’eux, jusqu’à Issacar et à Zabulon et à Nephthali, apportaient des vivres sur des ânes, et sur des chameaux, et sur des mulets, et sur des bœufs, des aliments de farine, des gâteaux de figues sèches, et des gâteaux de raisins secs, et du vin, et de l’huile, et du gros et du menu bétail en abondance; car il y avait de la joie en Israël» (v. 39, 40). Rien ne leur coûtait, quand il s’agissait du bien-être de leurs frères et en même temps ils montraient ainsi leur attachement à David. Ils ajoutaient réellement à l’affection fraternelle l’amour (2 Pierre 1:7). Cet accord était entretenu par la joie, vrai ressort de tout dévouement. «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur», disait Paul aux Philippiens, car il savait que, pour remédier au désaccord qui les menaçait, la joie devait être l’agent principal dans leurs cœurs.