1 Rois

Chapitre 19

Défaillance d’Élie et fin de son témoignage

Ch. 19 v. 1-3 — Élie craint Jézabel, dans la position qu’il a prise

Jusqu’à présent, le prophète s’était tenu devant l’Éternel (17:1 ; 18:15), et avait parlé en son nom ; mais, [19:2] effrayé par les menaces de Jésabel, [19:3] il recule devant les dangers de la position où son témoignage l’avait placé.

Défaillance de la foi, même quand brille le témoignage extérieur

Ainsi que nous l’avons vu en Moïse, à Mériba [(Nomb. 20:12-13)], la foi d’Élie ne monte pas à la hauteur de la grâce (*) et de la patience de l’Éternel qui est plein de bonté et de miséricorde envers son peuple. Cette faute a mis fin au témoignage d’Élie, comme elle avait fermé à Moïse l’entrée de Canaan ; car, qui peut égaler Dieu dans sa bonté ? Élie ne regarde pas vers Dieu ; il pense à lui-même et il s’enfuit ; mais Dieu a l’œil sur lui. [19:4] Celui qui n’avait pas la force de Dieu au milieu du mal, n’avait que le désert pour refuge. C’était un cœur fidèle à Dieu, mais sa foi n’était pas suffisante pour tenir tête jusqu’au bout, en témoignage, au pouvoir hostile de Satan. Il faut, ou qu’il soit le témoin de Dieu au milieu de son peuple rebelle, ou qu’il soit entièrement à part de ce peuple.

(*) On voit ici jusqu’à quel point l’énergie de la vie extérieure de la foi peut subsister, tandis que la vie intérieure s’affaiblit. C’est au moment du témoignage le plus éclatant de la présence de Dieu au milieu du peuple rebelle, et quand Élie venait de faire tuer tous les prophètes de Baal par les mains mêmes du peuple [(18:40)], que, [19:2] sur la simple menace de Jésabel, il se trouve manquer complètement de foi. Sa vie n’était pas intérieurement soutenue par cette foi, en proportion de son témoignage extérieur. Ce témoignage excite l’ennemi d’une manière à laquelle la foi personnelle d’Élie n’était pas préparée. C’est une leçon solennelle. La voix douce et subtile qui, à son insu, était encore entendue au milieu du peuple, n’avait peut-être pas une influence suffisante dans son cœur [(19:13)], où le feu et les manifestations impétueuses avaient eu trop de place [(19:11-12)]. Ainsi, il ne connaissait pas lui-même la grâce qui s’exerçait encore envers le peuple ; il ne savait pas l’aimer pour les sept mille justes comme Dieu l’aimait [(19:18)], ni espérer comme l’amour espère. Hélas ! que sommes-nous, lors même que nous sommes si près de Dieu ! [19:10] Son accusation, quand il paraît devant Dieu, montre, dans une triste mesure, le moi égoïste chez un homme aussi privilégié. « J’ai été très jaloux pour l’Éternel », et « ils ont renversé tes autels et tué tes prophètes », dit-il, au moment même où il venait de renverser les autels et de tuer les prophètes de Baal ! « Et je suis resté, moi seul ». Combien ce témoignage est humiliant !

Ch. 19 v. 4-14 — Élie au désert, seul avec Dieu

Ch. 19 v. 4-8 — Voyage d’Élie dans le désert, soutenu par Dieu, mais pensant à lui

[19:4] Le cœur d’Élie [19:8] et la main de Dieu conduisent le prophète au désert, où il sera seul avec Dieu, accablé peut-être, mais précieux à l’Éternel. Les quarante jours du voyage d’Élie dans le désert ne ressemblaient que partiellement à ceux que Moïse avait passés auprès de Dieu, sur ce même Horeb [(Ex. 34:28)], où le prophète se rendait, ou à ceux que Jésus avait passés dans le désert aux prises avec l’ennemi de Dieu et des hommes [(Luc 4:1-2)]. Dans les deux derniers cas, la nature était annulée. Ni Moïse, ni le Seigneur n’ont mangé ni bu. [19:6] Quant à Élie, la bonté de Dieu soutient la faiblesse de la nature mise à l’épreuve, fait connaître qu’il y pense avec toute tendresse et prévoyance, et donne la force nécessaire pour un tel voyage. Ceci aurait dû le toucher, et lui faire sentir ce qu’il devait être au milieu du peuple, puisqu’il avait affaire à un tel Dieu ; mais son cœur n’en était pas là. Impossible, lorsque nous pensons à nous-mêmes, d’être, envers les autres, témoins de ce que Dieu est. Nos pauvres cœurs sont trop loin d’une telle position.

Ch. 19 v. 9-14 — Élie devant Dieu, qui se révèle à lui dans son triste état

[19:8] Élie poursuit son chemin jusqu’à Horeb. [19:10] Mais, se présenter devant Dieu pour dire du bien de lui-même et du mal d’Israël est une chose bien différente que de s’oublier par la puissance de la présence de l’Éternel, et de le présenter devant le peuple, dans sa puissance patiente et miséricordieuse, malgré tout le mal qui s’y trouve [(Ex. 32:31-32)]1. On se présente quelquefois devant Dieu, parce qu’on l’a oublié, là où l’on aurait dû être, et rendre témoignage de Lui. [19:9] Aussi Dieu demande-t-il à Élie : « Que fais-tu ici, Élie ? ». Terrible question ! comme celles adressées à Adam [(Gen. 3:9, 11)], à Caïn [(Gen. 4:10)], et maintenant au monde au sujet de Jésus. [19:10] La réponse ne fait que trahir, ainsi que cela arrive dans tous les cas, la triste et fatale position de celui qui avait oublié Dieu. [19:13] La voix n’était pas une voix de tonnerre, mais une voix qui faisait sentir à Élie que c’était celle qu’il avait oubliée. [19:11-12] Vent, feu, tremblement de terre, ces hérauts de la puissance de Dieu, pour l’annoncer aux hommes, auraient convenu au cœur aigri d’Élie comme instruments de la puissance divine contre Israël ; mais ces éclats de sa puissance n’étaient pas Dieu lui-même. [19:12] La voix douce et subtile révèle Sa présence à Élie. Ce qui aurait satisfait la volonté du prophète, et ce qui peut-être aurait été juste envers les autres, ne réveillait pas sa conscience à lui. [19:13] Mais le son doux et subtil par lequel Dieu se révèle, pénètre le cœur d’Élie, et il cache sa face devant la présence de l’Éternel. [19:14] Toutefois, la fierté de son cœur rempli d’amertume ne fléchit pas encore. Il répète ses accusations, si inconvenantes au moment où il venait de détruire lui-même tous les prophètes de Baal, et qui montraient que sa foi n’avait pas su trouver, à la lumière de son témoignage, tout ce que l’œil de Dieu voyait de bon en Israël.

1 Moïse diffère aussi d’Élie en ce qu’il intercédait auprès de Dieu pour le peuple et s’oubliait lui-même.

Ch. 19 v. 15-21 — Dieu révèle Ses voies en jugement au prophète

Ch. 19 v. 15-18 — Élie doit préparer la vengeance divine, lui qui a méconnu ceux qui restaient fidèles

Tout en étant juste, la réponse de Dieu est affligeante pour le cœur. [19:17] La vengeance sera exécutée, [19:15-16] et Élie a mission d’en préparer les instruments ; triste mission pour le prophète, s’il aimait le peuple. Quant à Élie, Élisée devait lui succéder dans son ministère prophétique. Mais si la vengeance méritée devait être exécutée en son temps, et si la révélation en était donnée au prophète attristé, [19:18] Dieu a encore sept mille âmes qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal, bien qu’Élie n’ait pas su les découvrir. Oh ! quand est-ce que, même en pensée, le cœur de l’homme s’élèvera à la hauteur de la grâce et de la patience de Dieu ? Si Élie s’était davantage appuyé sur Dieu, il aurait connu quelques-uns de ces sept mille. Il aurait, dans tous les cas, connu Celui qui les connaissait, et qui suscitait le témoignage du prophète pour les affermir et les consoler.

Patience de Dieu pour exécuter le jugement déjà préparé envers le méchant

Mais le temps n’était pas mûr pour l’accomplissement des voies de Dieu ; et, pour satisfaire à l’impatience du prophète, Dieu ne veut pas abandonner envers son peuple la patience de sa grâce. [19:19] Élisée est oint ; mais, Achab s’étant humilié lorsque Dieu le menaçait à cause de son iniquité [(21:27)], les jugements sont suspendus, même pendant toute la vie d’Achab et de son fils [(21:29)]. Ceci nous présente un autre trait du gouvernement de Dieu, savoir que le jugement du méchant peut non seulement avoir été prononcé dans les conseils de Dieu, mais être déjà désigné dans ses voies, et prêt à être exécuté, longtemps avant qu’il s’exécute. Le prophète, ou l’homme spirituel, saura ou comprendra spirituellement qu’il en est ainsi, et aura à attendre le moment qui convient à cette patience parfaite, qui ne se laisse pas rebuter par les lenteurs de nos cœurs et attend que l’iniquité du méchant, ou du moins son refus de se repentir soit arrivé à son comble.