Juges

Chapitre 1er

L’Éternel laisse des nations pour éprouver son peuple infidèle

[3:1] C’est à cause de cette infidélité, sans doute prévue de Dieu, qu’il a laissé quelques-unes des nations au milieu de son peuple, pour l’éprouver. La présence de ces nations était déjà une preuve du manque d’énergie et de confiance du peuple dans la puissance de Dieu qui, cependant, l’aurait garanti des désastres qui lui sont arrivés plus tard. Mais, dans ses sages conseils, Dieu, qui connaissait son peuple, a laissé ces nations au milieu de lui, comme moyen de l’éprouver. Israël ne sera béni pleinement que sous le Messie, qui introduira sa bénédiction par sa puissance, et par sa puissance la lui conservera.

Les réveils et les manquements de l’Église — L’homme gâte tout ce que Dieu établit

Hélas ! cette histoire d’Israël en Canaan est aussi celle de l’Église ; plantée en bénédiction céleste sur la terre, elle a, dès le commencement, manqué à la réalisation de ce qui lui était donné, et le mal s’est développé en elle lors du départ des premiers et puissants instruments de bénédiction qui lui avaient été accordés. Cela est allé de mal en pis. Il y a eu des réveils, mais le fond d’incrédulité était toujours le même, et la décadence de chaque réveil a marqué un nouveau progrès dans le mal et l’incrédulité, en proportion du bien qu’on avait ainsi abandonné, en s’éloignant de la source primitive de bénédiction et de force. Le réveil n’est jamais dans des proportions tellement étendues, qu’on appréhende ce que Dieu est — ce qu’il a révélé au commencement pour son peuple, ou quelle fut alors la puissance de sa révélation, et l’action de l’Esprit. Une fois qu’on s’est éloigné de Dieu, on le perd de plus en plus. La partie de sa bénédiction, mise de nouveau en évidence, est négligée et abandonnée au point qu’il en résulte un oubli plus complet de Dieu ; la vieille nature et le monde reprennent leur place, avec cette différence qu’elle est maintenant reprise non seulement sans Dieu, mais à l’exclusion de Dieu et pour élever l’homme et sa propre nature, en s’éloignant de la source primitive de bénédiction et de force. Il y a un fait frappant dans l’histoire de l’homme : La première chose qu’il fait toujours est de gâter l’oeuvre que Dieu vient d’établir sur la terre. [Gen. 3:6] L’homme mange du fruit défendu ; [Gen. 9:21] Noé s’enivre ; [Lév. 10:1] les fils d’Aaron offrent un feu étranger ; [Ex. 32:4] Israël fait le veau d’or ; [1 Rois 11:5] Salomon tombe dans l’idolâtrie ; [Dan. 3:1] Nébucadnetsar érige son idole [Dan. 3:6] et devient persécuteur. Et tout du long la patience de Dieu continue à s’occuper des âmes malgré tout.

La fidélité de Dieu envers les siens et pour son Assemblée, malgré tout

Toutefois, Dieu a toujours eu les siens, et sa fidélité ne leur a jamais fait défaut, soit dans le secret, soit ouvertement, dans sa bonté, pour manifester sa grâce en puissance publique envers son Assemblée ; puissance dont elle aurait dû toujours jouir. Cette triste succession de chutes finira à la venue de Jésus, qui accomplira dans sa gloire céleste ses desseins à l’égard de cette Église qui aurait dû toujours en être le fidèle témoin ici-bas.

La puissance de Dieu toujours présente pour la foi

[1:1-2] La puissance et la présence de Dieu n’avaient pas abandonné Israël lors du départ de Josué. On Le trouvait toujours là où il y avait de la foi pour en profiter. C’est la première vérité présentée dans ce livre. [Phil. 2:12-13] C’est ce que dit Paul aux Philippiens : « Non seulement comme en ma présence, mais beaucoup plus maintenant en mon absence, travaillez à votre propre salut avec crainte et tremblement : car c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire ».

[1:4] Cette présence de Dieu en bénédiction pour la foi se vérifie, soit par la victoire remportée sur les ennemis les plus puissants (chap. 1:1-7), [1:15] soit par l’obtention de bénédictions spéciales, des sources jaillissantes, et dans tout le détail de la réalisation des promesses (vers. 13-15). [1:18] Les Philistins même sont dépossédés (vers. 18). Mais, en même temps, la foi de Juda et de Siméon, d’Éphraïm et de Manassé, et de toutes les tribus a manqué, et par conséquent leur énergie et le sentiment du prix de la présence de Dieu et de leur propre consécration à Lui, et par conséquent aussi le sentiment du mal qu’il y avait chez leurs adversaires ; sentiment qui aurait rendu leur présence au milieu d’eux insupportable.

L’indifférence et le manque de foi laissent subsister le mal avec Israël

Quel déshonneur fait à Dieu, quel péché de laisser là, de supporter de telles gens ; quelle infidélité envers Dieu, quelle source infaillible de mal et de corruption pour Israël, que cette indifférence ! Mais il n’était guère sensible à tout cela. Le discernement spirituel lui manquait aussi bien que la foi, et les sources de mal et de misères demeuraient à côté du peuple dans le pays même, le pays de Dieu et d’Israël !