Psaumes

Psaumes 9 et 10

Ps. 9-15 — Ordre des faits des derniers jours et sentiments s’y rattachant]

Ps. 9-10 — Les fidèles d’Israël à la fin, avant l’apostasie, au milieu des nations — Circonstances du résidu aux derniers jours

Scène de l’exercice des fidèles, état amenant ces exercices et délivrance finale

Les Ps. 9 et 10 nous introduisent historiquement au milieu des circonstances dans lesquelles se trouve le résidu aux derniers jours, dans la terre d’Israël. Les grands principes ont été posés : le résidu ; — le Messie ; — l’affliction au milieu d’Israël en suite de son rejet ; — un sentier qu’il a personnellement appris à connaître ; — la gloire dans le Fils de l’homme ; et nous trouvons maintenant, dans ces deux Ps. 9 et 10, une sorte de préface qui, nous initiant à ces circonstances, nous fait connaître la scène des exercices d’âme des fidèles, l’état de choses qui donne naissance à ces exercices, et la délivrance opérée par le jugement de Dieu.

Circonstances des derniers jours pour le résidu opprimé par ses ennemis

Nous pouvons remarquer ici, comme confirmation de ce que nous avons avancé précédemment, que l’homme juste, le Messie selon les conseils de Dieu, — mais rejeté (avec les afflictions du résidu qui en découlent et dans lesquelles il entre), et en résultat glorifié comme Fils de l’homme et établi sur toutes les œuvres des mains de Dieu [(8:6)] — ayant été placé devant nous dans les huit premiers Psaumes, nous nous trouvons d’abord aux derniers jours, alors que le résidu juste sera sous l’oppression des méchants et des nations. Les Ps. 9 et 10 nous font entrer d’une manière plus détaillée dans les circonstances de ces derniers jours. Le Messie, en esprit, dans le résidu opprimé, reconnaît la justice du Dieu qui est assis sur le trône, jugeant justement.

Justice de Dieu contre le méchant ici-bas, en contraste avec ce qu’a connu Christ

Remarquons également en passant, la grande différence qu’il y a entre la célébration de la justice de Dieu, assis sur le trône, jugeant justement, et vengeant l’homme juste de l’oppresseur, — et cette autre scène, où nous voyons Christ sur la croix qui n’a pas été vengé sur la terre, mais qui se déclare lui-même abandonné de Dieu [(Matt. 27:46)] ; ses ennemis, en apparence, accomplissant tout leur méchant conseil contre lui ; mais alors, la justice étant établie par des voies célestes, la justice de Dieu le fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes : « De justice, parce que je m’en vais à mon Père et que vous ne me voyez plus » (Jean 16:10). Pour ce qui concerne cette justice, il a été entièrement retiré de ce monde, de manière que les disciples, comme étant dans la chair, et c’était le cas des Juifs, ne l’ont plus vu. Il avait glorifié Dieu, et était glorifié en Dieu comme Dieu avait été glorifié en lui. La justice qui jugeait l’oppresseur, quoique exercée par Dieu qui seul est réellement juste et a la puissance, avait sa sphère et sa mesure dans le gouvernement terrestre et dans la distinction qu’elle faisait entre le juste et le méchant au milieu des hommes, entre l’opprimé et l’oppresseur : elle se liait au juste gouvernement de Dieu. L’intelligence de cette différence est une clef pour la compréhension de toute la structure des Psaumes.

Différents termes hébreux rendus par « peuple » et leur signification

Un autre point qu’il ne faut pas passer sous silence est celui-ci : Dans nos traductions, divers mots hébreux sont rendus par peuple. Ainsi : HamHammi, (au singulier) « peuple », « mon peuple » (Israël) Ps. 3:6, 8 ; Gojim, « les nations ou les païens », Ps. 2:8, c’est-à-dire ceux du dehors, en contraste avec Israël, peuple de Dieu (Israël est une fois désigné par ce mot pour signaler sa culpabilité, Ps. 43:1) ; l’ummim, « les peuplades » Ps. 7:7, en général, sur la terre, les diverses races de l’humanité ; Hammim, pluriel, « les peuples » Ps. 7:8, je pense les nations envisagées en connexion avec Israël rétabli et placées en relation avec Jéhovah.

Nous pouvons aborder maintenant l’examen des deux Psaumes que nous avons devant nous.

Psaume 9

Délivrance du peuple par l’Éternel selon le droit du juste

Le Ps. 9 nous présente l’Éternel, le Très-Haut (noms que Dieu prend en relation avec les Juifs d’une part et avec l’accomplissement millénaire des promesses faites à Abraham d’autre part), délivrant le peuple de l’oppression des nations et mettant fin à la puissance du méchant par le jugement. [9:4] Le Juif délivré célèbre cette bonté qui a revendiqué les droits du juste et maintenu sa cause. C’est réellement l’Esprit de Christ qui parle ici, comme ayant pris en main la cause du juste : c’est le droit de Christ ; si le Juif a quelque droit, c’est par lui, et si les fidèles invoquent ce droit, c’est lui qui a mis les paroles dans leur bouche. En effet, si Christ n’était pas entré dans leur affliction, et s’il ne leur avait pas donné ces paroles, ils n’eussent pu parler de « mon droit ».

Ps. 9 v. 1-5 — Célébration du Très-Haut qui a défait les ennemis du juste

Pénétrons maintenant un peu plus avant dans le détail des circonstances auxquelles ce Psaume nous initie. [9:1] L’homme humble et opprimé célèbre Dieu de tout son cœur, sous le double nom de l’Éternel [9:2] et du Très-Haut (comparez Ps. 91 et Genèse 14:19-20). [9:3] La défaite de ses ennemis n’est pas seulement une victoire humaine ; ils tombent et périssent devant la face de l’Éternel [9:4] qui est intervenu pour revendiquer le droit du juste et maintenir sa cause, proprement le droit et la cause de Christ qui s’était placé lui-même au milieu des fidèles dans ses sympathies miséricordieuses.

Caractères public et personnel de l’Éternel, grand sujet de tous les Psaumes

Ps. 9 v. 6-8 — Temps limité des efforts de l’ennemi, mais Dieu demeure à toujours

Au vers. 6 nous trouvons un principe important pour la foi dans tous les temps, alors réalisé de fait : les efforts de l’ennemi ici-bas sont pour un temps ; il peut, si Dieu le permet, détruire la prospérité présente ; — le Seigneur demeure à jamais ; nous n’avons qu’à faire sa volonté sur le chemin qui est devant nos pieds ; sa volonté s’accomplira toujours à la fin. Cette volonté que nous accomplissons dans notre course, peut-être dans l’affliction et la souffrance maintenant, dominera certainement au terme de la route. Le moment était venu où les destructions devaient prendre fin pour toujours — les villes et leur mémoire avaient été détruites : [9:7] l’Éternel demeure à toujours. Nous avons ouï parler de la patience de Job [(Jac. 5:11)] — c’était pendant le cours de son épreuve ; mais nous avons vu la fin du Seigneur — ceci devient un fondement de la foi. La foi marche avec Celui qui tient certainement la fin entre ses mains : il est assis à toujours ; il a préparé son trône pour le jugement. [9:8] Il jugera en justice le monde universel et exercera le jugement sur les peuples avec droiture.

Ps. 9 v. 9-10 — L’Éternel comme refuge dans la détresse

Tel est le caractère public de l’Éternel ; mais il y a un côté particulier de son caractère personnel, si l’on peut parler ainsi, dont la manifestation, publique aussi, est le sujet principal du Ps. 9 ; avec le premier caractère public dont nous venons de parler, elle forme réellement le grand sujet de tous les Psaumes ; ces deux caractères sont connus seulement de la foi et ils sont célébrés par anticipation. [9:9] Ce second caractère est que l’Éternel est un refuge pour l’opprimé, un refuge au temps de la détresse. [9:10] C’est pourquoi ceux qui connaissent son nom, se confient en l’Éternel en tout temps. Son intervention en faveur de ceux qui le cherchent dans ce jour-là, rendra son nom glorieux en tout lieu.

Ps. 9 v. 11-16 — L’Éternel habite en Sion et juge pour le bien de son peuple

Un autre point nous est encore présenté ici : [9:11] l’Éternel, se révélant ainsi, habite en Sion. Ses exploits (c’est-à-dire ce qu’il fait pour la gloire de son nom, par le jugement en faveur du résidu) seront publiés parmi les peuples, afin que les fidèles du résidu soient ainsi rendus capables de se confier en Lui. Le mot hébreu que nous trouvons ici n’est pas celui qui est employé souvent pour désigner les peuples ; et ce mot particulier doit s’appliquer, je pense, aux nations que Dieu reconnaît. L’Éternel est ainsi retourné dans Sion à la fin. Aux vers. 13 et 14 les fidèles du résidu implorent l’Éternel, faisant appel à sa miséricorde, afin que leurs cœurs le célèbrent en Sion aussi bien que ses jugements. Le verset 15 célèbre le jugement, dont le côté moral nous est donné au verset 16 : l’Éternel se fait connaître par le jugement qu’il exécute.

Préface du livre par les deux caractères présentés, et application aux derniers jours

La manière dont ce Ps. 9 sert ainsi de préface au livre des Psaumes tout entier, et nous fait connaître, et sa portée, et son application aux derniers jours, est évidente ; et une fois bien saisie, elle sert grandement à la compréhension de la structure générale du livre.

Ps. 9 v. 17-20 — Jugement des méchants, selon l’imploration du résidu

[9:17] Aux derniers versets, les méchants (ici c’est au pluriel et cela a son importance, car il y a aussi « le méchant » comme Paul l’appelle [(1 Cor. 5:13)]), quels qu’ils soient d’ailleurs, Juifs ou Gentils, mais plus particulièrement le Juif et puis toutes les nations qui oublient Dieu, c’est-à-dire qui n’avaient pas voulu se souvenir de Dieu, sont présentés comme devant être rejetés et jugés, placés dans le hadès par le jugement. [9:18] C’est en ceci que Dieu se souvient des opprimés, car la destruction des méchants est leur délivrance, [9:19] et c’est pourquoi le résidu s’écrie : « Lève-toi, ô Éternel ! ». Ce trait nous fournit l’explication de certaines expressions des Psaumes auxquelles j’ai fait allusion plus haut, — l’imploration du jugement. Comparez les caractères de ceux qui sont jugés, dans les chap. 1 et 2 de l’épître aux Romains ; remarquez seulement que la colère, dans ces chapitres, est la colère révélée du ciel [(Rom. 1:18)] et non pas la colère gouvernementale sur la terre, colère qui vient de Sion ; remarquez encore que, comme on pouvait s’y attendre, on trouve, dans l’épître aux Romains, un développement moral plus grand et non pas le jugement extérieur des nations. En Apocalypse 4, nous avons, dans les quatre animaux, les caractères des chérubins aussi bien que des séraphins, pour annoncer, je crois, que les jugements qui vont s’exécuter sont à la fois conformes à la sainte nature de Dieu et à ses voies gouvernementales. Il est vrai que le cas d’Ésaïe 6, où nous ne trouvons que les séraphins, s’applique à un jugement gouvernemental, alors que la grâce épargne un résidu, mais l’incompatibilité entre l’Éternel et la souillure est placée devant le prophète.

Psaume 10

Ps. 10 v. 1-11 — Caractère du méchant, orgueilleux et négligeant Dieu

Le Ps. 10, dans son ensemble, dépeint l’état des choses aux derniers jours, jusqu’au moment où l’Éternel se lève pour le jugement, et plus particulièrement le caractère du méchant, car on reconnaît le méchant à son caractère, et c’est dans le Juif spécialement que ce caractère se retrouve (comp. És. 40 à 48 qui s’occupe particulièrement de l’idolâtrie et de Babylone ; et 49 à 58 qui traite du rejet du Messie, ces deux péchés capitaux qui amènent les Juifs sous le jugement, le péché contre l’Éternel et celui contre son Oint). Le méchant, dans son orgueil, agit d’après ce qui se voit, tandis que le juste agit en se confiant au caractère de l’Éternel, par la foi en lui. [10:3] Le méchant se glorifie du désir de son âme et bénit l’avare que l’Éternel abhorre ; il poursuit ses plans, sans conscience, cherchant à détruire l’affligé par ses artifices, [10:11] et estimant que Dieu l’a oublié. De quel secours Christ ne peut-il pas être ici pour le résidu ? Les débonnaires élèvent leur voix sous l’oppression ; [10:1] pourquoi l’Éternel se tient-il loin et se cache-t-il au temps de la détresse ?

Ps. 10 v. 12-15 — Les débonnaires crient à l’Éternel et de confient en Lui

Les débonnaires sont loin en effet d’être là où Christ a été ; toutefois l’ombre, si je puis dire ainsi, de ces souffrances que Christ a traversées, passe sur eux, mais ils peuvent espérer en Dieu. Ainsi au verset 12, ils implorent Dieu afin qu’il élève sa main, qu’il n’oublie pas les affligés ; [10:13] pourquoi le méchant méprise-t-il Dieu ? — [10:14] L’Éternel l’a vu, et recherchera : — le malheureux s’abandonne à lui.

Ps. 10 v. 16-18 — Manifestation de l’Éternel en réponse aux débonnaires

Les versets 16 et suivants célèbrent l’entrée de l’Éternel sur la scène en réponse aux supplications des débonnaires, et les résultats qui découlent de cette intervention. [10:16] L’Éternel est Roi à toujours, — les nations ont péri de dessus sa terre. Voilà le jugement public ; [10:17] puis le secret de Jéhovah : Jéhovah a exaucé le désir des débonnaires ; il a préparé leur cœur ; ensuite il a entendu leur cri ; [10:18] et sa réponse sera le jugement ; il sera juge en faveur de l’orphelin et de celui qui est opprimé, en sorte que l’homme de la terre, celui qui a sa force et son espérance sur la terre, n’effraye plus désormais.

Remarques supplémentaires sur les Ps. 9 et 10

Quelques observations supplémentaires sur les deux Psaumes que nous venons de parcourir ne seront pas hors de propos.

Trois classes de personnes étrangères au résidu : les nations, le méchant et les méchants

À côté du résidu pauvre et débonnaire qui s’attend à Dieu, il y a deux autres, et même dans un certain sens, trois autres classes de personnes : il y a les nations, gojimétrangères à Israël, qui l’oppriment, des ennemis de Dieu ; puis les méchants, qui seront alors plus spécialement au milieu des Juifs, comme nous l’avons vu. Mais ces méchants sont mentionnés à un double point de vue, et c’est pourquoi j’ai parlé de trois classes de personnes : en général, — dans le Ps. 10 partout, et dans le Ps. 9 partout, excepté au vers. 17, — il est parlé du méchant au singulier ; au vers. 17, il est parlé des méchants au pluriel, afin de montrer qu’ils seront tous précipités dans le shéol. L’expression de méchantau singulier, définit le caractère, bien que je ne doute pas qu’il y aura un Méchant particulier, harashah, o anomos l’antichrist ; il est mentionné ici certainement par son caractère, non pas par une prophétie distincte touchant sa personne. L’anomia est manifestée, — mais non pas l’anomos — et elle n’est pas restreinte à un seul. L’analogie de tout ce qui concerne le Christ dans ses circonstances de réjection sur la terre est claire ; il en est ainsi de toutes les formes de la méchanceté : la trinité même est imitée, en mal, dans l’Apocalypse ; on y trouve la cité de la corruption, comme aussi l’épouse de Christ, et ainsi de suite. Jusqu’ici, sauf pour ce qui est du Messie des conseils de Dieu, présenté au Ps. 2, l’homme juste a été placé devant nous caractéristiquement ; ici, comme cela est nécessaire, la Parole caractérise toute la classe des personnes opposées à l’Éternel et à son Christ, bien qu’un seul homme puisse être l’expression concentrée, pour ainsi dire, de ce caractère. Le résidu était appelé à juger d’après ce caractère, moralement.

Jugement des méchants avec les nations

De plus, remarquez-le, les méchants sont jugés avec les nations ; ils tombent tous ensemble sous le même jugement. Les méchants seront repoussés jusque dans le shéol, et avec eux toutes les nations qui oublient Dieu : « Tu as tancé les nations, tu as fait périr le méchant » (9:5). Ce Ps. 9 nous présente, comme nous l’avons vu, l’aspect général de l’intervention de l’Éternel en jugement ; au Ps. 10 nous avons particulièrement la position du résidu affligé et tourmenté, au-dedans ; c’est pourquoi nous trouvons qu’il est fait mention du méchant (un homme), non pas des nations, jusqu’à ce que, lors de l’exécution du jugement, ils se trouvent tous également retranchés de la terre de l’Éternel, de manière à identifier le jugement avec les déclarations générales du Ps. 9. Il est inutile d’ajouter combien tout ceci répond pleinement à l’histoire qui nous est donnée des derniers jours.