Juges

John Nelson Darby

Introduction

La décadence d’Israël et l’intervention de Dieu en grâce

Le livre des Juges est l’histoire de la décadence d’Israël. Josué nous montre l’énergie de Dieu agissant au milieu du peuple, qui néanmoins commet des fautes. Dans les Juges, nous voyons la misère du peuple devenu infidèle, et, en même temps, l’intervention du Dieu de miséricorde dans les circonstances où se trouvait Israël, par suite de son infidélité. C’est ce qui correspond à ce qu’on appelle des réveils, dans l’histoire de l’Église de Dieu.

Dans ce livre, on ne voit plus la bénédiction et la puissance signalant l’établissement du peuple de Dieu. Ce n’est pas non plus l’accomplissement des conseils de Dieu, après que le peuple a manifesté son impuissance à conserver la bénédiction qui lui avait été donnée, accomplissement qui est encore futur pour lui comme pour l’Assemblée ; ni les formes et le gouvernement, qui pouvaient, malgré la méchanceté et l’infidélité intérieure du peuple, maintenir son unité extérieure jusqu’à ce que Dieu le jugeât dans ses chefs. Dieu était encore seul chef reconnu en Israël ; en sorte que le peuple portait constamment lui-même la peine de son péché.

L’histoire du peuple et de la miséricorde de Dieu

La misère où son infidélité le jetait, excitant les compassions de Dieu, sa puissante grâce suscitait par son Esprit des libérateurs au milieu du peuple déchu et malheureux ; « son âme fut en peine de la misère d’Israël » (10:16). [2:16] « Et l’Éternel suscita des juges ; et ils les délivrèrent de la main de ceux qui les pillaient ». [2:18] « Et quand l’Éternel leur suscitait des juges, l’Éternel était avec le juge, et les délivrait de la main de leurs ennemis, pendant tous les jours du juge ; car l’Éternel avait pitié, à cause de leur gémissement devant ceux qui les opprimaient et qui les accablaient ». [2:17] Mais Israël n’était pas changé : « Mais même leurs juges, ils ne les écoutèrent pas ». [2:19] « Et il arrivait que, lorsque le juge mourait, ils retournaient à se corrompre plus que leurs pères, marchant après d’autres dieux pour les servir et se prosterner devant eux : ils n’abandonnaient rien de leurs actions et de leur voie obstinée » (2:16-19). Voilà la triste histoire du peuple de Dieu, mais c’est aussi l’histoire de la grâce de Dieu et de ses compassions envers son peuple.

La chute continuelle du peuple jusqu’au rejet de Dieu comme roi

Ainsi, au commencement du livre, nous voyons du mal et des chutes, et aussi des délivrances simples et précieuses. Mais, hélas ! le tableau s’assombrit de plus en plus. Les juges eux-mêmes nous présentent des traits affligeants dans leur conduite, et l’état d’Israël va toujours en empirant, [1 Sam. 8:5] jusqu’à ce que, fatigué de l’effet de sa propre incrédulité, malgré la présence du prophète et la parole expresse de Dieu, il abandonne la royauté du Tout-Puissant, pour adopter les formes du gouvernement humain et s’établir régulièrement sur le même pied que le monde, [1 Sam. 8:7] lorsqu’il avait Dieu pour son Roi !