Matthieu

Chapitre 2

Ch. 2 v. 1-12 — Jésus reconnu Roi des Juifs

[2:1] Étant né ainsi, ainsi caractérisé par l’ange, et accomplissant les prophéties qui annonçaient la présence d’Emmanuel, [2:2] Jésus est formellement reconnu comme roi des Juifs par les gentils conduits par la volonté de Dieu qui gouverne le coeur de leurs sages1. C’est-à-dire que nous trouvons le Seigneur, Emmanuel, le fils de David, Jéhovah, le Sauveur, le Fils de Dieu, né Roi des Juifs, reconnu par les chefs des gentils. C’est là le témoignage de Dieu dans l’évangile de Matthieu et le caractère sous lequel Jésus y est présenté. [2:4] Ensuite, en présence de Jésus ainsi révélé, nous voyons les chefs des Juifs en rapport avec un roi étranger qui connaît cependant, comme système, les révélations de Dieu dans sa Parole, tout en étant entièrement indifférent à Celui qui était l’objet de ces révélations ; nous trouvons le roi, ennemi acharné du Seigneur, vrai Roi et Messie, qu’il cherche à faire mourir.

1 [1:1-2] L’étoile n’a pas conduit les mages de leur pays jusqu’en Judée. Dieu a voulu présenter ce témoignage à Hérode et aux chefs du peuple. [2:8] Ayant été dirigés par la parole (dont les principaux et les scribes eux-mêmes déclaraient la portée, et d’après laquelle Hérode les renvoyait à Bethléhem), [2:9] les mages retrouvent l’étoile qu’ils avaient vue dans leur pays et qui les conduit à la maison où était le petit enfant. Leur visite a eu lieu quelque temps après la naissance de Jésus. |2:2] Ils avaient sans doute vu premièrement l’étoile à l’époque de cette naissance. [2:16] Hérode aussi se dirige dans ses calculs d’après le moment de l’apparition de l’étoile dont il s’était exactement informé auprès des mages. Leur voyage a dû prendre quelque temps. [1:25] La naissance de Jésus est racontée au chap. 1. [2:1] Le premier verset du chap. 2 devrait être traduit : « Or Jésus ayant été né… », si cela se pouvait dire en français ; car il s’agit d’un temps déjà passé.

Je ferai remarquer également ici que les prophéties de l’Ancien Testament sont citées de trois manières qui ne doivent pas être confondues ; la Parole dit : « afin que fût accompli » — « en sorte que fut accompli — ou « alors fut accompli ». Dans le premier cas, il s’agit du but même de la prophétie ; voyez Matthieu 1:22-23, qui en est un exemple. Dans le second cas, il s’agit d’un accomplissement qui est dans l’intention de la prophétie, sans que cela soit cependant la seule et complète pensée du Saint Esprit ; Matthieu 2:23, peut servir d’exemple. Enfin en troisième lieu, il ne s’agit que d’un fait répondant à la pensée du passage qui s’y applique dans son esprit, sans en être l’objet positif (voyez chap. 2:17).

Ch. 2 v. 13-18 — Dieu protège l’enfant Jésus de la méchanceté de l’homme

[2:13] La providence de Dieu veille sur l’enfant qui est né à Israël, en employant des moyens qui laissent toute la place à la responsabilité du peuple, [2:15] et accomplissent en même temps toutes les pensées de Dieu à l’égard de ce seul vrai résidu d’Israël, seule vraie source d’espérance pour le peuple. Car hors de Lui, tout devait succomber et subir les conséquences de son association avec le peuple.

Christ recommence toute l’histoire d’Israël

Descendu en Égypte pour éviter le cruel dessein d’Hérode qui voulait lui arracher la vie, Jésus devient le vrai sarment ; il recommence, moralement parlant, dans sa personne, l’histoire d’Israël, aussi bien (dans un sens plus étendu) que celle de l’homme, comme dernier Adam en rapport avec Dieu ; et cela pour que sa mort eût lieu — sans doute pour la bénédiction de tout.

Or il était Fils de Dieu et Messie, donc Fils de David. Mais pour prendre sa place comme Fils de l’homme, il devait mourir (voy. Jean 12). [2:15] Ce n’est pas seulement la prophétie d’Osée : « J’ai appelé mon fils hors d’Égypte » (11:1), qui s’applique à ce vrai commencement d’Israël en grâce, comme le bien-aimé selon Ses conseils, le peuple ayant entièrement manqué à sa responsabilité, de sorte que, sans cette grâce, Dieu aurait dû le retrancher. Nous avons vu en Ésaïe, Israël serviteur faire place à Christ serviteur, rassemblant un résidu fidèle (les enfants que Dieu lui a donnés pendant qu’il cache sa face à la maison de Jacob. És. 8:17-18), qui devient le noyau du nouveau peuple d’Israël selon Dieu. Le chap. 49 d’Ésaïe nous présente cette transition d’Israël au Christ, d’une manière frappante. Du reste, c’est là le fondement de toute l’histoire de ce peuple envisagé comme ayant manqué sous la loi et se trouvant rétabli en grâce. Christ en est moralement la nouvelle souche (comparez Ésaïe 49:3 et 5)1.

1 Au verset 5, Christ prend ce titre de Serviteur. La même substitution de Christ à Israël se trouve en Jean 15. Israël avait été le cep transporté d’Égypte. Christ est le vrai cep.

Ch. 2 v. 19-23 — Jésus au milieu de son peuple]

[2:19] Hérode étant mort, Dieu le fait savoir à Joseph en songe, [2:20] lui commandant de retourner avec le jeune enfant et sa mère dans la terre d’Israël. Ici, on peut remarquer que le pays d’Israël est mentionné sous le nom qui rappelle ses privilèges de la part de Dieu. Ce n’est ni la Judée, ni la Galilée, c’est « la terre d’Israël ». [2:22] Mais le Fils de David peut-il, en y entrant, s’approcher du trône de ses pères ? Non ; il doit prendre la place d’un étranger, avec les méprisés de son peuple. Dirigé de Dieu en songe, Joseph conduit Jésus en Galilée, dont les habitants étaient l’objet du profond mépris des Juifs, comme n’étant pas en rapport habituel avec Jérusalem et la Judée, le pays de David, des rois reconnus de Dieu, et du temple, pays dont la langue était bien la même, mais dont le dialecte trahissait la séparation d’avec ceux qui, par la faveur de Dieu, étaient rentrés de Babylone en Judée. [2:23] En Galilée même, Joseph s’établit dans une ville dont le nom seul était un opprobre à quiconque y demeurait et une tache à sa réputation.

Voilà la position du Fils de Dieu en entrant dans ce monde, et les rapports du Fils de David avec son peuple, lorsque, par grâce et selon les conseils de Dieu, il se trouve au milieu de lui.

Il était, d’un côté, Emmanuel, Jéhovah leur Sauveur, mais de l’autre, le Fils de David, tout en prenant sa place au milieu de son peuple et s’associant avec les plus pauvres et les plus méprisés du troupeau ; réfugié en Galilée, de devant l’iniquité d’un faux roi qui régnait en Judée par l’appui des gentils de la quatrième monarchie, et avec lequel les sacrificateurs et les principaux du peuple se trouvaient en rapport. Ceux-ci, infidèles à Dieu et mécontents des hommes, détestaient orgueilleusement un joug auquel leurs péchés les avaient assujettis, et qu’ils n’osaient pas secouer quoiqu’ils ne reconnussent pas assez leurs péchés pour s’y soumettre comme à un juste châtiment de la part de Dieu.

Voilà comment l’évangéliste, ou plutôt le Saint Esprit, nous présente le Messie en rapport avec Israël.