Matthieu

Chapitre 13

Ch. 13 v. 1-2 — La nouvelle position de Jésus hors d’Israël

Ses actes et ses paroles, à dater de ce moment, rendent témoignage à l’oeuvre nouvelle qu’il faisait réellement sur la terre. [13:1] Il quitte (chap. 13) la maison et s’assied au bord du lac. [13:2] Il prend une nouvelle position en dehors d’Israël, pour annoncer à la multitude ce qui était réellement son oeuvre. [13:3] Un semeur sortit pour semer.

Ch. 13 v. 3-9 — La parabole du semeur

[13:3] Le Seigneur ne cherche plus du fruit dans sa vigne. Il avait été nécessaire, selon les relations de Dieu avec Israël, que le Seigneur cherchât ce fruit ; mais son vrai service, il le savait bien, était, non pas de trouver du fruit parmi les hommes, mais d’apporter à l’homme ce qui pouvait produire du fruit.

Il est important de remarquer ici que le Seigneur parle de l’effet évident et extérieur de son oeuvre de semeur. La seule occasion où il exprime son jugement quant à la cause intérieure du résultat, c’est lorsqu’il dit : « Ils n’avaient pas de racine » [(13:6)] ; et ici même il se borne à énoncer le fait. Les doctrines relatives à l’opération divine nécessaire pour avoir du fruit ne sont pas traitées ici. C’est le semeur qui est en scène, ainsi que le résultat de son oeuvre, et non ce qui fait germer la semence dans la terre. Dans chacun des cas, sauf le premier, un certain effet est produit.

Le Seigneur donc nous est présenté ici comme commençant une oeuvre indépendante de toute relation précédente de Dieu avec les hommes, apportant avec Lui la semence de la Parole qu’il sème dans le coeur par son ministère. Là où cette Parole demeure, là où elle est comprise, où elle n’est ni étouffée, ni desséchée, elle produit des fruits pour la gloire du Seigneur et pour le bonheur et le profit de l’homme qui porte du fruit.

Ch. 13 v. 10-17 — Le jugement d’aveuglement sur Israël

[13:11] Au v. 11, le Seigneur montre pourquoi il parle énigmatiquement à la foule. La distinction est maintenant définitivement établie entre le résidu et la nation : [13:14] celle-ci était sous le jugement d’aveuglement prononcé par le prophète Ésaïe. [13:16] Heureux étaient les yeux des disciples qui voyaient l’Emmanuel, le Messie, [13:17] objet des espérances et des désirs de tant de prophètes et d’hommes justes ! Tout cela montre le jugement, et un résidu appelé et mis à part1.

1 Comp. Marc 4:33, 34. Cela s’appliquait à tous, s’ils avaient eu des oreilles pour entendre, mais était ténèbres aux hommes à propre volonté.

Ch. 13 v. 18-23 — Les caractères de ceux sur qui la Parole est semée

Ch. 13 v. 19 — La Parole sans effet

J’ajouterai ici quelques remarques sur le caractère des personnes dont le Seigneur parle dans la parabole. [13:19] Lorsque la Parole est semée dans un coeur qui ne la comprend pas, lorsqu’elle ne produit aucune relation d’intelligence, de sentiment ou de conscience entre le coeur et Dieu, l’ennemi l’ôte : elle ne reste pas dans le coeur. Celui qui l’a entendue n’en est pas moins coupable : ce qui avait été semé dans le coeur était adapté à tous les besoins, à la nature et à l’état de l’homme.

Ch. 13 v. 20-21 — La joie superficielle sans atteinte de la conscience

[13:20] La réception immédiate de la Parole avec joie, dans le cas suivant, tend plutôt à démontrer que le coeur ne gardera pas la Parole, car alors il n’est guère probable que la conscience soit atteinte. Une conscience atteinte par la Parole rend l’homme sérieux ; il se voit devant Dieu, ce qui est toujours une chose sérieuse, quel que soit l’attrait de la grâce de Dieu, ou l’espoir qu’inspire sa bonté. [13:21] Si la conscience n’a pas été atteinte, il n’y a pas de racine. La Parole a été reçue pour la joie qu’elle a communiquée ; lorsqu’elle amène la tribulation, on l’abandonne. Quand la conscience a été déjà exercée, l’Évangile produit tout de suite de la joie ; mais, quand elle ne l’a pas été, il réveille la conscience, s’il y a eu un travail réel. Dans le premier cas, il répond aux besoins qui existent déjà, et les satisfait. Dans le second, il les crée.

Ch. 13 v. 22 — La stérilité des résultats

[13:22] Hélas ! l’histoire de chaque jour est la triste explication de la troisième classe ! Il n’y a pas mauvaise volonté, il y a stérilité.

Ch. 13 v. 23 — L’intelligence de la Parole révèle Dieu

[13:23] La vraie intelligence de la Parole n’est affirmée que de ceux qui produisent du fruit. La vraie intelligence de la Parole place une âme en rapport avec Dieu, parce que la Parole révèle Dieu — exprime ce qu’il est. Si je la comprends, je le connais ; et la vraie connaissance de Dieu (c’est-à-dire du Père et de son Fils Jésus Christ) est la vie éternelle. Or, quel que soit le degré de lumière, c’est toujours Dieu ainsi révélé, dont la Parole, semée par Jésus, donne la connaissance. Ainsi, engendrés de la Parole, nous produirons dans ce monde, en diverses mesures, les fruits de la vie de Dieu. Car le sujet dont il s’agit ici, c’est l’effet dans ce monde de la réception de la vérité apportée par Jésus (non le ciel, ni ce que Dieu fait dans le coeur, pour que la semence porte du fruit).

Le caractère des paraboles de Matt. 13

La parabole du semeur, image du service de Christ ici-bas

Cette parabole ne parle pas, comme similitude, du royaume, quoique la parole semée fût celle du royaume, mais du grand principe élémentaire du service de Christ dans l’universalité de son application ; et il fut réalisé dans sa personne et dans son service quand il était sur la terre, et après son départ, quoique de plus amples sujets de grâce pussent être alors produits.

Les six similitudes du royaume en l’absence du Roi

Dans les six paraboles suivantes, nous trouvons des similitudes du royaume ; et nous avons à nous souvenir que ce royaume est établi pendant le rejet du Roi1 ; il a, par conséquent, un caractère particulier, c’est-à-dire qu’il est caractérisé par l’absence du Roi ; de plus, dans l’explication de la première parabole, nous trouvons quel est l’effet de son retour.

1 Remarquons ici que le chap. 12, ayant placé devant nous le jugement du peuple juif, nous avons maintenant le royaume tel qu’il est pendant l’absence du roi, chap. 13 ; l’Assemblée bâtie par Christ, chap. 16 ; et le royaume en gloire, chap. 17.

Ch. Les formes externes du royaume, puis la pensée divine à son égard

Les trois premières de ces six paraboles nous présentent le royaume dans ses formes extérieures dans le monde. Elles sont adressées à la foule. Les trois dernières nous le montrent suivant l’estimation qu’en fait le Saint Esprit selon la vérité du caractère de ce royaume, comme Dieu le voit — la pensée et le conseil de Dieu en lui. Aussi sont-elles adressées aux disciples seuls. L’établissement public du royaume selon la justice et la puissance de Dieu, est aussi annoncé aux disciples dans l’explication de la parabole de l’ivraie [(13:43)].

La forme extérieure du royaume présentée aux foules

Extérieurement, le royaume se rattachait à la responsabilité de l’homme

Considérons premièrement la forme extérieure que ce royaume, publiquement annoncé à la foule, devait prendre.

Rappelons-nous que le Roi, c’est-à-dire le Seigneur Jésus, était rejeté sur la terre ; que les Juifs s’étaient jugés en le rejetant ; et que, la parole de Dieu étant employée pour accomplir l’oeuvre de Celui que le Père avait envoyé, le Seigneur faisait ainsi savoir qu’il établissait le royaume non par sa puissance, exercée en justice et en jugement, mais en rendant témoignage aux coeurs des hommes ; et que le royaume maintenant prenait un caractère se rattachant à la responsabilité de l’homme et à l’effet qui se produisait lorsque la parole de lumière était semée sur la terre, adressée aux coeurs des hommes et confiée comme système de vérité à leur fidélité et à leurs soins (Dieu toutefois maintenant toujours son droit souverain de conserver ses enfants et la vérité elle-même). Cette dernière partie ne fait pas le sujet de ces paraboles. Je l’ai mentionnée ici, parce qu’autrement on aurait pu supposer que tout dépendait absolument de l’homme. Dans ce cas, hélas ! tout aurait été perdu !

Ch. 13 v. 24-30 — La parabole de l’ivraie

Le royaume confié à l’homme ne montre plus l’œuvre du Seigneur

La parabole de l’ivraie est la première dans l’ordre (v. 24-30). [13:24] Elle nous donne une idée générale de l’effet des semailles quant au royaume, ou plutôt ce qui est résulté parce que le royaume ici-bas a été confié pour le moment aux mains des hommes.

Le résultat a été que ce royaume n’a plus présenté, comme ensemble, l’apparence de l’oeuvre même du Seigneur. Le Seigneur, lui, ne sème pas de l’ivraie ; [13:25] mais, par la négligence et par l’infidélité des hommes, l’ennemi a trouvé le moyen de la semer. Remarquez que « l’ivraie » ne désigne ni les païens, ni les Juifs, mais le mal opéré au milieu des chrétiens par Satan, par les mauvaises doctrines, par les mauvais docteurs et leurs sectateurs. [13:24] Le Seigneur Jésus a semé. [13:25] Satan, pendant que les hommes dormaient, a semé aussi. Il y a eu des judaïsants, des philosophes, des hérétiques qui tenaient des uns et des autres, ou qui s’opposaient à la vérité de l’Ancien Testament.

Le royaume des cieux sur la terre reste mélangé

[13:27] Cependant Christ n’avait semé que du bon grain. [13:28] Mais faudra-t-il arracher l’ivraie ? Il est clair que l’état du royaume dans ce monde, pendant l’absence de Christ, dépend de la réponse à cette question, et elle sert aussi à mettre au clair cet état. [13:29] Or il y avait moins de puissance encore pour porter remède à l’introduction du mal que pour prévenir ce mal. [13:30] Tout était irrémédiable jusqu’à l’intervention du Roi au temps de la moisson. Le royaume des cieux sur la terretel qu’il est entre les mains des hommes, doit rester un système mélangé. Les hérétiques, les faux frères s’y trouvent, ainsi que le fruit de l’oeuvre du Seigneur, qui rend témoignage, dans cette dernière relation de Dieu avec l’homme, de l’incapacité de l’homme de conserver dans son premier état ce qui est bon et pur. Il en a toujours été ainsi1.

1 C’est une pensée solennelle, que le premier acte de l’homme a été de gâter ce que Dieu avait fait bon. Il en a été ainsi d’Adam, de Noé, de la loi, du sacerdoce d’Aaron, du fils de David, de Nébucadnetsar même, de l’Église. Au temps de Paul, tous cherchaient leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ [(Phil. 2:21)]. Tout est bon, meilleur et stable dans le Messie.

Le tri et le jugement ont lieu à la moisson, mais non par les serviteurs

[13:30] Au temps de la moisson (expression qui désigne un certain espace de temps, dans lequel s’accomplissent les événements qui se rapportent à la moisson) — « au temps de la moisson », le Seigneur s’occupera premièrement, dans sa providence, de l’ivraie. Je dis « dans sa providence », parce qu’il emploie les anges. L’ivraie sera liée en faisceaux, prête à être brûlée.

Il faut remarquer que les choses extérieures dans le monde sont le sujet même ici des actes qui arrachent la corruption — corruption qui s’est développée au milieu de la chrétienté.

[13:29] Les serviteurs ne sont pas capables de le faire. Le mélange (que leur infirmité et leur négligence ont occasionné) est tel, qu’en ôtant l’ivraie, ils arracheraient aussi le bon grain. Non seulement le discernement, mais encore la puissance pratique de séparation, leur manqueraient pour mettre leur dessein à exécution. Une fois que l’ivraie est là, ils n’ont rien à faire avec elle, quant à sa présence dans ce monde, dans la chrétienté. Leur service s’applique au bien. Le soin d’en purifier la chrétienté n’est pas de leur ressort. [13:30] C’est là une oeuvre de jugement sur ce qui n’est pas de Dieu, une oeuvre qui appartient à Celui qui sait l’exécuter selon la perfection d’une connaissance qui embrasse tout et d’une puissance à laquelle rien n’échappe ; une connaissance qui saura de deux hommes qui seront dans un même lit, prendre l’un et laisser l’autre [(Luc 17:34)]. L’exécution du jugement sur les méchants dans ce monde n’appartient pas aux serviteurs1 de Christ. Le Seigneur accomplira ce jugement par les anges de sa puissance, auxquels il remet le soin de l’exécuter.

1 Je parle ici de ceux qui auront été ses serviteurs pendant son absence ; car les anges sont aussi ses serviteurs, aussi bien que les saints du siècle à venir.

La fin est l’enlèvement de l’Église, avant le jugement

[13:30] Après avoir lié l’ivraie, il assemble le bon grain dans son grenier. Le blé n’est pas lié en faisceaux ; le Seigneur le prend tout à lui-même. Voilà ce qui a trait à l’apparence extérieure du royaume ici-bas. Ce n’est pas là tout ce que cette parabole nous enseigne, mais elle termine le sujet de cette partie du chapitre. [13:28] Pendant l’absence de Jésus, l’ensemble de l’effet de ce qu’il a semé sera gâté par l’oeuvre de l’ennemi. [13:30] À la fin, le Seigneur liera en faisceaux toute l’oeuvre de l’ennemi, c’est-à-dire la préparera dans ce monde pour le jugement. Puis il enlèvera l’Église. Il est évident que cela termine ici-bas la scène qui se poursuit pendant son absence. Le jugement n’est pas encore exécuté ; et avant d’en parler, le Seigneur donne d’autres tableaux des formes que prendra le royaume pendant son absence.

Ch. 13 v. 31-32 — La parabole du grain de moutarde

[13:31] Ce qui avait été semé comme un grain de moutarde [13:32] devient un grand arbre, expression qui est le symbole d’une grande puissance sur la terre. L’Assyrien, le Pharaon, Nébucadnetsar, nous sont présentés comme de grands arbres dans la Parole (voyez Ézéchiel 31:3 et suivants ; 17:23-24 ; Dan. 4:10 et suiv.). Telle devait être la forme du royaume qui commençait en petitesse par la Parole, semée par le Seigneur et plus tard par ses disciples. Ce que produirait cette semence devait revêtir peu à peu la forme d’une grande puissance qui se mettrait en évidence sur la terre, et sous laquelle les autres viendraient s’abriter, comme les oiseaux sous les branches d’un arbre. C’est bien là ce qui est arrivé.

Ch. 13 v. 33 — La parabole du levain dans la pâte

[13:33] Ensuite (v. 33 et suiv.), non seulement ce serait une grande puissance sur la terre, mais le royaume aurait le caractère d’un système de doctrine qui se répandrait elle-même — une profession qui embrasserait tout ce qu’atteindrait la sphère de son influence. La totalité des trois mesures serait levée. Je n’insiste pas ici sur le fait que le mot levain est toujours employé dans les Écritures dans une acceptation mauvaise ; mais le Saint Esprit veut nous faire comprendre qu’il ne s’agit pas de la puissance régénératrice de la Parole dans le coeur d’un individu qui par elle reviendrait à Dieu ; qu’il ne s’agit pas non plus simplement d’une puissance agissant par la force extérieure, comme le Pharaon, Nébucadnetsar et les autres grands arbres de l’Écriture. Mais c’est un système de doctrine qui, pénétrant partout, caractérisera la masse de la pâte. Ce n’est pas la foi proprement dite, ni la vie ; c’est une religion ; c’est la chrétienté. La profession d’une doctrine dans des coeurs qui ne supportent ni Dieu, ni la vérité, se lie toujours à l’état de corruption de la doctrine elle-même.

Ch. 13 v. 34-35 — Jésus rejeté ne parle aux foules qu’en paraboles

La parabole du levain termine les instructions du Seigneur à la multitude. [13:34] Tout maintenant lui est présenté en paraboles, car elle ne le recevait pas, Lui, son Roi ; et il parlait des choses qui supposaient son rejet, et un aspect du royaume inconnu aux révélations de l’Ancien Testament, lesquelles ont en vue ou bien le royaume en puissance, ou un petit résidu recevant, au milieu des souffrances, la parole du Roi prophète qui avait été rejeté.

Le royaume selon la pensée de Dieu, révélé aux disciples seuls

Ch. 13 v. 36 — Jésus quitte la foule pour révéler la pensée divine

[13:36] Après la parabole du levain, Jésus ne demeure plus avec la foule, au bord de la mer [(13:1)] — lieu propre à la position dans laquelle il se trouvait vis-à-vis du peuple après le témoignage rendu à la fin du chap. 12, et où il était venu en quittant la maison. Maintenant, Jésus rentre dans la maison avec ses disciples ; et là, dans une étroite intimité avec eux, il révèle le vrai caractère — le but — du royaume des cieux, le résultat de ce qui s’y faisait, et les moyens qui seraient employés pour tout purifier sur la terre, lorsque l’histoire extérieure du royaume, pendant son absence, serait terminée. C’est-à-dire que nous trouvons ici ce qui caractérise le royaume pour l’homme spirituel, ce que celui-ci comprend comme la vraie pensée de Dieu à l’égard du royaume, et le jugement qui en ôtera ce qui Lui était contraire — l’exercice de puissance qui rendra le royaume extérieurement conforme au coeur de Dieu.

Ch. 13 v. 36-43 — L’explication de la parabole de l’ivraie

Nous avons vu l’histoire extérieure du royaume finissant avec ces deux choses : le bon grain caché dans le grenier et l’ivraie liée en faisceaux sur la terre, prête à être brûlée [(13:30)]. [13:36] L’explication de cette parabole reprend l’histoire du royaume à cette époque-là ; [13:37] seulement, elle nous fait comprendre et distinguer les diverses parties du mélange, en attribuant chaque partie de ce mélange à son vrai auteur. Le champ est le monde1 ; la Parole y a été semée pour établir de cette manière le royaume. [13:38] La bonne semence, c’étaient les enfants du royaume ; ils y appartenaient réellement selon Dieu ; ils en sont les héritiers. Les Juifs ne l’étaient plus, et ce n’était plus le privilège de la naissance selon la chair. On devenait enfant du royaume par la Parole. Or, au milieu de ces enfants du royaume, pour gâter l’oeuvre du Seigneur, l’ennemi introduit toutes sortes de personnes, fruits des doctrines qu’il avait semées au milieu de ceux qui étaient nés de la vérité. [13:39] C’est là l’oeuvre de Satan, là où la doctrine de Christ a été introduite. La moisson, c’est la fin du siècle2. Les moissonneurs sont des anges (v. 39). On remarquera ici que le Seigneur n’explique pas historiquement ce qui a eu lieu, mais les termes employés introduisent le dénouement lorsque la moisson est arrivée. L’accomplissement de ce qui est historique dans la parabole est supposé ; et le Seigneur passe outre, pour donner le grand résultat en dehors du royaume lui-même, tel qu’il était pendant son absence en haut. [13:30] Le bon grain — c’est-à-dire l’Église — est dans le grenier, et l’ivraie en faisceaux sur la terre. [13:41] Or le Fils de l’homme prendra tout ce qui constitue ces faisceaux, tout ce qui, comme mal, offense Dieu dans le royaume, [13:42] et le jettera dans la fournaise où sont les pleurs et les grincements de dents (v. 40-42). [13:43] À la suite de ce jugement, les justes brilleront comme lui-même, le vrai Soleil de ce jour de gloire — du siècle à venir — dans le royaume de leur Père. Christ aura reçu le royaume du Père dont ceux-là étaient les enfants et ils y brilleront avec Lui selon ce caractère.

1 Il est clair que ce n’est pas dans l’Église que le Seigneur a commencé à semer ; elle n’existait pas ; aussi distingue-t-il ici Israël du monde, et c’est de ce dernier qu’il parle. Il cherchait du fruit en Israël ; il sème dans le monde, parce qu’Israël, après tous ses soins, ne rapportait pas de fruit.

2 Non seulement le moment qui le termine, mais les actes qui accomplissent les desseins de Dieu en le terminant (sunteleia).

[13:26] Ainsi nous trouvons pour la foule les résultats sur la terre des semailles divines et les machinations de l’ennemi — le royaume présenté sous cet aspect ; [13:30] puis les associations des méchants entre eux, en dehors de leur ordre naturel sur la surface du champ, et l’enlèvement de l’Église. [13:37-39] Mais pour ses disciples, le Seigneur explique tout ce qui était nécessaire pour leur faire comprendre parfaitement les termes de la parabole. [13:42] Ensuite vient le jugement exécuté par le Fils de l’homme sur les méchants, qui sont jetés dans le feu ; [13:43] et la manifestation des justes dans la gloire (ces derniers événements s’accomplissant après que le Seigneur s’est déjà levé et a mis fin à la forme extérieure du royaume des cieux sur la terre, les méchants étant liés en faisceaux et les saints enlevés en haut1).

1 Remarquez aussi que le royaume des cieux est divisé en deux parties : le royaume du Fils de l’homme, et le royaume de notre Père ; les objets du jugement dans ce qui est soumis à Christ, et une place semblable à la sienne devant le Père pour des fils.

Ch. 13 v. 44 — La parabole du trésor dans un champ

Le Seigneur, après avoir donné ainsi, pour la pleine instruction de ses disciples, l’explication de l’histoire publique et ses résultats en jugement et en gloire, leur communique les pensées de Dieu à l’égard de ce qui se passait sur la terre pendant que les événements extérieurs et terrestres du royaume se développaient — choses que l’homme spirituel devait y discerner. [13:44] Le royaume des cieux était pour lui, pour celui qui avait l’intelligence du but de Dieu, comme un trésor caché dans un champ (v. 44). Un homme trouve le trésor, et il achète le champ pour posséder ce trésor. Le champ n’était pas son but, mais le trésor qui s’y trouvait. Ainsi Christ a acquis le monde. Il le possède de droit. Son but est le trésor qui y est caché, son peuple, toute la gloire de la rédemption qui se rattache à lui ; en un mot, l’Église, envisagée non pas dans sa beauté morale et, dans un certain sens, divine, mais comme objet spécial des désirs et du sacrifice du Seigneur — ce que son coeur avait trouvé dans ce monde, selon les conseils et les pensées de Dieu.

Dans cette parabole, il s’agit du puissant attrait de cette « chose nouvelle » qui engage celui qui l’a trouvée à acheter tout le champ, afin de la posséder.

Les Juifs n’étaient pas une chose nouvelle ; le monde n’avait point d’attrait ; mais ce nouveau trésor engageait Celui qui en avait fait la découverte à se défaire de tout pour l’obtenir. En effet, Christ a tout quitté. Non seulement il s’est anéanti pour nous racheter, mais il a renoncé à tout ce qui lui appartenait comme homme, comme Messie sur la terre ; il a renoncé à ses promesses, à ses droits royaux, à sa vie, pour prendre possession du monde qui contenait ce trésor, le peuple qu’il aimait.

Ch. 13 v. 45-46 — La parabole de la perle de grand prix

La même idée, mais modifiée par d’autres, se retrouve dans la parabole de la perle de grand prix (v. 45-46). [13:45] Un homme cherchait de belles perles. Il savait ce qu’il faisait. Il avait le goût, le discernement, la connaissance de ce qu’il cherchait. C’était la beauté bien connue de la chose qui l’engageait dans cette recherche. [13:46] Quand il a trouvé une perle qui répond à ses pensées, il sait qu’il vaut la peine de tout vendre pour la posséder. La perle a ce prix aux yeux de celui qui sait en estimer la valeur. Aussi, il achète la perle seule, rien avec elle. Ainsi Christ a trouvé dans l’Église en elle-même une beauté, et (à cause de cette beauté) un prix qui lui a fait tout abandonner pour l’obtenir. C’est précisément ce qui a lieu à l’égard du royaume. Vu l’état de l’homme, des Juifs même, la gloire de Dieu exigeait que tout fût abandonné pour posséder cette chose nouvelle ; car rien ne se trouvait dans l’homme que Christ pût prendre à Lui. Non seulement il trouvait sa joie à tout laisser pour posséder cette chose nouvelle ; mais ce que son coeur cherche, ce qu’il ne trouve nulle part ailleurs, il l’a trouvé dans ce que Dieu lui a donné, dans le royaume. Il n’a pas acheté d’autres perles. Avant qu’il eût découvert cette perle, il n’avait aucun motif de se défaire de tout ce qu’il avait. Aussitôt qu’il l’a vue, il prend une décision ; il abandonne tout pour elle. Le prix qu’elle a le décide, car il sait juger et cherche avec discernement.

Je ne veux pas dire que les enfants du royaume ne soient pas animés par le même principe. Quand on a appris ce que c’est que d’être enfant du royaume, on quitte tout pour en jouir, pour être de la perle de grand prix. Mais on n’achète pas ce qui n’est pas le trésor pour avoir le trésor lui-même ; et l’on est bien loin de chercher de belles perles, avant d’avoir trouvé celle de grand prix. Ces paraboles, dans toute leur portée, ne s’appliquent qu’à Christ. Le but de ces paraboles est de faire ressortir le contraste entre ce qui se faisait alors de l’état de choses qui avait précédé — savoir les rapports du Seigneur avec les Juifs.

Ch. 13 v. 47-50 — La parabole du filet jeté dans la mer

Ch. 13 v. 47-48 — Les serviteurs s’occupent de trier les bons poissons

[13:47] Il nous reste encore à examiner l’une des sept paraboles — celle du filet jeté dans la mer (v. 47-50). Dans cette parabole, il n’y a point de changement dans les personnes employées, c’est-à-dire dans la parabole elle-même. [13:48] Les mêmes pêcheurs qui ont jeté le filet, le tirent sur le rivage, et font le triage en mettant les bons poissons dans des vaisseaux, ne s’occupant pas davantage des mauvais. Mettre en sécurité les bons poissons, c’est l’ouvrage de ceux qui ont tiré le filet ; et ce travail ne se fait que lorsqu’on a débarqué. Faire le triage est leur ouvrage, sans doute ; mais ils ne sont occupés que des bons poissons. Ils les connaissent. Avoir de bons poissons est leur affaire, le but de leur pêche. Sans doute, d’autres poissons entrent dans le filet et y sont retenus avec les bons ; mais ils ne sont pas bons. Un autre jugement n’est pas nécessaire. Les pêcheurs connaissent les bons poissons. Tous les poissons ne sont pas bons. Les bons sont mis à part. Cet acte de pêcheurs fait partie de l’histoire même du royaume des cieux. Il n’y est pas question du jugement des méchants. Ils sont laissés de côté lorsque les pêcheurs rassemblent les bons dans des vaisseaux. Il n’est pas question ici du sort final, ni des bons, ni des méchants. Le sort des bons n’est pas d’être mis à part sur le rivage, ni celui des autres d’être laissés là seulement. Cela est postérieur à l’action de la parabole : et, quant aux méchants, leur jugement ne se fait pas seulement par leur séparation d’avec les bons, auxquels ils avaient été mêlés, mais par leur destruction. Ni dans cette parabole, ni dans celle de l’ivraie et du froment, le jugement ne fait partie de la parabole elle-même. [13:30] Là, l’ivraie est liée et laissée sur le champ ; [13:48] ici, les mauvais poissons sont jetés hors du filet.

[13:47] Ainsi le filet de l’Évangile a été jeté dans la mer des peuples, et a renfermé des hommes de toute sorte. [13:48] Après ce rassemblement général qui a rempli le filet, les ouvriers du Seigneur, en s’occupant des bons, les rassemblent en un, les séparant des méchants. Il faut remarquer que ceci est une similitude du royaume. C’est le caractère que prend le royaume, lorsque l’Évangile a rassemblé une masse de bons et de mauvais. À la fin, lorsque le filet a été tiré ramassant toutes sortes de poissons, les bons sont mis à part, parce qu’ils sont précieux ; les autres sont laissés. Les bons sont réunis en divers vaisseaux. Les saints sont réunis, non pas par les anges, mais par l’oeuvre de ceux qui ont travaillé au nom du Seigneur. La distinction ne se fait pas par le jugement, mais par les ouvriers occupés des bons.

Ch. 13 v. 49-50 — Les anges exécutent le jugement sur les méchants — Parallèle avec l’explication de la parabole de l’ivraie

L’exécution du jugement est une toute autre chose. Les ouvriers n’ont rien à y faire. [13:49] À la fin du siècle, les anges sortiront et sépareront les méchants d’avec les justes — non les justes d’avec le reste, comme ont fait les pêcheurs — [13:50] et les jetteront dans la fournaise, où il y aura des pleurs et des grincements de dents (v. 49-50). Il n’est rien dit ici de leur occupation auprès des justes. Ce n’était pas l’ouvrage des anges de mettre les justes dans les vaisseaux, mais celui des pêcheurs. Dans les deux paraboles, les anges s’occupent des méchants. [13:30] Dans la parabole de l’ivraie, le résultat public avait été donné, soit pendant la période du royaume des cieux, soit après. [13:48] Cela n’est pas répété ici. L’oeuvre qui doit être faite à l’égard des justes, lorsque le filet est plein, est ajoutée. [13:49-50] Le sort des méchants est donné une seconde fois [(13:41-42)] pour distinguer l’oeuvre qui se fait à leur égard d’avec celle qui s’opère par le moyen des pêcheurs rassemblant les bons en divers vaisseaux. Encore ce sort des méchants est-il présenté sous un autre point de vue ; et les justes sont laissés à leur place. Dans la parabole de l’ivraie, le jugement des méchants est déclaré ainsi. Ils sont jetés là où seront les pleurs et les grincements de dents, mais l’état général du royaume est révélé, et nous avons les justes resplendissant comme le soleil dans la partie la plus élevée du royaume. Ici, c’est seulement ce que les intelligents comprennent, ce que la pensée spirituelle voit ; [13:48] les justes sont mis dans des vaisseaux. Il y a, dans la première parabole, avant le jugement, par la puissance spirituelle, une séparation qui n’existait pas dans l’état public général du royaume, mais seulement ce que la providence a fait dans le champ, et le bon grain est reçu au ciel. Ici, la séparation s’opère par rapport aux bons. Pour l’intelligence spirituelle, c’était le point principal, et non une manifestation publique ; seulement le jugement sera exécuté de fait sur les méchants ; alors les justes seront laissés là1.

1 Dans toutes les prophéties symboliques et les paraboles, l’explication va au-delà de la parabole, et ajoute des faits ; parce que le jugement exécuté témoigne publiquement de ce qui, dans le temps de la parabole, peut être discerné spirituellement. Celle-ci peut être comprise spirituellement. Le résultat existe ; le jugement le montrera publiquement, en sorte que, dans l’explication, nous devons toujours aller au-delà de la parabole. Le jugement explique ce qui n’est compris que spirituellement avant, et introduit un nouvel ordre de choses (comp. Dan. 7).

[13:40] Dans l’explication de la seconde parabole, c’est, dans le cas de l’ivraie, le jugement absolu et final qui détruit et consume ce qui reste sur le champ et qui avait été déjà rassemblé et séparé providentiellement du bon grain. [13:41] Les anges sont envoyés à la fin, non pour séparer l’ivraie du froment (ce qui a été fait), [13:42] mais pour jeter l’ivraie au feu, purifiant ainsi le royaume. [13:49] Dans l’explication de la parabole des poissons (v. 49), le triage même se fait. Il y aura des justes sur la terre, et les méchants seront séparés d’avec eux. L’instruction pratique de cette parabole, c’est la séparation des bons d’avec les mauvais, et le rassemblement en un d’un grand nombre des premiers. Cela se répète plus d’une fois, beaucoup de bons étant aussi réunis ailleurs en un. Les serviteurs du Seigneur sont les instruments employés pour ce qui a lieu dans la parabole elle-même.

Ch. 13 v. 51-52 — Le royaume, doctrine connue mais caractère nouveau

[13:52] Ces paraboles contiennent des choses vieilles et des choses nouvelles (v. 51-52). La doctrine du royaume, par exemple, était une doctrine bien connue. Que le royaume dût prendre les formes décrites par le Seigneur, qu’il dût embrasser tout le monde sans distinction, le peuple de Dieu tirant son existence non pas d’Abraham, mais de la Parole : tout cela était bien nouveau. Tout était de Dieu. Le scribe avait bien connaissance du royaume, mais il ignorait entièrement le caractère qu’il prendrait comme royaume des cieux planté par la Parole dans ce monde, ce dont tout dépend ici.

13 v. 53-58 — L’incrédulité des Juifs rejette Jésus comme prophète et comme roi

[13:54] Le Seigneur ensuite (v. 53 et suiv.) reprend ses travaux au milieu des Juifs1. [13:55] Pour eux, il n’était que le « fils du charpentier » ; ils connaissaient sa famille selon la chair. Le royaume des cieux n’existait pas pour leurs yeux. Il était révélé ailleurs, où la connaissance des choses divines était communiquée. Les Juifs ne voyaient pas au-delà des choses que le coeur naturel pouvait apercevoir. [13:58] La bénédiction du Seigneur était arrêtée par leur incrédulité : [13:57] il était rejeté par Israël comme prophète aussi bien que comme roi.

1 Les chapitres qui suivent sont frappants dans leur caractère. La personne de Christ, comme le Jéhovah du Ps. 132, est introduite, mais Israël est renvoyé, les disciples sont laissés seuls, pendant que Jésus prie sur la montagne. Il retourne, rejoint ses disciples, et le pays de Génésareth le reconnaît. Nous avons alors, au chap. 15, la description morale complète du terrain sur lequel Israël se tenait réellement, et doit se tenir; mais il est entraîné beaucoup plus loin dans ce que le cœur de l’homme est; ensuite, nous trouvons ce que Dieu est, révélé en grâce à la foi, même quand elle se rencontre dans un gentil. Historiquement, il reconnaît encore Israël, mais en perfection divine; maintenant, c’est dans une puissance administrative humaine. Alors (chap. 16) l’Église est introduite prophétiquement, et, au chap. 17, c’est le royaume de gloire en vue. Dans le chap. 16, il leur est défendu de dire qu’il est le Christ. C’est fini.