Romains

Chapitre 3

Ch. 3 v. 1-20 — État des Juifs, et constat que tous sont coupables

Ch. 3 v. 1-8 — Jugement de Dieu, malgré les avantages des Juifs et la démonstration de la fidélité de Dieu

Ayant constaté cette grande vérité que Dieu exigeait une bonté morale véritable, Paul considère l’état des Juifs. [3:1] N’y avait-il aucun avantage dans le Judaïsme ? [3:2] Certainement il y en avait, et en particulier celui-ci : c’est qu’ils possédaient les oracles de Dieu (v. 2). Les voies de Dieu sont en elles-mêmes pleines de bénédiction, bien que ses voies ne changent pas les vérités immuables de sa nature : [3:3] et si beaucoup d’entre les Juifs avaient été incrédules, ce fait n’a rien changé à la fidélité de Dieu. [3:5] D’un autre côté, le fait que l’incrédulité de plusieurs ne faisait que démontrer plus clairement la fidélité de Dieu (qui demeure éternellement quand même), n’ôtait rien aux droits de la justice divine. Les incrédules seront punis selon ce qu’ils ont été, quoiqu’ils soient un moyen de faire ressortir la force de l’infaillible fidélité de Dieu. Cette fidélité ne faillira pas, quelle que soit son inutilité à l’égard de la masse. [3:6] Si l’éclat que la fidélité de Dieu tire de l’infidélité de l’homme, empêchait Dieu d’exécuter le jugement, il ne pourrait juger personne, pas même le monde (que le Juif reconnaissait volontiers devoir être jugé), car l’état du monde aussi rehaussait et mettait en évidence la fidélité de Dieu envers son peuple. [3:9] Mais si le Juif avait des avantages, était-il donc meilleur pour cela ? [3:9] Nullement : tous étaient renfermés sous le péché, Juifs ou Gentils, comme l’apôtre l’avait déjà déclaré (v. 9)1.

1 Remarquez ici un principe très important : c’est qu’il peut y avoir de grands et réels avantages de position là où il n’y a aucun changement intérieur (comp. 11:17 avec 1 Cor. 10).

Ch. 3 v. 9-20 — Démonstration du péché des Juifs par leur loi

[3:9] Paul cite maintenant l’Ancien Testament pour démontrer que les Juifs étaient renfermés sous le péché, eux qui ne niaient pas ce fait à l’égard des Gentils. La loi, dit l’apôtre, vous appartient et vous vous vantez qu’elle s’adresse exclusivement à vous. [3:10] Eh bien, voici ce qu’elle dit du peuple, de vous-mêmes ; elle s’adresse à vous, comme vous le reconnaissez : Dieu du haut du ciel ne peut pas découvrir un seul juste ; il dit : « Il n’y a point de juste, non pas même un seul ». [3:10-18] L’apôtre cite le Ps. 14:2, 3 et Ésaïe 59:7, 8 pour démontrer le jugement que portaient sur les Juifs ces oracles dont ils se vantaient. [3:19] Ainsi toute bouche est fermée, et tout le monde est coupable devant Dieu (v. 19). [3:20] C’est pourquoi nulle chair ne sera justifiée devant Dieu par la loi, car si, d’un côté, le monde se vautre dans le mal au milieu des ténèbres, d’un autre, par le moyen de la loi, le péché est connu.

Ch. 3 v. 21-26 — Manifestation de la justice de Dieu hors de la loi

Ch. 3 v. 21 — Témoignage à la justice divine manifestée sans loi

[3:21] Or maintenant, sans loi, toute loi à part, une justice qui est de Dieu a été manifestée, la loi et les prophètes lui rendant témoignage (verset 21).

Responsabilité de l’homme quant au péché, et rapport avec la justice de Dieu

Ici donc nous trouvons constaté, non seulement l’état des Gentils et des Juifs, ainsi que les grands principes immuables du bien et du mal, quelles que fussent les voies de Dieu, [3:21] mais encore l’effet de la loi elle-même et la justice qui était introduite par le christianisme, entièrement en dehors de la loi, quoique la loi et les prophètes rendissent témoignage à cette justice. En un mot, nous trouvons, traités dans ce passage, l’éternelle vérité quant au péché et à la responsabilité de l’homme, l’effet de la loi, les rapports de l’Ancien Testament avec le christianisme, et le vrai caractère de ce dernier pour ce qui regarde la justice, savoir : que la justice qui se trouve dans le christianisme est une chose entièrement nouvelle et indépendante, la justice de Dieu lui-même. Toute la question entre l’homme et Dieu par rapport au péché et à la justice, est vidée quant à ses principes fondamentaux dans ces quelques paroles. Maintenant le « comment » de l’accomplissement va être traité1.

1 Le verset 21 du chapitre 3 se rattache de fait au verset 17 du chapitre premier. Tout ce que l’on trouve entre ces deux versets est la démonstration de la vérité établie au chapitre 1:18, vérité qui rendait la justice de Dieu introduite au verset 17, impérativement nécessaire.

Ch. 3 v. 22-24 — Justice universelle de Dieu, pour tous ceux qui croient en Jésus

[3:22] La justice qui seule fait la base de nos relations avec Dieu, est la justice de Dieu par la foi en Jésus Christ. L’homme n’a pas accompli cette justice, l’homme ne l’a pas procurée : elle est de Dieu, elle est Sa justice à Lui ; en croyant en Jésus Christ, on y participe. Or si la justice par laquelle l’homme est justifié, était une justice d’homme, elle serait par la loi, règle de la justice humaine devant Dieu (or cette loi avait été donnée aux Juifs seuls) ; mais, étant la justice de Dieu lui-même, elle se rapporte à tous, pas plus à l’un qu’à l’autre. Dans sa portée, elle est « la justice de Dieu, envers tous » ; un Juif n’était pas plus en relation avec la justice de Dieu qu’un Gentil. Cette justice est de fait universelle dans son aspect et dans son applicabilité, une justice de Dieu pour l’homme, parce qu’aucun homme n’avait de justice pour Dieu. Ensuite cette justice divine est appliquée à « tous ceux qui croient » : là où il y a la foi, là elle est appliquée. Le croyant la possède. Elle est envers tous, et sur tous ceux qui croient en Jésus ; car il n’y a pas de différence : [3:23] tous ont péché, n’atteignent pas à la gloire de Dieu et sont privés de cette gloire ; [3:24] mais ils sont justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus Christ. [3:22] Juif ou Gentil, tout homme est pécheur ; la justice par laquelle l’un et l’autre peuvent être justifiés, est la justice de Dieu ; la bonté de Dieu est ce qui donne cette justice, [3:24] la rédemption en Jésus Christ est le moyen divin d’y avoir part1.

1 Pour faire ressortir combien cette instruction de Paul est complète, j’ajoute ici les éléments qui la composent. [3:21] En soi la justice justifiante est la justice de Dieu, sans loi — la loi et les prophètes lui rendant témoignage ; [3:22] quant à son application, elle est la justice de Dieu par la foi en Jésus Christ, envers tous, et sur tous ceux qui croient. — [3:25] Christ est proposé comme propitiatoire par la foi en son sang, pour montrer cette justice par la rémission des péchés passés (des péchés des Abraham, etc.) selon la patience de Dieu ; [3:26] mais pour la montrer dans le temps présent, afin que Dieu soit juste, et justifie celui qui croit en Jésus.

Ch. 3 v. 25-26 — Manifestation de la justice de Dieu envers l’homme, par l’œuvre de Jésus

[3:25] Avant l’accomplissement de cette rédemption, Dieu, en vue de ce qu’il allait accomplir, avait supporté les fidèles dans sa patience, mais maintenant la justice elle-même a été manifestée : on s’approche de Jésus Christ comme d’un propitiatoire que Dieu a placé devant les hommes, et on trouve sur ce propitiatoire le sang qui nous donne libre accès auprès de Dieu en justice — auprès de Dieu dont la gloire est satisfaite dans l’œuvre que Jésus a accomplie, son sang sur le propitiatoire rendant témoignage pour toujours à l’accomplissement de cette œuvre. [3:26] Ces relations actuelles avec Dieu ne sont plus fondées sur « la patience » de la part de Dieu ; la justice est manifestée, de sorte que Dieu est juste, et juste en justifiant celui qui est de la foi en Jésus (v. 23-26).

Ch. 3 v. 27-31 — Justification par la foi en contraste avec la loi

Ch. 3 v. 27-28 — Exclusion de la vanterie de la propre justice par la foi

 [3:27] « Où donc est la vanterie ? » (v. 27). Car les Juifs se vantaient beaucoup de leur supériorité vis-à-vis des Gentils : la propre justice se vante toujours. Ce n’est pas une loi d’œuvres qui exclut cette vanterie, c’est « la loi de la foi », ce principe divin sur lequel nous sommes placés ; [3:28] car l’œuvre d’autrui, sans les œuvres de loi, nous fait participer, par la grâce, à la justice divine.

Ch. 3 v. 29-30 — Justification des Juifs et des Gentils par la foi seule

[3:29] Et est-ce que Dieu est un Dieu limité1, qui ne soit que le Dieu des Juifs (v. 29) ? Non, il l’est aussi des Gentils ! [3:30] Et comment ? — En grâce ; — en ce que c’est un seul Dieu qui justifie les Juifs (qui cherchaient la justice) sur le principe de la foi, et — puisque la justification est sur le principe de la foi — par la foi aussi, le Gentil qui croit. On est justifié par la foi : le Gentil qui croyait était donc justifié. — À l’égard des Juifs, le principe sur lequel on est justifié est constaté, car le Juif cherchait la justice ; à l’égard des Gentils, l’homme chez qui la foi existe, est justifié, car on participe à la justification sur le principe de la foi.

1 Remarquez de nouveau ici ce que Dieu est en Lui-même. Comp. Matthieu 15:21-28.

Ch. 3 v. 31 — Établissement de la loi et de son autorité par la foi

[3:31] La foi renverse-t-elle donc le principe selon lequel une loi possède de l’autorité ? Non ; elle établit en plein cette autorité, mais fait participer l’homme à la justice divine, tout en reconnaissant l’état de perdition où l’homme se trouve et sa juste et totale condamnation par la loi ; condamnation qui rend nécessaire une autre justice, parce que, selon la loi, l’homme n’en a pas, n’a pas de justice qui lui soit propre. La loi réclame la justice, mais elle découvre le péché ; si la justice qu’elle exige n’avait pas été nécessaire devant Dieu, il n’y aurait pas eu besoin d’une autre justice, quand celle-là ne pouvait être produite chez l’homme. Or la foi affirme ce besoin et la justice de la condamnation de l’homme sous la loi, en faisant participer le croyant à cette autre justice qui est celle de Dieu. Ce que la loi réclame, la loi ne le donne pas ; et même parce qu’elle le réclame, l’homme manque à ses exigences. Si la loi donnait ce qu’elle exige, elle effacerait l’obligation qu’elle impose à l’homme de satisfaire à ces exigences. Dieu agit en grâce quand le principe d’obligation légale est pleinement maintenu en condamnation : il donne la justice, parce qu’il faut que l’homme la possède pour demeurer devant Lui. Dieu n’affaiblit pas le principe d’obligation légale d’après lequel l’homme est entièrement condamné1 ; mais, reconnaissant et affirmant la justice de cette condamnation, Dieu se glorifie par grâce en accordant à l’homme une justice, quand l’homme n’avait pas de justice humaine à lui présenter en rapport avec l’obligation qu’il était de la nature même d’une loi de lui imposer. Jamais il n’y eut une sanction divine sur la loi, pareille à la mort de Christ qui en a porté la malédiction, mais en nous soustrayant à son autorité. La foi n’annule donc pas le principe de l’autorité d’une loi ; elle l’établit en plein. La foi prouve que l’homme est justement condamné sous la loi ; elle maintient l’autorité de la loi quant à cette condamnation, car elle considère tous ceux qui sont sous la loi comme étant sous la malédiction [(Gal. 3:10)]2.

1 La loi est, en elle-même, la règle parfaite du bien et du mal pour tout enfant d’Adam, bien qu’elle ne soit donnée qu’aux Juifs. Mais elle n’est pas arbitraire; elle comprend toutes les relations dans lesquelles les hommes se trouvent et donne une règle parfaite quant à ces relations, avec la sanction de l’autorité de Dieu à leur égard, et une sanction pénale quand elles sont enfreintes. Mais maintenant nous avons quelque chose de beaucoup plus élevé, non pas ce que l’homme devrait être, mais la glorification de Dieu Lui-même.

2 C’est pourquoi ceux qui placent les chrétiens sous la loi ne maintiennent aucunement son autorité, car ils considèrent les chrétiens comme exempts de sa malédiction, quoiqu’ils lui désobéissent.

Le lecteur remarquera que ce qui est distinctement établi jusqu’à la fin du chapitre 3, c’est d’une part, le sang de Christ s’appliquant au péché du vieil homme et faisant du pardon une chose juste, d’autre part le croyant pur de péché, parce qu’il a été purifié par le sang de Christ, lequel a répondu à toute la culpabilité du vieil homme.

Nous abordons maintenant un autre aspect de la justification. Il ne s’agit cependant pas encore de nous placer dans une position nouvelle de résurrection à la suite de la justification.