Matthieu

Chapitre 8

Le témoignage de Jésus dans sa vie et par ses miracles

Ici, le Seigneur commence au milieu d’Israël sa vie patiente de témoignage, vie qui s’est terminée par son rejet de la part du peuple que Dieu avait si longtemps gardé pour Lui et pour leur propre bénédiction.

[4:17] Le Seigneur avait annoncé le royaume, [4:23] mis en évidence dans tout le pays sa puissance, déclaré son caractère ainsi que l’esprit de ceux qui devaient entrer dans ce royaume.

Mais ses miracles1 portent toujours, ainsi que tout l’évangile, le caractère de sa position au milieu des Juifs et des relations de Dieu avec eux, jusqu’à son rejet. Il est Jéhovah, mais l’homme obéissant à la loi, faisant prévoir l’entrée des gentils dans le royaume (son établissement en mystère dans le monde), prédisant l’érection de l’Église, de l’Assemblée sur ce fondement : Lui reconnu comme Fils du Dieu vivant, et le royaume en gloire ; et portant sur son coeur, avec une patience parfaite, le fardeau d’Israël, tout en montrant, comme effet de sa présence, la perversité de ce peuple2. C’est Jéhovah présent en bonté d’une manière extérieure : étonnante vérité !

1 Les miracles de Christ avaient un caractère particulier. Ils n’étaient pas seulement des actes de puissance, mais tous étaient des actes de la puissance de Dieu visitant ce monde en bonté. Cette puissance s’était fréquemment manifestée, surtout depuis Moïse, mais souvent en jugement. Tous les miracles de Christ délivraient les hommes des funestes conséquences que le péché avait amenées. Il y eut une seule exception, la malédiction du figuier, mais c’était une sentence judiciaire contre Israël, c’est-à-dire contre l’homme sous l’ancienne alliance, quand il avait une belle apparence, mais pas de fruit [(21:18-19)].

2 J’ajoute ici quelques notes manuscrites prises en lisant l’évangile de Matthieu, après que ceci était écrit ; elles jetteront, je crois, de la lumière sur la structure de cet évangile. Les chap. 5-7 indiquent le caractère requis pour entrer dans le royaume, caractère qui devait marquer le résidu reconnu, Jéhovah étant alors en chemin avec la nation pour le jugement [(5:25)]. Les chapitres 8 et 9 montrent l’autre côté : la grâce et la bonté introduites, Dieu manifesté, son caractère et ses actes, cette chose nouvelle qui ne pouvait se mettre dans de vieilles outres [(9:17)] ; la bonté en puissance encore, mais rejetée, le Fils de l’homme (non le Messie) n’ayant pas où reposer sa tête [(8:20)]. Le chapitre 8 présente l’intervention actuelle de Dieu en bonté temporelle avec puissance. Ce chapitre va au-delà d’Israël à cause de la bonté qui agissait en grâce à l’égard de ce qui était exclu du camp de Dieu en Israël. Il comprend la puissance de Dieu au-dessus de tout le pouvoir de Satan, des maladies et des éléments, et cela par Christ prenant le fardeau sur lui-même, mais dans un rejet dont il avait la conscience. Les versets 17 à 20 du chap. 8 nous amènent à Ésaïe 53:3-4, et à un état de choses qui exige qu’on le suive entièrement, en renonçant à tout. Cela conduit à ce triste témoignage que si la puissance divine chasse Satan, la présence divine qui se manifeste ainsi est insupportable au monde. Les pourceaux représentent Israël [(8:30-34)]. Le chap. 9 offre le côté religieux de la présence du Seigneur en grâce, le pardon, et le témoignage que Jéhovah était là, selon le Ps. 103, mais pour appeler les pécheurs et non les justes ; voilà surtout ce qui ne pouvait convenir aux vieilles outres [(9:17)]. Finalement, sauf la patience en bonté, ce chapitre met pratiquement fin à l’histoire. Il est venu pour sauver la vie d’Israël. C’était réellement la mort quand il vint ; seulement, partout où il y avait de la foi au milieu de la foule environnante, il y avait guérison. Les pharisiens montrent le blasphème des conducteurs, mais la patience de la grâce subsiste encore, développée envers Israël, au chap. 10 ; au chap. 11, toutes choses ont été trouvées comme ne servant à rien. Le Fils révélait le Père, et cela demeure et donne du repos. Le chapitre 12 développe complètement le jugement et le rejet d’Israël. Le 13 présente Christ comme un semeur, ne cherchant pas de fruit dans sa vigne ; il présente aussi la forme actuelle du royaume des cieux.

Ch. 8 v. 1-4 — La guérison du lépreux

[8:2] Nous trouvons d’abord la guérison du lépreux. L’Éternel seul pouvait guérir le lépreux par sa bonté souveraine (voyez Lévit. 14). Ici Jésus fait de même. [8:2] « Si tu veux, dit le lépreux, tu peux » ; [8:3] « Je veux », répond le Seigneur (8:2). Mais en même temps Jésus montre dans sa personne ce qui repousse toute possibilité de souillure — ce qui est au-dessus du péché — aussi bien que la plus parfaite condescendance envers celui qui est souillé. Il touche le lépreux, en disant : « Je veux, sois net » (v. 3). On voit la grâce, la puissance, la sainteté incorruptible de Jéhovah descendre, en la personne de Jésus, dans la plus grande proximité du pécheur, le touchant, pour ainsi dire. C’était bien « l’Éternel qui te guérit1 » (Ex. 15:26). [8:4] En même temps Jésus se cache et ordonne à celui qui venait d’être guéri, d’aller vers les sacrificateurs selon l’ordonnance de la loi et d’offrir son offrande. Il ne sort pas de sa place de Juif soumis à la loi ; Jéhovah était là en bonté.

1 Celui qui touchait un lépreux devenait lui-même impur, mais le Sauveur adorable s’est ainsi approché de l’homme ; il a enlevé la souillure sans la contracter. Le lépreux connaissait sa puissance, mais n’était pas sûr de sa bonté. Le « Je veux » la manifeste, mais avec le droit que Dieu seul avait de dire : « Je veux ».

Ch. 8 v. 5-13 — La guérison de l’esclave du centurion

[8:5] Mais, dans le cas suivant, nous trouvons (v. 5 et suiv.) un gentil qui, par la foi, jouit du plein effet de la puissance que cette foi attribuait à Jésus, donnant occasion au Seigneur de faire ressortir cette solennelle vérité que beaucoup de ces pauvres gentils viendraient dans le royaume des cieux s’asseoir avec les pères, honorés des Juifs comme souches des héritiers de la promesse, tandis que les enfants du royaume seraient dans les ténèbres de dehors. [8:8] En effet, la foi de ce centenier reconnaissait une puissance divine en Jésus, puissance qui devait, par la gloire de Celui qui la possédait, non pas abandonner Israël, mais ouvrir la porte aux gentils, et enter sur l’olivier de la promesse les branches de l’olivier sauvage à la place de celles qui en seraient retranchées. La forme sous laquelle ces choses s’accompliraient dans l’Assemblée n’était pas alors en question.

Ch. 8 v. 14-16 — Guérison de la belle-mère de Pierre et des malades de Capernaüm

[8:14] Jésus n’abandonne pas encore Israël. Il entre dans la maison de Pierre [8:15] et guérit sa belle-mère. [8:16] Il fait de même envers tous les malades qui se pressent le soir autour de la maison, quand le sabbat était passé1. Il les guérit ; les démons sont chassés, |8:17] en sorte que la prophétie d’Ésaïe s’accomplit : « Lui-même a pris nos langueurs et a porté nos maladies » (És. 53:4). Jésus se plaçait de coeur sous le poids de tout le malheur qui pesait sur Israël pour le soulager et le guérir. C’est toujours Emmanuel qui a de la sympathie pour leurs souffrances et est en détresse dans toutes leurs détresses [(És. 63:9)]. Mais il vient avec cette puissance qui montre qu’il est capable de les délivrer.

1 note Bibliquest : voir Marc 1:21, 29, 32.

Ch. 8 v. 18-22

Les trois cas de guérison dont nous venons de parler montrent le caractère du ministère de Jésus d’une manière claire et frappante. Il se cache, car jusqu’au moment où il devait montrer le jugement aux gentils il n’élève pas sa voix dans les rues [(12:19)]. C’est la colombe qui est sur Lui. [8:18] Les manifestations de sa puissance attirent les hommes auprès de Lui ; mais il ne s’y méprend pas et ne s’éloigne jamais dans son esprit de la place qu’il a prise. [8:20] Il est le méprisé et le rejeté des hommes, il n’a pas où reposer sa tête ; les renards et les oiseaux ont sur la terre plus de place que Lui, que nous avons vu paraître, il y a un moment, comme l’Éternel, reconnu du moins par les malheureux aux besoins desquels il ne refuse jamais de répondre. [8:21] Par conséquent, tout homme qui veut suivre Jésus [8:22] doit renoncer à tout, pour être le compagnon du Seigneur, qui ne serait pas venu sur la terre si tout n’était pas en question, ni sans un droit absolu, quoique ce fût en même temps dans un amour qui ne pouvait s’occuper que de sa mission et de la nécessité qui l’avait amené là.

Ch. 8 v. 23-27 — La tempête, épreuve de la foi des disciples et manifestation de la gloire de Christ

Le Seigneur sur la terre était tout ou rien. Cela, il est vrai, devait se faire sentir moralement dans ses effets, par la grâce qui, agissant par la foi, attachait le croyant à Lui par un lien ineffable. Autrement, le coeur n’eût pas été moralement mis à l’épreuve ; mais il n’en était pas moins vrai pour cela qu’il était lui-même présent devant eux. [8:26] Par conséquent les preuves en étaient là : le vent et la mer auxquels, aux yeux des hommes, le Seigneur semblait exposé, obéissaient à l’instant à sa voix — [8:25] répréhension frappante de l’incrédulité qui l’avait réveillé de son sommeil, et qui avait supposé qu’il était possible aux vagues de l’engloutir, et avec Lui les conseils et la puissance de Celui qui avait créé les vents et les flots !

Il est évident que cet orage avait été permis pour mettre la foi des disciples à l’épreuve, et faire ressortir la dignité de la personne du Seigneur. Si l’ennemi a été l’instrument pour le produire, il n’a réussi qu’à donner au Seigneur l’occasion de manifester sa gloire. Tel est toujours le cas pour Christ et pour nous quand la foi se trouve.

Ch. 8 v. 28-34 — Jésus chasse des démons chez les Gergéséniens

Or la réalité de cette puissance et la manière dont elle opérait ressortent fortement de ce qui suit (8:28 et suiv.).

[8:28] Le Seigneur débarque dans le pays des Gergéséniens. La puissance de l’ennemi se déploie là dans toutes ses horreurs. [8:29] Si l’homme auquel le Seigneur était venu en grâce, ne le connaissait pas, les démons connaissaient leur Juge dans la personne du Fils de Dieu. L’homme était sous leur pouvoir. La crainte qu’ils avaient des tourments du jugement au dernier jour est appliquée dans l’esprit de l’homme à la présence immédiate du Seigneur : « Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter ? » Les esprits méchants agissent sur l’homme par la frayeur de leur puissance ; ils n’en ont aucune si on ne les craint pas. Mais c’est la foi seule qui ôte à l’homme cette frayeur. Je ne parle pas des convoitises sur lesquelles ils agissent, ni des ruses de l’ennemi, mais de sa puissance. « Résistez au diable, et il s’enfuira de vous » [(Jac. 4:7)]. [8:31] Ici, les démons désirent manifester la réalité de leur puissance, et le Seigneur le permet, afin qu’il soit évident que dans ce monde il n’est pas simplement question de l’homme bon ou méchant, mais aussi de ce qui est plus fort que l’homme. [8:32] Les démons entrent dans les pourceaux et ceux-ci périssent dans les eaux. Triste réalité, clairement démontrée ! Il ne s’agissait ni de simple maladie, ni de convoitise, mais de démons ! Mais, grâce à Dieu, il s’agissait aussi de quelqu’un qui, tout en étant homme sur la terre, était plus puissant que les démons. [8:31] Ils sont forcés de reconnaître la puissance de Celui qui est là, et en appellent à cette puissance, sans idée de lui résister. Dans la tentation au désert, Satan avait été vaincu [(4:11)]. Jésus délivre complètement l’homme que les démons opprimaient de leur puissance malfaisante. Devant Lui, leur force était nulle. Jésus aurait pu, s’il n’avait été question que de cela, délivrer le monde de tout le pouvoir de l’ennemi et de tous les maux de l’humanité. L’homme fort était lié, le Seigneur pillait ses biens [(12:29)]. [8:34] Mais la présence de Dieu, de Jéhovah, inquiète le monde plus que la puissance de l’ennemi pour dominer et dégrader le corps et l’esprit. L’empire de l’ennemi sur le coeur — empire trop paisible et trop peu aperçu, hélas ! — est plus puissant que sa force. Sa force succombe devant la parole de Jésus ; mais la volonté de l’homme accepte le monde tel qu’il est, gouverné par l’influence de Satan. Toute la cité, témoin de la délivrance du démoniaque et du pouvoir de Jésus qui se trouve là, supplie le Seigneur de s’en aller. Triste image de l’histoire du monde ! Le Seigneur est venu ici-bas avec puissance pour délivrer le monde — l’homme — de toute la puissance de l’ennemi, mais le monde ne l’a pas voulu. L’homme était moralement éloigné de Dieu, et non pas seulement soumis à l’esclavage de l’ennemi. L’homme se soumettait à son joug, il s’y était habitué ; il ne voulait pas de la présence de Dieu.

[8:32] Je ne doute pas que ce qui est arrivé aux pourceaux ne soit une image de ce qui est arrivé aux Juifs impies et profanes qui ont rejeté le Seigneur Jésus. Il n’y a rien de plus frappant que la manière dont une personne divine, Emmanuel, quoique un homme en grâce, est manifestée dans ce chapitre.