Romains

Chapitre 5, versets 12 à 21

Contraste entre ce que l’homme a fait et ce qu’il est

Règlement de la question des péchés de tout homme, par l’œuvre de Christ

Ayant présenté le fondement et la source du salut, et la confiance et la jouissance qui en découlent, ayant tout fondé sur Dieu qui a eu à faire avec des pécheurs dépourvus de force et qui a établi ses relations avec eux sur le fondement de la mort de Christ, la question de nos péchés est liquidée, c’est-à-dire ce pourquoi chaque homme aurait dû être jugé selon ce qu’il avait fait. [3:22-23] Sans loi ou sous la loi, tous étaient coupables : [3:25] un propitiatoire était établi, et présenté par le précieux sang de Christ ; [5:1] la paix était faite pour le coupable ; [5:8] Dieu était révélé en amour. Mais cela nous avait conduits plus haut encore.

État présent de l’homme, et lien avec la grâce de Dieu

[5:12] Maintenant nous avons affaire à Dieu et à l’homme, tel qu’il est, comme chose présente. Il s’agit de l’homme pécheur ; le Juif n’a ici aucune supériorité, il n’a pas de quoi se vanter. Il ne pouvait pas dire que le péché fût entré par lui et par la loi. C’est l’homme, le péché, et la grâce qui sont en question. L’apôtre aborde donc ce sujet fondamental et essentiel : non pas les péchés et la culpabilité qui seront jugés plus tard si l’on ne s’en repent pas, mais l’état présent de l’homme.

Ch. 5 v. 12-17 — Comparaison du mal et de la grâce, appliqués à tous

Ch. 5 v. 12-14 — Tout homme est pécheur, même sans loi, et doit donc mourir

L’homme n’a pas à se vanter, pas plus que le Juif [(3:27)] : [5:15] le Dieu de grâce est devant nos yeux, agissant à l’égard du péché quand il n’y a que du péché, [5:20] sauf que la loi a aggravé le péché par les transgressions. [5:12] Or, le péché est entré par un seul homme, et par le péché la mort. Cela nous amène à considérer, non pas seulement les actes des individus, mais la condition de la race humaine. Cette condition comportait deux choses : Être exclu de la présence de Dieu, et posséder une nature mauvaise. En cela tous sont égaux, bien que chacun y ait encore ajouté ses propres péchés et sa culpabilité personnelle. Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé sur tous les hommes, parce que tous ont péché (v. 12). [5:13] Car le péché était au monde avant la loi ; et la loi n’a rien ajouté qui pût avoir un avantage pour l’homme dans l’état de péché où il se trouvait. La loi mettait définitivement en compte à l’homme son péché, en lui en donnant connaissance et en l’interdisant. En même temps, quoiqu’il n’y eût pas d’imputation d’après le gouvernement de Dieu, en vertu d’une règle imposée et connue, [5:14] cependant la mort, preuve constante du péché, a régné sans la loi (l’histoire de la Genèse rendait tout ceci incontestable pour le Juif même) sur ceux qui, comme Adam1 l’a fait (et les Juifs aussi l’ont fait depuis la loi), n’ont pas violé une alliance basée sur un commandement connu. Les hommes qui ont vécu entre Adam et Moïse, au temps où il n’y avait pas de loi, comme il y en a eu avant et après cet intervalle, c’est-à-dire, pour Adam directement de Dieu, et par le moyen de Moïse pour les Juifs, sont également morts : — le péché régnait dans le monde.

1 C’est une citation du chapitre 6:7 d’Osée, selon son vrai sens, qui accuse Israël d’avoir fait la même chose qu’Adam : « Mais eux, comme Adam, ont transgressé l’alliance ».

Ch. 5 v. 15-17 — Caractère du don supérieur à celui du mal quant à la personne, à la chose et au résultat

Il faut remarquer ici que depuis la fin du verset 12 jusqu’à la fin du verset 17 nous avons une parenthèse : seulement comme il arrive en pareils cas, l’idée principale y est développée. Dans cette parenthèse donc, l’apôtre, [5:14] après avoir présenté Adam comme l’image de celui qui devait venir, savoir du Christ, [5:17] insiste sur ce que le caractère du don ne saurait être inférieur au caractère du mal. [5:15] Si le péché du seul premier homme ne s’est pas arrêté dans ses effets à celui qui l’a commis, mais s’est étendu à tous ceux qui, comme race, étaient attachés à ce premier homme, ainsi, à plus forte raison, la grâce qui est par un seul, Jésus Christ, en embrassera plusieurs avec Lui. [5:16] Le même principe qui a été proclamé à l’égard de la personne s’applique à la chose : une seule faute a amené la mort, mais la grâce remet une multitude d’offenses. Ainsi cette grâce peut suffire pour le pardon que les violations nombreuses de la loi avaient rendu nécessaire. [5:17] Quant au résultat, ce même principe trouve également son application : la mort a régné ; mais, par la grâce, non seulement la vie régnera, mais nous régnerons en vie par un seul, Jésus Christ, selon l’abondance de la grâce (v. 17).

Ch. 5 v. 18-19 — Étendue et application de la faute ou de la justification

Au verset 18, le passage reprend l’argument général d’une manière très abstraite. [5:18] « Par une seule faute », dit l’apôtre (pour traduire le passage littéralement), « envers tous les hommes en condamnation, ainsi aussi par une seule justice (ou : acte de justice) envers tous les hommes en justification de vie ». Une seule offense est dans sa portée à l’adresse, pour ainsi dire, de tous ; et un seul acte de justice l’est de même. Il s’agit de l’étendue de l’acte en soi. — [5:19] Quant à l’application efficace de cet acte, voici ce que nous lisons : « Car comme, par la désobéissance d’un seul homme, plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi aussi, par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes ». C’est toujours la pensée que l’acte de l’individu, quant à son effet, n’est pas limité à sa personne. Il atteint beaucoup d’autres personnes, les plaçant sous les conséquences de cet acte. Nous voyons que la Parole dit « tous » (v. 18), quand il s’agit de la portée de l’acte1, mais qu’elle dit « plusieurs » (v. 19), quand il s’agit de l’effet définitif de l’application de cet acte aux hommes (c’est-à-dire « les plusieurs » qui étaient en rapport avec Celui qui avait accompli l’acte).

1 La même distinction, avec la même différence de préposition, se retrouve, en rapport avec la justice de Dieu, quand l’apôtre parle de l’efficace du sang ; seulement il indique qui sont « les plusieurs », parce qu’il présente l’objet de la foi, plutôt que l’efficace de l’œuvre, bien que celle-ci soit supposée : « La justice de Dieu, par la foi en Jésus Christ, envers tous, et sur tous ceux qui croient » (chap. 3:22). [5:18] De même ici, nous trouvons : « Par une seule faute envers tous les hommes en condamnation », [5:19] puis : « Les plusieurs » qui sont en rapport avec Christ sont constitués justes par Son obéissance.

Ch. 5 v. 20-21 — L’amour et la grâce satisfont la justice de Dieu

La grâce répond à la justice là où règne le péché, selon l’amour divin

[5:18] Ce que l’apôtre dit ici à l’égard des conséquences du péché d’un seul, [5:19] et de la justice de plusieurs, est donc en dehors de la loi, [5:20] quoique la loi puisse aggraver le mal. Il s’agit de l’effet des actes d’Adam et de Christ, et non de la conduite des individus, à laquelle évidemment la loi se rapporte. [5:19] C’est par la désobéissance d’un seul homme, que les plusieurs (tous les hommes) ont été constitués pécheurs, et non par leurs propres péchés. Chaque homme a ses propres péchés, mais ici, c’est un état de péché commun à tous. [5:20] À quoi donc a servi la loi ? Elle est entrée comme par exception, et comme accessoire du fait capital, pour faire abonder l’offense1 (v. 20). Or là, où non seulement l’offense, mais le péché a abondé — car sous la loi et sans la loi, il a abondé — « la grâce a surabondé afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus Christ, notre Seigneur » (v. 21). Si la justice était venue régner là où le péché régnait, elle aurait dû condamner le monde entier ; mais c’est la grâce qui règne, l’amour souverain de Dieu. Quand la justice s’occupe du mal, elle est au niveau du mal, par le fait qu’elle est justice ; mais Dieu est au-dessus du mal, et il agit et peut agir — il a le droit d’agir — selon sa propre nature : et Dieu est amour [(1 Jean 4:8)] ! Est-ce que Dieu sanctionne l’injustice et le péché ? [5:21] Non : dans son amour il amène l’accomplissement de la justice divine par Jésus Christ. Il a accompli en Christ cette justice divine en l’élevant à Sa droite. Mais c’est en vertu d’une œuvre accomplie pour nous, dans laquelle Christ a glorifié Dieu. Ainsi Il est notre justice, et nous sommes la justice de Dieu en Lui [(2 Cor. 5:21)]. C’est la justice de la foi ; car nous l’avons en croyant en Lui. C’est l’amour qui, prenant le caractère de grâce quand il s’agit du péché, règne, et donne la vie éternelle, vie qui est au-dessus et au-delà de la mort, vie qui vient d’en haut et y remonte. L’amour donne la vie par le moyen de la justice divine et en rapport avec cette justice, l’exaltant et la manifestant par l’œuvre de Jésus Christ en qui nous avons cette vie, vie que nous recevons de lui lorsqu’il a accompli la justice pour que nous possédions la vie éternelle et la gloire qui s’y rapporte. Si la grâce règne, c’est Dieu qui règne. D’un autre côté, la nature de Dieu exige que la justice soit maintenue. Mais elle est plus que maintenue, selon la mesure des droits que Dieu a sur l’homme comme tel. Sûrement Christ était parfait comme homme, mais il a glorifié ce que Dieu est en Lui-même, et, ayant été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, Dieu a glorifié sa justice en le faisant asseoir à sa droite, comme Il avait glorifié son amour en le donnant pour nous. Mais maintenant c’est la justice en salut, donnée par la grâce à ceux qui n’avaient point de justice, donnée en Jésus qui, par son œuvre, en a posé le fondement pour toujours, en glorifiant Dieu à l’égard même du péché, sur la croix où, à son sujet, tout ce que Dieu est, a été mis en évidence.

1 Ou « la faute » ; non pas « le péché ». Le péché était là [(5:13)], la loi a fait de chacun de ses mouvements une offense positive.

La grâce donne au pécheur la vie et la gloire, par l’œuvre de Christ accomplie en justice

L’accomplissement de la loi eût été la justice de l’homme, l’homme eût pu s’en glorifier : Christ a glorifié Dieu — point des plus importants en rapport avec la justice, et qui, en même temps, le relie à la gloire. [5:21] La grâce fait part de cette justice au pécheur, en l’introduisant dans la gloire que Christ a méritée par son œuvre, gloire dans laquelle ce même Christ a été comme Fils avant que le monde fût.