Romains

Chapitre 1er

Ch. 1 v. 1-17 — L’Évangile, ses caractères et son contenu]

Ch. 1 v. 1-7 — Introduction de l’épître]

Ch. 1 v. 1 — Apostolat de Paul selon le conseil de Dieu]
Apostolat et mission de Paul envers tous les Gentils, Rome y compris

[1:1] Il n’y a pas d’épître où l’apôtre place son apostolat sur un pied plus positif et plus formel que dans celle-ci, car Paul n’avait aucun droit sur les chrétiens de Rome en vertu de ses travaux. Il n’avait jamais vu les Romains [(1:10)] ; mais il n’en était pas moins leur apôtre, car il était l’apôtre des Gentils [(11:13)] : il était « débiteur aux Gentils » [(1:14)]. Il écrit aux chrétiens de Rome parce qu’il avait reçu une mission de la part du Seigneur lui-même envers eux tous. Les chrétiens de Rome étaient pour ainsi dire de son ressort en tant que Gentils. La tâche lui avait été confiée de les présenter comme une offrande sanctifiée par le Saint Esprit (chap. 15:16). Il avait reçu cette mission ; Dieu était puissant en Pierre envers les Juifs, Paul était envoyé vers les Gentils, les douze l’avaient du reste reconnu (Gal. 2:7-9). Si Dieu a voulu que Paul accomplît sa mission en rapport direct avec le ciel et en dehors de l’influence séculaire de la capitale du monde, et si Rome a dû être persécutrice de l’Évangile, cette ville impériale n’en était pas moins Gentile pour cela. Sous le rapport de l’Évangile, elle appartenait, selon l’Esprit, à Paul. Pierre, dans l’exercice de son apostolat, s’adresse aux Juifs, Paul aux Gentils.

Caractère et position de Paul comme serviteur et apôtre

Tel était, selon Dieu, l’ordre de l’administration de l’Évangile ; occupons-nous maintenant de ce qui constituait la position de l’apôtre. [1:1] Paul était serviteur de Christ : — c’était son caractère, sa vie ; mais il y avait d’autres hommes qui étaient plus ou moins serviteurs du Seigneur. Paul était plus que cela : il était apôtre par l’appel du Seigneur « apôtre appelé », et non seulement apôtre appelé de Dieu, et laborieux selon que l’occasion se présentait, mais rien autre que cela dans la vie d’ici-bas : il était « mis à part » pour la bonne nouvelle de Dieu.

Appel et mise à part de Paul pour le service

Ces deux derniers caractères, celui d’être « appelé », et celui d’être « mis à part », se légitiment d’une manière très définie, le premier par la révélation du Seigneur à Paul sur la route de Damas [(Act. 9:1-9)] (l’appel de l’apôtre et la mission dont il était chargé pour les Gentils datent de cette époque) ; le second, quand le Saint Esprit le mit à part à Antioche d’où il partit pour accomplir sa mission [(Act. 13:1-3)].

Ch. 1 v. 1-4 — L’Évangile, révélation de Jésus, Fils de Dieu
Ch. 1 v. 1 — L’Évangile de Dieu, révélation de ce qu’Il est et veut

 [1:1] L’apôtre appelle l’Évangile pour lequel il a été mis à part, l’Évangile ou les bonnes nouvelles « de Dieu » ; le Saint Esprit le présente ici dans sa source. Cet Évangile ne traite pas de ce que l’homme devrait être pour Dieu, ni seulement du moyen par lequel l’homme peut s’approcher de Dieu sur son trône ; il nous révèle les pensées de Dieu et ses actes envers l’homme, ses pensées en bonté, la révélation de Lui-même en Jésus Christ, son Fils. Dieu s’approche de l’homme selon ce qu’Il est et ce qu’Il veut en grâce. Dieu vient vers lui : c’est l’Évangile de Dieu. Tel est le vrai point de vue auquel il faut envisager l’Évangile ; celui-ci n’est jamais vraiment compris jusqu’à ce qu’il soit pour nous l’Évangile de Dieu, l’activité et la révélation de Sa nature et de Sa volonté en grâce envers l’homme.

ch. 1 v. 2-3 — Sujet propre de l’Évangile, et rapport avec ce qui l’a précédé
Ch. 1 v. 2 — Lien entre les révélations précédentes et l’Évangile actuel

 [1:1] Ayant indiqué la source et l’Auteur de l’Évangile, Celui que ce dernier révèle ainsi comme le Dieu de grâce, [1:2] l’apôtre présente les rapports de cet Évangile avec les voies de Dieu, qui ont historiquement précédé sa promulgation ici-bas, [1:3] et d’autre part son sujet propre. Il distingue ainsi le sujet proprement dit de l’Évangile [1:2] et la place que tenaient à l’égard de celui-ci les révélations qui l’avaient précédé. En effet, il avait existé avant l’Évangile un ordre de choses, que ceux auxquels il appartenait voulaient maintenir comme système positif et indépendant, en rejetant en grâce l’Évangile. Or l’apôtre introduit ici ce qui a précédé, non comme sujet de controverse, mais dans son vrai caractère, pour renforcer le témoignage de l’Évangile, anticipant des objections qui sont ainsi résolues d’avance.

Annonce d’avance de l’Évangile dans l’Ancien Testament

Pour le Gentil, l’Évangile était la révélation de la vérité et de Dieu en grâce ; pour le Juif, il était bien cela, [1:2] mais en mettant en même temps à sa vraie place tout ce qui regardait le système judaïque. Le rapport dont nous parlons entre l’Ancien Testament et l’Évangile, est celui-ci : cet Évangile de Dieu avait été annoncé d’avance par les prophètes dans de saintes Écritures (v. 2). Remarquez ici que l’Évangile de Dieu n’était pas venu, ni n’avait été adressé aux hommes, dans ces saintes Écritures, mais qu’il avait été promis ou annoncé d’avance, comme devant être envoyé. L’Église n’était pas même annoncée ; l’Évangile était annoncé, mais comme étant encore à venir.

Ch. 1 v. 3-4 — Jésus, Fils de Dieu, sujet essentiel de l’Évangile
Jésus, objet des promesses et Fils de Dieu en puissance, prouvé par la résurrection

 [1:3] De plus, le sujet de cet Évangile, c’est, avant tout, le Fils de Dieu. Jésus a accompli une œuvre, mais c’est Lui-même qui est le vrai sujet de l’Évangile. Or Il est présenté sous un double point de vue : 1° comme objet des promesses, fils de David selon la chair ; [1:4] 2° comme fils de Dieu en puissance, comme Celui qui, au milieu du péché, a marché par l’Esprit, dans une sainteté divine et absolue, la résurrection étant la preuve éclatante et victorieuse de ce qu’était la personne de Celui qui marchait ainsi. Telle est la force de ce verset 4. La résurrection de Jésus est une manifestation publique de cette puissance par laquelle il a marché dans une sainteté absolue pendant sa vie, la manifestation qu’il est le Fils de Dieu en puissance. Il est clairement révélé comme Fils de Dieu en puissance, de cette manière. Dans la résurrection, il ne s’agissait pas de promesse simplement, mais de puissance ; il s’agissait de Celui qui pouvait engager le combat avec la mort dans laquelle l’homme gisait et remporter sur elle une victoire complète ; et cela en rapport avec la sainteté qui rendait témoignage, pendant sa vie, à la puissance de cet Esprit par lequel il marchait, et dans lequel il se garantissait Lui-même de toute atteinte du péché. Dans la même puissance par laquelle il était absolument saint dans sa vie, il a été ressuscité d’entre les morts.

Le Seigneur, accomplissement des promesses et vainqueur puissant de toutes choses

[1:3] En considérant le Seigneur en rapport avec les voies de Dieu sur la terre, on le voit l’objet et l’accomplissement des promesses ; [1:4] en le considérant en rapport avec l’état de l’homme assujetti au péché et à la mort, le Seigneur était, soit de son vivant, soit en résurrection, déjà complètement victorieux de tout ce qui s’opposait à lui. En ressuscitant, il se présente comme fils de Dieu, révélé par la résurrection selon la puissance qui était en lui, puissance qui se montrait par l’Esprit dans la sainteté dans laquelle il vivait ici-bas.

Anéantissement de la puissance du mal et de la mort pour le nouvel homme en Christ

Quelle merveilleuse grâce que de voir toute la puissance du mal anéantie — de voir cette porte effrayante de la mort, qui se ferme sur la vie pécheresse de l’homme pour laisser celui-ci au jugement inévitable qu’il mérite, brisée, détruite par Celui qui a bien voulu entrer dans la sombre demeure sur laquelle elle se ferme ! Quelle vraie délivrance pour le cœur que de voir le Fils de Dieu prendre sur lui toute la faiblesse de l’homme dans la mort, et affranchir ainsi complètement et absolument celui dont il avait porté la peine, en se soumettant lui-même à cette peine ! Cette victoire sur la mort, cette délivrance de l’homme du pouvoir de la mort par la puissance du Fils de Dieu devenu homme, est la seule base d’espérance pour l’homme mortel et pécheur. Elle met de côté tout ce que le péché et la mort ont à dire. Elle détruit, pour celui dont la part est en Christ, la mort qui était le sceau du jugement prononcé contre le péché ; et un nouvel homme, une nouvelle vie commence pour l’homme autrefois assujetti à la mort, et maintenant placé en dehors de toute la scène et de tout l’effet de sa misère précédente ; une vie fondée sur toute la valeur de ce que le Fils de Dieu a fait lorsqu’il a subi la mort et le jugement pour nous.

Jésus, fils de David et Fils de Dieu, sujet de l’Évangile tout entier

En résumé, [1:3] ce passage nous présente, comme sujet de l’Évangile, le fils de Dieu, né de la semence de David selon la chair, [1:4] et, dans le sein de l’humanité et de la mort, déterminé fils de Dieu en puissance par la résurrection1, Jésus Christ, notre Seigneur.

1 Il n’est pas dit : « par sa résurrection », mais d’une manière abstraite par « la résurrection » ; la résurrection de Jésus était la grande preuve de cette vérité que Jésus était fils de Dieu : mais tout homme ressuscité en est aussi la preuve.

Ch. 1 v. 5 — Mission de l’apôtre]
Mission reçue de Jésus, qui en fixe les limites et le but

 [1:1] L’Évangile est l’Évangile de Dieu lui-même ; [1:5] mais c’est par Jésus Christ, le Seigneur, que l’apôtre avait reçu sa mission : Jésus était le chef de cette œuvre et envoyait les ouvriers dans la moisson [(Luc 10:2)] à laquelle ils devaient travailler dans le monde. Le but de la mission de l’apôtre était l’obéissance de foi (non pas l’obéissance à la loi) parmi toutes les nations, expression qui montre l’étendue de cette mission. Paul était chargé d’établir l’autorité et la valeur du nom de Christ dans ce monde : c’est ce nom qui devait prévaloir et être reconnu.

L’apôtre voit sa mission comme une grâce et une faveur de Dieu

L’apôtre n’envisageait pas l’accomplissement de sa mission seulement comme un service ; [1:5] la mission elle-même était pour lui une grâce et une faveur personnelles de la part de Celui dont il portait le témoignage. Je ne parle pas ici de salut, quoique dans le cas de Paul le salut et la mission apostolique qui lui était confiée, fussent identifiés, fait qui donnait un caractère et une énergie remarquables à sa mission ; je parle de la grâce et de la faveur dont l’envoi même de l’apôtre était la preuve : il est important de s’en souvenir. Cela imprime un caractère sur la mission de Paul et sur son accomplissement. Un ange accomplit une mission providentielle ; un Moïse détaille une loi dans l’esprit de la loi ; un Jonas recule devant la grâce qui avait l’air de fausser les menaces qu’il avait adressées aux méchants Gentils, un Jean-Baptiste prêche la repentance dans le désert [(Luc 3:3)] et applique la cognée à la racine des arbres stériles du jardin de Dieu [(Matt. 3:10)] ; mais, par Jésus, Paul, porteur de la bonne nouvelle de Dieu, reçoit, « grâce et apostolat ». Il porte par la grâce, et comme grâce, le message de la grâce aux hommes où qu’ils soient, le message de la grâce qui vient dans toute l’étendue des droits que Dieu a sur les hommes, car dans cette grâce Dieu exerce ses droits souverains.

Ch. 1 v. 6-7 — Salutation aux croyants, saints par l’appel de Dieu

[1:6] D’entre les Gentils, les Romains croyants étaient aussi les appelés de Jésus Christ. L’apôtre s’adresse donc à tous les croyants qui étaient dans cette grande ville ; [1:7] ils étaient bien aimés de Dieu et saints par appel (verset 7)1. Paul, comme il le fait dans toutes ses épîtres, leur souhaite la grâce et la paix de la part de Dieu, le Père, et du Seigneur Jésus Christ, de la part desquels il apportait son message : il apportait, dans l’Évangile et dans son cœur, la parfaite grâce de Dieu par Christ, la parfaite paix de l’homme et cela avec Dieu. Ce sont les vraies conditions de la relation de Dieu avec l’homme et de l’homme avec Dieu par l’Évangile, le pied sur lequel l’homme se trouve placé vis-à-vis de Dieu par le christianisme. Quand on s’adresse à l’individu, une autre chose doit être prise en considération, savoir les faiblesses et les infirmités qui se trouvent dans le chrétien individuellement ; aussi les écrivains sacrés, dans le cas où il s’agit des individus, ajoutent à leur souhait : « la miséricorde » (voir les épîtres à Timothée [(1 Tim. 1:2 ; 2 Tim. 1:2)] et à Tite [(1:4)], et la seconde épître de Jean, v. 3)2.

1 Le lecteur doit remarquer qu’aux versets 1 et 7 on ne doit pas lire : « appelé à être apôtre » ni « appelés à être saints », mais « apôtre par appel », « saints par appel ». L’apôtre et les saints étaient tels, et ils l’étaient par l’appel de Dieu. Un Juif n’était pas saint par appel ; il était né saint, relativement aux Gentils ; [1:7] ceux dont l’apôtre parle ici, étaient les appelés de Jésus Christ, mais ils n’étaient pas simplement appelés à l’être ; ils étaient tels par appel.

2 L’Épître à Philémon pourrait paraître de prime abord une exception ; mais elle confirme notre remarque, car on trouvera que l’Assemblée qui était dans la maison de Philémon est comprise dans le souhait. Cela rend d’autant plus remarquable l’adresse de l’Épître de Jude [(v. 2)]. Le texte de Tite 1:4 a une leçon contestée.

Ch. 1 v. 8-17 — Ce qu’est l’Évangile, objet du ministère de Paul

Ch. 1 v. 8-15 — Relations de Paul avec les croyants de Rome
Ch. 1 v. 8 — L’amour s’occupe des objets de la grâce, et en est reconnaissant

 [1:8] Lorsque l’amour de Dieu est dans le cœur, c’est devant Dieu qu’on s’occupe des objets de la grâce ; et, dans ce cas, l’œuvre de Dieu en eux, et la grâce qui a été déployée, se présentent tout premièrement à l’esprit, soit en amour, soit en reconnaissance. La foi des Romains devient, pour le cœur de l’apôtre auquel la renommée en était parvenue, une occasion d’actions de grâces.

Ch. 1 v. 9-13 — Désir de Paul de voir les frères de Rome, selon sa position apostolique

[1:11] Ensuite Paul exprime son désir de voir ces frères de Rome, désir qui le préoccupait souvent : il fait ressortir ici sa position apostolique à leur égard, avec toute la tendresse, toute la délicatesse qui appartiennent à la grâce et à l’amour qui avaient formé cette relation et qui en faisaient la force. Paul est de droit apôtre de tous les Gentils, lors même qu’il ne les aurait pas vus, mais il est de cœur leur serviteur. Avec l’affection fraternelle la plus vraie et la plus ardente, affection découlant de la grâce qui l’avait établi dans l’apostolat, l’apôtre désire les voir pour leur communiquer quelque don spirituel (v. 11). Le pouvoir de le faire était un précieux privilège de l’apostolat. [1:12] Paul veut jouir ainsi de la foi qui leur était commune à lui et à eux (tandis que leur foi serait fortifiée par la communication de ces dons), en vue de leur jouissance mutuelle. [1:13] Souvent l’apôtre s’était proposé de se rendre à Rome pour avoir du fruit dans cette partie du champ que Dieu lui avait confié, mais il en avait été empêché jusqu’à ce moment.

Ch. 1 v. 14-15 — Paul veut accomplir son devoir d’annoncer l’Évangile à tous les Gentils

[1:14] Il se déclare ensuite débiteur de tous les Gentils [1:15] et, pour ce qui dépendait de lui, prêt à leur annoncer l’Évangile à Rome aussi. La manière dont l’apôtre réclame tout le champ des Gentils comme sien, et la manière dont Dieu l’a empêché d’aller à Rome jusqu’à ce qu’il arrivât au bout de sa carrière (et alors seulement comme prisonnier) est digne de toute attention.

Ch. 1 v. 16-17 — Valeur et caractère de l’Évangile de Dieu pour Paul
Ch. 1 v. 16 — Puissance de Dieu en salut pour l’homme
Valeur de l’Évangile comme puissance de Dieu

 [1:15] Quoi qu’il en fût, il était prêt à y aller, et cela à cause de la valeur de l’Évangile. [1:16] Cette dernière pensée conduit l’apôtre à constater quelle était cette valeur, ainsi que le caractère de cet Évangile. Car, dit-il, « il n’en avait pas honte » : l’Évangile était « la puissance de Dieu en salut » (v. 16).

Tout vient de Dieu, pour Sa gloire, sans rien de l’homme

Remarquez ici la manière dont l’apôtre présente tout comme venant de Dieu. [1:16] L’Évangile, c’est l’Évangile de Dieu, la puissance de Dieu en salut ; [1:17] la justice qui est révélée, est la justice de Dieu ; [1:18] et même la colère, est la colère de Dieu, aussi est-elle révélée du ciel : cette colère est autre chose qu’un châtiment terrestre. La place que Dieu tient ici est la clef de tout, l’apôtre insiste là-dessus et la met en avant, dès l’entrée de l’Épître ; car l’homme tend toujours à avoir quelque confiance en lui-même, à se vanter lui-même, à chercher quelque mérite, quelque justice en lui-même ; il tend toujours à judaïser et à s’occuper de lui-même, comme s’il pouvait quelque chose. C’était la joie de l’apôtre d’exalter son Dieu.

Salut accompli entièrement par Dieu, et saisi par l’homme par la foi

 [1:16] Ainsi, dans l’Évangile, Dieu intervenait, accomplissant un salut qui tout entier était son œuvre ; un salut dont Dieu était la source et la puissance et qu’il avait opéré lui-même. [1:17] L’homme y entrait par la foi ; c’était le croyant qui y participait ; mais participer à ce salut par la foi était précisément le moyen d’y avoir part sans y ajouter quoi que ce soit, le moyen de le laisser être tout entier le salut de Dieu. [1:16] Dieu soit béni de ce que ce salut est tel, soit pour la justice, soit pour la puissance, soit pour le résultat tout entier ; car ainsi il est parfait, divin. Dieu est intervenu dans sa toute puissance et dans son amour, pour délivrer les misérables selon la force qui lui appartient. L’Évangile est l’expression de cette intervention : on y croit, on y participe.

Ch. 1 v. 17 — Justice parfaite de Dieu, révélée à l’homme qui n’en a point
Révélation de la justice divine par l’Évangile, pour l’homme pécheur

 [1:16] Mais il y a une raison particulière pour laquelle cet Évangile est la puissance de Dieu en salut. L’homme s’était éloigné de Dieu par le péché. La justice, seule, pouvait le ramener en la présence de Dieu, le rendre tel qu’il pût s’y trouver en paix. Pécheur, il n’avait point de justice, mais bien le contraire ; et si l’homme devait se présenter comme pécheur devant Dieu, le jugement l’attendait nécessairement : alors la justice serait révélée de cette manière. [1:17] Mais Dieu, dans l’Évangile, révèle une justice positive de Sa part. Si l’homme n’a point de justice, Dieu en a une : la sienne propre, parfaite comme lui, et selon Son cœur : or c’est une telle justice qui est révélée dans l’Évangile. Il n’y avait pas de justice humaine : la justice de Dieu est révélée. Cette justice est toute parfaite en elle-même, divine et complète ; pour être révélée, il faut qu’elle soit telle ; l’Évangile nous l’annonce.

Participation à la justice de Dieu par la foi

[1:17] Le principe sur lequel cette justice est annoncée, c’est la foi, parce que cette justice existe ; et elle est divine. Si l’homme y travaillait ou en opérait une partie, ou si son cœur y avait aucune part pour l’amener à bonne fin, ce ne serait pas la justice de Dieu ; mais cette justice est parfaitement, absolument celle de Dieu : on croit à l’Évangile qui la révèle. Or, si c’est le croyant qui participe à cette justice, celui qui a la foi, quel qu’il soit, y a part. C’est sur le principe de la foi qu’on la possède et, par conséquent, elle se révèle à la foi, où que cette foi se trouve.

La foi, seul moyen de participer aux bénédictions de Dieu, pour tous, Juifs et Gentils

[1:17] Ce que nous venons de dire est la forme de ce qui est souvent traduit par : « de foi en foi », mais doit être traduit : « Sur le principe de la foi, pour la foi » (1:17). Or, ce principe est d’une importance évidente. [1:16] Il a pour effet d’admettre aux privilèges que Dieu accorde, tout Gentil croyant, sur le même pied que le Juif qui n’a pas plus le droit d’y entrer que lui. [1:17] Tous deux, Juif et Gentil, ont la même foi ; l’Évangile ne reconnaît qu’elle comme moyen d’y participer ; la justice est celle de Dieu ; le Juif n’y entre pas pour plus que le Gentil ; comme il est écrit : « Le juste vivra de foi ». Les Écritures des Juifs témoignaient de la vérité du principe de l’apôtre.

Jésus, sujet de l’Évangile sous Ses deux caractères, et révélant la justice de Dieu

 [1:16] L’Évangile annonçait donc ce salut [1:17] et cette justice de la part de Dieu à l’homme. [1:3] Le sujet initial de l’Évangile était donc la personne de Christ, fils de David selon la chair (accomplissement de la promesse), [1:4] et Fils de Dieu en puissance selon l’Esprit de sainteté. [1:17] Mais la justice de Dieu (non celle de l’homme) y était révélé ; et tel est le grand sujet de tout ce qui va suivre. [1:16] L’apôtre avait bien raison de ne pas avoir honte de l’Évangile, tout méprisé qu’il fût par les hommes !

Ch. 1 v. 18-32 — Colère de Dieu à l’encontre de l’homme pécheur

Ch. 1 v. 18 — Colère de Dieu révélée du ciel, nécessitant Sa justice pour l’homme

Révélation de la colère de Dieu contre tout homme marchant dans le mal

Or, cette doctrine à l’égard du salut qui venait de Dieu, était confirmée par une autre considération et se basait sur la grande vérité qui se trouvait renfermée dans la doctrine elle-même. Dieu, se présentant Lui-même, ne pouvait envisager les choses d’après des communications partielles, adaptées à l’ignorance des hommes et aux dispensations passagères par lesquelles il les gouvernait. [1:18] Sa colère n’était pas seulement son intervention en gouvernement, comme dans le cas de l’Assyrien ou de la captivité à Babylone. C’était une « colère révélée du ciel ». L’opposition essentielle qui existe entre la nature de Dieu et le mal, et sa rétribution pénale où qu’il se trouve, devait se manifester lorsque Dieu se révélait exactement. Or Dieu se manifestait dans l’Évangile. Ainsi, quoique la colère divine n’éclatât pas encore dans l’exécution du jugement (car la grâce annonçait la justice de Dieu en salut pour les pécheurs qui croiraient), quoique cette colère ne se révélât pas exactement dans l’Évangile, qui est la révélation de la justice, elle se révélait toutefois du ciel (en rapport avec cette grâce qui délivre de cette même colère) contre toute impiété, contre tout ce qui ne respecte pas la présence de Dieu, contre tout ce que cette présence ne comporte pas, et contre toute injustice ou iniquité de ceux qui possèdent la vérité, et qui tout de même déshonorent Dieu. En un mot, la colère de Dieu se révélait contre tout homme, Gentil ou autre, et en particulier contre les Juifs qui possédaient la connaissance de Dieu selon la loi, et encore — car le principe est universel et découle de ce que Dieu est quand Il se révèle — contre tout homme qui, professant le christianisme, marche dans le mal que Dieu hait.

Révélation de la justice de Dieu, réponse en grâce pour l’homme pécheur

 [1:18] Cette colère contre l’homme pécheur, la colère divine selon la nature de Dieu dans le ciel, rend la justice de Dieu nécessaire. L’homme a maintenant à rencontrer Dieu, pleinement révélé, tel qu’Il est ; l’homme est ainsi pleinement manifesté comme pécheur, [1:17] mais cela fraie le chemin à la grâce, en vue de donner à l’homme une place nouvelle, une position beaucoup plus excellente, basée sur la justice de Dieu. L’Évangile révèle cette justice ; [1:18] son opportunité et sa nécessité sont démontrées par l’état de péché dans lequel tous les hommes se trouvent, état au sujet duquel la colère est révélée du ciel. Il ne s’agit plus seulement, pour l’homme, d’avoir affaire au gouvernement de Dieu et à Sa colère gouvernementale, mais il lui faut paraître devant Dieu. Comment pourra-t-il s’y tenir ? L’Évangile répond à cette question par la révélation de la justice de Dieu pour l’homme. Il doit rencontrer Dieu tel qu’Il est. La révélation de Dieu Lui-même, dans sa nature sainte, dépasse nécessairement les limites du terrain occupé par les Juifs. En quelque lieu que le péché se trouve, la justice de Dieu est révélée en faveur du pécheur. Cette révélation manifeste ce que Dieu est. Vérité glorieuse ! Quelle bénédiction, que la justice divine puisse être révélée en grâce souveraine ! Dieu étant amour, il ne peut en être autrement, mais combien il est glorieux que Dieu se révèle de cette manière ! La thèse de cette épître est donc au verset 17 et ce qui prouve sa nécessité au verset 18.

Ch. 1 v. 19-32 — Détail de l’état des hommes, méritant la colère divine

Ch. 1 v. 19-21 — Principe du mal chez les Gentils, et ce qui y répond en grâce

Depuis le verset 19 jusqu’à la fin du verset 20 du chapitre 3, l’état des hommes, des Juifs et des Gentils, auxquels le jugement moral qui découle de la présence de Dieu s’applique, est présenté en détail, pour montrer de quelle manière cette colère était méritée et tout le monde renfermé dans le péché. Les versets 19 à 21 de ce chapitre nous donnent les principes directeurs du mal en ce qui concerne les Gentils. Dans les versets 21-31 du chapitre 3, ce qui répond en grâce, par la justice de Dieu, au moyen du sang de Christ, à ce triste état de l’homme, est déclaré brièvement, mais avec une grande puissance ; car d’abord, par le sang de Christ, nous avons la réponse à notre ancien état, puis, par la mort et la vie avec Christ, l’introduction dans un état nouveau.

Etat des Gentils, puis des Juifs

En faisant le tableau de l’état des hommes sur la terre, l’apôtre commence par les Gentils. [1:18] Leur histoire est renfermée dans les mots : « toute iniquité des hommes ». Je dis que l’apôtre commence par les Gentils (il est évident que si un Juif tombe dans cet état d’iniquité, la même culpabilité se rattache à lui aussi ; mais l’état dépeint par l’apôtre jusqu’au verset 17 du chapitre 2 est celui des Gentils) ; ensuite viennent les Juifs, jusqu’au verset 20 du chapitre 3.

Cause de la colère divine, synthétisée au v. 18

Le verset 18 du chapitre 1 est la thèse de tout ce qui suit, depuis le verset 19 de ce même chapitre au verset 20 du chapitre 3, cette partie de l’Épître montrant la cause de la colère divine.

Raisons de la culpabilité des Gentils, connaissant le mal et le pratiquant

Les Gentils sont inexcusables pour deux motifs : [1:19] l° parce que ce qui peut être connu de Dieu a été manifesté par la création, [1:20] savoir « sa puissance éternelle et sa divinité » ; — depuis la création du monde cette preuve a été devant les yeux des hommes ; [1:21] 2° parce que, ayant la connaissance de Dieu comme Noé l’a eue, ils n’ont pas glorifié Dieu comme Dieu, et que, dans la vanité de leur imagination, raisonnant sur leurs propres pensées à cet égard et sur les idées qui se produisaient au-dedans d’eux, [1:22] ils sont devenus fous en prétendant à la sagesse, [1:23] et sont tombés dans l’idolâtrie même la plus grossière. [1:24] Or Dieu a jugé cet état : [1:25] si les hommes n’ont pas voulu retenir une juste pensée de la gloire de Dieu, [1:24] ils ont subi le jugement qui les condamne à ne pas pouvoir garder même une juste idée de l’honneur naturel de l’homme et à se déshonorer eux-mêmes, [1:25] comme ils avaient déshonoré Dieu. C’est là, en quelques mots puissants et énergiques, l’exacte description de la mythologie païenne tout entière. [1:28] Les Gentils n’ont pas eu le discernement, le sens moral, par lequel ils auraient conservé Dieu dans leur connaissance : Dieu les a livrés à un esprit dépourvu de discernement, et ils se sont vautrés dans une inconduite qui était le fruit de goûts dépravés et inconvenants pour la nature même. — [1:32] La conscience naturelle savait que Dieu jugeait de telles choses comme étant dignes de mort, selon les justes exigences de la nature divine ; cependant, non seulement les hommes faisaient ces choses, mais ils prenaient de la satisfaction en ceux qui les faisaient, lorsque leurs propres convoitises à eux ne les y entraînaient pas. C’est ce qui laissait sans excuse ceux qui jugeaient le mal — et il ne manquait pas de personnes de ce caractère parmi les païens — car ces mêmes personnes faisaient le mal, tout en le jugeant. L’homme donc, en jugeant, se condamne doublement ; car en jugeant il montre qu’il a la connaissance du mal, et cependant il le fait. Or le jugement de Dieu est, selon la vérité, sur ceux qui font de pareilles choses ; ceux qui se font une réputation de sagesse, en les jugeant, n’échapperont pas à ce jugement.