Exode

Chapitres 12 à 14

Dieu, juge avant d’être libérateur, pour délivrer Israël

Dans les délivrances dont Israël est l’objet, il y a deux phases, dans l’une desquelles Dieu paraît comme juge, tandis que dans l’autre il se manifeste comme libérateur.

Dieu juge en Égypte, et la protection du sang pour Israël

[12:13] Durant la première, Israël, qui n’est point sorti d’Égypte, est protégé par le sang expiatoire du rachat, qui barre à Dieu le chemin de la vengeance comme juge, et met le peuple infailliblement à l’abri, Dieu n’entrant pas dans les demeures de son peuple : la valeur de ce sang met à l’abri du jugement1.

1 [12:13] Remarquez l’expression : « Car je verrai le sang, et je passerai par-dessus vous ». Il n’est pas dit : « vous verrez », mais « je verrai ». Il arrive souvent que l’âme d’une personne réveillée ne se repose pas sur sa propre justice, mais sur la manière dont elle voit le sang. Mais ce n’est pas le fondement de la paix, quelque précieux qu’il puisse être pour le cœur d’en être profondément impressionné. La paix véritable est fondée sur le fait que Dieu voit le sang. Lui ne peut manquer de l’estimer à sa pleine et parfaite valeur, comme ôtant le péché. C’est Lui qui abhorre le péché et qui a été offensé par lui ; c’est Lui qui voit la valeur du sang pour ôter le péché. Mais quelqu’un dira peut-être : Ne faut-il pas au moins que j’aie foi en sa valeur ? C’est avoir foi en sa valeur, de voir que Dieu le regarde comme ôtant le péché ; votre estimation de cette valeur n’est que la mesure de vos sentiments, tandis que la foi regarde aux pensées de Dieu.

Dieu libérateur du peuple, accompagnant Son peuple dans son voyage

[12:11] Le peuple, les reins ceints, ayant mangé à la hâte l’agneau [12:8] avec les herbes amères de la repentance, [12:51] commence son voyage. Il est encore en Égypte, mais actuellement Dieu peut être et est effectivement avec lui.

Jugement des premiers-nés et passage de la mer Rouge

Caractères des jugements exécutés par Dieu

Il est bon de distinguer ici le jugement des premiers-nés [(chap. 12)] et celui du passage de la mer Rouge [(chap. 14)]. En fait de châtiment, l’un est les prémices de l’autre. Le premier aurait dû détourner le Pharaon de sa poursuite téméraire. Mais, envisagé au point de vue du sang qui garde le peuple du juste jugement de Dieu, il signifie quelque chose de plus profond et de plus sérieux que le passage de la mer Rouge, quoique là aussi le jugement soit exécuté. Ce qui est arrivé lors de celui-ci est, il est vrai, la manifestation éclatante de la puissance de Dieu, [15:7-8] qui du souffle de sa bouche détruisait l’ennemi s’élevant en rébellion contre lui. C’était un jugement final qui avait pour caractère d’anéantir les ennemis de Dieu, en délivrant son peuple.

Jugement selon la justice divine, et protection des fidèles par le sang répandu

Mais le sang de la Pâque signifiait le jugement moral de Dieu, et la satisfaction pleine et entière de tout ce qu’il est dans son Être. Dieu, tel qu’il est dans sa justice, dans sa sainteté, dans sa vérité, ne pouvait pas moralement toucher à ceux qui étaient abrités par ce sang. Son amour envers son peuple avait trouvé ce moyen de satisfaction aux exigences de sa justice contre le péché ; [12:13] et à la vue de ce sang qui répondait à toutes les perfections de son Être, il avait passé par-dessus les enfants d’Israël, selon sa justice et sa vérité même. Toutefois, même en passant par-dessus, Dieu y apparaît comme juge. C’est ce qui fait qu’aussi longtemps que l’âme s’arrête à contempler exclusivement Jésus comme la victime expiatoire offerte à la justice de Dieu, elle ne jouit que d’une paix incertaine. On chemine en Égypte, tout en étant vraiment converti ; car Dieu est toujours juge et la puissance de l’ennemi toujours présente.

Délivrance de l’ennemi par la puissance divine

À la mer Rouge, Dieu agit en puissance, selon les desseins de son amour. Christ dans sa mort s’étant placé au plus profond de notre misère, la puissance de Satan et la colère de Dieu y ont toutes deux déployé leur force ; Dieu lui-même est intervenu dans la résurrection pour placer Christ, et nous en Christ, irrépréhensibles devant sa face en amour [(Héb. 9:24)]. [14:28] Par conséquent l’ennemi, qui pressait son peuple de près, est détruit sans ressource. C’est ce qui arrivera au dernier jour à Israël, déjà abrité de fait par le sang, aux yeux de Dieu.

Ch. 14 — La mer Rouge, type moral de la délivrance du peuple de Dieu

Délivrance des saints par la mort et la résurrection de Christ

Quant au sens moral du type de la mer Rouge, il a évidemment pour objet la mort et la résurrection de Jésus (au point de vue de l’accomplissement réel de l’œuvre dans sa propre efficace comme délivrance par rédemption) et de son peuple en Lui. Dieu y agit pour faire sortir ce dernier, par la mort, du péché et de ce présent siècle, le délivrant absolument de l’un et de l’autre par la mort dans laquelle il avait amené Christ, à l’abri, par conséquent, de toute atteinte de l’ennemi1.

1 Le Jourdain [(Jos. 3 et 4)] ajoute à cela notre résurrection avec Christ et notre entrée dans les lieux célestes. Rom. 3:21, jusqu’à 5:11, nous présente la mort de Christ pour les péchés et notre justification dans sa résurrection ; depuis le vers. 12 de ce même chap. 5 jusqu’à la fin du chap. 8, la mort au péché. Le péché dans la chair n’est point pardonné, mais condamné (Rom. 8:3) ; mais nous, comme étant morts, nous ne sommes plus du tout dans la chair ; nous sommes vivants à Dieu par Jésus Christ [(Rom. 6:11)]. L’épître aux Romains ne va pas plus loin que le désert, quoiqu’elle nous montre le chrétien le traversant comme vivant à Dieu par Christ ; elle ne nous le montre pas encore comme ressuscité avec Christ, ce qui implique notre identification avec Lui là où il est, et ainsi l’union avec Lui. Dans les Colossiens, nous sommes ressuscités avec Lui [(Col. 3:1)], mais non pas placés dans les lieux célestes. En Éphésiens 2, nous sommes ressuscités avec Lui, et assis dans les lieux célestes en Lui [(Éph. 2:6)] ; puis commencent la lutte avec les méchancetés spirituelles dans les lieux célestes [(Éph. 6:12)], et le témoignage à ce qui est céleste, pour autant que c’est le Jourdain. L’épître aux Éphésiens seule, commence par nous voir morts dans nos péchés [(Éph. 2:1)], en sorte qu’il s’agit d’une nouvelle création et non pas de la mort au péché. Dans un sens cependant, l’effusion du sang a un caractère plus glorieux. Par elle, Dieu est glorifié, quoique, expérimentalement, nous soyons placés plus haut par le passage du Jourdain. Ce passage également, est le fruit de l’effusion du sang, qui ne comprend pas seulement le fait que Christ a porté nos péchés pour satisfaire à notre responsabilité, mais encore que Dieu est glorifié en nous amenant dans sa propre gloire avec Christ, ce qui dépasse toute question de responsabilité.

Délivrance par la foi au sang versé et par la puissance de Dieu

Par la foi, nous participons dès maintenant à cette délivrance. Le sang nous met à l’abri du jugement de Dieu. Sa puissance, qui agit en notre faveur en nous ressuscitant avec Christ, et nous place ainsi en grâce auprès de Dieu lui-même, nous affranchit de la puissance de Satan, prince de ce monde1. Le sang, qui nous préserve du jugement de Dieu, est le commencement de la délivrance. La puissance qui nous a vivifiés en Christ, descendu dans la mort pour nous, nous a délivrés de toute la puissance de Satan, qui nous poursuivait, ainsi que de ses attaques et de ses accusations. Nous en avons fini avec l’Égypte et avec le monde. Le monde, qui veut suivre ce chemin, est englouti2.

1 L’ordre des faits qui se rattachent à la sortie d’Égypte du peuple juif, met en évidence ces deux grandes vérités : la première, que le sang de Christ garantit du jugement de Dieu, c’est le commencement de notre délivrance morale ; la seconde, que la puissance qui nous a ressuscités avec Christ nous affranchit de la puissance de Satan, et nous met à l’abri des attaques qu’il dirige contre notre paix, en nous poursuivant, même après notre conversion, jusqu’à ce que nous ayons traversé la mer Rouge.

2 Ceci est un avertissement solennel ; car le monde, qui s’appelle chrétien, se place sur le terrain du jugement à venir et reconnaît qu’il a besoin de justice, mais non pas selon Dieu. Le chrétien traverse ce jugement en Christ, sachant qu’autrement il est perdu et sans ressources ; l’homme du monde veut le traverser par sa propre force, et il est englouti. — Israël voyant la mer Rouge dans sa puissance, se croit perdu ; tel est le sentiment d’une conscience réveillée devant la mort et le jugement. Mais Christ est mort et a porté le jugement pour nous, et nous sommes délivrés par la chose même qui nous effrayait. L’homme du monde, voyant la délivrance, veut y arriver par sa propre force, comme s’il n’y avait aucun danger, et sa fausse confiance le perd.

La mer Rouge, fin de la délivrance du peuple et début du chemin du racheté

Comme type historique des voies futures de Dieu envers Israël, la mer Rouge termine la suite des événements qui se rapportent à la délivrance du peuple. Comme type moral, elle représente le commencement du chemin chrétien proprement dit, c’est-à-dire le chemin de l’âme affranchie.