Exode

Chapitre 32

Ch. 32 v. 1-6 — Chute d’Israël sous le régime légal

[32:1] Pendant que Dieu préparait les choses précieuses qui se rattachaient à ses relations avec son peuple, celui-ci, qui ne portait pas ses pensées au delà de l’instrument humain de délivrance, abandonne complètement l’Éternel : chute triste et précoce, mais certaine, du moment qu’Israël avait fait, de son obéissance à la loi, la condition de la jouissance des promesses [(19:8)]. [32:4] Aaron tombe avec eux.

Note sur la demeure de Dieu avec les hommes

 Le tabernacle avait une double signification. Il était la manifestation des choses célestes (Hébr. 9:20-23), et le moyen pour un peuple pécheur de se rapprocher là de Dieu. Mais il est intéressant d’envisager le tabernacle sous un autre point de vue. Premièrement, il signifie les cieux mêmes, car Christ n’est pas entré dans le tabernacle, mais dans le ciel même [(Héb. 9:24)]. L’univers lui-même, dans un certain sens, est la maison de Dieu. Mais, de plus, l’unité de l’Église, comme édifice céleste, est représentée par le tabernacle de Dieu en Esprit. C’est le corps de Christ. Ces deux sens, l’univers et l’Église comme maison, sont liés étroitement au commencement du chap. 3 de l’épître aux Hébreux. Christ, Dieu, a bâti toutes choses ; or nous sommes sa maison [(Héb. 3:6)]. Il remplit tout en tous [(Éph. 1:23)], mais demeure dans l’Église ; ce sont deux cercles concentriques, quoique bien différents dans leur nature. Comparez aussi la prière d’Éph. 1:21, 22, qui lie ces deux choses sous Christ Chef, et encore plus clairement Éphés. 2:16, 21. En Éphés. 1, nous avons Christ Chef, non pas sa demeure, quoique la relation soit la même. Comp Éph. 4:4-6, quoiqu’ici ce soit sous la forme de l’Esprit, du Seigneur, et de Dieu, ce qui ne signifie pas simplement demeurer. Ce qui répond le plus complètement à cette pensée, c’est la prière d’Éph. 3, où « la largeur et la longueur, la profondeur et la hauteur » [(Éph. 3:18)] ne se rapportent pas à l’amour, mais à la scène tout entière de la gloire de Dieu, au centre de laquelle nous avons notre place, parce que Christ qui est le centre demeure en nous. Sous un autre point de vue, la personne et la plénitude de Christ lui-même se trouvent représentées par le tabernacle ; car Dieu était en Christ [(2 Cor. 5:19)], et ainsi le déchirement du voile est appliqué par l’apôtre à la chair de Christ, ou si l’on veut le voile lui-même : « à travers le voile, c’est-à-dire sa chair » [(Héb. 10:20)]. Il est évident que la demeure de Dieu est l’idée centrale de ces choses, comme un homme demeure dans sa maison, dans sa propriété.

Ch. 32 v. 7-14 — Intercession de Moïse pour le peuple devant Dieu

[32:7] Puisque tel est l’état du peuple, Dieu dit à Moïse de descendre ; et, dès cette heure, tout est mis sur un autre pied. [32:9] Dieu a vu le peuple, non seulement selon ses conseils de grâce lorsqu’il était dans l’affliction [(3:7)], mais aussi selon ses propres voies : c’était un peuple de cou roide. [32:10] Dieu dit à Moïse de le laisser faire, qu’il détruira ce peuple et fera de lui, Moïse, une grande nation. [32:11] Moïse prend la place du médiateur, et, fidèle à son amour pour le peuple, en tant que peuple de Dieu, et à la gloire de Dieu, manifestée dans son peuple, avec un renoncement qui le rend uniquement attentif aux intérêts de cette gloire, écartant toute pensée personnelle, intercède dans ce magnifique plaidoyer [32:12] qui en appelle à la nécessité de maintenir la gloire de l’Éternel [32:13] et aux promesses sans condition faites aux pères1. [32:14] L’Éternel se repent. Le caractère de Moïse reluit ici dans toute sa beauté ; il est distingué parmi ceux que le Saint Esprit s’est plu à rappeler. La précieuse grâce de Dieu aime à décrire les exploits de son peuple et les fruits qu’il a portés, quoique Lui-même en soit seul la source.

1 L’appel aux promesses inconditionnelles faites aux pères, quand il s’agit du rétablissement du peuple de Dieu, est un principe général. Salomon [(1 Rois 8:53)], Néhémie [(Néh. 1:8)], Daniel [(Dan. 9:11-13)] ne remontent pas à ces promesses inconditionnelles, mais s’arrêtent à Moïse, ce qu’il est important de remarquer pour avoir l’intelligence des voies de Dieu envers Israël.

Ch. 32 v. 15-20 — Moïse brise la loi par zèle pour Dieu et Son peuple

Mais c’en était fait de l’alliance de la loi, [20:3] d’après laquelle le peuple avait pris l’engagement de n’avoir d’autre Dieu que l’Éternel. Le premier et fondamental chaînon — celui de n’avoir pas d’autres dieux — venait d’être brisé du côté du peuple. [32:19] Les tables de l’alliance n’entrèrent même jamais dans le camp sur le simple terrain de la loi. Le peuple avait rompu complètement avec Dieu.

[32:15] Moïse, qui n’avait pas demandé à Dieu ce qu’il fallait faire de la loi, descend. [32:18] Son oreille, exercée et prompte à discerner les dispositions morales du peuple, perçoit sa joie profane et légère. [32:19] Peu après, il voit le veau d’or qui avait été élevé dans le camp avant même le tabernacle de Dieu, et, mû d’une sainte indignation, il brise les tables au pied de la montagne. Comment, en effet, placer la loi de Dieu à côté d’un veau d’or ? Et, n’ayant pas consulté Dieu, que pouvait-il en faire ? Naguère, zélé pour le peuple auprès de Dieu, par dévouement à sa gloire, et dans la conscience du lien qui existait entre Israël et cette gloire, parce que c’était le peuple de Dieu, le même sentiment le porte actuellement à être zélé pour Dieu auprès du peuple. Car la foi voit plus que le fait que Dieu est glorieux, chose que chacun reconnaît. La foi lie le peuple de Dieu à la gloire de Dieu lui-même ; dès lors, elle compte sur Dieu pour la bénédiction de son peuple en tout état de choses, car cette bénédiction est dans l’intérêt de Sa propre gloire, et elle insiste sur la sainteté, coûte que coûte, conformément à cette gloire, afin que celle-ci ne soit pas foulée aux pieds parmi ceux qui sont identifiés avec elle.

Ch. 32 v. 21-35 — Jugement sur le peuple et médiation de Moïse

Dieu pardonne en réponse à la médiation, mais laisse la responsabilité de la loi

[32:26] Lévi répondant à l’appel de Moïse, dit de ses frères et des enfants de sa mère : « Je ne vous ai point connus » [(Deut. 33:9)], et se consacre à l’Éternel. [32:30] Moïse, maintenant plein de zèle pour lui, mais non point selon la connaissance, et agissant d’une manière que Dieu a permise pour notre instruction, propose au peuple de monter de nouveau sur la montagne, dans la pensée qu’il lui sera permis, peut-être, de faire expiation pour ce péché. [32:32] Il demande à Dieu d’être rayé de son livre, plutôt que de voir son peuple exclu du pardon. [32:33] Mais Dieu refuse, et quoiqu’il épargne Israël à cause de la médiation qui lui est offerte, et le place sous le gouvernement de sa patience et de son long support, il ne laisse pas de placer, en même temps, chaque membre du peuple sous le fardeau de sa responsabilité envers Lui, c’est-à-dire sous la loi, déclarant qu’il effacerait de son livre l’âme qui aurait péché.

Effets et conséquences de la médiation de Moïse

[32:34] Ainsi, la médiation de Moïse était valable en ce sens, que Dieu, comme Souverain de son peuple, lui pardonne et le réintègre sous son gouvernement, dont nous aurons bientôt l’occasion d’étudier les principes ; mais cette médiation était sans valeur pour faire l’expiation du péché des Israélites, pour les mettre à l’abri de ses effets et les soustraire au glaive de la loi (*). Dieu ordonne à Moïse de conduire le peuple au lieu dont il avait parlé, et il ajoute que son ange irait avec lui.

(*) C’est pourquoi cette révélation de Dieu, quoique le caractère qui y est proclamé soit si riche en bonté, est appelée par l’apôtre le ministère de mort et de condamnation (2 Cor. 3:3, 7, 9). Car si le peuple était encore sous la loi, plus Dieu était bon, plus le peuple était coupable.

Différences dans la médiation de Moïse et celle de Christ

Remarquons, en passant, quelle différence entre l’œuvre de Moïse et celle de notre précieux Sauveur ! Le Christ descend, du lieu de sa demeure dans le sein du Père, pour faire Sa volonté [(Héb. 10:9)] ; et tout en gardant la loi (au lieu de détruire les tables, signes de cette alliance, aux exigences de laquelle l’homme était incapable de satisfaire [(32:19)], c’est lui qui porte la peine de son infraction. Puis, ayant accompli l’expiation avant de retourner en haut, au lieu de monter, avec sur les lèvres, un triste peut-être [(32:30)] que la sainteté de Dieu fait évanouir immédiatement [(32:33)], [Héb. 9:12] il monte en haut avec son précieux sang, signe que l’expiation est accomplie et que l’alliance nouvelle est confirmée ; et la valeur de ce sang ne pouvait être douteuse aux yeux du Dieu devant qui il allait le présenter. [32:1] L’Église, hélas ! n’a que trop imité la conduite d’Israël, pendant l’absence du vrai Moïse : [32:24] elle a attribué à la providence ce qu’elle avait façonné de ses propres mains, [32:1] parce qu’elle voulait avoir sur la terre quelque chose sur quoi elle pût arrêter ses regards.