Psaumes

Psaume 16

Ps. 16-24 — Relations de Christ comme le Messie avec le résidu

Psaume 16

Position de Christ ici-bas en lien avec le résidu

Christ prend place au milieu du résidu

Avec le Ps. 16, nous commençons une série importante de Psaumes, — ceux dans lesquels la relation de Christ lui-même avec le résidu nous est présentée par l’Esprit divin. Dans le Ps. 16, Christ prend formellement place au milieu du résidu. Ce Psaume est cité par l’apôtre Pierre en Actes 2 [(v. 25-28)], et par Paul en Actes 13:35, pour prouver la résurrection de Christ, et l’allusion qui y est faite en Hébreux 2:13 : « Je me confierai en lui », a pour but de montrer sa participation à la nature humaine. Quant à la citation textuelle d’Hébreux 2, elle est la traduction littérale d’Ésaïe 8:18, d’après les Septante.

Ps. 16 v. 2-3 — Position prise par Christ, comme serviteur parfait, au milieu des saints du résidu

Au verset 2, Christ dit à l’Éternel : « Tu es le Seigneur, ma bonté, etc. » ; et au verset 3 il dit aux saints : « En eux sont toutes mes délices ! ». Ce Psaume prend ainsi une valeur toute particulière : Christ prend place en grâce au milieu du pauvre résidu d’Israël ; il prend la place de serviteur, pour parcourir ce sentier de la vie que nul homme dans la chair n’avait trouvé dans ce monde, et qui conduisait par la mort au-delà de la mort, où il y a abondance de joie. Christ prend une position de dépendance, de confiance, non pas d’égalité divine ; et celui qui dit qu’il ne prend pas cette place, doit avoir un titre à faire ainsi, sans quoi il serait inutile de le dire. Il prend une autre position ; il prend la place de serviteur et appelle l’Éternel son Seigneur. Mais ce n’est pas tout : quelque seul qu’il puisse être dans sa perfection, quelque parfait qu’il puisse être en s’anéantissant ainsi, il prend place au milieu des saints sur la terre ; et il ne prend pas cette place seulement de fait, mais avec la plus complète affection. Il prend son plaisir en eux ; il se réjouit de les appeler « les excellents de la terre ».

Association, et non union, aux saints sur la terre

Ajoutons que ce n’est pas aux saints célestes qu’il s’associe, et que ceux dont il parle ici, ne sont pas unis à lui dans le ciel ; — mais il s’associe à euxQuelques-uns peuvent entrer dans le ciel par ce chemin de vie dont il a lui-même tracé l’empreinte, [16:3] mais il s’associe à eux et il se les associe sous ce nom d’« excellents de la terre ».

Caractère de dépendance, s'appuyant sur l’Éternel

Remarquez de plus que le Psaume tout entier respire cet esprit et porte ce caractère de dépendance si précieux pour le pauvre résidu. Ce n’est pas ici : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai » [(Jean 2:19)] ; — ce qui était prendre une place divine : son corps était un temple, — il l’a relevé lui-même ! Mais ici, il s’appuie comme homme sur l’Éternel, parfait dans cette position comme dans la première. [16:10] « Tu n’abandonneras pas mon âme au shéol, tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption ».

Détail des principes de ce psaume, Christ y ayant une place prépondérante

Considérons ce Psaume plus en détail ; nous avons dit quelques mots déjà sur les premiers versets ; mais les principes qu’il renferme sont de la plus haute importance et méritent une attention toute spéciale à cause de la place que Christ prend ici.

Ps. 16 v. 1-7 — Positions prises par le Messie, et part qu’Il a de l’Éternel ici-bas

[16:1] Le Messie, comme homme, s’attend à Dieu, afin que Dieu le garde. Il prend la position d’homme, non pas seulement comme un Juif invoquant l’Éternel, mais comme un homme devant Dieu : il met sa confiance en Dieu, et ce principe de confiance est présenté en Hébreux 2:13, comme un témoignage que le Messie est le vrai homme. — [16:2] Ensuite il prend la position de serviteur, disant à Jéhovah : — car il prend maintenant sa position devant lui — « Tu es mon « Adon », mon Seigneur », et c’est là une position bien définie et distincte. — De plus il ne prend pas cette position en bonté divine envers d’autres personnes, mais il se place devant Dieu comme homme : « Ma bonté, dit-il, ne s’élève pas jusqu’à toi », comme nous le voyons répondre au jeune homme qui s’approcha de lui en l’appelant bon Maître : — Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon sinon un seul, Dieu (Luc 18:19). [16:3] Mais, bien qu’en vérité il soit réellement seul, si nous le considérons dans sa relation avec l’homme, car tous étaient pécheurs, il prend place avec le résidu, « les excellents de la terre ». Historiquement il a pris cette position lorsqu’il vint au baptême de Jean-Baptiste avec ceux que l’Esprit amenait à Dieu par la sainte voie de la repentance. C’était leur premier pas, et il s’associe à eux en grâce. Néanmoins, même ici, nous sommes placés en face du résultat final aux derniers jours. [16:4] Il ne veut qu’on lui parle d’aucun Dieu, sinon de l’Éternel : les misères de ceux qui courent après un autre seront multipliées. [16:5] L’Éternel lui-même est sa part, il l’a gardée dans la paisible jouissance de ce dont il était appelé à jouir dans le conseil de Dieu, [16:6] et les cordeaux lui sont échus en des lieux agréables. L’héritage de l’Éternel sur la terre était sa part, et cet héritage est tout particulièrement en Israël. — Voilà sa part ! — mais le chemin à parcourir vient d’abord ; [16:7] et ici encore, il bénit l’Éternel ; c’est Lui qui toujours le conduit par son conseil ; le conseil de l’Éternel est avec lui pour le diriger, et quand, loin des hommes, tout est amené au plus profond de son cœur, ses propres sentiments les plus intimes ont été lumière et direction. Il en est toujours ainsi quand nous sommes en communion avec Dieu, car bien que de tels sentiments soient dans le cœur même, ils sont toujours lumière de Dieu dans le cœur, le fruit, et le fruit moral de l’opération de son Esprit. Il y avait la direction positive de l’Éternel, et puis cette intelligence intérieure de l’âme, résultat de l’opération de Dieu en elle.

Ps. 16 v. 7-8 — Direction de Dieu dans l’âme et propos du cœur se confiant en l’Éternel

En Christ, sans doute, tout ceci a été parfait. [16:7] En même temps qu’on juge toutes choses par la Parole, il ne faut pas négliger ce travail de l’âme poussée et enseignée par Dieu : on y trouve la pensée de l’Esprit en discernement moral. [16:8] À côté de cette direction, il y avait le propos positif du cœur : il s’était toujours proposé l’Éternel devant lui ! Il n’avait pas d’autre guide, et parce que l’Éternel était toujours proche, et à sa droite, il ne serait pas ébranlé. Ce n’était pas dépendre de soi-même, mais c’était la confiance en l’Éternel, et véritablement le chemin de la vie, quoique non encore manifesté en puissance visible (comparez Rom. 1:4).

Ps. 16 v. 9-11 — Chemin de la vie au travers de la mort

[16:9] C’est pourquoi il se réjouira au travers de tout et passera par la mort avec une foi sans nuage ; sa chair reposera en assurance ; comme homme, il n’a pas craint la mort. [16:10] L’Éternel en qui il s’est confié, ne laissera pas son âme au shéol, ni ne permettra que son saint voie la corruption. L’âme et le corps, bien que s’en allant respectivement là où vont les esprits des trépassés et où leurs corps sentent la corruption, ne seront, ni l’une laissée au shéol, ni l’autre atteint par la corruption. [16:11] Jéhovah lui montrera le chemin de la vie au travers, mais au-delà de la mort : et de quelle manière bénie ne l’a-t-il pas fait ? Ce chemin de la vie menait à des joies plus glorieuses que la bénédiction d’Israël au milieu duquel il était venu habiter ; et là, sans doute, les excellents de la terre ne pouvaient pas le suivre (Jean 13:33, 36 et 21:19) : il faut auparavant qu’il dessèche les eaux du Jourdain pour eux, et qu’il en fasse le chemin pour eux aussi, après y avoir lui-même passé. Car ce sentier, depuis qu’il a conduit au travers de la mort, doit conduire (s’il est réellement le chemin de la vie) à ce qui est au-delà de la mort — dans la présence de Celui dont la face est un rassasiement de joie, et là où il y a des plaisirs à sa droite pour toujours.

Résultats du chemin suivi par le Seigneur ici-bas

Tels sont, et la bienheureuse issue et les résultats bénis du chemin du Seigneur au travers de ce monde, où il est venu prendre place au milieu des saints, et où, dans la confiance en l’Éternel, entre les mains duquel il a remis son esprit, il a suivi le chemin qui, — s’il s’est chargé de nous, — devait conduire à travers la mort, et qu’il a retrouvé alors en résurrection pour entrer ainsi comme homme auprès de Celui devant qui il y a plénitude de joie. L’Esprit de sainteté caractérisa la vie du Fils de Dieu d’un bout à l’autre : il a été déclaré tel, en puissance, par la résurrection ; mais, étant homme, il a été élevé et est entré dans la présence de Dieu qu’il s’était toujours proposé devant lui [(16:8)]. La vie de sainteté et de confiance trouve là sa parfaite joie. Il est notre précurseur ; — Dieu en soit béni, et loué soit le précieux Nom de Celui qui a parcouru ce chemin !1

1 Comparez à ce point de vue Jean 12:23-24, où Christ est rejeté, et la revendication de sa gloire telle qu’elle apparaît dans les chap. 11, 12 et 13, comme Fils de Dieu, roi d’Israël et Fils de l’homme.

Relation avec d’autres passages, et distinction des relations avec Israël et avec l’Église

Arrêtons-nous un moment ici pour considérer la relation de tout ceci avec d’autres écritures auxquelles nous avons déjà fait partiellement allusion ; nous arriverons ainsi à mieux comprendre la vraie position de Christ au milieu d’Israël et la différence qu’il y a entre les relations d’Israël et celles de l’Église avec Lui. En même temps nous apprendrons à connaître les sentiments divinement parfaits de Christ lui-même dans cette position. Christ s’est associé aux saints en Israël ; seulement cette position qu’ils sont appelés à prendre, en témoignage de leur retour à Dieu, il l’a prise volontairement. Nous apprenons (Héb. 2:11) que cette association a lieu avec « ceux qui sont sanctifiés » : Christ forme, avec le résidu pieux, manifesté ainsi pour Dieu, une seule compagnie ; il ne prend point à honte de les appeler frères, s’étant chargé de leur cause et étant en conséquence devenu homme, devenu chair et sang, parce que les enfants que Dieu lui avait donnés participaient à la chair et au sang [(Héb. 2:14)]. Il est réellement devenu homme, mais pour s’identifier avec les intérêts et assurer la bénédiction des saints1, du résidu des enfants que Dieu amenait à la gloire et qui sont distingués de la masse d’Israël pour laquelle ils devaient être un signe (voyez És. 8:18). Ce passage du prophète envisage la condition de ce résidu et l’attente de meilleurs jours : laissant de côté l’Église qui n’est pas le sujet de la prophétie, la Parole passe ici, comme elle le fait souvent ailleurs, de la relation personnelle de Christ avec les saints en Israël, à la position et à la part de ces saints aux derniers jours. Le passage d’Ésaïe que nous venons de citer est particulièrement clair sur ce point, et nous aide grandement à bien saisir la manière dont l’Esprit de Dieu passe de l’histoire précédente des saints en Israël, aux derniers jours, omettant entièrement l’Église. Christ, en Esprit, n’a en vue que ces saints, c’est-à-dire sa relation avec eux, le résidu d’Israël, et dans cette mesure, avec la nation ; il passe ainsi par-dessus toute l’histoire de l’Église, afin de se retrouver de nouveau dans la même relation avec la nation aux derniers jours. « Lie le témoignage », dit-il, « scelle la loi parmi mes disciples. Et je m’attendrai à l’Éternel (comme en Héb. 2:13), qui cache sa face de la maison de Jacob, et je l’attendrai » (És. 8:16, 17) : ceci a été accompli quand il est devenu le sanctuaire rejeté et la pierre d’achoppement. Le passage va ensuite jusqu’à la gloire finale, alors qu’Israël le possédera, Lui, comme « le Fils qui nous est né » (És. 9:6, 7). Si nous ne faisons pas abstraction de l’Église, il nous est impossible de comprendre les prophéties de l’Ancien Testament : l’Église a une part céleste, mais Christ peut considérer séparément sa relation avec son peuple terrestre.

1 Devenant ainsi homme et en ce qu’il glorifie Dieu dans son œuvre comme homme, il a aussi droit — par le don de Dieu — sur toute chair.

Part de Christ et sentiments qu’Il y manifeste

Idolâtrie ôtée avant la part amenée par le Seigneur, liée à sa résurrection

Reprenons notre Psaume 16. Le lecteur remarquera l’allusion qui y est faite, au vers. 4, à l’idolâtrie, ce grand sujet de controverse entre Dieu et Israël. Nous apprenons, par Matt. 12:43, 45, et És. 65, que les Juifs tomberont dans l’idolâtrie aux derniers jours. [16:2] L’Esprit prophétique de Christ reconnaît l’Éternel seul, [16:3] et ce n’est qu’après que toute cette idolâtrie aura été ôtée, que, aux jours qui sont à venir, il se réjouira dans la part que le Seigneur lui a donnée avec les « excellents de la terre ». La certitude de cette espérance est liée à la résurrection, qui est la condition nécessaire de son accomplissement, et que la faveur de l’Éternel assure à son Oint, [16:10] en vertu de cette puissance qui ne souffrira pas que son Saint voie la corruption. C’est pourquoi l’apôtre fait allusion aux « grâces assurées de David » (Actes 13:34), c’est-à-dire à l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu à Israël, comme preuve que Christ devait ressusciter d’entre les morts pour ne plus voir la corruption.

Sentiments du Seigneur exprimés, dans la position qu’Il a prise avec Son peuple

Rien, si ce n’est sa mort, ne peut être plus beau que l’expression des sentiments du Seigneur qui nous sont donnés dans ce Psaume, dans lequel il exprime lui-même la position qu’il a prise et qu’il a prise avec les saints. L’Éternel est sa part ! Combien cela a été vrai ! Quel autre avait-il que l’Éternel ? [16:3] Cependant il a pris son plaisir dans les saints. Ne voyons-nous pas qu’il a pris plaisir en ses disciples ? Dès le premier pas de la vie spirituelle dans les fidèles du résidu, manifestée dans leur soumission au baptême de la repentance prêché par Jean, il s’identifie avec eux, lui qui certainement n’avait pas besoin de repentance ; [16:8] et ainsi, comme un homme fidèle, un Israélite, il se propose toujours l’Éternel devant lui. [16:10] Ainsi, même dans la mort, il se confie en lui pour la résurrection, chemin de la vie au travers et en dépit de la mort (chemin qu’il a ouvert pour nous) ; [16:11] et là, il le sait, l’Éternel, Dieu, la présence de son Père, est une plénitude de joie, — « il y a des plaisirs à sa droite pour toujours ». C’est la joie la plus élevée, la propre joie de l’âme et de l’Esprit de Christ : — non pas la gloire, mais la présence de Dieu.