1 Thessaloniciens

Chapitre 4

Vers. 1

[4:1] Ensuite l’apôtre s’occupe des dangers que couraient les Thessaloniciens par suite de leurs anciennes habitudes, habitudes qui étaient encore celles de la société qui les entourait, et qui étaient en contradiction directe avec la joie céleste et sainte dont Paul parle ici. Il leur avait déjà montré comment ils devaient marcher et plaire à Dieu ; il avait marché lui-même dans cette voie au milieu d’eux (chap. 2:10). Paul pouvait exhorter les Thessaloniciens à une conduite semblable avec toute l’autorité que lui donnait sa propre marche, comme il pouvait souhaiter l’accroissement de l’amour selon l’affection qu’il avait lui-même aussi pour eux (comp. Actes 26:29). C’est là ce qui donne du poids aux exhortations et à la parole d’un ouvrier du Seigneur.

Vers. 2-8

[4:3] L’apôtre se préoccupe ici en particulier de la pureté ; car les moeurs des païens étaient tellement corrompues que l’impureté n’était pas même comptée pour un péché parmi eux. Il peut nous paraître étrange qu’une exhortation semblable à celle que Paul adresse ici aux Thessaloniciens ait été nécessaire, pour des chrétiens aussi vivants que ceux de Thessalonique ; mais nous ne tenons pas assez compte, dans notre manière de juger, de la force des habitudes dans lesquelles on a été élevé et qui font comme partie de notre nature et du courant de nos pensées ; nous ne tenons pas non plus assez compte de l’action de deux natures distinctes sous l’empire de ces pensées, quoique, si l’on donne cours à l’une des natures, l’autre perd sa vitalité. Mais les motifs qui nous sont donnés montrent sur quel pied tout nouveau, pour ce qui regarde la moralité la plus ordinaire, le christianisme nous place. [4:4] Le corps n’est qu’un vase que l’on emploie à volonté pour tout usage auquel on voudrait le faire servir : on doit posséder ce vase, [4:5] au lieu de se laisser entraîner par la convoitise de la chair ; [4:6] car on connaît Dieu, on ne doit pas tromper son frère dans ces choses1, car le Seigneur en tire vengeance. [4:7] Dieu nous a appelés à la sainteté, nous avons affaire avec lui, [4:8] et si l’on méprise son frère en profitant de la faiblesse de son caractère, pour empiéter sur ses droits à cet égard, on méprise non pas l’homme, mais Dieu, qui lui-même en tient compte et nous a donné son Esprit, Esprit, qu’en pareil cas, on méprise en soi-même et dans son frère en qui il demeure aussi. Celui à qui on fait le tort n’est pas seulement le mari d’une femme, il est la demeure du Saint Esprit et l’on doit tenir compte de lui comme tel. Quelle élévation le christianisme donne à l’homme, et cela en rapport avec nos meilleures affections !

1 En tv pragmati est un euphémisme pour « ces choses ».

Vers. 9-12

[4:9] À l’égard de l’amour fraternel, ce nouveau ressort de leur vie, il n’était pas nécessaire d’exhorter les Thessaloniciens : Dieu lui-même les avait enseignés, [4:10] et ils servaient comme exemple d’amour à tous ; seulement l’apôtre veut qu’ils y abondent toujours davantage, [4:11] marchant paisiblement, travaillant de leurs propres mains, [4:12] en sorte qu’ils ne fussent redevables de rien à personne, afin que le Seigneur fût aussi glorifié sous ce rapport.

Vers. 13-14

[4:13] Telles sont les exhortations adressées par l’apôtre aux Thessaloniciens. Ce qui suit est une révélation absolument nouvelle pour leur encouragement et leur consolation.

[1:10] Nous avons vu que les Thessaloniciens attendaient toujours le Seigneur ; sa venue était leur espérance immédiate et prochaine en rapport avec leur vie de chaque jour. Ils l’attendaient constamment pour qu’il les prenne auprès de lui. Ils avaient été convertis « pour attendre des cieux son Fils ». [4:13] Or, il leur semblait (faute d’instruction) que les saints qui venaient de mourir ne seraient pas avec eux pour être enlevés. L’apôtre éclaircit ce point et distingue entre la venue de Jésus pour prendre les siens, et son jourqui est un jour de jugement pour le monde. Il exhorte les Thessaloniciens à ne pas s’affliger au sujet de ceux qui étaient morts en Christ1 comme les gens qui n’ont pas d’espoir le font au sujet des morts. Or la raison que Paul donne pour ne pas s’affliger ainsi est une preuve touchante de la liaison étroite de la vie spirituelle tout entière de l’enfant de Dieu avec l’attente de Jésus revenant personnellement pour le faire entrer dans la gloire céleste. L’apôtre, en consolant les Thessaloniciens au sujet de leurs frères qui venaient de mourir, ne dit pas, même par un mot, que les survivants rejoindraient ceux-ci dans le ciel. Les Thessaloniciens sont maintenus dans la pensée qu’ils devaient toujours attendre le Seigneur, de leur vivant, pour qu’il les transforme à sa ressemblance glorieuse (comp. 2 Cor. 5 et 1 Cor. 15). [4:14] Il a fallu une révélation particulière pour faire comprendre aux Thessaloniciens que ceux qui étaient décédés auparavant auraient aussi leur part dans cet événement. Ils avaient, pour ainsi dire, une part semblable à celle de Christ. Lui est mort ; il est ressuscité ; il en sera de même pour ceux-ci ; et lorsque Christ viendra en gloire, Dieu les amènera comme il amènera les autres croyants, savoir ceux qui ne seront pas morts, avec lui.

1 On a pensé que l’apôtre parlait ici de ceux qui étaient morts, pour l’amour du nom de Jésus, comme martyrs. Il se peut que leur mort ait eu lieu à la suite des persécutions mais « dia tou Ihsou » serait une singulière manière de l’exprimer ; « dia » avec un génitif, est employé pour désigner un état de choses, une condition dans laquelle nous nous trouvons, qui nous caractérise. Placés en Christ, leur délogement n’était que « s’endormir », non pas « mourir ». Ils avaient cette position par le moyen de Jésus, non pas pour l’amour de lui. (Comparer toutefois 2 Cor. 4:14).

Vers. 15-18

Vers. 16-17

[4:16] Là-dessus l’apôtre donne des éclaircissements plus détaillés sur la venue du Seigneur, éclaircissements qu’il avait reçus par des révélations expresses ; et il a fait connaître comment ils seraient avec lui de manière à venir avec lui lorsqu’il apparaîtra. Les vivants ne devanceront pas ceux qui sont endormis en Jésus ; le Seigneur lui-même viendra comme chef de son armée céleste, dispersée pour un temps, afin de les rassembler auprès de lui. Il fait l’appel ; l’archange, par sa puissante voix, fait passer cet appel de rang en rang ; la trompette sonne ; les morts en Christ ressuscitent premièrement, c’est-à-dire, avant le départ des vivants ; [4:17] puis « nous, les vivants qui demeurons », nous irons avec eux tous ensemble dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur (vers. 16, 17).

[4:17] C’est de cette manière que le Seigneur lui-même est montéet en toutes choses nous devons lui être semblables — circonstance importante ici. Transmués ou ressuscités, nous monterons tous ensemble dans les nuées. Lui-même est monté dans les nuées, et ainsi nous serons toujours avec lui.

Les croyants quitteront cette terre comme Christ

Il ne s’agit pas, dans cette partie du passage où l’apôtre explique les détails de notre ascension vers le Seigneur en l’air, de la venue de Christ sur la terre, mais du fait que nous nous en allons comme il s’en est allé, pour être avec lui, afin de pouvoir tous revenir, être ramenés ensemble avec lui1. L’apôtre dans ce qu’il dit, à l’égard des saints, ne va pas plus loin que la révélation de notre réunion pour toujours avec Christ : il n’est question ici ni de jugement, ni d’apparition, mais seulement de notre association céleste avec Christ, de fait, en ce que nous nous en allons de la terre, précisément comme il s’en est allé lui-même. Cela est très précieux. Il y a ici cette différence entre lui et nous, c’est que lui s’en est allé de plein droit : il est monté ; tandis que pour ce qui est des siens, sa voix appelle les morts hors du tombeau, et les vivants étant transmués, tous sont ravis ensemble. C’est un acte solennel de la puissance de Dieu, qui met le sceau sur la vie du chrétien et sur l’oeuvre de Dieu, et place les chrétiens dans la gloire de Christ comme ses compagnons célestes. Glorieux privilège, précieuse grâce ! Si nous la perdons de vue, nous détruisons le caractère propre de notre joie et de notre espérance.

Afin que nous revenions tous ensemble, que nous soyons ramenés ensemble avec lui.

D’autres conséquences, qui sont le résultat de sa manifestation, suivent notre réunion avec lui ; mais celle-ci est notre part et notre espérance. Nous quittons la terre comme Jésus ; nous serons toujours avec lui.

Vers. 18

[v. 18]C’est par ces paroles que nous devons nous consoler si des fidèles viennent à mourir, s’endormant en Jésus. Ils reviendront avec lui quand il sera manifesté ; et pour ce qui regarde la part qu’ils doivent avoir, ils s’en iront comme lui — soit ressuscités, soit transmués — pour être toujours avec le Seigneur.

L’espérance du croyant quant au retour de Christ et à sa venue

[4:17] Tout ce qui suit regarde le gouvernement de la terre, sujet important qui fait partie de la gloire de Christ. Nous aussi, nous avons part à ce gouvernement ; mais ce n’est pas notre propre part à nous ; car cette part est d’être avec lui, semblables à lui, et même, lorsque le moment sera venu, de quitter, de la même manière que lui, un monde qui l’a rejeté, qui nous a rejetés, et qui doit être jugé.

Je le répète, perdre ceci de vue, c’est perdre notre part, à nous. Tout est compris dans les mots : « Ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». L’apôtre a expliqué ici comment tout cela arrivera1. Il faut lire les versets 15-18 comme parenthèse, et lier la fin du verset 14 au premier verset du cinquième chapitre. Le chapitre 5 fait connaître ce qu’il fera lorsqu’il ramènera les saints avec lui selon le chapitre 4: 14.

1 Comparer 2 Cor. 5:1 et suivants. Nous avons déjà remarqué comme fait, que cette partie du chapitre 4 de l’épître aux Thessaloniciens est une nouvelle révélation distincte : mais la portée de ce fait apparaît ici et démontre qu’il a une grande importance. La vie du chrétien se lie tellement au jour (c’est-à-dire à la puissance de la vie de lumière de laquelle Christ vit), et Christ, qui est déjà dans la gloire, est si réellement la vie du fidèle, que celui-ci ne pense pas à autre chose qu’à entrer dans la gloire par cette puissance de Christ qui le transmuera (voyez 2 Cor. 5:4). Il a fallu une révélation accessoire et nouvelle pour expliquer (ce que l’intelligence des Thessaloniciens n’avait pas encore saisi) comment les saints morts ne perdraient pas leur part dans ce jour-là. La même puissance sera appliquée à leurs corps morts et aux corps mortels des saints vivants, et tous seront ravis ensemble, mais la victoire sur la mort étant déjà remportée et Christ selon la puissance de la résurrection étant déjà la vie du chrétien, ce qui était naturel selon cette puissance, c’est que le chrétien passerait, sans subir la mort, dans la plénitude de la vie auprès de Christ. C’était tellement la pensée naturelle de la foi qu’il fallait une révélation expresse et, comme je l’ai dit, accessoire, pour expliquer comment les morts y auraient aussi leur part. Pour nous, maintenant, cela ne présente aucune difficulté. C’est l’autre côté de cette vérité qui nous manque, car il appartient à une foi bien plus vivante que la nôtre, et qui réalise bien davantage la puissance de la vie de Christ et sa victoire sur la mort. Sans doute, les Thessaloniciens auraient dû réfléchir que Christ était mort et ressuscité, et n’auraient pas dû permettre que la force surabondante de leur joie réalisant leur propre part en Christ leur cache la certitude de la part de ceux qui dorment en lui. Mais on voit — et Dieu l’a permis afin que nous voyions — comment la vie que les Thessaloniciens possédaient se rattachait à la position du Chef triomphant sur la mort. L’apôtre n’affaiblit pas cette foi et cette espérance, mais il ajoute, pour que les Thessaloniciens se consolent par cette considération, que le triomphe de Christ aurait la même puissance pour les saints endormis que pour les vivants, et que Dieu ramènerait les premiers avec Jésus en gloire aussi bien que les derniers, après les avoir ravis ensemble, ce qui serait leur part commune pour être toujours avec lui.

Dieu nous donne, à nous aussi, cette vérité, la révélation de cette puissance. Il a permis que des milliers s’endorment, parce qu’il avait, son nom en soit béni, d’autres milliers à appeler ; mais la vie de Christ n’a pas perdu sa force, ni la vérité sa certitude. Nous l’attendons comme des vivants, parce qu’il est notre vie ; nous le verrons en résurrection, si peut-être nous mourons avant qu’il vienne nous chercher : et le temps est proche.

Remarquez aussi que cette révélation imprime une autre direction à l’espérance des Thessaloniciens, parce qu’elle fait, avec beaucoup de précision, la différence entre notre départ d’ici-bas pour rejoindre le Seigneur en l’air et notre retour sur la terre avec lui ; et non seulement cela, mais elle fait de notre départ la chose principale pour les chrétiens, tout en confirmant et en éclaircissant ce qui touche notre retour avec Lui. Je doute que les Thessaloniciens aient mieux compris le retour des saints avec Jésus que notre départ à tous d’ici-bas pour le rejoindre ; ils avaient été amenés lors de leur conversion même à attendre Jésus du ciel. Dès le commencement le grand et essentiel principe était établi pour leur coeur ; la personne de Christ était l’objet de l’attente de leur coeur : ils étaient ainsi détachés du monde.

Peut-être avaient-ils quelque idée vague qu’ils devaient paraître avec lui en gloire : mais le comment de tout cela, ils l’ignoraient. Ils devaient être prêts à tout moment, pour sa venue ; et lui et eux seraient glorifiés ensemble devant l’univers. Voilà ce qu’ils savaient. C’est la somme de la vérité.

Or, l’apôtre développe ici plus d’un point en rapport avec cette vérité générale. 1° Les Thessaloniciens seraient avec Christ à sa venue : ceci je pense, n’est qu’un développement réjouissant d’une vérité qu’ils possédaient, mais donne un peu plus de précision à un de ses précieux détails. [3:13] À la fin du chapitre 3, nous trouvons la vérité clairement énoncée (encore vague du moins dans les coeurs des Thessaloniciens, car ils croyaient les morts en Christ, privés de ce privilège), que tous les saints viendront avec Jésus : point capital quant au caractère de nos relations avec lui. Ainsi Jésus était attendu : les saints seront ensemble avec Jésus lors de sa venue, tous les saints viendront avec lui : ceci fixait et rendait exactes les idées des Thessaloniciens sur des points déjà plus ou moins connus d’eux. 2° Ce qui suit était une révélation nouvelle, à l’occasion de leur méprise à l’égard de ceux qui étaient endormis. Ils pensaient bien que les chrétiens qui seraient prêts seraient glorifiés avec Christ quand il reviendrait dans ce monde ; mais les morts étaient-ils prêts ? Ils ne seraient pas présents pour avoir part à la manifestation glorieuse de Jésus sur la terre ; car je ne doute pas que cette idée vague n’ait possédé l’esprit des Thessaloniciens. Ils pensaient que Jésus reviendrait dans ce monde, et que ceux qui l’attendent auraient part à cette manifestation glorieuse sur la terre. Or les saints morts, l’apôtre le déclare, sont dans la même position que Jésus qui a été mort. Dieu ne l’a pas laissé dans le tombeau, et ceux qui sont comme lui, Dieu les ramènera aussi avec lui quand il reviendra en gloire sur la terre. Mais ce n’est pas tout : la venue de Jésus en gloire sur la terre n’est pas la chose principale : [v. 16] les morts en Christ seront ressuscités, [v. 17] puis, iront avec les vivants à la rencontre du Seigneur en l’air, avant son apparition et reviendront avec lui sur la terre en gloire ; et ainsi ils seront toujours avec le Seigneur. C’est là la chose principale, la part des chrétiens, savoir de demeurer éternellement avec Christ dans le ciel. La part des fidèles est en haut ; elle est Christ lui-même, bien qu’ils doivent apparaître avec lui dans la gloire ; ensuite, pour le monde, la venue de Christ sera le jugement.

Dans cet important passage, nous trouvons donc le chrétien vivant dans une attente du Seigneur qui se lie à sa vie de chaque jour et la complète. La mort donc n’est pour le chrétien qu’un accessoire qui peut arriver et qui ne le prive pas de sa part quand son Maître reviendra. L’attente propre du chrétien est entièrement séparée de tout ce qui suit la manifestation de Christ et est en rapport avec le gouvernement de ce monde.

[4:16] Le Seigneur lui-même vient pour nous recevoir à lui ; il n’envoie pas à sa place les serviteurs de sa puissance : avec pleine autorité sur la mort dont il a été vainqueur, et avec la trompette de Dieu, sa voix fait sortir ensemble les siens du tombeau ; [4:17] et ceux-ci, avec les vivants (transmués), vont à sa rencontre en l’air. Notre départ du monde ressemble parfaitement à celui de Jésus : nous laissons le monde auquel nous n’appartenons pas, pour aller dans le ciel ; une fois là, nous avons atteint notre part : semblables à Christ, nous sommes toujours avec lui. Mais il amènera les siens avec lui, quand il apparaîtra ; [4:18] c’est donc là la vraie consolation pour le cas de la mort d’un chrétien. [4:16] La mort n’affaiblit pas l’attente journalière du Seigneur venant du ciel ; au contraire, la manière dont l’apôtre envisage la mort ici confirme cette attente. Le saint mort ne perd pas ses droits en mourant, en s’endormant avec Jésus : il sera le premier objet de l’attention de son Seigneur lorsqu’il viendra pour appeler les siens. [4:17] Toutefois le point de départ des siens pour le rejoindre est la terre ; les morts seront ressuscités — c’est la première chose — pour être prêts à partir avec les autres ; et alors, de cette terre, tous partiront ensemble pour être avec Christ dans le ciel. Ce point de vue est de toute importance pour faire saisir le vrai caractère de ce moment où toutes nos espérances s’accompliront.