1 Chroniques

Chapitre 7

Issacar, Benjamin, Nephthali, Éphraïm, Aser — Les filles de Tselophkhad

Le chap. 7 clôt la généalogie des tribus. Ce sont d’abord les fils d’Issacar. Ils avaient «beaucoup de femmes et de fils» (v. 4). C’est avec Issacar que commence l’énumération du nombre des hommes de guerre. Dans cette tribu, ce nombre alla en augmentant depuis l’établissement de la royauté. Au temps de David il comportait d’abord 22600, puis 36000; enfin, à cause du grand nombre de leurs femmes, 87000 hommes (v. 5). Un second trait qui caractérise avantageusement cette tribu, c’est qu’elle avait soin de ses généalogies, car il nous est dit que tous les hommes y furent enregistrés (v. 5). Enfin un troisième trait n’est mentionné que pour Issacar, Benjamin et Aser: C’étaient tous des «hommes forts et vaillants», propres à la guerre.

La tribu de Benjamin avait les mêmes caractères que celle d’Issacar: Souci des généalogies, hommes forts et vaillants, mais ce dernier trait était prépondérant dans cette petite tribu, si intimement liée à la royauté de Juda et à Jérusalem. Trois fois, ils sont appelés de ce nom (v. 7, 9, 11). Cela nous fait penser au caractère de Christ, combattant et vainqueur, dont Benjamin est le type prophétique, si directement associé à la tribu royale de Juda, qu’il ne s’en sépare jamais. C’est comme antitype de Benjamin que le Christ monte de Botsra, ses vêtements teints de sang, pour établir son règne (És. 63:1-6). Benjamin est «formé au service pour la guerre» (v. 11). Nous allons le voir reparaître une seconde fois, en d’autres circonstances.

Nephthali, fils de Bilha, semble n’avoir eu aucun intérêt pour sa généalogie (v. 13). Sa descendance est à peine mentionnée, encore moins le nombre de ses hommes de guerre.

Manassé, c’est-à-dire la demi-tribu établie au-delà du Jourdain, vient ensuite. Ici, comme ailleurs dans ces généalogies, les femmes sont continuellement nommées, preuve de plus que ces généalogies ne furent reconstruites qu’après la captivité, au milieu des irrégularités qui caractérisaient la ruine d’Israël. Par la descendance féminine, des jalons pouvaient être posés pour retrouver une généalogie, alors qu’un état de choses régulier n’aurait pas exigé de pareilles mentions. Treize femmes sont nommées dans ces quelques versets (v. 14-19) en comptant les cinq filles de Tselophkhad.

Quelques mots sur ces dernières ne sont pas hors de propos. Elles sont rappelées cinq fois, au cours de l’histoire biblique (Nomb. 26:33; 27:1-11; 36:3-12; Josué 17:3-6; 1 Chron. 7:15), preuve de la place importante qu’elles occupent dans les pensées de Dieu. Aucun de leurs noms n’est oublié; elles s’appellent Makhla, Noa, Hogla, Milca et Thirtsa (Nombres 26:33). Au 27° chapitre des Nombres nous notons à leur sujet plusieurs particularités intéressantes. D’abord elles reconnaissent que leur condition anormale est le produit du péché de leur père. «Quoiqu’il ne fût pas dans l’assemblée de ceux qui s’ameutèrent contre l’Éternel, lors de la révolte de Coré», il était cependant «mort dans le désert» et «mort dans son péché», et ce fut la cause pour laquelle «il n’eut pas de fils» (v. 3). Cependant ses cinq filles ont à cœur de perpétuer le nom de leur père; en vraies filles d’Israël elles tiennent à leur généalogie et, par conséquent, à leur héritage. L’Éternel attend, pour régler leur position, qu’elles expriment ce besoin devant Lui (cf. 26:33 avec 27:2). Il leur répond, quand elles se tiennent «devant Moïse et devant Eléazar, le sacrificateur, et devant les princes et toute l’assemblée, à l’entrée de la tente d’assignation» (v. 2), et que «Moïse apporte leur cause devant l’Éternel» (v. 5). Dieu dit: «Les filles de Tselophkhad ont bien parlé». Partout où se trouve du zèle pour s’approprier les bénédictions et les promesses divines, soyez certains d’obtenir une réponse. Mais l’Éternel leur donne bien plus qu’elles ne demandaient. Il leur transmet l’héritage de leur père et ajoute à sa loi une clause en quatre articles, dont ces faibles femmes sont l’occasion, et qui devient «un statut de droit pour les fils d’Israël». «Et tu parleras», dit l’Éternel, «aux fils d’Israël, disant: 1° Quand un homme mourra sans avoir de fils, vous ferez passer son héritage à sa fille. 2° Et s’il n’a pas de fille vous donnerez son héritage à ses frères. 3° Et s’il n’a pas de frères vous donnerez son héritage aux frères de son père. 4° Et s’il n’a pas de frères de son père, vous donnerez son héritage à son parent qui, de sa famille, lui est le plus proche, et il le possédera» (v. 8-11). En dehors des règles établies par la loi, Dieu fait donc une révélation spéciale pour répondre au désir exprimé par quelques filles d’Israël. Ce désir avait son approbation, et il fallait qu’elles pussent entrer en possession de leur héritage.

Au chap. 27 des Nombres, les filles de Tselophkhad avaient présenté elles-mêmes leur supplique devant Dieu, mais au chap. 36 c’est Manassé, la tribu tout entière à laquelle elles appartiennent, qui, entraîné par le zèle de ces femmes, plaide pour elles devant Moïse et les princes. Le souverain sacrificateur qui pouvait intercéder en leur faveur devant la tente d’assignation ne se trouve pas ici; Manassé est devenu lui-même intercesseur en faveur des filles de son peuple. Il est aussi jaloux de voir son héritage rester dans son intégrité, sans être entamé, que les filles de Tselophkhad de le posséder. L’Éternel se plaît à reconnaître combien le désir de Manassé est légitime. Il déclare: «La tribu des fils de Joseph a dit juste» (v. 5), comme il avait reconnu au chap. 27 que les filles de Tselophkhad avaient bien parlé. Dieu donne alors une nouvelle révélation pour régler les mariages en rapport avec l’héritage, car Manassé tenait à ne pas se laisser enlever la moindre parcelle du patrimoine qu’il avait conquis. D’autres auraient pu s’en approprier une partie en invoquant les droits naturels du mariage, institution primitivement sanctionnée par Dieu, mais cette usurpation ne pouvait être selon les pensées de l’Éternel. Après avoir donné aux fils de Joseph l’occasion d’exprimer leur désir, car, pour que l’homme reçoive de Dieu une réponse, il faut toujours que sa foi soit en jeu, l’Éternel laisse toute liberté à l’institution du mariage et lui donne sa pleine approbation à condition qu’il ait lieu dans les limites de la tribu (v. 6-9).

N’en est-il pas de même pour nous, chrétiens, quant au mariage? Il doit rester dans les limites de la famille de Dieu, et dans le domaine de la foi, sinon le désordre s’introduirait bien vite dans l’assemblée. Elle perdrait ou verrait amoindrir la portion de son héritage céleste. Il ne faut pas que celui-ci soit entamé et il ne peut passer en d’autres mains. Toute alliance individuelle avec ceux du dehors est une perte pour l’ensemble qui, dans la mesure où cela a lieu, se trouve frustré de la jouissance d’une partie au moins de son héritage.

La réponse à la demande de Manassé est celle-ci: «Toute fille qui possédera un héritage dans les tribus des fils d’Israël, sera mariée à quelqu’un de la famille de la tribu de son père, afin que les fils d’Israël possèdent chacun l’héritage de ses pères et qu’un héritage ne passe pas d’une tribu à une autre tribu; car les tribus des fils d’Israël resteront attachées chacune à son héritage» (v. 8, 9). C’est ainsi que Dieu, d’un cas particulier, tire un principe général qui devient aussitôt obligatoire. Rappelons-nous l’institution de la Cène, du premier jour de la semaine, les collectes, un cas de discipline spéciale à Corinthe, devenant une obligation générale. «Les filles de Tselophkhad firent comme l’Éternel l’avait commandé à Moïse» (v. 10). Elles considérèrent elles-mêmes la révélation qui leur était faite et qui répondait à leur besoin particulier, comme un commandement de l’Éternel.

En Josué 17:3, les filles de Tselophkhad se présentent elles-mêmes devant Éléazar le sacrificateur, et devant Josué, fils de Nun, et devant les princes. Selon les directions de l’Éternel elles s’étaient mariées aux fils de leurs oncles (Nomb. 36:11). Maintenant elles demandent à recevoir leur héritage. «L’Éternel a commandé à Moïse de nous donner un héritage au milieu de nos frères», disent-elles, s’appuyant sur la parole de Dieu seule. Cela leur suffit pour tout régler, même dans un cas qui sortait de la règle habituelle de la loi. Bien plus encore, leur foi et leur confiance dans le «commandement de l’Éternel à Moïse» a pour résultat de faire adopter dans tout Manassé, même en deçà du Jourdain, la même règle à l’égard des descendances féminines. «Les filles de Manassé reçurent un héritage au milieu de ses fils» (v. 6). Ainsi la règle donnée à quelques-unes, devint le privilège de toutes.

Cette histoire est pour nous-mêmes d’un profond intérêt. Nous avons à considérer comme inestimables les privilèges de notre héritage céleste. Ne nous laissons pas arrêter par les considérations naturelles et, en apparence, légitimes, qui tendraient à nous empêcher de nous approprier nos bénédictions. Demandons avec instance à Dieu que ces obstacles, s’ils existent, soient levés. Ne pensez pas, vous nos sœurs en Christ, que vos jouissances célestes doivent être amoindries par votre position d’infériorité apparente, et ne vous déclarez pas satisfaites, avant d’avoir acquis la même part d’héritage que vos frères. Rappelez-vous, pour vous en prévaloir, que c’est un commandement de Dieu à votre égard. Votre exemple aura un effet béni pour vos sœurs: il les engagera à le suivre et à se fonder sur les mêmes promesses. Quelle que soit votre humble condition, votre héritage est le même que celui de vos frères. Sans doute, vous n’êtes pas appelées aux mêmes combats, au rôle des hommes forts et vaillants dans la bataille, mais vous êtes appelées à la même possession qu’eux; vous avez le même lot, les mêmes bénédictions célestes!

Les versets 20 à 28 parlent des fils d’Éphraïm. Leur histoire, comme tribu, commence et finit tristement, alors qu’une place si notoire leur était réservée dans leurs rapports avec la tribu de Lévi (chap. 6:66-70). Dès le début, nous ne savons à quelle époque, ils avaient commis un acte de brigandage envers les Philistins de Gath, acte auquel l’Éternel ne pouvait, en aucune manière, donner son approbation. Voler les Cananéens pour s’enrichir, en les laissant vivre, certes, ce n’était pas les détruire. En 1 Sam. 15, il en fut exactement de même pour Saül. Ici, les gens de Gath exécutent contre Éphraïm le jugement que ce dernier n’a pas su leur faire subir. «Les gens de Gath, qui étaient nés dans le pays, les tuèrent; car ils étaient descendus pour prendre leurs troupeaux» (v. 21). Plus tard, la race maudite des Philistins de Gath tomba sous les coups des «hommes forts et vaillants» de Benjamin (8:13). Dieu confia à de plus fidèles qu’Éphraïm l’accomplissement de ses desseins et ceux qui auraient dû en être les instruments, furent privés de cet honneur d’une manière bien humiliante. La plus petite de toutes les tribus en remontra à la plus grande. Cette exécution devait avoir lieu, car les décrets de Dieu ne peuvent être annulés par l’infidélité de l’homme. Le résultat moral de la conduite d’Éphraïm ne se fit pas attendre; «Éphraïm, leur père, mena deuil pendant nombre de jours; et ses frères vinrent pour le consoler. Et il vint vers sa femme, et elle conçut et enfanta un fils, et elle l’appela du nom de Beriha (dans le malheur), car il était né quand le malheur était dans sa maison» (v. 22, 23); bien différent en cela de Jahbets, pour lequel la douleur, suite du péché, devint le point de départ de relations bénies avec l’Éternel. Mais le Dieu qui avait béni Joseph dans son fils Éphraïm, ne s’arrête pas, selon la coutume invariable des Chroniques au malheur que cet homme avait mérité. Le récit qui nous est donné se termine par le nom de Josué, type de Christ en Esprit, conduisant son peuple à la conquête de son héritage. Il en est de même aujourd’hui pour le peuple de Dieu. Il lui faut accepter que, par sa faute, le malheur est dans sa maison, mais il ne doit pas douter un instant que Celui qui est seul digne d’entrer en Canaan lui en donnera la possession. En Lui, nous avons le mot final de toute notre histoire!

Aser (v. 30-40) est soigneux de sa généalogie, aussi le nombre de ses hommes de guerre nous est-il donné à côté de ceux d’Issacar et de Benjamin. Comme ces derniers, ils sont de «forts et vaillants» hommes.

Nous ne pouvons faire ressortir assez souvent que l’importance des généalogies dépend ici du soin mis par les familles à les conserver pendant la captivité. Un Nephthali semble quelque reste desséché d’une plante jadis verte et florissante, tandis qu’un Issacar, un Benjamin, un Aser, gardent intact le dépôt que Dieu leur a confié.