Luc

Chapitre 19

Ch. 19 v. 1-10 — La grâce qui apporte le salut à Zachée

[19:1] Étant entré dans Jéricho, [19:5] Jésus exalte la grâce, [19:7] en dépit de l’esprit pharisaïque, [19:9] et reconnaît Zachée comme fils d’Abraham, [19:2] qui, dans une position fausse, il est vrai, pour quelqu’un qui l’était, [19:8] avait une conscience délicate et un coeur généreux1. [19:9] Par la grâce, sa position ne lui ôtait pas, aux yeux de Jésus, le caractère de fils d’Abraham (si tel était le résultat, qui aurait pu être béni ?), [19:10] et ne barrait pas le chemin au salut destiné à ce qui était perdu, [19:9] puisque ce salut entrait avec Jésus dans la maison de ce fils d’Abraham. [19:10] Jésus apportait le salut à quiconque devait l’hériter.

1 [19:8] Je ne doute pas que Zachée n’expose à Jésus ce qu’il faisait habituellement auparavant. [19:9] Néanmoins, c’était le salut qui entrait ce jour-là dans sa maison.

Ch. 19 v. 11-27 — Le caractère du royaume en l’absence de Jésus

La responsabilité de chaque serviteur, et sa récompense

[19:12] Toutefois le Seigneur ne leur cache point son départ, et le caractère que le royaume devait prendre par son absence. [19:11] Les Juifs étaient préoccupés de Jérusalem et de l’attente du prochain royaume : et le Seigneur leur explique ce qui va arriver (vers. 11 et suiv.). [19:12] Lui s’en va pour recevoir un royaume dans l’intention de revenir ; [19:13] en attendant il confie de ses biens (les dons de l’Esprit) à ses serviteurs pour les faire valoir pendant son absence. La différence entre cette parabole et celle de Matth. 25 [(v. 14-30)] est celle-ci : [Matt. 25:15] Matthieu présente la souveraineté et la sagesse de celui qui donne, et qui varie ses dons selon l’aptitude de ses serviteurs ; [19:13] tandis que la parabole de Luc relève plus particulièrement la responsabilité des serviteurs qui ont reçu chacun la même somme. [19:16, 18] Ici, l’un profite de ce qu’il a reçu dans l’intérêt de son Maître plus que l’autre ; [Matt. 25:21, 23] aussi n’est-il pas dit, comme dans Matthieu : « Entre dans la joie de ton Maître », la même chose à tous, plus excellente encore ; — [19:17] mais il est dit à l’un : « Aie autorité sur dix villes », [19:19] et à l’autre : « Sois établi sur cinq villes » ; c’est-à-dire qu’à chacun est donnée une part dans la gloire du royaume selon son travail de serviteur. [19:25] Aussi le serviteur ne perd-il pas ce qu’il a gagné, quoique cela appartienne à son Maître. Il jouit de ce qu’il a gagné, [19:20] sauf celui qui n’a pas utilisé la mine qu’on lui avait donnée, [19:24] et qui est donnée ensuite à celui qui en avait gagné dix. [19:26] Ce que nous avons acquis ici-bas, au spirituel, en intelligence et connaissance de Dieu par l’Esprit, n’est pas perdu dans l’autre monde ; au contraire, nous en recevons davantage ; la gloire de l’héritage nous est aussi donnée selon notre travail : tout est grâce.

Le rejet de Jésus par les Juifs, et leur jugement

Mais il y a encore un autre élément dans l’histoire du royaume. [19:14] Les concitoyens de l’homme noble, les Juifs, non seulement ont rejeté le roi, mais quand il est parti pour recevoir le royaume, ils envoient un messager après lui pour lui déclarer qu’ils ne le veulent pas comme roi. Ainsi les Juifs, lorsque Pierre (Act. 3) leur montre leur péché [(v. 13-14)] et leur annonce le retour de Jésus et avec Lui les temps de rafraîchissement, s’ils se convertissent [(v. 19)], repoussent ce témoignage, et, pour ainsi dire, envoient Étienne après Jésus, pour attester qu’ils ne veulent de lui en aucune manière [(Act. 7:57-60)] : aussi la race perverse est-elle déjà jugée pour le moment où Jésus reviendra en gloire. [19:27] Les ennemis avoués du Christ recevront la récompense de leur rébellion.

Ch. 19 v. 28-40 — Jésus, fils de l’homme, est présenté comme le roi à Jérusalem

[19:38] Jésus ayant déclaré ce qu’était et ce que serait le royaume, vient maintenant, afin de le présenter pour la dernière fois dans sa propre personne aux habitants de Jérusalem, selon la prophétie de Zacharie 11 [(Zac. 9:9)]. Dans l’étude de Matthieu [(21:1-11)] et de Marc [(11:1-10)], cette scène remarquable a été, du reste, déjà considérée par nous dans son aspect général, mais quelques circonstances particulières demandent à être relevées ici. [19:37] Toute la multitude de ses disciples se rassemble au lieu où le Sauveur fait son entrée : [19:39] les disciples et les pharisiens sont en contraste. [19:44] Jérusalem est au jour de sa visitation et ne le connaît pas. [19:38] Quelques paroles remarquables sortent de la bouche des disciples, mus, dans cette occasion, par l’Esprit de Dieu. [19:40] S’ils s’étaient tus, les pierres se seraient écriées en proclamant la gloire du Rejeté. [19:38] Le royaume que saluent leurs acclamations triomphales, n’est pas le royaume seulement dans sa partie terrestre, [Matt. 21:9] comme dans Matthieu : là, ainsi que nous l’avons vu, les disciples s’écrient : « Hosanna au fils de David ! » et « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts ! » C’est au fond la même chose ; [19:38] mais ici nous avons quelque chose de plus. Le Fils de David disparaît. Il est, il est vrai, le Roi qui vient au nom du Seigneur ; mais ce n’est plus le résidu d’Israël qui cherche le salut dans le nom du Fils de David, en reconnaissant ce titre de Jésus, c’est la « paix au ciel et la gloire dans les lieux très hauts ! » Le royaume est considéré ici comme dépendant de ce que la paix est établie dans les cieux célestes : le Fils de l’homme élevé en haut et victorieux de Satan, a réconcilié les cieux ; et la gloire de la grâce y est établie dans sa personne pour la gloire éternelle et suprême du Dieu d’amour. Le royaume sur la terre n’est qu’une conséquence de cette gloire que la grâce a établie. La puissance qui a chassé Satan établit la paix dans les cieux. Au chap. 2:14, de notre évangile, nous trouvons dans la grâce célébrée par les anges : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts ; et sur la terre, paix ; et bon plaisir [de Dieu] dans les hommes ». Pour l’établissement du royaume la paix est faite dans le ciel, et la gloire de Dieu est entièrement établie dans les lieux les plus hauts.

Ch. 19 v. 41-48 — Le sort de Jérusalem qui a rejeté Jésus

[19:41] On remarquera ici que le Seigneur, en s’approchant de la ville, pleure sur elle (vers. 41), ce qui n’est pas rapporté en Matthieu où, raisonnant avec les Juifs, Jésus leur montre la ville comme celle qui, ayant repoussé et tué les prophètes, était dès maintenant, et jusqu’à son retour, vouée à la désolation : Emmanuel même, l’Éternel en avait été ignominieusement rejeté, lui qui si souvent avait voulu en rassembler les enfants sous ses ailes.

[19:44] Voici l’heure de sa visitation, et elle ne l’a point connue ! [19:42] Si, à cette heure-là, elle avait seulement répondu à l’appel que lui adressait le témoignage de son Dieu !… [19:43] Mais elle est laissée entre les mains des gentils, ses ennemis, [19:44] qui n’en laisseront pierre sur pierre sans être démolie. C’est-à-dire que, n’ayant pas connu qu’elle était visitée de Dieu en grâce dans la personne de Jésus, elle est mise de côté ; le témoignage ne se poursuit pas ; et place est faite pour un autre ordre de choses. — C’est la destruction de la ville par Titus qui est ici en saillie. [19:46] Le Seigneur a égard au caractère moral du temple (vers. 46) : et l’Esprit n’en fait pas mention ici comme « d’une maison de prière pour tous les peuples » en faisant ainsi un centre pour le culte des autres en dehors d’Israël [(És. 56:7)]. C’est dans la même intention que, chap. 20:16, il est dit simplement : « Il donnera la vigne à d’autres ». Ils ont heurté contre la pierre d’achoppement [(Rom. 9:32)] ; quand celle-ci tombera sur eux — à la venue de Jésus en jugement — elle les réduira en poussière [(20:18)].