Josué

Chapitre 5

Ch. 5 v. 1-9 — La circoncision, mortification de la chair

La circoncision, première étape en Canaan, avant la conquête

La mortification de soi-même précède la lutte contre l’ennemi

Il ne s’agit pas encore de prendre des villes, de réaliser les magnifiques promesses de Dieu. Il faut auparavant la mortification de soi-même. Avant de vaincre Madian, Gédéon a dû renverser l’autel qui était chez lui [(Jug. 6)].

Le désert est l’épreuve de la chair, non la mort qui lui est appliquée

[5:5] Remarquez ensuite que le désert n’est pas le lieu où s’accomplit la circoncision, lors même qu’on y a été fidèle. Le désert est le caractère que prend le monde quand nous avons été rachetés. C’est là que la chair qui est en nous est actuellement éprouvée. La mort et notre entrée dans les lieux célestes jugent toute la nature dans laquelle nous vivons dans ce monde. Mais alors, en vertu de notre mort et de notre résurrection avec Christ, la mort est appliquée pratiquement et la circoncision est l’application de la puissance de l’Esprit à la mortification de la chair chez celui qui a part à la mort et à la résurrection de Jésus (comp. 2 Cor. 4:10, 12). Ainsi, Paul dit (Phil. 3 [v. 3]) : « Nous sommes la circoncision ». Quant à la vie extérieurement morale, il l’avait déjà. Avait-il ajouté la vraie piété à sa religion de forme, la vraie crainte de Dieu à ses bonnes œuvres ?

Pour les chrétiens, la circoncision est l’application de la mort de Christ au péché

Participation à la vie céleste de Christ ressuscité

C’était bien plus que cela. Christ avait tout remplacé en lui : premièrement, en fait de justice, ce qui est le fondement ; mais, de plus, l’apôtre dit : « Pour le connaître, lui, et la puissance de sa résurrection… étant rendu conforme à sa mort, si en quelque manière que ce soit je puis parvenir à la résurrection d’entre les morts » [(Phil. 3:10-11)]. Aussi, est-ce en courant vers le but qu’il attend la venue de Jésus [(Phil. 3:14)], pour accomplir cette résurrection, quant à son corps. Dans l’épître aux Colossiens, chap. 2 [(v. 11)], il nous parle de la circoncision de Christ. Est-ce seulement qu’il a cessé de pécher (effet certain, au reste, de cette œuvre de Dieu) ? Non ; car pour décrire cette œuvre de Dieu, il ajoute : « Étant ensevelis avec Lui par le baptême, par lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts » [(Col. 2:12)]. Les conséquences de la vie céleste se trouvent au chapitre 3, verset 1, qui est en rapport immédiat avec le verset que nous venons de citer. Aussi l’œuvre est-elle ici couronnée par la manifestation des saints avec Jésus lorsqu’Il paraîtra [(Col. 3:4)], non pas lorsqu’Il viendra les enlever. La part céleste est omise dans les Colossiens, sauf que notre vie est cachée dans le ciel [(Col. 3:3)] et que ce qui s’y trouve est un effet de l’espérance. Nous sommes rendus « capables d’y participer » et c’est précisément ce que notre passage nous présente.

Puissance active pour nous appliquer la mort de Christ — Enseignement des différentes épîtres

[Col. 3:5] Notre Guilgal est au 5me verset. « Mortifiez donc… ». Ce n’est pas : « Mourir au péché », « Mortifiez » est une puissance active. Cela repose sur la puissance de ce qui est déjà vrai pour la foi. Vous êtes morts, mortifiez donc. — Étant dans cette position, on la réalise. « Tenez-vous vous-mêmes pour morts », dit l’apôtre (Rom. 6 [v. 11]), en parlant du même sujet (1*). C’est la force en pratique de la figure des pierres tirées du Jourdain [(4:20)]. Elles étaient un signe de notre union avec Christ qui a été mort (2*). [Col. 3:1] Mais nous sommes aussi ressuscités avec Lui (3*), comme étant morts avec Lui. Mais il y a un autre aspect de la vérité : « Nous étions morts dans nos péchés » [(Éph. 2:1)]. Il descendit en grâce où nous étions, et descendant ainsi les expia. Dieu nous a ressuscités avec Lui, nous ayant pardonné tous nos péchés (4*). Tout ce qu’il a fait était pour nous. Associé avec Lui vivant, uni à Lui par l’Esprit, je suis aussi assis en Lui [(Éph. 2:6)], mais pas encore avec Lui dans les lieux célestes (5*). Je m’approprie, ou plutôt, Dieu m’attribue tout ce qu’il a fait, comme si cela me fût arrivé à moi-même ; il est mort au péché, en Lui je suis mort au péché. Alors, je « mortifie » ; ce qu’on ne saurait faire comme étant encore vivant dans la chair. Où était la vie et la nature dans laquelle on pouvait le faire ? Dans les Colossiens, je suis ressuscité avec Lui, et aussi assis en Lui dans les lieux célestes, mais cette épître ne nous présente pas la doctrine des Éphésiens au sujet du dessein et des conseils de Dieu, doctrine qui nous fait voir, comme conséquence de l’exaltation de Christ à la droite de Dieu, le simple acte de puissance divine qui nous prend, lorsque nous étions morts dans nos péchés, pour nous placer en Lui. Dans les Colossiens nous trouvons, pour ainsi dire, les opérations par lesquelles nous passons, comme ayant été vivants (non pas morts) dans nos péchés, pour être amenés, par la mort, dans une vie meilleure en Christ. L’autre côté, celui des Éphésiens, est également vrai, ce qui me fait en parler, mais les Colossiens nous parlent du changement, — d’un changement essentiel, mais subjectif, quant à la mort et à la résurrection. Il correspond à ce que nous enseigne en type le livre de Josué.

  1. Cette progression présente trois degrés : 1° Le jugement de Dieu : « Vous êtes morts » [(Col. 3:3)]. 2° L’acceptation de ce jugement par la foi : « Tenez-vous vous-mêmes pour morts » [(Rom. 6:11)]. 3° Enfin sa réalisation en pratique : « Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus » [(2 Cor. 4:10)].
  2. L’épître aux Romains ne nous sort pas du désert, mais nous parle de la position que la mort de Christ nous y a donnée. La foi accepte cette position : la mort au péché et la vie à Dieu dans ce monde. Cette vie à Dieu est la conséquence du fait que nous avons été sauvés par sa mort et baptisés pour elle ; mais l’épître aux Romains ne parle pas de notre résurrection, car cette dernière nous sort du désert. C’est le sujet de l’épître aux Colossiens et du Jourdain.
  3. L’épître aux Colossiens ne va pas au-delà.
  4. L’épître aux Colossiens ne va pas au-delà, seulement elle ne nous considère pas comme morts dans nos péchés, mais comme ayant vécu dans le péché et étant maintenant morts et ressuscités.
  5. C’est l’enseignement de l’épître aux Éphésiens. C’est l’acte souverain de la puissance divine qui nous a pris lorsque nous étions morts dans nos péchés et nous a placés en Christ.
La mortification n’est possible que par la grâce, réalisant la mort de Christ

Or, la circoncision étant l’application pratique de la mort de Christ, au péché, à tout ce qui est appelé « le corps de la chair » (Col. 2:11), et qui s’oppose à notre condition d’hommes ressuscités avec Christ, nous nous souvenons de la mort de Jésus, et la mortification de nos membres qui sont sur la terre s’accomplit par la grâce, dans la conscience de la grâce. Autrement, ce ne serait que l’effort d’une âme sous la loi, et dans ce cas on aurait une mauvaise conscience et point de force. C’est ce qu’ont essayé des moines sincères ; mais la grâce, Christ et sa force n’étaient pas dans leur tentative. S’il y avait de la sincérité, il y avait aussi la misère spirituelle la plus profonde. Pour mortifier, il faut la vie ; et si nous avons la vie, nous sommes déjà morts en Celui qui est mort pour nous.

Souvenir de la mort de Christ, qui nous introduit dans ce nouvel état

Le mémorial de l’œuvre de la grâce est là où la mort doit s’appliquer

[4:20] C’étaient des pierres prises au fond du Jourdain qui étaient posées en Guilgal, et le Jourdain était déjà passé avant qu’Israël fût circoncis. Le mémorial de la grâce et de la mort comme témoignage d’un amour qui a accompli notre salut, en s’occupant en grâce de nos péchés, se trouvait là où la mort au péché devait avoir lieu. Christ mort pour les péchés, en amour parfait, en efficace immanquable, et sa mort au péché, nous donnent la paix par son sang au sujet du péché et des péchés, mais aussi nous rendent capables, par grâce, de nous tenir nous-mêmes pour morts au péché [(Rom. 6:11)], et de mortifier nos membres qui sont sur la terre [(Col. 3:5)].

Par la mort avec Christ, nous sommes dans une nouvelle condition, hors du péché

En chaque circonstance il faut donc se souvenir qu’on est mort et se dire : Si je suis mort par la grâce, qu’ai-je à faire du péché, qui suppose que je vis encore ? C’est dans cette mort qu’est Christ dans la beauté et dans la puissance de sa grâce, c’est la délivrance même, et moralement l’introduction dans une condition qui nous rend « capables de participer au lot des saints dans la lumière » [(Col. 1:12)]. Quant au progrès, l’apôtre dit : Je poursuis, cherchant à le saisir, vu aussi que j’ai été saisi par le Christ » [(Phil. 3:12)]. Mais ce n’est pas le sujet qui nous occupe.

Revenir à Guilgal, nécessité pour réaliser la communion avec Jésus

Étant morts, notre vie n’a plus aucun lien avec ce monde, qu’aime la chair

[5:9] Ainsi, en étant mort, et seulement ainsi, l’opprobre d’Égypte sera ôté. Tout signe du monde est un opprobre pour celui qui est céleste. L’homme céleste seul qui est mort avec Christ, se débarrasse de ce qui tient à l’Égypte. Or, la vie de la chair y tient toujours ; mais le principe de la mondanité est déraciné chez celui qui est mort et ressuscité avec Christ, et qui vit d’une vie céleste. Il y a dans la vie de l’homme vivant comme tel dans ce monde (Col. 2:20), un lien nécessaire avec le monde tel que Dieu le voit, c’est-à-dire pécheur et corrompu ; il n’y en a plus chez un mort. La vie d’un ressuscité n’est pas de ce monde, elle n’a pas de lien avec lui. Celui qui la possède peut le traverser et faire bien des choses que d’autres font. Il mange, travaille, souffre ; mais, quant à sa vie et à son but, il n’est pas du monde, comme Christ n’était pas du monde [(Jean 17:16)]. C’est Christ, ressuscité et monté en haut, qui est sa vie. Il mate sa chair, il la mortifie ; car elle est de fait ici-bas ; mais lui ne vit pas en elle. [5:10] Le camp était toujours à Guilgal. C’est là qu’après ses victoires et ses conquêtes, se rendait le peuple, — armée de l’Éternel [(10:15, 43)]. Si nous ne le faisons pas, nous serons faibles, la chair nous trahira et nous serons livrés à l’ennemi au moment du combat, et même du combat sincèrement engagé dans l’œuvre de Dieu. [4:20] C’est à Guilgal qu’est élevé le monument des pierres du Jourdain ; car, si la conscience d’être mort avec Jésus est nécessaire pour pouvoir mortifier la chair, c’est dans cette mortification qu’on parvient à connaître pratiquement ce que c’est qu’être ainsi mort.

La communion avec Jésus se réalise dans la mortification de la chair

On ne réalise pas la communion intérieure (je ne parle pas maintenant de la justification), la douce et divine jouissance de la mort de Jésus pour nous, avec une chair non mortifiée. Cela ne se peut pas. Mais, si l’on revient à Guilgal, à la mortification bénie de notre propre chair, on y trouve toute la douceur (et elle est infinie), toute la puissante efficace de cette communion avec la mort de Jésus, avec l’amour qui s’y est manifesté. « Portant toujours partout », dit l’apôtre, « dans le corps la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4:10). Ainsi nous ne restons pas dans le Jourdain ; mais il reste dans le cœur tout ce qu’il y a de précieux dans cette œuvre magnifique, œuvre que les anges désirent sonder, qui est pour nous, et que Christ nous approprie dans son amour. Il se trouve avec nous à Guilgal, endroit sans apparence ni victoire qui ait de l’éclat devant les hommes, mais où Celui qui est la source de toute victoire, se trouve dans la force et la communion qui nous rendent capables de vaincre.

5.1.5 - [Contemplation de l’œuvre accomplie par Jésus

Contemplation de l’œuvre de la délivrance accomplie par Christ seul

[4:9] Mais il y avait encore douze pierres posées au milieu du Jourdain ; et, en effet, si nous appliquons la puissance de la mort de Christ à la mortification de la chair, le cœur exercé et jouissant pleinement des choses célestes aime à retourner vers le Jourdain, là même où Christ est entré en puissance de vie et d’obéissance, pour contempler cette Arche de l’alliance, qui a été là et a bridé ces eaux impétueuses jusqu’à ce que le peuple fût passé. On aime, en considérant la force de la mort dans toute son étendue, y contempler Jésus qui y est entré, mais qui en a détruit la puissance pour nous. Dans le débordement des nations, Christ sera la sûreté et la délivrance d’Israël ; mais il a été notre sûreté et notre délivrance à l’égard d’ennemis plus terribles encore. Le cœur aime à se placer au bord de ce fleuve déjà traversé, et à réaliser, en étudiant ce que Jésus a été, l’œuvre et l’amour étonnant de Celui qui y est entré seul, jusqu’à ce que tout fût accompli. — Mais, dans un sens, nous y étions ; les douze pierres montrent que le peuple se rattachait à cette œuvre, quoique l’Arche seule y ait été lorsqu’il s’est agi de brider le fleuve.

Les Psaumes montrent Jésus traversant victorieusement la mort

Les Psaumes nous donnent particulièrement à contempler ainsi le Seigneur, maintenant que nous sommes en paix au delà du fleuve. Oh ! si l’Église savait s’asseoir là, et y étudier Jésus, descendu seul dans la mort qui « regorgeait par-dessus tous ses bords » [(3:15)], atteint par son aiguillon et par la puissance du jugement divin qui en était la conséquence ! En doctrine, les Psaumes montrent aussi la liaison entre la mort de Jésus et le passage du fleuve de tribulation par Israël aux derniers jours.

Le peuple est à sa vraie place en Canaan, devant Dieu

Voilà donc le peuple hors d’Égypte et en Canaan, selon la vérité de la promesse de Dieu, mais ne possédant actuellement rien en Canaan et n’ayant encore remporté aucune victoire. Nous avons ici un type de ce que les Colossiens nous enseignent : « Rendus capables de participer », mais n’ayant encore « le lot des saints dans la lumière » qu’en espérance [(Col. 1:12)]1, non seulement racheté d’Égypte, mais introduit en Canaan, l’opprobre d’Égypte étant ôté et le peuple de Dieu ayant pris sa place à Guilgal, cette vraie circoncision du cœur dont nous avons parlé.

1 L’état de Christ (il est vrai, déjà ressuscité) entre sa résurrection et son ascension, nous aide à comprendre cela. Il appartenait évidemment au ciel et non pas à ce monde, quoiqu’il ne fût pas dans le ciel.

Ch. 5 v. 10-12 — Communion du peuple avec Dieu à Guilgal

Ch. 5 v. 10 — Communion avec Dieu devant les ennemis, avant le combat

Célébration de la Pâque comme signe de communion avec Dieu

[5:10] Israël campait à Guilgal.

Le caractère de la communion du peuple avec Dieu est signalé avant ses victoires. Il célèbre la Pâque dans les campagnes de Jéricho. L’Éternel leur a dressé une table en présence de leurs ennemis [(Ps. 23:5)].

Caractère différent de la Pâque d’avec son institution en Égypte

Ce n’était plus comme en Égypte, le sang mis sur le linteau et les deux poteaux, afin qu’Israël fût à couvert de la vengeance, et garanti du juste jugement qui mettait la frayeur où n’était pas le sang.

Souvenir et jouissance de l’œuvre accomplie dans notre position nouvelle

Nous avons besoin du sang de Christ de cette manière, étant dans le domaine du péché et de Satan, quoique appelés de Dieu à en sortir. La justice de Dieu et nos consciences l’exigent. Ce n’est plus cela ici ; c’est le mémorial d’une délivrance accomplie. Ce n’est pas non plus la participation par la grâce à la puissance de la mort et de la résurrection de Christ. C’est la communion du cœur, c’est le doux souvenir spirituel d’une œuvre toute de Lui, de sa mort comme Agneau sans tache. Nous en mangeons, comme étant son peuple racheté, dans la jouissance de cette position dans le pays de promesse et de Dieu, pays qui nous appartient à la suite de ce rachat et de notre résurrection avec Christ. On ne jouit ainsi de la mort de Jésus qu’au delà du Jourdain, étant ressuscité avec Lui. Alors, en paix, dans sa communion et avec un sentiment ineffable d’action de grâces, on revient à la mort de l’Agneau, on le contemple, on s’en nourrit ; le bonheur et l’intelligence célestes ne font qu’ajouter à son prix.

Ch. 5 v. 11-12 — Se nourrir d’un Christ céleste, une fois dans le pays

Christ céleste remplace la manne, Christ nourriture pour l’homme au désert

[5:11] Dès le lendemain de la Pâque, le peuple mangea du cru du pays. Ainsi ressuscités et assis en espérance dans les lieux célestes, c’est un Christ céleste qui nourrit et entretient l’âme dans la vigueur et dans la joie1. [5:12] Dès lors aussi, la manne cesse. Ceci est d’autant plus remarquable, que Christ, nous le savons, est la vraie manne ; mais Christ ici-bas, Christ selon la chair, adapté à l’homme et à ses besoins dans le désert, bien qu’il ne soit jamais oublié comme tel. Je contemple avec adoration Jésus (Dieu manifesté en chair), je nourris mon âme des attraits puissants de sa grâce dans son humiliation, je jouis du précieux témoignage de l’amour de Celui qui a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs [(És. 53:4)] ; j’apprends à n’être rien en suivant Celui qui a pris la dernière place. C’est de cette manière que sont entretenues les douces affections du cœur pendant notre passage ici-bas. Toutefois, dans cet état, il restait seul. Le grain de froment doit tomber en terre et y mourir, sinon il reste seul [(Jean 12:24)].

1 Remarquons aussi que la simplicité et la sincérité chrétienne, la sainteté pratique de la vie chrétienne, le pain sans levain (qui se mangeait le lendemain de la Pâque) est une chose céleste. Rien en deçà du Jourdain ne peut l’être : c’est du cru de ce pays-là [(5:12)] ; aussi se lie-t-il à Jésus et à la paix de sa mort comme à une chose qui précède.

Nous connaissons Christ ressuscité dans le ciel, sur la base de Sa mort

Mais, tout en connaissant ce qu’il a été, c’est un Christ assis là-haut, descendu du ciel, mort et ressuscité, remonté où il était auparavant, que je connais maintenant. Le mémorial de sa mort dont nous avons parlé, est bien sans doute la base de tout. Rien de plus précieux. Mais c’est maintenant à un Christ céleste que nous avons affaire.

Contraste entre la nourriture pour le désert, et la nourriture céleste pour le ciel

Ici-bas, contemplation de la grâce et nourriture d’un Christ céleste

Nous contemplons, en cherchant à l’imiter, ce précieux modèle qu’il nous a donné comme homme céleste sur la terre. Mais, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit [(2 Cor. 3:18)]. Il s’est sanctifié lui-même pour nous, afin que nous soyons sanctifiés par la vérité [(Jean 17:19)]. Nous trouvons nos délices dans la contemplation de toute sa grâce ici-bas, et nos affections sont attirées par un Sauveur souffrant. Rien de plus précieux que de voir le Fils de Dieu gagner la confiance du cœur des hommes envers Dieu, par son amour pour eux quand ils étaient encore entièrement éloignés de Lui. Mais notre communion actuelle est avec un Christ dans le ciel. Et le Christ que nous connaissons sur la terre est un Christ céleste, et non un Christ terrestre, comme les Juifs le connaîtront plus tard. C’était sans doute le pain sur la terre, mais le pain descendu du ciel, et c’est une considération très importante. En traversant le désert (et nous le traversons), Christ, comme manne, nous est infiniment précieux. Son humiliation, sa grâce nous consolent, nous soulagent aussi et nous soutiennent : nous sentons qu’il a passé par les mêmes épreuves ; et le cœur est soutenu par cette pensée, que ce même Christ est avec nous. C’est le Christ dont nous avons besoin pour le désert, le pain descendu du ciel.

Association et demeure avec Christ dans le ciel, nous nourrissant des choses célestes

Mais, comme peuple céleste, c’est Christ comme appartenant au ciel et les choses célestes qui sont notre nourriture, en tant qu’associés avec Lui, « le vieux blé du pays » [(5:11)] ; car c’est à Christ assis en haut que nous sommes unis ; c’est là qu’il est notre vie. En un mot, nous nous nourrissons des choses célestes, de Christ là-haut, de Christ humilié et mort comme doux souvenir, de Christ vivant comme puissance actuelle de vie et de grâce. [5:10] Nous nous nourrissons du souvenir de Christ sur la croix : c’est la Pâque. [5:11] Mais nous célébrons la fête avec un Christ, centre des choses célestes (Col. 3:1-2), et en nous nourrissant de tout ce qui se trouve en elles. C’est le cru du pays dans lequel nous sommes entrés, car Christ est du ciel.

Jouissance des fruits du pays préalable aux combats pour nous l’approprier

Ainsi, avant de livrer le combat, devant les murs mêmes de Jéricho, signe de la puissance de l’ennemi, Dieu nous donne de jouir du fruit du pays comme étant tout à nous. [5:10] On se souvient de la mort de Jésus comme d’un rachat dès longtemps accompli, [5:11] et l’on se nourrit du cru du pays et des choses célestes comme nous appartenant actuellement. Car, étant ressuscités avec Christ par sa grâce, tout est à nous.

Ch. 5 v. 13-15 — Nécessité de la présence de Dieu pour les combats

Préparation nécessaire pour les combats inévitables à venir

Après ce beau tableau de la position et des privilèges du peuple de Dieu, qui, selon les droits de Dieu lui-même, pouvait jouir de tout avant de livrer un seul combat, ces combats doivent ensuite arriver. Or une chose est nécessaire pour entrer en guerre et conquérir les bénédictions.

La présence du Seigneur, pour diriger ou sauver Son peuple, exige la sainteté

[5:14] Le Seigneur se présente comme chef de l’armée de l’Éternel : c’est lui-même qui nous conduit. [5:13] Il est là, une épée nue à la main. Dans les choses célestes, la foi ne connaît pas de neutralité1. Josué demande : « Es-tu pour nous, ou pour nos ennemis ? Et il dit : Non, car c’est comme chef de l’armée de l’Éternel que je suis venu maintenant » (v. 14). [5:15] Or, la présence du Seigneur comme chef de l’armée exige la sainteté et le respect, autant que lorsqu’il descend pour la rédemption de son peuple (Ex. 3 [v. 5]), dans la sainteté et la majesté divines, manifestées selon leurs justes exigences dans la mort de Jésus, qui s’est donné afin de les relever et de les assurer pour toujours. Tel qu’était Celui qui s’appelle « Je suis » [(Ex. 3:14)], lorsqu’il est ainsi descendu en justice et en majesté, tel est-il lorsqu’il se place au milieu de son peuple pour le bénir et le conduire dans le combat.

1 Je dis dans les choses célestes, parce que le cœur peut bien reconnaître de belles qualités dans la créature. Le Seigneur a aimé le jeune homme riche [(Marc 10:21)], lorsqu’il a entendu ses réponses. Mais lorsqu’il s’agit de suivre un Sauveur rejeté et monté en haut, la volonté se dessine toujours pour ou contre. La foi le sait ; elle connaît aussi les droits de Dieu et les maintient.

La puissance de Dieu ne peut s’exercer que si Sa sainteté est maintenue

La toute-puissance de Dieu est avec l’Église dans ses combats : mais sa toute-sainteté y est aussi, et Dieu ne fera pas valoir sa puissance si sa sainteté est compromise par les souillures, la négligence et l’insouciante légèreté des siens, par le manque du sentiment qui convient à la présence de Dieu lui-même ; car c’est Dieu lui-même qui est là.