Matthieu

Chapitre 1er

Ch. 1 v. 1-17 — La généalogie de Jésus

Le but de l’Esprit de Dieu, dans l’évangile de Matthieu, étant de montrer Jéhovah comme accomplissant les promesses faites à Israël et les prophéties qui se rapportaient au Messie (et nul ne peut manquer d’être frappé du nombre de passages qui ont trait à leur accomplissement), [1:1] notre évangile commence par la généalogie du Seigneur, en partant de David et d’Abraham, les deux souches d’où sort la généalogie messianique, et auxquelles les promesses avaient été faites. [1:17] La généalogie se divise en trois périodes qui sont conformes à trois grandes divisions de l’histoire du peuple : [1:2-6] d’Abraham à l’établissement de la royauté, dans la personne de David ; [1:6-11] de l’établissement de la royauté jusqu’à la captivité ; [1:11-16] et de la captivité jusqu’à Jésus.

On peut remarquer que le Saint Esprit mentionne dans cette généalogie les graves péchés commis par les personnes dont les noms sont rapportés, exaltant ainsi la grâce souveraine de Dieu, qui pouvait donner un Sauveur en rapport [1:3] avec des péchés tels que ceux de Juda, [1:5] avec une pauvre Moabite introduite au milieu de son peuple, [1:6] et avec des crimes tels que ceux de David.

La généalogie, dans Matthieu, est la généalogie légale, c’est-à-dire celle de Joseph ; de Joseph dont Christ homme était l’héritier légitime selon la loi des Juifs. [1:17] L’évangéliste a omis trois rois de la parenté d’Achab pour avoir les quatorze générations dans chaque période ; Joakhaz et Jehoïakin aussi sont omis ; mais le but de la généalogie n’est en rien changé par cette circonstance. Le fait était de la donner comme reconnue par les Juifs, et tous les rois étaient connus de chacun.

Ch. 1 v. 18-23 — L’annonce de la naissance de Jésus

Matthieu raconte brièvement les faits relatifs à la naissance de Jésus. Ces faits sont d’une importance infinie et éternelle, non seulement pour les Juifs qui s’y trouvaient directement intéressés, mais pour nous aussi : Dieu ayant daigné y lier sa propre gloire à nos intérêts, c’est-à-dire à l’homme.

[1:18] Marie était fiancée à Joseph. Sa postérité était par conséquent celle de Joseph légalement, quant aux droits d’héritage ; mais l’enfant qu’elle portait dans son sein était d’une origine divine, conçu par la puissance du Saint Esprit. [1:20] L’ange de l’Éternel est envoyé comme instrument de la Providence pour rassurer la conscience délicate et le coeur juste de Joseph, en lui communiquant que ce que Marie avait conçu était du Saint Esprit.

On peut remarquer ici que l’ange en s’adressant à cette occasion à Joseph, le nomme « fils de David ». Le Saint Esprit attire ainsi notre attention sur la relation de Joseph (qui était censé le père de Jésus) avec David, Marie étant appelée sa femme. [1:21] L’ange en même temps donne à l’enfant qui devait naître, le nom de « Jésus », c’est-à-dire « Jéhovah le Sauveur ». Il applique ce nom à la délivrance d’Israël de l’état où le péché l’avait plongé1. [1:22] Toutes ces choses ont eu lieu pour accomplir ce que l’Éternel avait dit par la bouche de son prophète : [1:23] « Voici, la vierge sera enceinte et enfantera un fils, et on appellera son nom Emmanuel, ce qui, interprété, est : Dieu avec nous » (chap. 1:23).

1 Il est écrit : « Car c’est lui qui sauvera son peuple », ce qui montre parfaitement le titre de Jéhovah contenu dans le nom de Jésus ou Josué. Car Israël était le peuple de l’Éternel, c’est-à-dire de Jéhovah.

Voici donc ce qui nous est présenté par l’Esprit de Dieu dans ces quelques versets : Jésus, le fils de David, conçu par la puissance du Saint Esprit ; Jéhovah, le Sauveur, qui délivre Israël de ses péchés — Dieu avec ce peuple — Celui qui accomplissait ces merveilleuses prophéties qui indiquaient plus ou moins clairement les lignes d’un cadre que le Seigneur Jésus seul pouvait remplir.

Ch. 1 v. 24-25

[1:24] Joseph, homme juste, simple de coeur et obéissant, discerne sans difficulté la révélation du Seigneur, et y obéit.

Les différents titres de Jésus

Ces titres impriment à cet évangile son caractère, c’est-à-dire la manière dont Christ y est présenté. Mais quelle merveilleuse révélation déjà de Celui qui devait accomplir les paroles et les promesses de l’Éternel ! Quelle base de vérité pour l’intelligence de ce qu’était cette glorieuse et mystérieuse Personne, dont l’Ancien Testament avait assez dit pour réveiller le désir et confondre l’intelligence du peuple auquel il était donné !

Né d’une femme, né sous la loi, héritier de tous les droits de David selon la chair, aussi Fils de Dieu, Jéhovah le Sauveur, Dieu avec son peuple : — qui pouvait comprendre ou sonder le mystère de la nature de Celui qui était toutes ces choses à la fois ? Sa vie, en effet, ainsi que nous le verrons, montre l’obéissance de l’homme parfait, les perfections et la puissance de Dieu.

Les titres de Jésus, ces titres d’héritier de David, de Sauveur de son peuple, et d’Emmanuel, que nous venons de signaler et que nous lisons au chap. 1:20-23, se lient à sa gloire au milieu d’Israël. Sa naissance par le Saint Esprit accomplissait à l’égard de Jésus, envisagé comme homme né sur la terre, le Ps. 2:7. Le nom de Jésus et sa conception par la puissance du Saint Esprit s’étendent sans doute plus loin que cette relation, mais tout se lie aussi d’une manière particulière à sa position au milieu d’Israël1.

1 La relation plus étendue est indiquée plus particulièrement dans l’évangile de Luc, où sa généalogie remonte jusqu’à Adam; mais ici, le titre de Fils de l’homme lui est spécialement appliqué.