Genèse

Chapitre 12

Principe de l’appel et de l’élection

Manifestation de ce nouveau principe en Abram

Ici donc, nous changeons entièrement de système et d’ordre de pensées. Un principe, qui était, sans doute, en exercice dès le commencement, mais qui ne s’était point encore manifesté comme base d’un ordre de choses sur la terre, est proclamé et se dessine dans l’histoire de la terre.

[12:1] Abram est appelé, élu, [12:2] et devient le dépositaire personnel des promesses.

Déchéance religieuse de l’homme s’assujettissant aux démons, et appel de Dieu pour séparer Son peuple par la foi

Ici, afin que le grand principe de l’appel et de l’élection soit gardé dans sa pureté, comme acte de Dieu, l’occasion qui y donne lieu, ou le fait auquel nous avons fait allusion [(Jos. 24:2)], n’est pas mentionné. [12:1] Dieu, après le jugement, intervient en grâce souveraine pour se choisir une famille qui lui appartienne par l’appel de la grâce : principe de la plus haute importance. Cependant il est bon de remarquer ce que l’histoire de la Bible nous dit ailleurs, c’est qu’à cette époque, l’idolâtrie avait pris pied dans la famille de Sem même : « Vos pères, dit Josué (24:2), Térakh, père d’Abraham et père de Nakhor, ont habité anciennement au delà du fleuve, et ils ont servi d’autres dieux ». Or, ces dieux, c’étaient des démons (l Cor. 10:20)1. Ceci nous fait voir que, depuis l’époque où Dieu était intervenu en jugement2 et en puissance, les démons avaient usurpé cette place dans l’esprit de l’homme, en apparaissant à ses yeux comme les sources de l’autorité qui se manifestait et des bénédictions encore accordées, et comme auteurs des châtiments infligés. Ces démons se prêtant aux convoitises du coeur corrompu de l’homme, l’homme, qui leur attribuait le pouvoir de répondre à ses désirs ou de détourner les choses qu’il craignait, fut conduit à leur faire l’hommage de son adoration, de sa reconnaissance et de sa frayeur. Ce ne fut plus seulement l’homme corrompu et en rébellion contre Dieu, ce fut la religion même qui le corrompait, l’homme se faisant une religion de sa corruption même. Les démons avaient occupé la place de Dieu dans son esprit, et usant de l’ascendant qu’ils avaient pris sur sa conscience, ils l’endurcirent et la faussèrent, de sorte qu’il devint religieusement mauvais, ce qui est la pire dégradation. Quel état ! quelle folie ! Jusques à quand, Seigneur ? Mais, si la race humaine s’enfonce ainsi dans les ténèbres, en prenant les démons pour ses dieux ; si, dans l’impuissance de se maintenir seule, elle remplace la rébellion contre Dieu, par l’assujettissement à ce qui est plus élevé qu’elle dans la rébellion, et se met sous sa triste dépendance, Dieu se lève et nous transporte au-dessus de tout ce mal : par son appel, il nous introduit dans ses propres pensées, plus précieuses que le rétablissement de ce qui est tombé. Il se sépare un peuple et lui donne des espérances en harmonie avec la majesté et l’amour de Celui qui l’appelle ; il le place dans une proximité de Lui où la bénédiction du monde, par son gouvernement, ne l’aurait jamais placé ; il est son Dieu ; il s’entretient avec lui d’une manière qui est en rapport avec cette intimité, et nous entendons parler, pour la première foisde la foi (15:6), basée sur ces entretiens et ces témoignages directs de Dieu ; quoiqu’elle puisse avoir opéré réellement depuis le commencement.

1 Ce passage est une citation de Deut. 32:17.

2 Savoir dans le déluge. Il ne paraît pas que l’idolâtrie se soit introduite auparavant.

Ch. 12 v. 1-3 — L’appel de Dieu introduit un nouvel ordre de choses sur la terre

Depuis le douzième chapitre donc, se développe un tout nouvel ordre d’événements, relatifs à l’appel de Dieu, à ses alliances, à ses promesses, à ses conseils, à la manifestation de son peuple, comme peuple particulier sur la terre.

Histoire des relations de Dieu avec l’homme

Avant le déluge, c’était l’homme tel qu’il est dans sa chute, devant Dieu ; et, quoiqu’il y eût un témoignage depuis le commencement, il n’y avait pas eu d’intervention dispensationnelle de Dieu dans ses propres voies, [6:11] mais l’homme, laissé à lui-même ensuite de ce témoignage, se livra à une telle violence et à une telle corruption, [6:17] que Dieu envoya le déluge en jugement sur le monde. [11:9] Après le déluge, Dieu étant intervenu en jugement, nous avons le gouvernement du monde et ce qui en advient ; mais les nations une fois formées, s’étant soumises à la puissance du démon, l’appel de Dieu, ses élus et ensuite son peuple, semence du dépositaire des promesses, se présentent à notre vue. [12:1] C’est pourquoi nous voyons ces élus appelés à se séparer entièrement de tout ce qui les rattachait à leur position naturelle sur la terre, et, en même temps, à appartenir à Dieu, sur le principe de la promesse et de la confiance en la parole que Dieu avait prononcée : « Va-t’en de ton pays et de ta parenté, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai ». C’était là un événement bien solennel ; c’était en principe le jugement du monde, quoique ce fût selon la grâce envers ceux qui étaient appelés à en sortir.

Dieu désire un peuple tiré du monde, peuple dont Abram est le chef

[11:9] Afin de bien comprendre ceci, il faut nous souvenir que le monde avait été constitué par le jugement de Dieu sur l’entreprise de la tour de Babel. Des nations et des pays avaient été formés, comme il en est encore de nos jours. C’était là le monde. Satan le dominait complètement. [12:1] Or ce monde même, formé providentiellement par Dieu, Abraham était appelé à le quitter. Dieu voulait avoir en dehors du monde une famille, un peuple qui ne fût pas du monde, quoiqu’il en fût tiré. Un autre fait ajoute encore à l’importance d’Abraham : il y avait eu des saints isolés, connus ou inconnus, mais depuis Adam, il n’y avait pas eu de chef de race. Adam tombé était le père d’une race déchue. [12:2-3] Abram fut appelé pour être la racine de l’arbre de la promesse, la racine du peuple de Dieu, naturel ou spirituel, — le père de la circoncision, et le père de tous ceux qui croient.

Part double de la foi ici-bas

Ch. 12 v. 4-6 — Marche par la foi : réponse d’Abram à l’appel de Dieu

Répondre à l’appel divin nécessite d’être tout à Dieu

[11:31] Au commencement, Abraham tenait encore à sa famille, ou, du moins, il n’a pas rompu avec elle ; et bien qu’il quitte sa patrie sur l’appel de Dieu, il reste aussi loin qu’auparavant de la terre de la promesse ; car, lorsqu’il est ainsi appelé, l’homme doit être entièrement à Dieu sur un nouveau principe. — [12:4] Enfin, il part, comme Dieu le lui avait dit.

Appel et promesses de Dieu pour la foi

[12:1] Nous voyons donc Abram, appelé par la manifestation de la gloire de Dieu (comp. Act. 7 [v. 2]), pour le voyage de la foi. [12:2] Il reçoit les promesses, soit d’une postérité nombreuse, [12:3] soit de la bénédiction de toutes les familles de la terre en lui1.

1 Cette dernière promesse dans l’histoire d’Abraham n’est répétée qu’au chap. 22 [(v. 18)], et là à sa semence seule ; la promesse de la terre et d’une nombreuse postérité est souvent adressée à lui et à sa semence. C’est à cette promesse faite à Abraham au chap. 12 et confirmée à la semence au chap. 22, que l’Apôtre fait allusion dans l’épître aux Galates [(Gal. 3:16)]. La postérité terrestre, au contraire, devait être nombreuse.

Vie et marche par la foi — Comparaison avec Héb. 11

[12:5] Il part ; il arrive. Il n’y a pas beaucoup d’expériences ; quoiqu’il y ait une connaissance de Dieu plus profonde dans une marche qui est toute de foi ; la puissance de Dieu s’y déploie, et l’homme marche avec Dieu. Dans l’histoire de Jacob, au contraire, on remarque un grand nombre d’expériences. Arrivé en Canaan, Abram n’y possède rien ; car sa vie doit toujours être une vie de foi, et en comparant ce chapitre avec Héb. 11, nous voyons ce qui résulte pour les croyants, du fait d’être laissés sur la terre comme étrangers et voyageurs, sans être mis en possession de ce qui leur est promis [(Héb. 11:13)]. [Héb. 11:9] Par l’obéissance de la foi, Abram entre dans la terre promise, et il n’a pas même où y poser son pied ; [Héb. 11:10] mais de ce fait (car Dieu, quoiqu’il puisse mettre à l’épreuve, ne peut laisser la foi sans réponse), le patriarche a devant lui la cité qui a des fondements [Héb. 11:16] et une meilleure patrie. Lorsqu’il ne possède rien encore, l’énergie de la foi, par la grâce, le place dans une position qui le met forcément en rapport avec des choses meilleures et plus élevées, car Dieu l’avait appelé d’un appel personnel pour la bénédiction. De même, en pratique, nous sommes entrés dans l’Église et dans les choses célestes ici-bas ; mais nous avons la marche de la foi, non pas la possession, et la source céleste de tout est devant nous. À Ur, Abram ne pouvait pas voir la patrie céleste : étranger dans le pays de la promesse, cette patrie est l’objet naturel de son âme, selon la grâce. Tel est notre propre cas ; seulement Abram s’élève au-dessus de son appel, et nous entrons par l’Esprit dans les choses auxquelles nous sommes appelés.

Ch. 12 v. 7-8 — Adoration et communion par la foi

Ch. 12 v. 7 — Seconde révélation de Dieu à Abram, amenant culte et communion par la foi

[12:7] Mais le Seigneur se révèle une seconde fois à Abraham dans le pays, dans le lieu auquel il avait été appelé. [12:1] La première fois, le Dieu de gloire lui était apparu pour le faire sortir du pays qu’il habitait [(Act. 7:2-3)] et le faire marcher dans le sentier de la promesse. |12:7] La seconde fois, l’Éternel se révèle à lui pour l’admettre dans sa communion, s’entretient avec lui, lui développe comment la promesse sera accomplie, et alors Abram lui rend culte. Le fidèle, pèlerin et étranger n’a, sur la terre, que sa tente et son autel.

L’adoration suit la séparation d’avec le monde

Nous avons ici la seconde partie de la vie de la foi. [12:1] La révélation de Dieu, quand nous sommes loin de Lui, nous fait sortir dans le chemin de la foi et dirige notre marche vers le ciel ; [12:7] quand nous jouissons de notre part céleste, Dieu se révèle à nous pour la communion, le culte et une pleine manifestation de ses voies. Le Cananéen est dans le pays, l’héritier de la promesse ne possède rien de tout ce qui lui est promis. Nous avons à faire avec des méchancetés spirituelles dans les lieux célestes [(Éph. 6:12)] ; mais l’Éternel se révèle, montre l’héritier et l’héritage pour l’époque où le Cananéen sera loin : ainsi Abram adore par la foi, comme ci-devant il marchait par la foi. C’est là la complète et double portion de la foi.

Ch. 12 v. 9-20 — Le manque de foi entraîne dans le monde

La recherche de l’appui du monde interrompt la communion avec Dieu

Le reste de ce chapitre est l’historique de son manque de foi. [12:10] Pressé par les circonstances, Abram ne consulte pas Dieu ; il se trouve en présence du monde où il cherche asile et secours, [12:13] et renie sa vraie relation avec sa femme, précisément comme cela a eu lieu relativement à l’Église ; [12:16] il est chéri du monde [12:17] que Dieu juge enfin, [12:20] et d’où il le renvoie. [12:9] Depuis le moment où Abram s’est mis en chemin pour l’Égypte [13:3-4] jusqu’à son retour au point de départ, il n’a point eu d’autel élevé à l’Éternel. Quand il quitte l’Égypte et reprend sa position d’étranger en Canaan, il a son autel comme précédemment ; mais il faut d’abord qu’il revienne au même lieu où il avait bâti son autel au commencement et qu’il le retrouve là. Quel avertissement pour les chrétiens, quant aux relations de l’Église avec Christ ! Quoique le monde puisse parfois venir en aide à l’Église, ces relations avec Christ ne peuvent être maintenues dès que nous recherchons cette aide.

Signification du type de la femme

Rappelons ici une remarque faite ailleurs, que, dans les types, la femme représente la position où se trouvent ceux qui nous y sont présentés en figure — l’homme, la conduite, soit fidèle, soit infidèle, de ceux qui sont dans cette position.