Matthieu

Chapitre 11

Ch. 11 v. 1-6 — Les œuvres de Jésus témoignent de lui

[11:1] Ayant envoyé ses disciples pour prêcher, Jésus continue l’exercice de son propre ministère. [11:2] Le bruit de ses travaux parvient jusqu’à Jean, dans sa prison, et Jean, dans le coeur duquel, malgré ses dons prophétiques, il restait encore quelque chose des pensées et des espérances juives, [11:3] fait demander par ses disciples à Jésus, s’il est Celui qui devait venir, ou si l’on devait encore en attendre un autre1. Dieu a permis cette question pour mettre chaque chose à sa place. [11:5] Christ étant la parole de Dieu, dut être son propre témoin. Il dut rendre témoignage à lui-même, aussi bien qu’à Jean, et ne pas recevoir témoignage de Jean ; c’est ce qu’il fit en présence des disciples de Jean. Il guérissait toutes les maladies des hommes et prêchait l’Évangile aux pauvres, [11:4] et les envoyés de Jean devaient porter à leur maître ce vrai témoignage de ce que Jésus était. Jean devait le recevoir. [11:6] C’était par ces choses que l’homme était mis à l’épreuve. Heureux celui qui ne se scandalisait pas de la chétive apparence du Roi d’Israël. Dieu manifesté en chair ne venait pas chercher la pompe de la royauté, quoiqu’elle lui fût due ; mais il venait chercher la délivrance des hommes malheureux. Son oeuvre révélait un caractère bien plus profondément divin, qui avait une source d’action bien autrement glorieuse que celle qui dépendait de la possession du trône de David — bien autrement glorieuse, dis-je, qu’une délivrance qui aurait mis Jean en liberté et mis fin à la tyrannie qui l’avait jeté en prison. Entreprendre ce ministère, descendre sur la scène où il s’exerçait, porter les langueurs et les fardeaux de son peuple, devait être une pierre d’achoppement pour un coeur charnel s’attendant à l’apparition d’un règne glorieux qui contenterait l’orgueil d’Israël. Mais cela n’était-il pas ainsi plus vraiment divin, plus nécessaire à l’état du peuple tel que Dieu le voyait ? Le coeur de chacun devait donc ainsi être mis à l’épreuve, pour montrer s’il appartenait à ce résidu repentant qui discernait les voies de Dieu, ou à la foule orgueilleuse qui recherchait sa propre gloire, n’ayant ni conscience exercée devant, Dieu, ni sentiment de ses besoins et de sa misère.

1 Son message à Jésus montre une pleine confiance dans la parole du Seigneur comme prophète, mais de l’ignorance quant à sa Personne ; et c’est ce qui ressort ici en pleine lumière.

Ch. 11 v. 7-11 — Jésus rend témoignage à Jean le baptiseur

[11:7] Ayant placé Jean sous la responsabilité de la réception du témoignage qui mettait tout Israël à l’épreuve, et, de la nation en général, distinguait le résidu, le Seigneur rend témoignage à Jean, en s’adressant à la foule, et en lui rappelant de quelle manière elle avait suivi la prédication de ce dernier. Il fait voir le point précis auquel Israël était arrivé dans les voies de Dieu. L’introduction du royaume en témoignage faisait la différence entre ce qui précédait et ce qui suivait. [11:11] De tous ceux qui sont nés de femme, il n’y en avait pas eu un plus grand que Jean le baptiseur, pas un qui eût été aussi près de Jéhovah, [11:10] comme envoyé devant sa face, pas un qui lui eût rendu un témoignage plus précis, plus complet, qui eût été autant séparé de tout mal, par la puissance de l’Esprit — séparation propre à l’accomplissement d’une pareille mission au milieu du peuple de Dieu. [11:11] Cependant Jean n’avait pas été dans le royaume ; celui-ci n’était pas encore établi. Or, être dans la présence de Christ, dans son royaume, jouissant de l’effet de l’établissement de sa gloire1, était plus grand que tout témoignage établissant que ce royaume allait arriver.

1 Ce n’est pas l’établissement de l’Assemblée de Dieu ; mais les droits du Roi, tels qu’ils se manifestent dans la gloire, étant établis, les bases de ce royaume étant posées, les chrétiens sont dans le royaume, quoique d’une manière toute particulière et exceptionnelle, parce qu’ils sont dans le royaume et la patience de Jésus Christ, glorifié, mais caché en Dieu. Ils partagent le sort du roi, et ils partageront sa gloire lorsqu’il régnera.

Ch. 11 v. 12-15 — Le royaume est annoncé depuis Jean

[11:12] Toutefois, depuis le temps de Jean le baptiseur, il y avait eu un changement notable. Depuis ses jours, le royaume était annoncé. Il n’était pas établi, mais prêché. [11:13] C’était une chose très différente des prophéties qui parlaient d’un royaume encore à venir, tout en rappelant le peuple à la loi telle que Moïse l’avait donnée. Le Baptiseur allait devant le Roi, annonçant la proximité du royaume, et sommant les Juifs à se repentir pour y entrer. Ainsi les prophètes et la loi parlaient de la part de Dieu jusqu’à Jean. La loi était la règle ; les prophètes, en maintenant la règle, fortifiaient l’espérance et la foi du résidu. [11:12] L’énergie de l’Esprit poussait l’homme à faire son chemin à travers toutes les difficultés et toute l’opposition des chefs de la nation et d’un peuple aveugle, pour parvenir, coûte que coûte, au royaume d’un Roi rejeté par l’aveugle incrédulité de ceux qui auraient dû le recevoir. Il fallait — puisque le roi était venu dans l’humiliation et qu’il avait été rejeté — il fallait cette violence pour y entrer. La porte étroite était la seule entrée.

[11:14] Si la foi pouvait réellement dans ces choses pénétrer la pensée de Dieu, Jean était l’Élie qui devait venir. [11:15] Qui avait des oreilles pour entendre, qu’il entendît. De fait, ce n’était que pour ceux-là.

[11:12] Si le royaume avait paru dans la gloire et dans la puissance de son Chef, la violence n’aurait pas été nécessaire ; on l’aurait possédé comme l’effet assuré de cette puissance ; mais Dieu voulait qu’ils fussent mis à l’épreuve moralement. [11:14] C’est ainsi encore qu’ils devaient recevoir Élie d’une manière spirituelle.

Ch. 11 v. 16-24 — Le jugement de la nation juive incrédule

[11:16] Le résultat de cette épreuve nous est donné immédiatement après, dans les paroles du Seigneur (v. 16 et suiv.), c’est-à-dire le vrai caractère de cette génération, et les voies de Dieu en rapport avec la personne de Jésus mise en évidence par son rejet même. [11:17] Les menaces de la justice et les attraits de la grâce étaient donc également perdus pour le peuple comme génération. [11:19] Les enfants de sagesse, ceux qui étaient vraiment enseignés de Dieu dans leur conscience, reconnaissaient la vérité du témoignage de Jean contre eux-mêmes, et la grâce des voies de Jésus, si nécessaire pour les coupables.

[11:18] Jean, séparé de l’iniquité de la nation, avait, aux yeux de cette nation, un démon. [11:19] Jésus, bon envers les plus méchants, était accusé par eux de tomber dans de mauvaises voies. [11:21, 23] Cependant l’évidence était assez forte pour fléchir le coeur de villes comme Tyr ou Sodome ; [11:22, 24] et le juste reproche du Sauveur avertit la nation incrédule et perverse d’un jugement plus terrible que ce qui attendait l’orgueil de Tyr et la corruption de Sodome.

[11:20] Mais c’était une épreuve pour les hommes les plus favorisés. [11:21] On aurait pu demander pourquoi le message n’était pas envoyé à Tyr, ville prête à écouter, [11:23] ou à Sodome, pour qu’elle échappât aux flammes qui l’ont consumée. C’est afin que l’homme soit mis à l’épreuve de toutes manières, et que les conseils parfaits de Dieu soient développés. Si Tyr et Sodome avaient abusé des avantages dont un Dieu créateur et de providence les avait comblés, les Juifs devaient manifester ce qui était dans le coeur de l’homme, eux qui possédaient toutes les promesses, et qui avaient été faits les dépositaires de tous les oracles de Dieu [(Rom. 3:2)].

Ils s’enorgueillissaient du don, et s’éloignaient du Donateur. Leur coeur aveuglé ne reconnaissait pas leur Dieu, et même le rejetait.

Ch. 11 v. 25-26 — Jésus soumis à la volonté du Père souverain

[11:25] Le Seigneur était sensible au mépris de son peuple, qu’il aimait ; mais, homme obéissant sur la terre, il se soumettait à la volonté de son Père qui, agissant en souveraineté, comme Seigneur des cieux et de la terre, manifestait, dans l’exercice de cette souveraineté, sa divine sagesse et la perfection de son caractère (v. 25 et suiv.). Jésus accepte la volonté de son Père dans ses effets, et ainsi soumis, en voit la perfection.

[11:25] Il convenait que Dieu révélât aux humbles tous les dons de sa grâce en Jésus, Emmanuel sur la terre, et qu’il les cachât à l’orgueil qui cherchait à les scruter et à les juger. Mais cela ouvre la porte à la gloire des conseils de Dieu.

Ch. 11 v. 27 — La connaissance du Fils et du Père

La personne de Jésus est trop merveilleuse pour l’homme

[11:27] Le fait est que la personne du Seigneur était trop glorieuse pour que l’homme la sondât ou la comprît, quoique les paroles et les oeuvres de Jésus laissassent la nation sans excuse dans son refus de venir à Lui pour connaître le Père.

[11:27] Jésus, soumis à la volonté de son Père, tout sensible qu’il fût à ce qu’il y avait de pénible pour son coeur dans les effets de cette volonté, voit toute l’étendue de la gloire qui suivrait son rejet.

[11:27] Toutes choses étaient mises entre ses mains de la part de son Père. C’est le Fils qui est révélé à notre foi, le voile qui couvrait sa gloire étant ôté, maintenant qu’il est rejeté comme Messie. Personne ne le connaît, sinon le Père. Qui d’entre ces orgueilleux pouvait sonder ce qu’il était ? Celui qui avait été de toute éternité un avec le Père, et qui était devenu homme, dépassait, dans la profondeur du mystère de son être, toute connaissance, sauf celle du Père lui-même. L’impossibilité de connaître Celui qui s’était anéanti pour devenir homme, soutenait la certitude, la réalité de sa divinité, que ce renoncement à soi-même aurait pu cacher aux yeux de l’incrédulité. L’incompréhensibilité d’un être, dans une forme définie, décelait l’infini qui se trouvait en Lui. Sa divinité était garantie pour la foi contre l’effet de son humanité sur l’esprit de l’homme.

Le Fils seul révèle le Père

[11:27] Or, si personne ne connaissait le Fils que le Père seul, le Fils, qui est vrai Dieu, était capable de révéler le Père. « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1:18). Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler. Misérable ignorance, qui dans son orgueil le rejette ! Aussi, était-ce selon le bon plaisir du Fils que cette révélation était faite. Attribut distinctif de la perfection divine ! Il était venu pour révéler le Père et il le faisait selon sa propre sagesse. Telle était la vérité des rapports de l’homme avec le Fils, quoique le Fils ait dû se soumettre à l’humiliation pénible du rejet de la part de son peuple, comme dernière épreuve de son état, de l’état de l’homme.

Remarquez aussi que ce principe, cette vérité quant au Christ, ouvre la porte aux gentils, à tous ceux qui seront appelés. Le Fils révèle le Père à qui il veut. Il cherche toujours la gloire de son Père. Lui seul peut le faire connaître — Lui à qui le Père, Seigneur du ciel et de la terre, a tout donné. Les gentils sont embrassés dans les droits conférés par ce titre, même toute famille dans les cieux et sur la terre. Christ exerce ces droits en grâce, en appelant qui il veut à connaître le Père.

Résumé du chapitre

[11:16] Nous trouvons donc ici la génération perverse et incrédule ; [11:19] nous trouvons un résidu de la nation justifiant la sagesse de Dieu manifestée en Jean et en Jésus, en jugement et en grâce ; puis, la sentence de jugement des incrédules ; le rejet de Jésus dans le caractère selon lequel il s’était présenté à la nation, [11:25] et sa parfaite soumission comme homme à la volonté de son Père dans ce rejet, [11:27] donnant une occasion pour la manifestation à son âme de la gloire qui lui était propre comme Fils de Dieu. C’était une gloire que personne ne savait connaître, comme Lui seul pouvait révéler celle du Père. De sorte que le monde qui refusait de le recevoir était dans une complète ignorance, sauf en tant que le Fils, selon son bon plaisir, voulait leur révéler le Père.

On voit aussi ici que la mission des disciples auprès d’Israël qui rejetait Christ, continue (avec la condition qu’Israël habite dans son pays) jusqu’à l’arrivée du Christ comme Fils de l’homme, son titre de jugement et de gloire, comme héritier de toutes choses (c’est-à-dire jusqu’au jugement par lequel il prend possession de la terre de Canaan, avec une puissance qui ne laisse aucune place à ses ennemis). C’est ce titre comme héritier de toutes choses, qui est mentionné en Jean 5, Dan. 7, Ps. 8 et 80.

Ch. 11 v. 28-30 — Jésus donne le repos aux hommes misérables

Remarquons encore, au chap. 11, comment la perversité de la génération qui avait repoussé le témoignage de Jean et celui du Fils de l’homme, venu en grâce et s’associant en bonté aux Juifs, ouvre la porte au témoignage de la gloire du Fils de Dieu et à la révélation du Père par Lui en grâce souveraine — grâce qui pouvait le faire connaître d’une manière aussi efficace à un pauvre gentil qu’à un Juif. Il ne s’agissait plus de la responsabilité de recevoir celui qui était envoyé, mais de la grâce souveraine qui communiquait à qui elle voulait. Jésus connaissait l’homme, le monde, la génération qui avait joui des plus grands avantages possibles. Il n’y avait pas où poser le pied dans le bourbier fangeux de ce qui s’était éloigné de Dieu. [11:27] Au milieu d’un monde de mal, Jésus restait le seul révélateur du Père, la source de tout bien. [11:28] Et qui invite-t-il ? Que donne-t-il à ceux qui viennent ? Seule source de bénédiction et révélateur du Père, il invite tous ceux qui sont travaillés et chargés. Peut-être ces hommes ne connaissaient-ils pas la source de toute misère, savoir l’éloignement de Dieu, le péché ? Jésus la connaissait, et seul, il pouvait les guérir. Si c’était la conscience du péché qui pesait sur eux, tant mieux. Le monde, en tout cas, ne contentait plus leur coeur ; ils étaient misérables et, par conséquent, les objets du coeur de Jésus. De plus, Jésus leur donnerait du repos ; il ne dit pas ici par quels moyens, il annonce seulement le fait. L’amour du Père qui, en grâce dans la personne du Fils, cherchait les misérables, donnerait du repos (non pas seulement du soulagement ou des sympathies, mais du repos) à quiconque viendrait à Jésus. C’était la parfaite révélation du nom du Père au coeur de celui qui en avait besoin, et cela par le Fils — c’était la paix, la paix avec Dieu. Il suffisait de venir à Christ : il se chargeait de tout et donnait du repos.

[11:29] Mais il y a dans le repos un second élément. Il y a plus que la paix par la connaissance du Père en Jésus. Et il faut plus que cela ; car lors même que l’âme se trouve parfaitement en paix avec Dieu, ce monde présente au coeur bien des sujets de peines. Dans ce cas, il s’agit de la soumission, ou de la volonté propre. [11:20] Christ, dans la conscience de son rejet, dans la peine profonde que lui faisait éprouver l’incrédulité des villes où il avait opéré tant de miracles, [11:25] Christ venait de manifester la plus entière soumission à son Père, et y avait trouvé un repos parfait pour son âme. [11:29] Il invite à cette soumission et à ce repos ceux qui l’écoutent, ceux qui éprouvent ce besoin de repos pour leur âme. « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi… », c’est-à-dire le joug d’une soumission complète à la volonté de son Père, en apprenant de Lui comment il faut se conduire dans les peines de la vie ; car Lui, il était « débonnaire et humble de coeur », content d’être à la dernière place par la volonté de son Dieu. De fait, rien ne peut renverser celui qui déjà est au plus bas. C’est la place du parfait repos pour le coeur.